Sur ce coup là, j’avoue que Nintendo reste pour moi un mystère : alors que la marque mise habituellement sur ses grosses licences phares, il en est une qui est désormais portée disparue depuis 2003, et non des moindres : F-Zero ! Et l’opus dont nous allons vous parler aujourd’hui, F- Zero GX est celui qui, à mon sens, est de très loin le meilleur : c’est bel et bien à cause de lui que j’ai gardé ma bonne vieille GameCube en activité !
Il était une fois…
La série F-Zero est apparue pour la première fois, au Japon, le 21 novembre 1990. Alors que la Super-Famicom (Super Nintendo en Europe) en est à ses balbutiements, ce jeu de course futuriste débarque sur le line-up de sortie de la toute nouvelle 16 bits, et constitue une véritable démonstration technique de son fameux « mode 7 » (rotation, zoom… tout y est).
Avec ce titre tout droit sorti des cerveaux des géniaux Shigeru Miyamoto et Kazunobu Shimizu, les bases de la série sont posées : on y découvre déjà quatre des véhicules emblématiques de la série et leurs pilotes (Cap’tain Falcon et son Blue Falcon, Dr Stewart et son Golden Fox, Pico et son Wild Goose, Samuraï Goroh et son Fire Stingray)…
Cet épisode campe aussi le cadre (des courses futuristes à plus de 500km/h) et le décor (des courses que l’on retrouvera dans chaque épisode, de Mute City à Big Blue, en passant par Sand Ocean, Red Canyon ou Port Town)… Différentes ligues s’offrent à vous (Knight, Queen et King)… Pas d’armes à ramasser, mais des pièges « naturels (vent, bandes magnétiques sur la piste, etc) et un stand sommaire qui vous redonne de la vie à chaque tour…
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F-Zero est un succès, s’écoule à plusieurs millions d’exemplaires et connaîtra une suite qui ne sortira qu’au Japon. En Europe, il faudra attendre un remix de cet épisode, en plus corsé, qui sortira en 2001 sur GameBoy Advance, intitulé F-Zero Maximum Velocity (sur la même console, vous pouvez aussi tester F-Zero Climax et F-Zero GP Legend).
L’ère de la 3D
Comme toutes les séries, F-Zero passe à la 3D, en 1998, sur Nintendo 64. Encore plus beau, plus rapide, plus nerveux, cet opus est une bombe ! Cette fois, ce sont 30 vaisseaux qui se tirent la bourre, chacun avec son pilote charismatique.
Si cet épisode reprend les éléments clés de la série, il inclut deux nouveaux modes : la « Death race » dans laquelle vous devez éliminer les 29 autres participants, et la X-Cup avec ses circuits générés de manière aléatoire… Et lors des championnats, les fans de la marque reconnaîtront même la fameuse « Rainbow road » de Mario Kart 64 : même tracé, tout aussi galère !
L’accueil est plus que bon, le jeu cartonne et demeure l’un des meilleurs de la N64. Aussi, il n’est pas étonnant de voir arriver, sur Gamecube en 2003, un certain F-Zero GX, qui vous fait cette fois passer la barre des 1000 km/h, sur fond de musique tantôt électro, tantôt rock…
Anciens frères ennemis…
F-Zero GX arrive en France le 31 octobre 2003. Et les gamers ayant connu la « Guerre des Consoles » (la « grande guerre » Super-Nintendo/Megadrive) font des bonds dans leur fauteuil : on parle bien, en effet, d’un jeu Nintendo développé par Sega. Aujourd’hui, ça ne surprend plus ! A l’époque, c’était un choc pour certains !
Vous pensez que le hérisson aurait pu en profiter pour saboter le navire ? Que nenni ! Je l’ai déjà écrit plus haut, à mon sens, F-Zero GX est sans doute le meilleur titre de la GameCube… Un titre qui fait écho à F-Zero AX, quasiment le même jeu, mais sur Arcade cette fois. D’ailleurs, je crois me souvenir qu’à l’époque, vous pouviez utiliser votre sauvegarde « Arcade » sur le jeu GC… Au Japon en tout cas…
En toute objectivité, à l’exception d’une difficulté parfois un peu élevée, j’ai beau chercher, j’ai beaucoup de difficultés à trouver des défauts à ce F-Zero GX, qui va même jusqu’à inclure un mode « story » assez sympa dans la série. Le jeu est plus pêchu que jamais, toujours aussi nerveux, la sensation de vitesse tout simplement hallucinante, et la jouabilité remarquable.
Gaffe à ta jauge !
Alors que dans la plupart des titres du genre, les courses s’enchaînent et deviennent vite répétitives, F-Zero GX innove à chaque course. Une vingtaine de circuits, mais jamais de doublons : vous foncerez la tête en bas, dans des tubes, sur des tubes (gare aux chutes), dans des half-pipes… ça secoue, ça gigotte dans tous les sens, vous aurez de la lave, de la forêt, des météorites… Et pour peu que vous choisissiez la vue intérieure, il vous faudra un temps d’adaptation pour vous situer dans l’espace… ça va vite, et ça vous donne le tournis !
Comme dans la version N64, ce F-Zero vous propose d’en découdre, au fil des championnats, contre 29 adversaires plus perfides les uns que les autres. Trois tours à boucler, mais de multiples occasions de rayer la peinture de votre engin, voire de le pulvériser contre une rembarde électromagnétique, ou encore de le propulser dans le vide. Une erreur est vite arrivée ! Heureusement, à chaque tour, un « stand » magnétique vous permet de remettre votre vaisseau à neuf.
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Et il va sans dire que ce stand est plus que capital, tant les occasions de vider votre jauge sont nombreuses. Je vous ai parlé des chocs, mais contrairement aux versions 16 bits, les turbos ne sont pas comptés. Dans ce F-Zero, vous avez « turbo à l’infini »… Youhouuu… Enfin, tant que votre jauge le permet ! Car le boost tape dans votre barre de vie. Attention donc !
Vos adversaires vous mènent la vie dure ? Alors pourquoi ne pas les expédier dans le vide ? Ici, on n’est pas dans Mario Kart ou dans Wipe Out. N’espérez donc pas ramasser des armes pendant la course. Vos seules défenses seront votre agilité et… la « toupie » ! La quoi ? Cette double pression sur L ou R qui vous fait tournoyer en provoquant quelques dégats sur la carlingue du malheureux qui vous touche. Mais attention : cette technique vous fait perdre le controle quelques instants et… puise elle aussi dans votre jauge de vie…
Des nouveautés ?
Avec l’arrivée en grandes pompes de F-Zero GX, Nintendo veut offrir aux joueurs un bon gros dépoussiérage de cette licence véritablement plébiscitée par toute une communauté de fans.
Alors aux cotés des classiques championnats (trois représentant chacun un niveau de difficulté), des modes VS ou time attack, on trouve ici quelques nouveautés. Plutôt sympas ? Euh… Oui, sur le papier ! Dans les faits, on apprécie l’effort, mais elles se révèlent vite anecdotiques !
A commencer par un mode qui vous permet de véritablement customiser votre vaisseau : vous pourrez l’acheter, le customiser à l’aide de pièces détachées, changer sa couleur, l’orner de jolis stickers ou de logos, voire de vos créations… Sympa, mais vite lassant : on est là pour la vitesse, pas pour jouer à Gran Turismo 😉
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Autre nouveauté : le mode story. Une première dans la série (remarquez, on avait un semblant de mode histoire dans F-Zero Maximum Velocity mais…). Mais une première pas vraiment concluante ! Car un mode « story », qu’est-ce pour vous ? Des chapitres qui s’enchaînent au fil de votre progression… Pareil pour moi !
Le mode story de GX est pour le moins original : vous débutez ce mode, dans lequel vous ne pouvez incarner que Falcon, avec deux missions à remplir. Vos victoires vous attribuent des jetons qui vous permettront d’acheter les chapitres suivants, et ainsi de suite… Je pense qu’il y avait plus simple ! Original, mais le joueur s’accroche néanmoins pour voir les superbes cinématiques qui accompagnent ce mode…
Porté disparu ?
Et c’est là que j’en arrive à vous parler de cette incompréhension, que j’évoquais au début de cet article : la série F-Zero s’est achevée sur cet épisode GX qui, à mes yeux, est sans doute l’un des meilleurs jeux Nintendo, toutes consoles confondues…
Pourtant, force est de reconnaître que depuis cet épisode Gamecube, les courses frénétiques de F-Zero brillent par une absence regrettée par nombre de fans.
Certes, me direz vous, Cap’tain Falcon fait bien partie du casting de Super Smash Brothers (sans oublier les statuettes de Goroh et l’arène Mute City), certes le Blue Falcon apparaîtra en guise de kart dans le prochain DLC de Mario Kart 8, mais est-ce suffisant ?
A quand un véritable nouveau F-Zero ? La Wii en a été privée, qu’en sera t-il de la Wii-U ? Si le système anti-gravité de Mario Kart 8 avait laissé entrevoir un brin d’espoir aux fans, Miyamoto a vite démenti, prétextant qu’il n’avait pour l’heure, pas trouvé l’idée originale qui pourrait apporter du sang neuf à la série… Don’t act !
En attendant le grand retour de la licence, les fans peuvent aujourd’hui se tourner vers la console virtuelle de la Wii-U, sur laquelle ils pourront se procurer en téléchargement l’opus Super-Nintendo (sur la Console virtuelle de la Wii, la section N64 vous permettait de télécharger F-Zero X)… Les collectionneurs, eux, pourront ressortir leur GameCube, pour se replonger dans l’un des meilleurs titres de la marque, devenu une référence du genre 😉