Nous sommes en tout début d’année 1996. Cela fait plusieurs mois que les joueurs sont passés à la PlayStation. Pourtant, sur GameBoy, les Japonais découvrent un tout nouveau jeu qui ne va pas tarder à devenir un phénomène planétaire ! Rien que ça ! En février est lancé un certain Pocket Monsters Green & Red, suivi en octobre de la même année par un Pocket Monsters Blue… Il faudra attendre octobre 1999 pour que la France découvre Pokémon Rouge et Bleu.
Une idée de départ écologique
On raconte que le développeur Satoshi Tajiri a eu l’idée du concept de Pokémon en replongeant dans ses souvenirs d’enfance. En effet, il s’adonnait enfant à une activité très populaire auprès des petits Japonais : la collection d’insectes.
Proche de la nature, notre développeur constate alors à son grand regret que les populations d’insectes ont diminué, dans les villes. Alors, pourquoi ne pas sensibiliser les enfants à la vie qui coule tout autour de nous ? Il a donc l’idée de développer un jeu qui consistera à attraper des créatures rappelant les insectes de son enfance. À les élever, à leur donner un nom, à en faire des compagnons de route… Et à les collectionner !
Mais Satoshi Tajiri n’aime pas la violence. Alors, si ses créatures pourront s’affronter (il faut quand même du fun dans un jeu vidéo), elles ne pourront pas mourir. Au pire, une créature pourra être KO, mais vous pourrez la soigner. Une vision qui colle parfaitement à la bienséance de Nintendo.
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Le concept est lancé, et le nom du jeu est trouvé : Capsules Monsters (puisque vous enfermerez vos créatures dans des capsules). Avec son ami Ken Sugimori, Satoshi Tajiri fonde la société Game Freak en 1989 (du nom d’un fanzine qu’il avait créé avec son ami chara-designer de Pokémon), qui deviendra le développeur légendaire de la licence.
Très vite, les premiers croquis voient apparaître les premières « bestioles » qui resteront dans la version définitive du jeu. Rhinoféros (en hommage, vous pouvez voir de nombreuses statues le représentant dans les premiers jeux)… Ou encore Ectoplasma et Nidorino (toujours en hommage, ce sont eux que vous voyez combattre dans l’intro).
Deux ou trois versions ?
En 1991, Tajiri découvre la console GameBoy, et est instantanément séduit ! Selon lui, elle se prête parfaitement à son jeu. Non seulement pour son coté nomade, mais aussi pour son câble Link qui permettra aux joueurs de s’échanger des créatures. Nintendo est enchanté, les deux sociétés s’entendent… Et le rapprochement va aboutir, quelques années plus tard, à la sortie d’un jeu. Ou plutôt de plusieurs versions !
Jeu qui, au passage, a changé de nom pour devenir Pocket Monsters (que l’on traduira par « Monstres de Poche » et qui, par contraction, donnera Poké-Mon). Et enfin, en février 1996, le Japon découvre ce qui va devenir un véritable phénomène vidéoludique !
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Le jeu lance également un modèle économique que l’on va retrouver dans la série jusqu’à nos jours : il est publié en deux versions, chacune proposant des créatures exclusives. Si vous voulez posséder tous les monstres de poche, vous devrez faire des échanges avec un joueur possédant l’autre version (ou acheter les deux). Le 27 février 1996, tandis que la PlayStation est disponible depuis plusieurs mois maintenant, la vieille GameBoy nous emmène dans le monde de Pocket Monsters Green (Vert, avec Florizarre sur sa pochette) et Pocket Monsters Red (Rouge, avec Dracofeu en illustration). On remarque que le plastique de chaque cartouche reprend ces couleurs.
Quelques mois plus tard, le 15 octobre 1996, sortira au Japon Pocket Monsters Blue (avec Tortank). Les joueurs Français devront attendre quant à eux octobre 1999 pour jouer, en VF, à Pokémon version Rouge et Pokémon version Bleue. Notez que, quelques mois plus tard (septembre 1998 au Japon, et juin 2000 en Europe) sortira une quatrième version : Pokémon Jaune, mettant cette fois l’emblématique Pikachu en avant.
Les plus jeunes découvrent le RPG
Pokémon Rouge et Bleu est un RPG. Et si le genre était autrefois réservé à des joueurs aguerris, avec des Final Fantasy, Dragon Quest, Phantasy Star… Pas forcément très sexy pour les enfants, Pokémon change la donne. Les plus jeunes sont instantanément séduits par ce jeu et par ses créatures à la fois mignonnes, mais qui font « la bagarre » !
Le jeu nous emmène dans un monde fictif, Kanto (inspiré par la région japonaise de Kantô, sur l’île de Honshû). Le joueur incarne un jeune garçon du nom de Red, qui va se voir confier, par le Professeur Chen, la mission de parcourir le monde pour répertorier (et capturer) des Pokémon (non, c’est un nom propre, donc on ne met pas de « S » à la fin). Sur sa route, il croisera à de nombreuses reprises Blue, qui est à la fois son ami d’enfance et son rival.
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Pour bien débuter son aventure, le joueur se voit remettre, par le Professeur Chen, un Pokémon de départ (ou starter). Votre partie débute donc par un choix cornélien : quel sera votre Pokémon favori, et votre élément de prédilection ? Salamèche (feu), Carapuce (eau) ou Bulbizarre (plantes) ? Trois noms qui seront les premiers inscrits dans votre Pokédex, votre encyclopédie virtuelle que vous devrez remplir avec 150 Pokémon.
Pour le reste, comme je l’ai écrit, le jeu est un RPG. Vous allez donc devoir parcourir une map, discuter avec des PNJ, visiter des villes et leurs boutiques, faire des combats en route pour gagner en expérience… Tout en sachant que, outre la quête confiée par le Professeur Chen, l’histoire se construit autour de deux autres axes narratifs : l’accession au titre de Maître Pokémon en défiant des champions dans chaque arène de chaque ville… Et la lutte contre une organisation criminelle mystérieuse, la Team Rocket.
Le jeu qui plante les bases
Dès ce premier épisode, les bases de Pokémon sont plantées, à l’image du slogan de la série, « Attrapez-les tous » ! Standards et règles que l’on retrouvera dans tous les titres de la série. Ainsi, dès 1996, Game Freak instaure sa mythologie, constituée de monstres de poche qui pourront évoluer pour la plupart, selon certaines conditions, variables selon la créature, son environnement, ses affinités avec son dresseur…
De même, dès ce premier jeu, chaque Pokémon est lié à un élément : feu, eau, plante, poison, électricité, roche, psy, combat… Et sur le principe du shifumi, chaque élément prend l’ascendant sur certains, mais est vulnérable à d’autres. Et dès ce premier jeu, le joueur commence son aventure en choisissant son starter parmi trois Pokémon : un de type eau, un de type feu et un de type plantes.
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Dès Pokémon Bleu/Rouge, le héros se lance dans la quête récurrente de l’ascension vers la Ligue Pokémon. Autrement dit, il devra combattre (et vaincre) huit champions d’arènes, pour obtenir les huit badges lui permettant de défier la Ligue Pokémon, la vaincre pour devenir le nouveau Maître. Sur sa route, le dresseur croisera soit des dresseurs à combattre, soit des Pokémon sauvages à affaiblir, et à capturer ensuite dans des Pokéballs, pour les intégrer à votre équipe (limitée à 6 Pokémon).
Et puis, Rouge et Bleu instaurent aussi les Légendaires. Ces Pokémon exceptionnellement forts que vous ne pourrez trouver qu’en un seul exemplaire, à l’état sauvage (mais vous pourrez aussi les rater). Dans ce premier jeu, les trois légendaires sont un trio d’oiseaux surpuissants : Artikodin (glace), Electhor (électricité) et Sulfura (feu). Deux autres légendes sont aussi à trouver dans cet épisode : l’ultra-populaire et puissant MewTwo (Psy), et Mew, le mystérieux 151e Pokémon.
25 ans plus tard…
Presque un quart de siècle après la sortie de ces premiers épisodes (Pokémon fête ses 25 ans en 2021), le(s) jeu(x) n’a (n’ont) pas pris une ride ! Et il me suffit de relancer mon bon vieux Pokémon Bleu pour réaliser que la magie opère dès l’introduction. Le thème musical est gravé au fond de votre mémoire. Tout comme celui du Bourg-Palette, des Centres Pokémon… Malgré leur sonorité 8 bits, ces musiques devenues cultes (de Junichi Masuda) sont indémodables.
Malgré son grand âge et son aspect aujourd’hui vieillissant, le charme opère toujours dans ce monde si enfantin, tout en pixels. Aujourd’hui, jouer à un jeu en noir et blanc peut vous sembler tellement archaïque ! Pourtant, cette monochromie n’est aucunement gênante, et permet d’afficher de nombreux détails sur un écran aujourd’hui d’un autre âge. Comme à la grande époque, c’est mon cerveau qui « imagine » les couleurs…
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En revanche, après plusieurs heures à refaire le jeu, il est un détail que l’on ne pourra pas nier : le jeu est beaucoup plus difficile que les dernières productions Pokémon, qui se plient en quelques heures seulement. D’une part parce que ce premier jet ne bénéficie pas encore de certaines features qui arriveront ensuite… D’autre part parce que le gameplay à deux boutons vous prive des précieux raccourcis apparus ensuite. Ici, il faut parfois farfouiller dans les menus, ne serait-ce que pour chercher un item précis.
La difficulté est aussi accentuée par un équilibrage plus réaliste des éléments liés aux Pokémon. Aujourd’hui, vous allez littéralement rouler sur un jeu Pokémon, quel que soit votre starter. Dans Bleu/Rouge/Jaune, votre choix de départ va réellement tantôt vous faciliter la tâche, tantôt vous mettre des bâtons dans les roues. Par exemple, si vous choisissez Carapuce, obtenir le badge « Roche » de Pierre ne sera qu’une formalité, mais Ondine va vous faire sérieusement morfler. Ce premier opus pousse ainsi les joueurs à réfléchir à leur stratégie, et à gérer leur gain d’expérience, la constitution de leur équipe… Un aspect stratégique que l’on ne retrouve plus vraiment dans les productions actuelles… Du moins plus avec autant d’intensité.
Monde réel ou fictif ?
Et oui, on peut se poser la question, tant le monde de Pokémon s’inspire, et de ce fait présente des similitudes, avec notre monde réel. À commencer par ses régions qui, au départ s’inspirent de celles du Japon (Kanto s’inspire de Kantô, Johto de Chûbu, Hoenn de Kyûshû, Sinnoh de Hokkaidô, etc)… Et qui vont devenir par la suite des copies de pays bien réels (l’Angleterre pour Épée/Bouclier, la France pour X/Y, New York pour Noir/Blanc, etc).
Si le jeu ne développe pas ouvertement cet aspect, c’est le joueur lui-même qui va faire le lien en progressant. Et si le monde de Pokémon trouvait ses origines dans notre monde réel ?
Pour le reste, le jeu (et la série de manière générale) campe un monde fictif, naïf, avec ses réflexions et ses situations enfantines. Des PNJ obnubilés par les Pokémon à tous les coins de rues, des enfants qui partent à l’aventure pour faire des combats de monstres et se mesurer aux gangsters du coin… Pokémon n’a décidément rien de réel. Mais ne cherchons aucune logique dans son histoire, c’est justement ce scénario candide qui fait tout son charme.
Plus qu’un jeu, une Légende !
Pokémon Rouge et Bleu sont beaucoup plus qu’un simple jeu ! Ils sont la toute première pierre de ce qui va devenir un gigantesque monument du jeu vidéo. Et vous pouvez faire le test autour de vous : tout le monde a forcément déjà entendu parler de Pokémon, ou de Pikachu ! Vous savez ? La petite créature jaune électrique qui a détrôné Mickey dans le cœur des enfants !
Concrètement, en termes de ventes, on compte 10,22 millions de versions Bleue/Rouge/Verte vendues au Japon, contre 11,27 millions de Bleu et Rouge en Amérique du Nord, et 8,89 millions en Europe… Pour un total de 31 millions, à terme, de ventes dans le monde à la sortie des versions respectives. Autant dire que ce jeu, enregistré en 2009 comme « meilleure vente RPG sur GameBoy » par le Guinness Book des Records est une référence chez Nintendo ! En 2007, Pokémon Rouge et Bleu sont à la 37e place du classement des 100 meilleurs jeux d’IGN, et en 2012, c’est GamesRadar+ qui désigne le duo comme meilleurs jeux Game Boy de tous les temps…
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Il serait très long de vous lister ici tous les produits dérivés Pokémon, cela prendrait sans doute des années, et des centaines de pages Web ! Mais on peut toutefois s’attarder sur la série animée lancée en 1997. Celle qui change Red en Sasha, et qui débute par un générique que vous avez encore tous en tête : « un jour je serai le meilleur dresseur… » (voir la vidéo ci-dessus, ça y est, maintenant, vous l’avez) !
Et il est une idée reçue autour de cette série que je me dois de démentir ici : non, le jeu vidéo n’est pas adapté de cette série… C’est la série animée qui est un produit dérivé de Pokémon Rouge et Bleu, créée afin de vous donner envie de l’acheter !
Comment y jouer si je n’ai pas de GameBoy ?
Effectivement, tout le monde n’est pas collectionneur rétro… Ou n’a pas gardé sa GameBoy d’époque. Mais qu’importe : le phénomène Pokémon est éternel ! Et quand il s’agit de permettre à TOUT LE MONDE de jouer à ce titre intemporel, on peut faire confiance à Nintendo !
Ainsi, fin février 2016, le jeu a été porté (en dématérialisé, 9,99€ pièce) sur la Console Virtuelle de la 3DS. Il vous est possible de vous procurer (et de télécharger) une version numérique de Pokémon Rouge/Bleu/Jaune… Si vous utilisez toujours votre 3DS.
Enfin, la dernière solution en date est de vous procurer l’un des jeux Switch Pokémon Let’s Go Pikachu ou Let’s Go Evoli (notre test ici)… Qui ne sont autres que des remakes Switch (avec de très jolis graphismes) de Rouge/Bleu/Jaune !
Au final
Je dois vous avouer que, jeune adulte à la fin des années 90, je suis passé à coté de la hype Pokémon à sa sortie. J’y ai joué sur GameBoy, évidemment, mais sans pour autant entrer avec force dans le phénomène, comme l’aurait fait un enfant de cette époque. Pourtant, impossible de passer à coté, tant le jeu a marqué son époque.
Aujourd’hui, et malgré le demi-milliard de titres Pokémon sortis depuis, tous supports confondus… Bleu et Rouge sont des jeux que vous devez, au pire essayer, au mieux posséder ! Ils sont la base, et la première pierre d’un monument vidéoludique devenu une véritable légende !
La technique a évolué, et le jeu a vieilli à la fois dans ses graphismes et dans son gameplay. Pourtant, il suffit de le prendre en main pour constater que la magie opère toujours, avec la même efficacité. Et quand un jeu vidéo devient aussi intemporel, c’est tout simplement la marque des grands titres… De ces hits qui ont marqué l’histoire du jeu vidéo !
Pokémon version Rouge & Pokémon version Bleue
- Par : Game Freak, pour Nintendo.
- Sur : GameBoy.
- Date de sortie : 1996 au Japon, 1999 en France.
- Genre : RPG
- Nombre de joueurs : 1 (avec des échanges possibles via câble Link)
- Estimation : Avec une cote stable, comptez environ 20€ (en loose) pour chaque cartouche. Le site Argusjeux.fr estime Pokémon Bleu à 19,19€, contre 20,14€ pour Pokémon Rouge… Et 19,23€ pour Pokémon Jaune.
- Le conseil en plus : Ces jeux possédant une pile de sauvegarde, qui ne sera pas forcément en bon état après tant d’années… Avant d’acheter, assurez vous soit qu’elle fonctionne, soit qu’elle a été changée, soit que vous pouvez faire la manipulation (soudure)… Sinon, il vous sera impossible d’enregistrer votre partie…
Points positifs
- Une durée de vie très correcte pour l’époque
- La genèse d’un mythe
- Quelques musiques devenues cultes
- Un gameplay accessible et agréable
- Des créatures variées et évolutives
- Quelques secrets à trouver
- Tout est déjà là, dès ce premier opus
- 151 Pokémon à trouver ou à capturer, de quoi s’occuper
Points négatifs
- Le bestiaire partagé entre deux cartouches
- Des dialogues minimalistes
- Le harcèlement sur le bord de la route
- Un épisode plus difficile que les dernières générations
- La pile, pas forcément en bon état lors d’un achat d’occasion