Nous sommes en 1990. En pleine Dragon Ball Mania, Bandai publie en France, sur NES, un jeu d’aventure mettant en scène Son Goku : Dragon Ball : Le Secret du Dragon. Un jeu qui restera dans les mémoires, et pas toujours pour les bonnes raisons.

Le tout premier arc de la saga

Je ne vous ferai pas l’affront, ici, de vous refaire l’historique de la saga Dragon Ball, créée par Akira Toriyama en 1984. Bénéficiant d’une longévité sans pareille, elle est encore aujourd’hui l’une des plus juteuses, et pas uniquement en manga ou anime. Et je ne vous ferai pas un dessin concernant sa popularité dans le monde du jeu vidéo.

Et au début des années 1990, tandis que Dragon Ball truste l’audimat des programmes jeunesse de TF1 (il est l’un des fers de lance du Club Dorothée)… Bandai (pas encore associé à Namco) publie un jeu vidéo Dragon Ball sur NES. Doragon bōru: Shenron no nazo sort en novembre 1986 au Japon, puis en mars 1988 aux USA, sous le nom Dragon Power. Et il faudra attendre 1990 pour qu’il arrive sur les NES françaises, sous le nom Dragon Ball : Le Secret du Dragon.

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Ce qui me donne d’ailleurs envie de revenir sur cette version US un peu spéciale : Dragon Power. À cette époque, le manga n’est pas connu du tout aux USA. Ce qui vaudra au jeu de changer à la fois son titre, mais aussi son aspect visuel. Sur la jaquette américaine, pas de Goku, mais un karateka quelconque, sans doute inspiré par Chuck Norris… Mais qui n’a, en tout cas, rien à voir avec notre enfant-singe préféré.

Inspiré par le manga éponyme, le jeu s’appuie sur les tout-premiers arcs de la série, de la rencontre de Goku et Bulma, jusqu’au combat contre le Ruban Rouge, avec un tournoi d’arts martiaux entre temps. Mais très vite, le jeu se barre dans le grand n’importe quoi… Prenant de plus en plus de libertés, et s’éloignant rapidement de l’histoire originale (un niveau dans l’espace, what ?).

Un jeu d’action/aventure

Dragon Ball : Le Secret du Dragon est un jeu d’action/aventure en vue aérienne 2D. La vue bascule en vue de coté lors des combats contre les boss. Le joueur incarne Son Goku, à travers 14 niveaux. Avec la possibilité d’explorer pour découvrir des salles secrètes, ou de fouiller les maisons pour découvrir des items. Le titre propose aussi de nombreuses mini-épreuves (comme casser des briques ou des pots pour trouver des clés, par exemple).

Son Goku peut sauter, donner des coups de poing ou de pied, donner des coups de bâton magique… Ou utiliser des Rafales et Super-Rafales (des Kaméhameha quoi… Je reviens plus bas sur la traduction). Mais attention, celles-ci sont en nombre limité.

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Dans l’ensemble, je me souviens que le jeu était assez difficile. Et ceci pour deux raisons. D’une part, votre vie décroit en permanence sans aucune raison (j’y reviens aussi plus bas). D’autre part, les hit-boxes du jeu sont parmi les plus foireuses qu’il m’ait été donné de voir. De même, les déplacements sont souvent hasardeux, et vous pesterez vite sur le jeu.

Une réalisation cultissime

Ah la réalisation ! Ne tirons pas sur l’ambulance, nous sommes sur une NES. On va donc éviter de juger l’apparence globale de Goku ou de Bulma, d’autant qu’il ne faut pas déconner : malgré leur aspect très pixélisé, les personnages principaux sont reconnaissables !

En revanche, on ne peut pas en dire autant des ennemis de base, qui ne ressemblent à rien. Et pour cause, la plupart ont été inventés pour le jeu. Résultat : vous affronterez souvent ce qui ressemble à la fusion d’un chien et d’un fer à repasser, ou autres adversaires totalement improbables. La direction artistique s’en tire bien lorsqu’il s’agit de s’inspirer du manga… Mais quand il faut véritablement créer, c’est une autre histoire.

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Mention spéciale pour la musique du jeu ! Hormis le thème d’intro qui vous fera penser à l’anime… Le reste de la bande-son se compose de… Deux musiques ! Une pour les niveaux, et une variante pour les boss. Vous allez tellement entendre la première qu’elle va finir par vous vriller le cerveau. Mais je vous rappelle que la plupart des TV ont aussi une fonction « mute » 😉

Astuce : regonflez votre jauge de vie

La gestion de la vie dans Dragon Ball est assez étrange. Car ici , pas de barre, mais un chiffre. Celui-ci décroit continuellement, que vous vous battiez ou non, que vous bougiez ou restiez statique. Ce qui vous oblige à collecter sans arrêt des power-ups (principalement de la bouffe ou des Capsules) pour gonfler celle-ci, car une fois tombée à zéro… C’est le game over ! Oui, je l’ai dit : c’est à la fois étrange et totalement incohérent.

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Heureusement, il existe un cheat-code pour remédier à ce handicap. Il suffit pour cela de brancher la seconde manette, et d’appuyer sur bas. Ce qui aura pour effet de remonter votre vie.

Mais attention : la manip a un prix. Et vous ne devrez jamais dépasser 255. Car sinon, le chiffre repasse à 0, et vous mourrez !

Des soucis de traduction : la foire aux vannes

On notera l’effort fait par Bandai, de nous proposer un jeu entièrement traduit en français (l’un des premiers jeux bénéficiant d’une VF) ! Hélas, entre l’intention et le résultat, il y a parfois un grand écart. Et ici, ce que l’on retiendra du jeu, c’est sa traduction très approximative, pour ne pas dire parfois totalement loupée. Et avec un esprit mal placé, certains trouveront même une seconde lecture, plus graveleuse, tout au long du jeu.

Parmi les loupés de la traduction, on notera par exemple les Dragon Balls qui deviennent ici les « balles du Dragon » ! De ce fait, on comprend plus facilement que Shenron accorde un vœu à quiconque parvient à réunir ses « balles » ! Kame Sennin (Tortue Géniale en VF) devient lui-même L’Hermite (Bernard ?), et Oolong devient Goret

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Des soucis qui s’expliquent à la fois par la méconnaissance du manga par les traducteurs, à cette époque… Mais aussi par le fait que les traducteurs disposaient d’un espace limité (les fenêtres de dialogue). Et quand les caractères japonais permettent d’y écrire des phrases entières, il faut parfois raccourcir les phrases en VF pour que tout rentre dans les bulles.

Bien évidemment, vous vous doutez aussi que la censure est passée par là ! Et à titre d’exemple, lorsque Tortue Géniale demande à Bulma de lui offrir sa culotte, la VF du jeu lui fait réclamer le repas de la jeune fille. Ce qui devient ici incompréhensible puisque les personnages gardent à la fois leur gêne et leurs mimiques (le « paf-paf » de Tortue Géniale). Pire, des phrases totalement random (et sans aucun sens) se glissent dans le dialogue : l’épisode de la culotte du repas de Bulma s’achève ici par Tortue Géniale qui se réjouit d’un « Oh, il y a plein de lacs » ! Je n’ai pas tout compris !! Les blagues ouvertement graveleuses sont écartées, mais la mauvaise traduction a le droit de glisser des double-sens, elle 😉

Au final

Aujourd’hui, après des dizaines de jeux DB tous supports confondus, ce Dragon Ball : Le Secret du Dragon sur NES ne vous apparaîtra sans doute pas comme le meilleur jeu de la console. Pour ne pas dire que, pour certains, il pourra même être considéré comme un jeu plutôt médiocre (bien que meilleur que Les Chevaliers du Zodiaque, du même éditeur sur la même console).

Pourtant, en qualité de collectionneur ou de fan de rétrogaming, il faut remettre les choses dans leur contexte. Il est le premier jeu vidéo Dragon Ball arrivé sous nos latitudes, et bien que très approximative, faisait l’effort de nous proposer une traduction VF. Sans doute l’un des points qui démontrent que les jeux à licence ont rarement fait bon ménage avec la qualité.

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Le jeu a très mal vieilli. Mais pour ceux qui l’ont connu, il a pu être marquant. Pour son univers, pour son ambiance… Il est difficile de chasser de notre esprit que, finalement, il nous a fait passer de bons moments entre deux épisodes de Dragon Ball dans le Club Dorothée : faute de mieux, de simples décors pixélisés suffisaient à nous faire voyager à la recherche des boules de cristal. Très loin d’être un hit de la NES, il n’en demeure pas moins une curiosité pour tout fan de Dragon Ball, ou pour les amateurs de rétro. Pas vraiment une priorité, mais un titre qui se trouve aujourd’hui à un tarif assez abordable…


Dragon Ball : Le Secret du Dragon

  • Par : Bandai.
  • Sur : Nintendo Entertainment System (NES).
  • Date de sortie : 27 novembre 1986 au Japon, 1990 en France.
  • Genre : Action/Aventure.
  • Estimation : Le site Argusjeux.fr l’estime très exactement, au moment où nous écrivons ces lignes, en moyenne à 20,29€. Sur la toile, on peut le trouver entre 10 et 15€ en loose.

Points positifs :

  • Un premier jeu Dragon Ball officiel en France
  • Début qui s’inspire du manga
  • Entièrement traduit en VF
  • L’alternance entre exploration et baston
  • Assez long (sauf si vous utilisez le cheat-code)
  • Une ambiance particulière

Points négatifs :

  • De grosses erreurs de traduction
  • les hitboxes approximatives, des déplacements crispants
  • Seulement deux musiques dans le jeu
  • L’histoire qui se barre très vite en n’importe quoi
  • La vie qui diminue automatiquement