Pour la première fois dans cette rubrique, nous allons nous intéresser à un jeu GameBoy. Et pas n’importe lequel : retour sur Super Mario Land, premier Mario sur la console portable de Gunpei Yokoi.

Le jeu du lancement de la GameBoy

Aussi étrange que cela puisse paraître, je réalise que nous n’avons encore consacré aucun rétro-test à la Gameboy. Une machine portable pourtant fantastique, sortie en avril 1989 au Japon, et en septembre 1990 en France. Et je vous laisse libres de choisir si vous dites LE (système) Gameboy, ou LA (console) Gameboy ! 😉

Et si la machine inventée par un certain Gunpei Yokoi est souvent associée à son mega-hit Tetris (offert avec la console dans un bundle)… Ce serait oublier un autre titre ayant contribué à son succès : Super Mario Land !

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Super Mario Land est à la fois le premier jeu de plate-formes, et le premier Mario de la console. Et pour cause, puisqu’il fait partie des titres de lancement de la Gameboy. Ce qui en fait déjà une particularité, en soi…

Le jeu a été conçu par Satoru Okada, à qui l’on doit les Game & Watch, la GB Color et la GBA, la DS Lite ou le robot de la NES : R.O.B…. Ou encore des jeux comme Donkey Kong JR, Metroid, Kid Icarus ou Mario Paint. Et produit par Gunpei Yokoi, inventeur de la GameBoy.

Un monde original

Avec Super Mario Land, Nintendo s’éloigne de son lore habituel. Oubliez le Royaume Champignon, la princesse Peach, les Toads ou même Bowser. Ici, Mario va vivre une aventure totalement inédite. Les développeurs cassent les codes, quitte à perturber les fans.

Ainsi, Mario va se déplacer cette fois-ci dans des univers qui s’inspirent de notre monde réel, avec ses monuments. Le premier monde, Birabuto, s’inspire de l’Egypte, de ses pyramides et de ses sphynx. Muda nous emmène dans le Triangle des Bermudes, tandis que Easton s’inspire de l’île de Pâques et de ses statues Moaï. Enfin, Chaï nous emmène en Chine.

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Les amateurs de paranormal auront vite fait de relier tous ces univers à la croyance des extra-terrestres. Et cela tombe bien, puisque vous allez trouver aussi des soucoupes volantes dans le jeu. D’ailleurs, le grand méchant du jeu, Tatanga, est littéralement un Alien.

Tatanga qui, par ailleurs, n’a pas enlevé Peach, mais une certaine Daisy, afin de l’épouser. Daisy est la souveraine de Sarasaland, le monde que nous allons explorer aujourd’hui, qui se divise en quatre régions, celles évoquées plus haut. Ici, outre les nouveaux ennemis, seules les plantes piranhas sont de la partie. Les Goombas sont remplacés par des Goombos (c’est un peu les mêmes), et les Koopa-Troopas par des Bombshell-Koopas, qui explosent à votre contact.

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C’est bien un « Mario »

En matière de Gameplay, il n’y a aucun doute : Super Mario Land est bien un jeu Mario… Et il se joue exactement comme Super Mario Bros. Les tableaux défilent de la gauche vers la droite en scrolling horizontal, avec un timer. Comme nous l’avons vu plus haut, le jeu se divise en quatre mondes, eux-même divisés en trois parties.

Et chaque monde se termine par un boss. Comme dans Super Mario Bros, chaque fin de monde nous permet de trouver un ennemi se faisant passer pour Daisy. Souvenez-vous des Toads et de leur message « Our Princess is in another castle » dans SMB.

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Comme dans SMB, un système de points vous permet de gagner des vies à la fin de chaque niveau… Et en cas d’échec, vous recommencez du début du niveau, ou d’un peu plus loin. Les items (champignon qui vous fait grandir, étoile d’invincibilité, pièces, blocs, tuyaux warp-zones) sont aussi de la partie. Mais les boules de feu sont ici remplacées par des sortes de balles rebondissantes, les super-balls.

Ici, on saute avec A, et on court en maintenant B (qui sert aussi à envoyer les super-balls). À la différence de SMB, chaque niveau vous propose deux sorties distinctes : la classique, et une porte située en hauteur, plus dure à atteindre. Cette seconde option vous octroie des bonus ou des vies. L’idée sera reprise dans Super Mario Land 2, et dans les futurs Mario sur consoles de salon.

Une difficulté inhérente à son époque

Nous sommes au début des années 90, et l’on va retrouver ici tous les « défauts » que l’on pourra aussi relever dans les autres jeux de cette époque. À commencer par la difficulté du titre, due au fait qu’il n’existait alors aucun système de sauvegarde (mais pour un rétro-gamer, cela signifie qu’il n’y a pas de pile à changer ^^). Perdre une vie vous obligeait à recommencer depuis le début du niveau (ou sa moitié)… Mais un game-over vous forçait à tout reprendre depuis le début.

La difficulté était aussi accrue par la visibilité réduite de la GB. Un écran tantôt sombre ou trop clair si l’éclairage ambiant n’était pas adéquat (pas de rétroéclairage sur GameBoy), des ennemis « mangés » par les bords de l’écran… Il n’était pas rare de se faire griller à cause d’un affichage trop tardif des ennemis. Et très vite, la seule solution pour finir les tableaux consistait à les connaître par cœur. De ce point de vue, Super Mario Land peut être considéré comme un « Die & Retry » sans problème !

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Malgré tout, avec un peu de pratique, le jeu reste abordable, voire assez facile. Car avec de l’expérience, il est tout à fait possible de le terminer sans trop transpirer des doigts. D’autant que le jeu n’est pas long : 12 tableaux, si vous les connaissez par cœur, ça se plie rapidement (c’est deux fois moins que Super Mario Bros). Un gabarit pensé pour les courtes sessions de jeu sur console portable.

Et si on parlait des musiques ?

Birabuto Kingdom (world 1-1) – ©Columbia Records.

Il est impossible de parler de Super Mario Land sans évoquer sa bande originale. Elle a été composée par Hirokazu « Hip » Tanaka, que vous connaissez sans doute déjà pour ses autres musiques de jeux Nintendo. Et pour les plus connus, on citera surtout deux hits de la NES : Kid Icarus et Metroid.

La musique a ensuite été arrangée par Ikuro Fujiwara, pour être jouée par le Mario Freaks Orchestra.

Muda Kingdom (world 2-1) – ©Columbia Records.

Lorsque vous devenez invincible, vous n’entendrez pas la traditionnelle musique que l’on entend dans tous les Mario, lorsque vous prenez l’étoile. Non, ici, le compositeur nous offre une reprise du Galop Infernal, inspiré par Orphée aux Enfers de Jacques Offenbach.

Au final

Il est étonnant de voir que, si Super Mario Land sort six mois après Super Mario Bros 3 sur NES, sa technique nous renvoie en arrière, se rapprochant davantage du premier Super Mario Bros. Contraintes techniques ? Non, la GameBoy peut faire beaucoup mieux, et Super Mario Land 2 ou Wario Land le prouveront.

Alors, n’oublions pas que ce « dinosaure » du jeu vidéo est l’un des produits de lancement de la GameBoy. Et quel jeu ! Malgré sa faible durée de vie, ou ses niveaux parfois un peu vides, Super Mario Land fait partie des légendes du jeu vidéo, et est sans doute l’un des meilleurs titres de la console portable. Il s’est d’ailleurs vendu à plus de 18 millions d’exemplaires dans le monde. Un incontournable, que chaque rétro-gamer se doit de posséder !


Super Mario Land

  • Par : Nintendo R&D1.
  • Sur : GameBoy.
  • Date de sortie : 1990.
  • Genre : Plate-formes.
  • Estimation : Argusjeux.fr l’estime aujourd’hui à 41,15€ en boite, dans sa version européenne. Comptez entre 12 et 15€ pour la version en loose.

Points positifs :

  • Du 100% Super Mario
  • Un univers original pour la série
  • Gameplay simple mais efficace
  • Les musiques
  • Des efforts qui payent vraiment
  • Excellent produit de lancement pour la/le Gameboy

Points négatifs :

  • Quelques soucis de lisibilité
  • Un jeu court
  • Quelques niveaux un peu vides
  • Pas de système de sauvegarde