Les plus anciens ont connu une époque durant laquelle Sony et Nintendo avançaient main dans la main. Le premier ne fabriquait pas encore de consoles, et développait des jeux, entre autres pour le second. Et un jour de 1993, les joueurs ont vu débarquer un certain Equinox. Un jeu aujourd’hui méconnu pour beaucoup, mais qui mérite vraiment que l’on s’y attarde !

Autrement dit… Solstice II

Avant de vous parler d’Equinox, commençons par le début ! Car avant de débuter, il est nécessaire de partir un peu plus loin dans le temps, très exactement en 1990. Date à laquelle sort Solstice: The Quest for the Staff of Demnos sur NES.

Développé par Software Creations, pour le compte de Epic/Sony Records et CSG Imagesoft… Solstice est un jeu d’aventure et réflexion qui se joue en 3D isométrique. La princesse Eleanor vient de se faire enlever par le démoniaque sorcier Morbius, dont l’objectif est de la sacrifier lors du solstice d’hiver (d’où le nom du jeu). Le joueur incarne le sorcier Shadax, dont le but est de retrouver les six morceaux du sceptre de Demnos, dispersés dans le château de Kâstleröck : la demeure de Morbius.

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Shadax ne possède pas de pouvoirs, et peut seulement se déplacer. Cependant, il peut utiliser des potions magiques. Elles lui permettent de stopper le temps, détruire les ennemis, dévoiler des passages secrets… Ou devenir momentanément invincible. Il n’en faudra pas moins pour venir à bout des 250 salles du château en 3D isométrique, et voir la fin du jeu…

Mais je m’égare… Car je devais vous parler, à la base, d’Equinox… Qui n’est autre que la suite de Solstice ! Ou Solstice 2, de son nom Japonais, si vous préférez (Equinox est son nom aux USA et en Europe) ! On y retrouve le même éditeur, le même gameplay… Mais cette fois, il ne sera plus question d’incarner Shadax, mais son fils, Glendaal.

Voir plus grand…

À cette époque, les scénaristes se contentaient parfois d’aller au plus simple ! Et ce sera le cas avec Equinox qui, trois ans après son prédécesseur, nous réchauffe l’histoire de l’enlèvement. Cette fois, c’est Shadax qui a été capturé par son ancienne apprentie, Sonia, et qui est retenu dans le château de glace de cette dernière. Seul capable de rivaliser sur le terrain de la magie, Glendaal, le fils de Shadax, s’embarque donc dans cette aventure.

Si Equinox reprend le concept et le gameplay de Solstice, il voit beaucoup plus grand ! Désormais, le monde est découpé en huit niveaux thématiques, des îles reliées par des ponts, qui nous offrent des centaines de salles à explorer : Galadonia, Tori, Desso, Atlena, Quagmire, Afralona, le Vaisseau Fantôme et le Palais de Glace de Sonia.

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La Super-Nintendo offre de nouvelles possibilités au jeu. Les décors et les sprites des ennemis sont plus détaillés, plus colorés, plus beaux et mieux animés (on voit les cheveux du héros bouger lorsqu’il marche)… Et Glendaal devra se farcir des boss gigantesques ! De plus, avec son fameux Mode 7, la console permet d’afficher une map en 3D, que vous pouvez orienter comme bon vous semble.

Sur cette map, Glendaal pourra parfois trouver des mini-boss (trolls ou chauve-souris) qui vous octroieront des bonus… Mais le gros du jeu se passe dans les donjons en vue isométrique. Glendaal pourra trouver, dans les salles, des potions de santé ou de shield, des armes de lancer (poignard, cimeterre, hache… chacun des 8 mondes a son arme, comme il a son boss spécifique), des potions aux effets magiques… Mais surtout, il devra récupérer des orbes bleus ou Tokens, permettant d’invoquer le gardien du niveau, afin de le vaincre… Et ainsi progresser jusqu’au boss de fin du jeu.

Deux défauts majeurs

Equinox est un très bon jeu de réflexion sur SNES, et les énigmes de ses donjons vont souvent mettre vos neurones à dure épreuve. Pourtant, à l’époque, les avis de la presse spécialisée étaient très partagés. Le magazine Joypad le notera 96% quand Player One lui attribue un très honorable 93/100. Famitsu, en revanche, est plus partagé avec un 29/40, quand Nintendo Power le note 3,6/5.

Il faut dire que le jeu souffre de deux défauts majeurs. Le premier, c’est son gameplay, et particulièrement le choix de sa vue en 3D isométrique. Le jeu n’est pas toujours lisible, et souffre de gros problèmes de game-design, et plus particulièrement de perspective. Vous allez perdre un nombre incalculable de vies en essayant d’atteindre une plate-forme qui n’est absolument pas située là où vous la voyez ! Et je ne parlerai pas ici de certains pièges, camouflés par des éléments du décor !

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Ce qui nous amène au second défaut du jeu (lié au premier) : sa difficulté ! Punaise, ce jeu est une purge, exigeant, pour ne pas dire impitoyable ! Je me souviens d’avoir passé, à l’époque, des heures entières sur certains donjons, à chercher une salle, une sortie, un objet… Avec parfois des ennemis qui vous « one shot » quand vous étiez à deux doigts du but. Rien est infaisable, et vous viendrez à bout des boss si vous les observez et comprenez leurs patterns. Mais… Vous devrez vous accrocher, Equinox n’est clairement pas fait pour les « petits joueurs » !

Ce qui m’amène à une petite parenthèse « rétro-gaming » ! Avec une telle durée de vie, bien évidemment, la cartouche embarque une pile de sauvegarde. Si vous comptez investir dans ce jeu vidéo, en occasion… Assurez-vous que sa pile est en bon état (ou que vous savez la changer).

Une superbe bande-son de Tim et Geoff Follin

Comment ne pas parler de la superbe bande-son du jeu, signé par un duo de compositeurs légendaire dans le monde du jeu vidéo : Tim Follin et son frère Geoff ! Ce duo britannique est en effet connu pour avoir été tantôt arrangeur, tantôt compositeur sur des centaines de jeux connus, dès le milieu des années 80.

Tim Follin a, par exemple, été arrangeur sur Commodore 64, Atari ST ou ZX Spectrum sur les jeux Renegade, Bionic Commando, Bubble Bobble, Ghouls’n Ghosts… Puis il arrive, notamment sur NES, pour composer avec son frère les musiques de Solstice, The New Zealand Story, Silver Surfer… Avant de le retrouver sur Super-Nintendo à la composition de Super Off-Road, Plok, Equinox ou Rock’n Roll Racing

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Ici, Tim et Geoff Follin nous servent de superbes musiques, tantôt angoissantes et mystérieuses comme Tori, Afralona… Tantôt planantes comme Atlena (ma préférée)… Qui servent merveilleusement bien l’ambiance du jeu !

Au final

Quoi que l’on pense de ce Equinox, il est un jeu marquant de la Super-Nintendo ! Il a marqué son temps par ses énigmes, la qualité de ses graphismes, et celle de sa bande-son qui figure parmi les plus belles composition des frères Follin.

Hélas, la technique ne fait pas tout. Et le joueur se heurte ici à des obstacles qu’il n’est pas toujours évident à appréhender, la faute à une 3D isométrique qui nuit à la lisibilité de certains tableaux ou énigmes. On ne va pas vous mentir : Equinox est un jeu globalement difficile, et qui sera synonyme de crise de nerfs pour certains. Malgré tout, c’est un jeu à essayer, et à posséder si vous êtes collectionneur. Ne serait-ce que pour son ambiance réussie…


Equinox

  • Par : Software Creations, pour Sony Imagesoft.
  • Sur : Super-Nintendo
  • Date de sortie : 1993
  • Genre : Réflexion/Aventure
  • Estimation : Le site Argusjeux.fr estime le jeu à 25,41€, avec une cote stable.
Points positifs :
  • Bande-son de Tim et Geoff Follin
  • Des décors assez jolis
  • De gros sprites
  • L’ambiance très réussie
  • Les animations des personnages
  • Les énigmes
  • Durée de vie
  • Un challenge à la hauteur du mythique Solstice
Points négatifs :
  • La 3D isométrique qui nuit souvent à la lisibilité
  • Gameplay parfois irritant
  • Difficulté assez élevée
  • Le scénario pas foufou