Je n’ai pas oublié ! Lorsque je vous avais proposé, dans cette même rubrique, un retour sur Chrono Trigger, je vous avais dit que je vous parlerais un jour de Chrono Cross, annoncé comme sa suite… Toujours est-il que nous avons là un RPG fabuleux, qui figure dans mon « Top 5 » des meilleurs titres de tous les temps !
Mon dieu ! Cette intro !
Quel jeu ! S’il n’est pas signé, comme son aîné, par la fameuse Dream Team, c’est une partie de cette team qui est néanmoins aux commandes, la même qui signera également Xenogears. On retrouve ainsi Hiromichi Tanaka (Secret of Mana, Final Fantasy 3…) à la production, Masato Kato (scénariste de Final Fantasy 7, Xenogears, Children of Mana…) au développement, Yasunori Mitsuda (Xenogears, Front Mission, Tobal N°1, Xenosaga…) pour la musique, ou encore Yasuyuki Honne (Xenogears, Baten Kaitos…) à la direction artistique, ou Nobuteru Yûki (Esclaflowne, Lodoss…) au character design.
Avant de commencer cette rubrique, j’ai envie de vous plonger dans l’ambiance ! Imaginez : nous sommes en 1999. Vous avez toujours en tête l’excellent Chrono Trigger. Nous sommes maintenant sur la première PlayStation, et Squaresoft (devenu depuis Square-Enix) signe un certain Chrono Cross (qui ne sortira hélas qu’au Japon et aux USA)…. Fébrile, vous insérez le CD dans la console, appuyez sur « start », et découvrez… ça !
Comme vous vous en doutez, après une telle démonstration, une seule envie : débuter la partie. L’aventure s’annonce épique ! Et longue aussi, puisque le jeu tient sur deux CD !
Des héros… et encore des héros
Chrono Cross, c’est aussi le plus fabuleux casting qu’il m’ait été donné de voir ! Je me souviens évidemment de Serge, le héros, mais aussi de sa complice, l’énergique blondinette Kid (on la voit dans l’intro). Je me souviens aussi des ennemis : Lynx, un homme-fauve qui…
Non, pas de spoiler, ce personnage étant un élément clé de l’histoire, qui vous réserve un twist des plus surprenants. Comme pour Serge et Kid, on fonctionne en couple du coté obscur de la Force : Lynx est accompagné de Harle, une fille habillée avec un costume d’Harlequin (dans la version américaine, elle parle avec un accent français)…
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Ne croyez pas que le casting se limite à ce quatuor ! Si dans les RPG classiques, l’équipe du héros se compose généralement de six ou sept personnages, vous pourrez au fil de vos rencontres recruter environ une cinquantaine de personnages jouables ! Extraordinaire !
Chacun de ces personnages a son histoire, ses blessures… Et il vous appartient de boucler toute l’aventure pour connaître les petits secrets de chacun. Tandis que vous contrôlez une équipe de trois, le choix deviendra vite cornélien, et vous aurez hélas tendance à privilégier vos chouchous…
Après le temps, les dimensions !
Contrairement à Chrono Trigger qui vous permettait de voyager dans le temps (plusieurs époques visitables), Chrono Cross ouvre quant à lui des portails vers d’autres dimensions. Autrement dit, vous allez rester dans la même époque, mais dans des dimensions parallèles. Certains éléments, certaines personnes, seront différent(e)s d’un monde à l’autre.
Ce qui pose d’ailleurs un élément fondamental du gameplay. Vous serez souvent amenés à voyager d’une dimension à l’autre pour rapporter des objets à un personnage précis, pour rencontrer des personnes qui n’existent pas dans votre univers natal, etc…
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L’exemple le plus concret est celui de Serge, le héros, au début du jeu. Alors qu’il mène une vie paisible dans le village de pêcheurs d’Arni, Serge part en quête de fleurs pour sa petite copine. Il est happé par un portail dimensionnel qui l’envoie… Dans un monde identique… Exactement le même ! 😀
Si ce n’est que, dans cet univers, Serge trouve sa propre pierre tombale sur une corniche, au Cap Howl : le jeune héros est mort il y a dix ans… du moins dans ce monde ! C’est d’ailleurs là que, confronté à trois hommes de main de Lynx (qui le recherchent, en le désignant de « Ghost Boy »), il fait la connaissance de Kid !
Le jeu est tout sauf linéaire, et vous pourrez remplir les quêtes dans l’ordre qui vous sied. Mais chacun de vos actes aura des conséquences sur le reste de l’histoire. Faire une action précise peut vous débloquer l’accès à un volet du scénario, mais vous empêcher de débloquer un personnage… Heureusement, il existe un mode « New Game + » que vous allez utiliser par obligation, si vous souhaitez trouver tous les secrets du jeu (il existe onze fins qui dépendent de vos choix).
Un gameplay innovant
Chrono Trigger nous avait surpris, à l’époque, avec son système d’attaques combinées, doubles ou triples. Chrono Cross est tout aussi surprenant, avec un gameplay particulièrement génial. Le système de combat est, pour l’époque, aussi bien pensé que celui des « matérias » dans Final Fantasy 7.
Tout d’abord, vous pouvez éviter le coté aléatoire des combats, dans le sens où les monstres sont apparents sur la map. A vous de voir si vous décidez d’aller au charbon, ou de les contourner.
Lorsque le combat s’engage, c’est un système complexe que vous découvrez. Mais une fois apprivoisé, il est l’un des plus géniaux à ce jour… Lors d’un combat (qui se déroule au tour par tour), vous disposez de sept points de stamina. Vous pouvez alors choisir de déclencher une attaque faible mais précise qui coûte un point, une attaque moyenne et équilibrée qui coûte deux points, ou une attaque puissante mais imprécise qui vous déleste de trois points.
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A vous de trouver la bonne combinaison, sachant que plus vous touchez l’ennemi, plus vous gagnez en précision. Commencez donc par des attaques faibles, pour finir l’ennemi avec des hits dévastateurs !
Du coté des attaques magiques, elles se répartissent en huit éléments, et chaque personnage a son élément de prédilection (la lumière pour Serge, le feu pour Kid, etc). Ces magies, sous forme de blocs, se trouvent dans des coffres ou s’achètent. Vous devez les placer dans un tableau de skills de vos personnages. Plus vous gagnez de l’expérience, plus vous pouvez affecter de magies à vos personnages. Peu importe l’élément : si votre perso a son élément de base, il peut tous les utiliser, à condition d’en user judicieusement. Car les ennemis ont aussi un élément natif. Et comme chez les Pokemon, vous devrez utiliser l’élément opposé pour toucher plus fort !
Mais attention : chaque bloc ne peut être utilisé qu’une fois par combat. Comme si cela ne suffisait pas, ils dépendent eux aussi d’un nombre de points lié à votre stamina. Si vous n’avez plus de stamina, vous ne pourrez plus user de magie… Je vous avais prévenu, le jeu est plus technique qu’on ne le pense !
Est-ce une suite de Chrono Trigger ?
Attention : ce paragraphe contient des spoilers. Surlignez le texte si vous souhaitez le lire 😉
Très clairement : si la réponse n’est donnée qu’à demi-mots au début du jeu, oui Chrono Cross est bien la suite de Chrono Trigger ! On le devine au début de l’aventure, en passant par Termina, un nom qui ne vous est pas étranger (d’ailleurs, le thème musical vous rappellera de vieux souvenirs, lui aussi). Ca ne veut rien dire me répondrez-vous. En revanche, lorsque le jeu nous parle de Lavos (le boss de Chrono Trigger, qui a depuis fusionné avec Schala… tiens donc), on est sur la voie, on a un lien !
Et puis, la fin du premier CD ne laisse plus aucun doute ! Nos héros se retrouvent dans une cité en ruine qui n’est autre que Truce, la capitale du royaume de Gardia, là même où débute l’histoire de Chrono Trigger. Dans ces ruines, vous retrouverez d’ailleurs la cloche de Marle, sur la place centrale… Rejouez à CT, et vous comprendrez !
En explorant cette ville, vous retrouvez des notes qui sont signées de la main de… Lucca (la copine bricoleuse du héros de Chrono Trigger), qui explique entre autres comment l’orphelinat dont elle s’occupait a été détruit. Plus tard, vous croisez les fantômes de Chrono, Marle et Lucca…
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Si vous avez joué à la version PlayStation de Chrono Trigger, vous aurez remarqué que, dans la cinématique de fin, Lucca trouve un bébé… Et dans Chrono Cross, vos héros retrouvent des dessins réalisés par cet enfant. Très vite, vous comprenez que cet enfant élevé par Lucca n’est autre que… Kid !
On relève dans Chrono Cross quelques étrangetés : l’un des personnages que vous pourrez recruter est un magicien noir du nom de Guile. Physiquement, il fait étrangement penser à Magus, le puissant boss qui vous rejoint dans Chrono Trigger. Dans la version japonaise de Chrono Cross, Guile se nomme Alfador, qui est aussi le nom du chat de Magus dans Chrono Trigger ! Un autre personnage, Glenn, armé d’une Masamune, fait penser au héros-grenouille de CT (mais les développeurs ont affirmé qu’il n’y avait aucun lien).
Je pourrais aussi évoquer le « Frozen Flame », les Dragons et le boss Fate… Mais cela m’obligerait à pousser le spoil trop loin, et je tiens à vous garder une part de surprise 😉
Il est encore possible d’y jouer !
Gameplay génial, graphismes hallucinants pour l’époque, musique à tomber, scénario passionnant et évolutif, durée de vie conséquente… Le jeu est culte, vous l’aurez compris ! Aussi, je suis assez content d’avoir pu, il y a quelques années, le retrouver, cette fois sur le PSN, pour un peu plus de 9 dollars.
Car hélas, comme son aîné sur CD, le jeu n’est disponible qu’en Amérique. Alors, il m’a fallu quelque peu « gruger » : créer un compte américain sur ma PS3 (aidez-vous de Google Maps pour trouver un nom de rue aux USA puisqu’à la création du compte, vous devez entrer une adresse valide), puis passer par PayPal pour acheter une carte PSN américaine, puisque les cartes bleues françaises ne passent pas toutes sur les boutiques outre-Atlantique).
On peut toujours rêver que Square-Enix ait l’idée de ressortir cette licence du placard, mais cela semble plus qu’improbable… Toujours est-il que, si vous jetez votre dévolu sur ce jeu, vous ne regarderez plus jamais les RPG de la même manière !