Le jeu dont nous allons parler aujourd’hui est peu connu, pour ne pas dire clairement sous-coté en Europe. Pourtant, au Japon, il est un véritable phénomène ! Et pour cause : d’une certaine manière, on peut considérer que Street Gangs est tout simplement le meilleur beat’em all de la NES ! Rien que ça !

Au Japon, une série totalement culte !

Si vous avez connu la NES, peu d’entre vous se souviendront sans doute de Street Gangs. Un beat’em all jouable en solo ou à deux joueurs sorti sur NES en 1991 en Europe. Et pour cause : sur le vieux continent, le jeu n’a pas connu le succès qu’il méritait, passant discrètement dans le line-up de la console 8 bits de Nintendo. Je me souviens même de l’avoir acheté dans un pack promotionnel où il était « bradé » avec le jeu de stratégie Nord & Sud (adaptation de la BD Les Tuniques Bleues). En effet, le jeu était alors distribué en France par… Infogrames !

Et il est étrange de constater qu’au Japon, ce jeu est un véritable phénomène, appartenant à la cultissime série Nekketsu Kōha Kunio-kun, (littéralement, le « voyou au sang chaud » !) reconnaissable entre mille grâce à son chara-design tout mignon. Série à laquelle appartient par exemple le plus populaire World Cup (un jeu de foot délirant sur NES et GameBoy en 1990)… Ou dans le même style, le tout aussi délirant jeu de volley Super Dodge Ball (1987).

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La série est signée par Technos Japan. Une société aux multiples titres, que vous connaissez surtout pour une autre licence culte : Double Dragon. Au Japon, la série des Nekketsu Kōha Kunio-kun est, comme je l’ai écrit, très populaire. Au point de se composer de près d’une cinquantaine de titres, tous supports confondus.

Marchant dans les pas de Double Dragon, mais avec beaucoup plus d’humour… c’est en avril 1989 que sort au Japon Downtown Nekketsu Monogatari, sur Famicom. En janvier 1990, il sort sur les NES américaines sous le nom de River City Ransom… Avant d’arriver en Europe en 1991, sous le titre Street Gangs. Une version cependant légèrement différente de la japonaise (des noms ou uniformes ont changé, des musiques sont absentes en VF…).

La guerre des gangs

De son modèle Double Dragon, Street Gangs va garder l’intrigue de base. Le ou les joueurs incarne(nt) Alex (Kunio en VO) ou Ryan, deux lycéens, dans une ville de River City contrôlée par des gangs. Le mystérieux Slick du légendaire Renegade (sorti en 1986, qui fait aussi partie de la série) est de retour, et enlève Cyndi, la petite amie de Ryan… Et vous allez donc devoir la délivrer en pétant quelques gueules au passage, puisque les neuf gangs de la ville soutiennent Slick.

Car vous le constaterez très rapidement : tous les élèves du lycée font partie d’un gang. Et vous ne pouvez pas faire deux pas dans la rue sans que l’un d’entre eux ne vous tombe dessus pour vous faire la peau à coups de poings, de chaînes ou de barres à mine. Ces gangs sont reconnaissables tout simplement à la couleur des vêtements de leurs membres. Notez que chaque voyou a un prénom, et que des fenêtres de dialogues (assez drôles) s’affichent pendant les combats. Et parfois, lorsque vous nettoyez une zone, un boss peut apparaître.

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Les commandes sont très simples à assimiler, et si vous avez déjà joué à Double Dragon, vous ne serez pas dépaysés. Un bouton pour le coup de poing, l’autre pour les coups de pied. Et si vous pressez les deux simultanément, votre personnage effectue un saut. Appuyer deux fois dans une direction permet de courir, avec une attaque puissante si vous frappez en fin de course.

Tout l’intérêt du jeu réside dans la possibilité de jouer à deux en local : il devient alors beaucoup plus fun… Et en cas d’échec, pas de panique : tant que vous avez de l’argent, vous pouvez continuer ! En cas de game-over, le jeu vous respawn dans la dernière zone commerciale visitée, en prélevant la moitié de vos thunes.

Beaucoup plus qu’un jeu de baston !

C’est ce qui fait tout l’intérêt de Street Gangs ! Il est beaucoup plus qu’un simple jeu de combat. Car dans le jeu, les mécaniques du beat’em all classique et celles du RPG s’entremêlent.

Et ici, je pense notamment à l’upgrade constant de votre personnage. Au fil de votre aventure, vous allez littéralement le voir évoluer. Tout se passe dans les rues commerçantes. Des zones qui sont dénuées de combats, les ennemis étant alors remplacés par de simples PNJ avec qui vous pouvez discuter… Mais que vous ne pouvez pas frapper.

Dans ces rues, vous allez aussi trouver des boutiques. C’est ici que vous allez dépenser tout l’argent gagné lors des combats. Et acheter de la nourriture ou des objets est fortement recommandé. Car d’une part, cela va vous permettre de regagner de la vie, d’autre part de booster vos stats comme votre force ou votre endurance, ou votre barre de vie.

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Neuf statistiques sont ainsi à booster : puissance des coups (pied et poings), armes, lancer, agilité, défense, endurance, force et volonté. Des stats très importantes, car avec par exemple une volonté au dessus de 35, votre personnage ne tombe pas KO lorsqu’il n’a plus de points de vie, mais se relève avec deux barres de vie (ce qui vous évite de perdre de l’argent avec un respawn)…

Et ces passages en boutiques vont aussi vous permettre de développer de nouveaux skills. La librairie vous permettra ainsi d’apprendre six techniques ancestrales. Comme un coup de poing turbo, un saut tournoyant, et autres réjouissances qui mettront à mal vos ennemis, même les plus forts. Du simple coup de poing de début de partie, votre personnage va devenir, petit à petit, une véritable machine à distribuer les tartes !

D’une certaine manière, Street Gangs peut aussi être considéré comme un open-world… Dans la mesure où vous êtes libre d’aller explorer n’importe quelle zone, quand vous le souhaitez. Si vous le voulez, vous pouvez même vous rendre dans la zone finale, dès le début du jeu. Notez cependant que, pour faire avancer l’histoire, vous devrez déclencher les combats contre 10 boss et les vaincre. Dans le cas contraire, vous pouvez effectivement aller à la fin du jeu, mais l’histoire sera bloquée…

Un jeu qui a quand même quelques défauts

Il est plaisant de constater que le jeu s’en tire bien sur le plan de la technique. Les graphismes SD sont mignons, les animations drôles, le gameplay intuitif, la durée de vie correcte… Pourtant, le jeu a aussi ses limites, et c’est ce que nous allons voir maintenant .

Le défaut le plus flagrant est hélas assez commun sur NES : les clignotements de sprites. Bien qu’ils soient assez discrets par rapport à nombre d’autres titres de la machine… Ils sont bien là. Parfois jumelés avec du lag, notamment lorsque le jeu affiche trop de personnages à l’écran. Et encore plus s’ils s’envoient des objets à la figure. Mais généralement, ces bugs ne durent que quelques secondes…

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Comme je l’ai dit, le jeu vous laisse une grande liberté dans votre exploration des zones. Mais avec des textes exclusivement en anglais, les objectifs ne sont pas toujours clairs. Et il peut arriver que l’on tourne un moment, avant de comprendre ce que l’on doit faire, ou avant qu’une scène se déclenche, parce qu’on avait oublié de nettoyer totalement une zone. De même, le jeu manque de clarté pour les effets des items que vous achetez dans les magasins : vous ne savez jamais quels seront les effets de la bouffe que vous venez d’acheter, et vous devrez très souvent expérimenter pour en avoir le cœur net…

Enfin, je terminerai par un petit détail, mais qui peut avoir son importance. Le jeu dispose d’un système de password, pour reprendre votre partie plus tard si besoin… Mais ce mot de passe se compose de 6 lignes de 11 caractères ! Vous avez bien lu : 66 caractères à noter sur un bout de papier, et à recopier en faisant gaffe aux majuscules et minuscules ! À ce niveau, doit-on considérer cela comme un troll des développeurs ?

Comment y jouer aujourd’hui ?

Si vous ne possédez pas de NES, pas de problème ! Il est aujourd’hui très facile de (re)découvrir cette pépite du jeu vidéo des années 90 ! À commencer par l’application gratuite NES sur votre Switch, si vous êtes abonné au service Nintendo Switch Online… Puisque le jeu fait partie de la sélection NES disponible (sous son nom américain River City Ransom). De même, il était présent il y a quelques années sur la Console virtuelle de la Wii, puis de la Wii-U…

Si vous avez gardé votre vieille GBA (GameBoy Advance), on vous recommande également de chercher sur internet, un certain River City Ransom EX. Ce remake sorti en 2004 est une petite pépite, un remake très réussi avec un gros upgrade visuel. Sachez que la GameBoy Advance n’est pas concernée par le zonage. Vous pouvez donc jouer à n’importe quelle version du jeu sur votre machine européenne.

Enfin, vous pouvez aussi vous procurer, en import, Kunio Kun World Classic Collection (vous pouvez y aller, les consoles actuelles sont dézonées). Une compilation Switch ou PS4 qui embarque les jeux les plus emblématiques de la série… Dont notre fameux Street Gangs.

Au final

Bien qu’il soit très peu connu en Europe (disons qu’il a fait un passage assez discret), Street Gangs est un jeu qui m’a marqué. Un gameplay aux petits oignons, qui mêle baston et RPG, une ambiance, beaucoup plus de fun que dans Double Dragon… Après y avoir passé des heures, pour ne pas dire des journées entières, je vous l’écris et je l’assume : Street Gangs n’est rien d’autre que le meilleur beat’em all de la NES !

Si vous êtes collectionneur et que vous le trouvez sur NES, ce titre doit intégrer votre collection. Encore meilleur à deux joueurs, il offre une rejouabilité sans égal, avec une quête qui va vous demander beaucoup d’investissement : le jeu n’est pas long, mais il y a plein de choses à faire pour pouvoir le finir, sans se faire ramoner par des gangs qui vous sembleront sans doute assez forts en début de partie… Juste incontournable, et indispensable !!


Street Gangs

  • Par : Technos Japan, distribué en France par Infogrames.
  • Sur : NES
  • Date de sortie : 1991 en Europe.
  • Genre : Beat’em All
  • Nombre de joueurs : 1 ou 2 en co-op.
  • Estimation : Le site Argusjeux.fr estime la version boite à 94,45€ (avec une cote à la hausse). La version en loose chute à 12,59€ avec une cote stable.
Points positifs :
  • Un jeu fun
  • Gameplay intuitif
  • L’évolution et la gestion de vos stats
  • Des pouvoirs à débloquer
  • Encore meilleur à deux
  • Des thèmes musicaux et bruitages sympas
  • Les dialogues
Points négatifs :
  • Pas mal de clignotements
  • Un peu répétitif à la longue
  • Une version européenne différente de la japonaise
  • Les passwords interminables
  • Les objectifs pas toujours clairs