Sur la PlayStation première du nom, deux jeux de courses m’ont particulièrement marqué ! Le premier est bien évidemment Gran Turismo, dont nous vous avons déjà parlé ici. Le second est Ridge Racer Type 4 (Namco) qui, à mon sens, est purement et simplement le meilleur épisode de la série Ridge Racer. Allumez vos moteurs, faites chauffer la gomme, c’est parti pour un nouveau rétro-test pied au plancher !

Vous souvenez vous de Reiko Nagase

C’est sur le thème musical Urban Fragments que s’ouvre le jeu, avec une séquence aussi jolie (pour l’époque) qu’improbable. On imagine en effet assez mal un pilote, en pleine course, s’arrêter pour prendre une auto-stoppeuse. À moins que nous soyons face à l’homme le plus chevaleresque du monde (ou le plus confiant, avec un chrono de dingue par rapport aux autres concurrents)… Oui, la scène m’avait fait sourire à l’époque. En me disant qu’elle est un moyen de mettre en avant Reiko Nagase, icône de Namco et hôtesse du jeu. Aussi surprenant que cela puisse paraître, cette intro préfigure d’une rupture avec les standards de la saga.

Ridge Racer est une série apparue le 7 octobre 1993, sur Namco System 22, le système d’arcade maison compatible Jamma. En réponse à Sega et à ses jeux de courses en 3D. Et à peine un an plus tard, en 1994, Ridge Racer sort aussi sur consoles. Il sera même le jeu de lancement de la première PlayStation. Cette version est quasiment la même que la version arcade, si ce n’est que la vue affichée est à la troisième personne. D’ailleurs, saviez vous que, quand vous lancez le jeu, il est stocké dans la RAM de la PlayStation. Ce qui signifie que vous pouvez ensuite retirer le CD, pour le remplacer par votre CD audio préféré. Vous permettant ainsi de jouer avec votre musique personnelle… Partant de ce principe, un seul CD permet aussi de jouer en mode link.

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Ridge Racer est l’anti-Gran Turismo. Bien qu’inspirés par la réalité, ses modèles de voitures (et ses marques) sont imaginaires… Et quand GT instaurera une conduite très réaliste quelques années plus tard, RR mise sur de l’arcade pure. Dans cette série, on conduit tout en glisse, en drift, on prend les chicanes à fond, et les virages en dérapage en relâchant l’accélérateur, les pneus crissent sur plus de la moitié du circuit ! Le jeu ne se prend pas au sérieux, et mise avant tout sur le fun, sur les sensations. Et c’est ça qui est bon !

Sur consoles ou sur arcade, les épisodes se suivent et se ressemblent : on enchaîne simplement des courses. Un seul tracé décliné en quatre versions alternatives (et seulement quatre véhicules) pour le premier, puis quatre circuits dans le second… Jusqu’à ce que ne débarque un certain Ridge Racer Type 4 (ou R4 pour les intimes), en 1998 au Japon (un an plus tard en Europe). Un épisode mémorable, qui va littéralement révolutionner la série en lui ajoutant un contenu gargantuesque. Le jeu est parmi les premiers à utiliser le Gouraud Shading, qui lui donne un effet de profondeur visuelle assez réussi.

Un jeu de courses avec un vrai mode story

Pour l’époque, Ridge Racer Type 4 (dernier épisode qui sortira sur PS1) était une révolution ! Outre le fait qu’il proposait plus de circuits que d’habitude (8) et encore davantage de voitures… Il aura surtout marqué les esprit pour être l’épisode qui a amené un vrai mode scénarisé dans la série. Un concept qui sera encore plus poussé quelques années plus tard avec R Racing (sur GameCube et PS2).

Dans R4, vous incarnez un jeune pilote qui se lance dans la compétition de haut niveau, avec le championnat Real Racing Roots ’99 Grand Prix. Il va signer avec une écurie. Quatre choix s’offrent à vous : RC Micro Mouse Mappy (qui correspond au niveau facile), une écurie française dirigée par Sophie Chevalier ; Pac Racing Club (intermédiaire), nouvelle écurie japonaise dirigée par l’ancien pilote Shinji Yazaki ; Racing Team Solvalou (difficile), une écurie italienne rapide et tenante du titre dirigée par Gilbert Enki ; Et enfin Dig Racing Team (expert), écurie américaine dirigée par Robert Chrisman.

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Vous devrez ensuite choisir les constructeurs (fictifs) avec lesquels vous allez développer vos bolides. Quatre sont disponibles : le Français Age Solo et le Japonais Terrazi sont spécialisés dans les voitures Grip (avec une forte adhérence). L’Américain Lizard et l’Italien Assoluto sont plutôt spécialistes du Drift (voitures qui survirent). Chacun développera ses propres modèles pour les équipes citées plus haut. Ce qui, au final, pousse à 320 le nombre de véhicules disponibles dans le jeu (+ une voiture Pac Man quand vous avez tout débloqué).

Chaque patron d’équipe a une histoire, des motivations qui varient. Ce sont donc autant de scénarii que vous allez pouvoir suivre. Ce qui a pour effet de rallonger considérablement la durée de vie du jeu. Petit détail que nous avons oublié de vous préciser : tous les textes de ce mode Story sont en Français !

La victoire se mérite

Ridge Racer Type 4 est un jeu qui demande un minimum de maîtrise. Ne pensez pas qu’il suffit d’appuyer sur l’accélérateur pour engranger les victoires. Bien que le jeu soit assez scripté : on part dernier et, si on se débrouille bien, on remonte un à un ses adversaires. Ici, vous allez devoir maîtriser le drift, propre à la série. Comprenez que, lorsque vous relâchez l’accélérateur et imprimez une direction pour suivre la courbe d’un virage… Votre voiture part en glisse dans des proportions qui peuvent impressionner si vous ne connaissez pas Ridge Racer. Quand on nous disait que le jeu allait nous retourner, ce n’était pas qu’une image !

Dans le mode principal, Grand Prix, vous allez devoir concourir sur huit circuits, contre sept adversaires IA. Helter-Skelter s’inspire de Yokohama au Japon. Wonderhill reste au Japon, mais à Fukuoka. Edge of the Earth vous emmène à New York. Et Out of Blue revient à Yokohama (avec des portions communes avec Helter-Skelter). Puis pour les quatre phases finales, vous allez courrir à Phantomile (Yokohama), Brightest Nite à New York, Heaven and Hell à Fukuoka, et enfin Shooting Hoops, à Los Angeles, le soir de la nouvelle année !

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Dans ce mode, la difficulté est progressive. Le championnat est divisé en trois manche. Et à chaque fois que vous en passez une, vous débloquez un bolide plus puissant pour continuer… Mais l’épreuve se corse. Pour poursuivre l’aventure, vous devez être au moins 3e dans les deux courses de la manche 1 (Helter-Skelter et Wonderhill), au moins 2e dans les courses de la manche 2 (Edge of the Earth et Out of Blue)… Et être premier dans les quatre dernières courses !

Outre le mode libre en solo ou contre un ami, un autre mode mérite toute votre attention : Extra Trial. Dans celui-ci, vous allez affronter un adversaire qui pilote la voiture la plus puissante du constructeur que vous aurez choisi… Et si vous le battez, vous remportez sa voiture ! Et quand vous aurez débloqué, dans tous les modes, les 320 voitures du jeu, vous débloquerez l’ultime bolide : il a l’apparence de Pac-Man, mais est extrêmement rapide !

Une OST incroyablement bonne

À l’époque, pour accompagner les joueurs dans leurs tours de circuits, un jeu de courses se sentait généralement obligé de nous servir soit de l’électro, soit du métal. Excepté Gran Turismo, bien entendu, qui se démarquait par sa bande sonore très éclectique. Une masterclass encore aujourd’hui !

Ridge Racer Type 4, quant à lui, prend le parti de nous proposer une bande son tout droit venue des années 70-80, marquée par des sonorités disco, funk, soul, chill-out, house. La musique du jeu est composée par Hiroshi Okubo, Kohta Takahashi, Tetsukazu Nakanishi, Asuka Sakai, et Koji Nakagawa. D’ailleurs, la bande-son est sortie en CD en 1999, sous le nom R4: Ridge Racer Type 4 Direct Audio.

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Et il en ressort une OST tout simplement incroyable, avec quelques morceaux dispensables… Mais une bonne majorité de pistes qui sont restées gravées dans nos têtes ! Pearl Blue Soul, Nacked Glow, Your Vibe, Burnin Rubber, Move Me… Autant de morceaux qui s’écoutent, encore aujourd’hui, avec le même plaisir. Et je ne vous ai pas parlé du theme song de l’intro du jeu, Urban Fragments, qui fait superbement le job. Une chanson, et sa variante « One more win » pour le ending du jeu, qui est interprétée par la chanteuse américaine Kimara Lovelace.

Mais que les amateurs de techno ou d’électro se rassurent : des morceaux comme Thru, ou The Objective se chargent de faire péter les basses et d’envoyer les BPM. Et Silhouette Dance est le morceau Lounge de l’étape.

Des accessoires dédiés

Afin de reproduire les sensations de l’arcade à la maison, Namco a commercialisé en 1998, au Japon, un pack comprenant le jeu et une étonnante manette : le Jogcon ! Cette manette officielle a été conçue pour vous offrir les sensations d’un pilotage avec un volant. Et si la manette reprend les dimensions de la dualshock, on constate que ses joysticks ont été remplacés par un volant de 3 pouces au centre de la manette : le tout premier volant à retour de force de la PlayStation. Il sera aussi commercialisé aux USA, mais pas en Europe.

Imaginé pour devenir le nouveau standard des jeux de courses, le Jogcon sera compatible avec des jeux tels que Ridge Racer Type 4 bien sûr, mais aussi Pac-Man World, Breakout, V-Rally 2… Il sera même utilisable sur PlayStation 2 avec des jeux tels que Ridge Racer V . La manette peut aussi être utilisée avec plein d’autres jeux, à condition de désactiver le volant à l’aide d’une touche. Mais le Jogcon redevient alors une simple manette, sans sticks analogiques.

Le jeu est aussi compatible avec le Negcon, une autre manette fabriquée par Namco. Et sortie avec le tout premier Ridge Racer. Elle est composée de deux parties pouvant être tournée séparément. Là encore pour simuler les sensations d’un volant.

Au final

Si Ridge Racer a longtemps été une vitrine pour la PlayStation, RR Type 4 a marqué un tournant : jusqu’alors, les jeux de la série étaient assez limités en contenu (c’était un standard à l’époque). Mais ce quatrième opus va apporter un mode story (le mode Grand Prix) qui va considérablement augmenter la durée de vie du jeu. Et c’est justement ce qui manquait en face, à Gran Turismo. On peut aussi voir dans ce mode scénarisé les prémices de l’excellentissime R-Racing (sur GameCube, PS2 et XBox), qui nous permettra en 2004 de suivre la carrière et l’ascension d’une femme pilote.

R4 est une pépite, une petite merveille qui vient franchement faire de l’ombre à Gran Turismo sur PS1. Peut-être même l’un des meilleurs représentants du jeu de courses Arcade sur consoles… Le succès de Ridge Racer Type 4 s’explique notamment par le choix de Namco de persister dans le style Arcade, quand tous les autres éditeurs tentaient d’imiter le réalisme du nouveau standard imposé par GT. Ici, pas de trajectoire idéale, juste de la conduite fun, tout en glisse ! Ajoutez un solide mode scénarisé, plein de bagnoles à débloquer et beaucoup de fun… Et vous obtenez l’un des jeux de courses que vous devez absolument posséder sur PlayStation, si vous êtes collectionneur. Ou un jeu à essayer (via le PSN) si vous êtes juste curieux.


Ridge Racer Type 4

Points positifs :

  • L’ambiance
  • La musique
  • La mise en scène
  • Un contenu assez copieux
  • Les sensations de glisse
  • Une bonne jouabilité, un jeu très accessible
  • Jouable en solo ou à deux
  • Possibilité de créer ses motifs personnalisés
  • Des graphismes au top pour l’époque

Points négatifs :

  • Beaucoup de modèles ne sont en fait que des livrées différentes. Donc même véhicule avec une couleur alternative
  • On perd en précision en écran splitté
  • Les sensations de vitesse ne sont pas toujours là
  • Des courses très scriptées : on part dernier et on remonte tous les concurrents sans trop forcer