Elle est l’un des personnages féminins les plus marquants du jeu vidéo. Depuis 1986, Samus Aran est LA femme forte de l’univers Nintendo. Il est donc temps de revenir aujourd’hui sur cette jolie blonde, qui a marqué des millions de joueurs avec un titre toujours d’actualité : Metroid !
De la SF « dark » dans le monde pastel de Nintendo
Mais pourquoi la saga Metroid est-elle aussi populaire ? Les explications sont multiples, et chacun aura ses propres raisons d’aimer la série. Mais, à mon sens, la licence doit son succès au fait qu’elle nous raconte une histoire beaucoup plus sombre que ce que nous avons l’habitude de voir dans les jeux Nintendo. Elle se démarque littéralement de ce que l’on pourrait qualifier de « Nintendo Universe » !
Vous pouvez tenter l’expérience autour de vous. Si vous parlez de Nintendo, beaucoup de personnes vont alors faire référence à un univers enfantin, avec ses princesses, ses couleurs éclatantes, son univers naïf… Mario, Yoshi, Donkey Kong, Kirby… Tout n’est que pastel, tout n’est que douceur et bienséance… Même si depuis quelques épisodes, The Legend of Zelda prend une orientation plus mature.
► Lire aussi : Dans la peau du personnage de… Sonic the Hedgehog !
Il est pourtant une licence, bien qu’elle appartienne à Nintendo, qui tranche littéralement avec les autres titres : Metroid ! Car ici et dès le début, le propos est plus sombre, l’univers plus adulte, les influences plus sinistres, plus crades. Et il ne faut pas aller très loin pour trouver une série de SF qui a influencé les créateurs de Metroid : Alien ! Et on y revient plus bas.
Car c’est justement de Metroid (メトロイド ou Metoroido) dont il sera question aujourd’hui, à travers son personnage principal : Samus Aran. Série de 14 épisodes, Metroid débute en 1986 au Japon sur Famicom Disk System… Avant d’être porté sur NES pour le reste du monde en 1987…
Une chasseuse de primes nommée comme « le Roi Pelé »
Cet intertitre vous a déjà tout dit ! Samus Aran est UNE chasseuse de primes. Et lorsque le premier opus sort, en 1986, Nintendo cultive tout le mystère autour du genre de Samus. Le joueur n’est censé découvrir que le héros est une femme que durant la séquence de fin du jeu. Alors, pour ne pas trahir ce secret et entretenir le flou, la notice japonaise n’utilise que le pronom « it » pour désigner Samus. En revanche, boulette dans la notice américaine, où le « he » est utilisé… Laissant croire à nombre de joueurs que Samus est un homme…
Mais la fin de Metroid nous le confirme : Samus est bien une femme ! Enfant, elle a vu ses parents biologiques (Rodney et Virginia Aran, membres de la Fédération galactique) se faire massacrer par les Pirates de l’Espace, alors dirigés par un certain Ridley, sur la planète K-2L. Orpheline, Samus sera recueillie et élevée par les Chozos, sur la planète Zèbes. Ayant l’apparence d’oiseaux, les Chozos possèdent une technologie très avancée. Et ce sont eux qui entraîneront Samus au combat, en lui injectant notamment de leur ADN, et lui fabriqueront son armure (Varia suit).
► Lire aussi : Dans la peau du personnage de… Ryu ! (Street Fighter)
Et c’est avec cette armure de puissance, rouge et or, qu’elle va pouvoir à la fois remplir ses missions de chasseuse de primes… Tout en aidant la Fédération Galactique (une sorte d’ONU intersidéral), dont elle a autrefois fait partie sous les ordres d’Adam Malkovich… Mais qu’elle a quitté pour suivre sa route. Mais les Pirates sont une chose… Et les Metroides en sont une autre. Ces parasites ressemblant à des méduses flottantes, créées par les Chozos, sont l’objet de convoitise des Pirates, qui souhaitent les utiliser comme arme bactériologique.
On ne sait quasiment rien de la personnalité de Samus (une volonté de Nintendo). Si ce n’est que, avec un tel passé, elle s’est considérablement endurcie. Samus Aran est une dure à cuire, une guerrière intrépide, qui ne recule jamais (cependant, Other M la montre plus faible, plus craintive face à Ridley). Elle est généralement décrite comme mélancolique, solitaire et sombre, animée principalement par son désir de vengeance vis à vis des Space Pirates. Et en particulier Ridley qui a assassiné sa mère. Bien qu’elle soit très loyale envers la Fédération galactique, elle est capable de désobéir et d’écouter son libre arbitre… Comme dans Metroid II : Return of Samus, où elle décide d’épargner un bébé Metroid, pour lequel elle s’est prise d’affection.
Samus la footballeuse ?
Pour terminer sur une anecdote amusante, savez-vous d’où vient le nom de Samus Aran ? Et bien, il vient du… Football ! Hiroji Kiyotake, créateur du personnage, est un très grand fan du ballon rond. Et en particulier de l’un des plus grands joueurs de tous les temps : le brésilien Pelé. Mais au milieu des années 80, lorsqu’il a créé l’héroïne de Metroid, Kiyotake était persuadé que le vrai nom de Pelé était Samus Arantes Nascimento. Il découvrira plus tard que Pelé s’appelle en réalité Edson Arantes do Nascimento. Mais il était trop tard, et « Samus Aran » collait parfaitement au personnage.
Samus la galerie, sans son armure
Au premier abord, rien ne laisserait penser que Samus est en réalité une jolie femme. Une armure lourde dorée et rouge… Le visage caché sous un casque… Un canon à la place du bras droit… La faculté de se changer en boule pour passer dans les endroits exigus… Jusqu’à ce qu’on la découvre sans son armure de puissance… Dans sa fameuse « Zero Suit » ! Vous pensiez que sa première apparition date de Super Smash Bros Brawl ? Détrompez-vous !
Le Zero-Suit apparaît pour la première fois dans Metroid: Zero Mission, après que Samus ne se soit échappée de la surface de Zebes. En orbite, abattue par des vaisseaux Space Pirates… Samus s’écrase sur la surface de la planète à proximité, dépouillée de sa Varia Suit.
► Lire aussi : Dans la peau du personnage de… Hatsune Miku !
On verra le Zero Suit dans cinq autres jeux Metroid : Metroid Prime 2: Echoes et Metroid Prime Hunters (bonnes fins), Metroid Prime 3: Corruption, Metroid: Samus Returns (meilleure fin du mode normal, en terminant en moins de quatre heures)… Et enfin, dans Metroid: Other M.
Si Samus apparaît dans la série Super Smash Bros dès le premier épisode, sur N64… Il faudra attendre Super Smash Bros Brawl (Wii) pour la découvrir dans sa Zero Suit (la tenue bleue moulante qu’elle porte sous son armure). La « Zero Suit Samus » deviendra alors un personnage récurrent de la série.
L’influence indéniable du film Alien
On ne peut pas le nier, et les créateurs du jeu l’ont eux-même reconnu : Oui, la série Metroid s’inspire ouvertement du film Alien. Vous savez, le film de 1979, réalisé par Ridley Scott. « Ridley » comme le nom de l’un des boss du jeu, et grand ennemi de Samus… Un hommage, très clairement.
Au Japon, Super Metroid (sur Super-Famicom) était accompagné à sa sortie d’un guide stratégique, fourmillant d’infos sur le jeu. Et dans ce guide, c’est Yoshio Sakamoto lui-même, l’un des créateurs du jeu, qui confiait les sources d’inspiration pour Samus. On découvre ainsi que celle-ci est un mix de Sigourney Weaver (Elen Ripley dans Alien) pour son coté guerrière… Et de Kim Bassinger pour le physique, et un peu plus d’excentricité.
► Lire aussi notre TEST : Metroid: Samus Returns : Samus Aran de retour, au top de sa forme !
Enfin, les deux œuvres sont aussi très proches dans leur accompagnement musical. Alien (Jerry Goldsmith) comme Metroid (Hirokazu Tanaka) jouent la carte de sons étranges, de musiques à la fois inquiétantes, oppressantes pour ne pas dire claustrophobes. D’ailleurs, comme pour Alien, l’ambiance de Metroid devient encore plus pesante et effrayante par ses silences que par ses musiques…
Évidemment, on passera très vite sur le fait que, dans les deux œuvres, on doit faire face à une invasion de parasites extra-terrestres. Ou que leurs héroïnes respectives sont confinées dans une base spatiale. En revanche, saviez-vous que le boss final de Metroid, Mother Brain, est une référence à Mother, l’ordinateur de bord du Nostromo dans Alien ?
Un titre, plusieurs genres
C’est aussi ce qui contribue au mythe Metroid, et au succès de la licence : la série a su se réinventer au bon moment… Et correspondre à l’attente de ses fans.
Au milieu des années 80, Metroid est un jeu de plate-formes, avec une dimension exploration. Un style qui influencera une autre série mythique : Castlevania. D’ailleurs, il existe un terme pour désigner les jeux dont le gameplay s’inspire de ces deux franchises : les « Metroidvania » !
► Lire aussi notre TEST : Metroid Prime – Federation Force : la couleur d’un Metroïd, mais…
Après ses phases de plate-forme sur NES et Super-Nintendo (il n’y aura pas d’épisode sur N64)… Metroid va littéralement changer d’orientation entre 2002 et 2007. C’est à cette période, sur GameCube et Wii, que Retro-Studios et Nintendo vont lancer la série des Metroid Prime. Le premier en 2002, Metroid Prime 2 : Echoes en 2004, puis Metroid Prime 3 : Corruption en 2007, sur Wii. Signe particulier : les Metroid Prime sont des FPS, et pour beaucoup de fans, les meilleurs épisodes de la série.
La série va prendre un nouveau virage en 2007, cette fois avec un titre Aventure/Action. L’emblématique créateur de la série Yoshio Sakamoto veut autre chose : un nouveau gameplay plus immersif, plus réaliste… Et un scénario qui se focalise davantage sur les personnages… Estimant que Nintendo n’est pas prêt pour un tel projet, il se rapproche de Team Ninja (qui appartient à Koei-Tecmo) pour la réalisation, et de D-Rockets pour les cinématiques. Le projet Metroid : Other M est lancé, et sortira trois ans plus tard sur Wii.
La liste des jeux Metroid :
Voici la liste des jeux Metroid sortis à ce jour :
- 1986 : Metroid (NES)
- 1991 : Metroid II : Return of Samus (Gameboy)
- 1994 : Super Metroid (Super Nintendo)
- 2002 : Metroid Fusion (Gameboy Advance)
- 2002 : Metroid Prime (GameCube)
- 2004 : Metroid Zero Mission (Gameboy Advance)
- 2004 : Metroid Prime 2 : Echoes (GameCube)
- 2005 : Metroid Prime Pinball (DS)
- 2006 : Metroid Prime Hunters (DS)
- 2007 : Metroid Prime 3 Corruption (Wii)
- 2009 : Metroid Prime Trilogy (Wii)
- 2010 : Metroid Other M (Wii)
- 2016 : Metroid Prime : Federation Force (3DS)
- 2017 : Metroid : Samus Returns (3DS)
Enfin, sachez qu’un Metroid Prime 4 est actuellement en cours de développement sur Switch. Pour une date indéterminée. Car annoncé lors de l’E3 2017, Nintendo dévoilait en janvier 2019 que le développement était alors entièrement rebooté… Tout repartait de zéro ! Retro Studios est toujours sur le coup, avec toutefois quelques développeurs de renom…
J’me coucherai moins bête
Pour terminer, nous avons eu l’envie de vous lister quelques anecdotes en vrac sur Samus et Metroid. Le saviez-vous ?
- Le nom de Metroid est la contraction de Metro (en référence aux galeries souterraines de Zebes, du premier jeu, et leur architecture), et de Androïde, qui désigne évidemment les capacités robotiques de Samus.
- La transformation « Morph Ball » (en boule) de Samus a été inventée car les développeurs n’arrivaient pas à créer un personnage qu’il soit possible d’animer correctement lorsqu’il passait dans des passages étroits. Comme la moustache et la casquette de Mario, ce signe distinctif de Samus est donc lié en réalité à une contrainte technique.
Barrier ou Varia ?
- Pour rester sur la Morph Ball, sa découverte dans le premier opus est assez classique : allez sur la gauche au tout début du jeu, et vous la trouverez. Rien de spécial, donc ! Si ce n’est qu’à l’époque, dans les side-scrollers 2D, le déplacement horizontal n’était possible que vers la droite. Sa découverte par le joueur, aussi banale qu’elle puisse paraître aujourd’hui, était un moyen pour les développeurs de vous dire : « regardez, pour la première fois nous vous permettons de vous déplacer vers la gauche de l’écran ! »
- L’armure de Samus s’appelait à l’origine Barrier Suit. Mais suite à une mauvaise traduction du japonais vers la version anglaise, elle est devenue Varia Suit.
- Fin 2014, une figurine Amiibo de Samus Aran a beaucoup fait parler d’elle. Sur Reddit, un certain Adam Truesdale raconte que, lorsqu’il a reçu sa commande d’Amiibo, pour le lancement de Super Smash Bros Wii-U… Il se retrouve avec une figurine ayant un défaut de fabrication : Samus y possède un canon à chacun de ses bras (photo ci-dessus). Le jeune homme décide de la mettre en vente sur eBay, avec un prix de départ de 50$. La figurine, encore dans sa boite, partira pour 2500$.
Première héroïne humaine
- Samus Aran est bel et bien la première humaine héroïne d’un jeu vidéo… La gent féminine a déjà été représentée auparavant par Miss PacMan (1981), qui pour le coup, est la véritable première héroïne d’un jeu… Mais Samus demeure la toute première représentante féminine de l’espèce humaine dans un JV.
- Dans Super-Metroid (Super-Nintendo), on rencontre des ennemis Evir (combat contre Draycon) qui dansent. Si l’on regarde bien, leurs mouvements tracent les mots « Keiko Love » ! Il s’agit d’un easter-egg glissé par le designer des ennemis Yasuhiko Fujii, faisant référence à sa petite amie de l’époque, une certaine Keiko.
- Dans Dead or Alive Dimensions, sur 3DS (par Team Ninja, qui a développé Metroid Other M), si vous choisissez l’arène Geothermal Powerplant… Vous verrez durant le combat, Samus et Ridley intervenir.
- Metroid Prime 2 Echoes est le seul épisode de la série qui ne fonctionne pas sur les TV en 50 Htz.
Samus dans Animal Crossing…
- Samus a fait de nombreux caméos dans des jeux Nintendo, autres que Super Smash Bros. On la voit parmi d’autres personnages Nintendo à la fin de Tetris, sur NES en 1989… Elle apparaît également en pom-pom girl dans F1 Race sur GameBoy… Elle dort dans le château dans Super Mario RPG (Super-NES)… Et dans Kirby Super Star (SNES), la petite boule rose peut aussi se changer en statue de Samus. Dans Animal Crossing Wild World (DS) et Let’s Go to the City (Wii), la mouette Gulliver n’est pas marin, mais astronaute. Et lorsqu’il s’échoue dans votre village, il vous demande si vous « connaissez cette chasseuse de primes qui peut se changer en boule« …
- Depuis quelques mois circule une rumeur d’un film live-action. Produit par Nintendo, il serait en production, et Big N lorgnerait du coté d’Emily Blunt pour le rôle principal. Mais rien n’a été confirmé à ce jour…
Lire aussi nos précédents portraits :
Rétroliens/Pingbacks