Avec sa nouvelle exclusivité, Dreams, Sony frappe très fort ! Créé par Media Molecule (LittleBigPlanet, Tearaway), ce « jeu » met à votre disposition tous ce qui va vous permettre de créer vos propres jeux vidéo. Complètement dingue !

La créativité a le vent en poupe

Je sens déjà venir les ceusses qui me diront que, créer son jeu vidéo n’est pas vraiment une nouveauté, que le phénomène s’est même accentué ces dernières années. Au hasard, on pourrait citer RPG Maker, Roblox, ou encore Super Mario Maker, pour les plus connus. Ils mettent à votre disposition toutes les ressources qui vont vous permettre de créer.

Chez Sony, on se souvient aussi de LittleBigPlanet, jeu de plate-formes qui vous permettait de créer des niveaux à partir des ressources acquises dans le jeu… Puis de partager vos créations avec la communauté. Et la référence n’est pas anodine, puisque derrière Dreams, nous allons justement retrouver le studio britannique Media Molecule, géniteur de Sackboy.

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C’est donc fort de cette solide expérience que Media Molecule annonçait, lors de l’E3 2015, être en train de développer un nouveau jeu : Dreams. Un titre vous donnant une plus grande liberté de création encore. Un titre basé sur un postulat qui tient en quelques mots : « N’importe laquelle de vos idées peut devenir réalité » ! Et après une phase d’accès anticipé dès avril 2019… C’est en décembre dernier que Sony précisait la date de sortie de Dreams : le 14 février 2020 !

Dreams, c’est quoi ?

Avant de démarrer ce test, il est très important que vous compreniez bien de quoi il s’agit. Car non, Dreams n’est pas un jeu vidéo ! Du moins, pas dans la forme que vous avez l’habitude de voir. On peut y jouer, mais le titre de Media Molecule est avant tout une expérience qui va aller chercher au fin-fond de votre esprit créatif. Et il sera assez difficile de le cataloguer : simulateur de développeurs ? Créateur de jeux vidéo ?

Son principe est simple : Dreams met à votre disposition une infinité de ressources. Dès lors, c’est à vous de jouer, avec pour seule limite votre imagination. C’est maintenant à vous de piocher dans ces ressources pour créer votre jeu vidéo ! Et contrairement à LittleBigPlanet ou Super Mario Maker qui ne vous permettent QUE de créer des niveaux, Dreams vous autorise tout ce que vous voulez : un jeu de courses, de combat, un shoot’em up ou un jeu de réflexion, un titre narratif ou de l’exploration ? Faites TOUT ce que vous voulez !

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Lorsque vous entrez dans le monde de Dreams, vous avez deux approches possibles. Comme nous l’avons vu plus haut, vous pouvez vous lancer dans le plus gros challenge du soft : la création, de zéro jusqu’à un titre jouable… Mais le jeu reposant sur la mise en ligne et la mutualisation des créations de tous les joueurs de la communauté (Dreamiverse)… Vous pouvez donc préférer commencer soft en découvrant les innombrables et impressionnantes créations des autres membres de cette grande famille. Cerise sur le gâteau : tout démarre instantanément, sans besoin de télécharger les jeux sur votre console.

Et vous vous souvenez que j’ai écrit plus haut qu’il n’y a pas de limites ? Cela implique que vous allez découvrir des essais surprenants, comme des Mario ou des Sonic fan-mades, des jeux Star Wars, Portal, Tetris, Tomb Raider… Des clones de WipeOut, des jeux avec des graphismes 16 bits, PS1 ou plus stylés… Faits par la communauté. Mais le soft touchant à la créativité au sens le plus large, les jeux ne constituent pas l’unique contenu de Dreams. Dans la « Vitrine » certains ont préféré vous reconstituer des scènes de films en cinématique, d’autres créer des musiques, et d’autres vous permettre de simplement explorer des vaisseaux ou des paysages… Un truc de dingue, je vous dis !

Un mode solo qui place la barre haut

Pour vous montrer l’étendue des possibilités du jeu, le studio Media Molecule vous a concocté une aventure en solo, un vrai jeu complet au sein même de Dreams. Elle va vous tenir en moyenne quatre bonnes heures, pour aller jusqu’à la fin.

Toutes les possibilités du jeu… C’est cela, oui ! Car si le jeu a le look d’une aventure narrative plutôt bien fichue, développée par un indé… En nous permettant de tâter des techniques de codage, Dreams nous fait réaliser qu’arriver à un tel résultat demande quand même pas mal de maîtrise. Si les développeurs de MM sont des pros, ce n’est pas pour rien. Alors oui, j’en convient, on peut en arriver à ce résultat grâce aux outils de Dreams… Mais sans doute au prix d’un investissement qui se compte en années, si comme moi vous partez de zéro en matière de programmation.

Cette aventure vous met dans la peau d’Art, un musicien de jazz, poursuivi par ses vieux démons qui l’ont peu à peu éloigné de la musique, et de ses amis. Mêlant des énigmes façon point’n click, des phases de shoot’em up, de plate-formes… Elle vous emmène introspecter les souvenirs de notre contrebassiste, avec pour objectif de l’aider à retrouver sa paix intérieure.

Il est temps de prendre la manette

Nous y voilà. Il est maintenant temps de jouer, de prendre la manette pour explorer ce vaste monde qu’est Dreams. Et puisqu’on en parle, sachez que le titre peut être joué de trois manières différentes : soit en utilisant les sticks de la DualShock 4, soit en utilisant ses capteurs de mouvements, soit en ressortant ses vieux PlayStation-Moves. Libre à vous de choisir votre préféré, sachant que, quoi qu’il en soit, le capteur de mouvements restera actif (votre avatar peut alors pencher curieusement la tête sur le coté. Ne cherchez pas, ça vient de là ^^).

Et fort logiquement (et heureusement), le jeu débute par de longues phases tutorielles, dans un monde que vous pourrez customiser de A à Z grâce aux éléments débloqués. Je vous recommande particulièrement de suivre avec grande attention ces tutos ! Car contrairement à ce que Media Molecule avance, créer votre jeu vidéo va être beaucoup plus complexe, et beaucoup plus spartiate que dans LittleBigPlanet, croyez-moi !

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Cela va vous demander beaucoup de logique, et surtout de penser à tout, absolument tout ! Chaque commande, chaque action devra être scriptée, faute de quoi votre jeu sera bugué ! Alors, certes, le studio ne va pas vous demander de rentrer des lignes de codes, comme un informaticien professionnel. Ici, tout est simplifié avec, telle une métaphore, un système de « boites » reliées entre-elles par des câbles. Si, par exemple, vous voulez faire sauter un personnage à un moment du jeu, vous devez penser à relier une boite d’entrée « capteur de manette » à votre avatar (au moment précis où vous voulez le faire sauter) ainsi qu’à la commande de saut. Si vous ne le faites pas, vous aurez beau appuyer sur les touches, il ne se passera rien.

Ça, c’est pour une commande de base. Je vous laisse donc imaginer le délire si vous voulez intégrer des ennemis, des éléments animés dans le décor, des mécaniques qui se déclenchent lors de votre saut. On n’est pas dans LittleBigPlanet, et il ne suffit pas de poser un item pour qu’il soit automatiquement intégré au gameplay. C’est là toute la subtilité de Dreams, qui va faire chauffer votre cerveau…

Cependant, en cas de succès, la réussite est extrêmement gratifiante ! Et la tentation est grande de sortir les flûtes et le Champagne dès lors que vous avez réussi à programmer un simple déplacement en ligne droite, avec un saut au milieu… Et que ça fonctionne 😀

À qui s’adresse le jeu ?

Si vous êtes un fan de jeux vidéo, ce titre est juste exceptionnel, extraordinaire ! Il nous permet, à nous autres simples mortels consommateurs, de comprendre les coulisses, les rouages du développement de jeux vidéo. Et croyez-moi, après avoir joué à Dreams, vous ne direz plus jamais que tel titre est une merde. Vous réaliserez beaucoup mieux que, même derrière une daube monumentale se trouvent des développeurs qui en ont vraiment bavé.

Ce qui nous amène à LA grande question : à qui se destine Dreams ? À tout le monde, vous répondra Sony. Oui, mais… Si vous avez bien compris les propos énoncés plus haut, ce n’est pas si évident. Car pour un joueur occasionnel, qui n’allume sa console que pour jouer à Fifa ou à Call of Duty… Pas sûr que la mayonnaise prenne ! Et comprenez bien que je ne dénigre pas ici les casual-gamers, je veux simplement rappeler que Dreams va vous demander BEAUCOUP d’investissement personnel. Qu’il s’agisse d’attention ou de temps.

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L’étau se resserre, et Dreams, malgré sa mission de vulgarisation du codage de jeux vidéo, s’oriente vers le jeu de niche. Certes il est généreux et met une infinité d’outils à votre disposition. Mais comme le disait une vieille pub de Pirelli au début des années 2000, « sans maîtrise, la puissance n’est rien !« 

Ce qui n’enlève en rien le fait que, si vous ne comptez qu’essayer les jeux développés et partagés par la communauté… Alors oui, Dreams va vous occuper des dizaines, voire des centaines d’heures. Avec d’une part le plaisir de s’essayer à des jouabilités très diverses, de découvrir des univers, vos univers… Et d’autre part la possibilité de partager, de devenir le maillon d’une longue chaîne. On comprend mieux ainsi que les développeurs ne revendiquent pas Dreams comme un jeu vidéo, mais comme un réseau social.

Just do it

Il n’empêche que si vous lisez ce test, et si vous envisagez d’investir dans Dreams… C’est sans doute que le codage, le développement de jeux vidéo vous intéresse. Considérons donc que, à partir de maintenant, vous faites partie de la catégorie qui va donner de son temps, qui va s’investir à fond dans le jeu. Mais je me dois tout de même de vous préciser que, si votre but est de vendre vos créations, vous vous êtes trompé d’adresse. Ici, ce n’est pas le but, on est là juste pour le fun…

Vous l’avez compris : les possibilités sont infinies, et ce n’est pas peu de le dire. Car lorsque la base de ressources mises à disposition par Media Molecule atteint ses limites, lorsque vous ne trouvez plus les items que vous souhaitiez… Il vous reste la possibilité de les créer vous même, de A à Z. Cinématiques, musiques, scènes cultes de films ou éléments divers, vous pouvez aussi inventer ce qui vous manque.

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Ce qui explique que vous pouviez jouer à Mario, Final Fantasy VII ou à Sonic dans Dreams. Pas de copies de jeux officiels (ça poserait des soucis de droits), juste des créations fidèles d’autres joueurs. Elle peuvent toutefois être soumises à des réclamations des ayant-droit s’il s’agit d’une copie. Mais pour le moment, à partir du moment où votre création apporte une plus valus, et que vous la partagez en privé, ça passe…

Dreams a t-il des défauts ?

C’est une excellente question, ça, Jean-Kévin, merci de l’avoir posée ! Et bien… Oui, évidemment ! On a beau s’extasier devant la pertinence et la richesse du titre, il serait malhonnête de vous dire que tout roule à la perfection. Je ne reviendrai pas ici sur la relative difficulté du mode création, largement abordée par ailleurs.

Mais pour ce qui est des nombreux jeux que j’ai pu essayer, je constate un gros point commun : une animation très… Étrange ! Quel que soit le skin de l’avatar que vous allez contrôler, celui-ci vous donnera toujours l’impression d’être désarticulé, mou du genou. Sans aller jusqu’à faire référence à Octodad, mais c’est, à moindre mesure, l’idée. Et voir une représentation de Lara Croft (ceci dit joliment modélisée façon PlayStation 1) faire des sauts à la Steeve de Minecraft, ça peut sembler étrange.

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Ce soucis d’animation pourrait être visuel et simplement nous faire sourire. Mais dans quelques jeux que j’ai pu tester, cela se reporte aussi sur le gameplay. Notamment en termes de précision des sauts. Alors, on réessaye, on réessaye encore (Die and retry mon amour), puis on quitte. Libre à vous de mettre le sacro-saint « like » ou pas au jeu une fois terminé ou quitté.

Car c’est là qu’intervient un autre bémol, propre à nos vieux réflexes de surconsommation : à trop disposer de titres à essayer, on finit par passer rapidement sur chacun. Un peu comme le gars qui possède des milliers de films mais ne s’est donné la peine de n’en regarder aucun. Alors, disciplinez-vous… Insistez… Et finissez les jeux que vous essayez, ne serait-ce que pour pouvoir (ou pas) donner un « pouce » en connaissance de cause.

Au final

D’habitude, il est difficile de tester un jeu sans faire référence à d’autres titres du genre, qui servent de point de repère. Ici, c’est mission impossible puisque Dreams est, en quelque sorte, unique en son genre. Oui, il existe des outils de création de jeux vidéo ou de niveaux… Mais pour le grand public, pour trouver une telle offre, il faut se tourner vers les programmes professionnels !

Dreams est un titre à la fois novateur et audacieux. Il pousse encore plus loin les possibilités créatives que nous offrait déjà LittleBigPlanet, du même développeur. Ici, le britannique Media Molecule va encore plus loin, et ne se pose plus, ne VOUS pose plus aucune limite. Mais, je ne vais pas vous mentir… Plus complexe qu’on nous l’a dit, l’éditeur de jeux pourra rebuter les plus impatients tant il va exiger de vous. Reste alors l’aspect communautaire (Dreamiverse) et ses milliers de créations à essayer…

Dreams relève d’un concept déjà génial en 2D… Je n’ose imaginer ce que cela donnera d’ici quelques semaines, lorsque MM déploiera la mise à jour ajoutant la possibilité de développer en VR. Oh my god… Non, je n’ose imaginer…


Dreams

  • Par : Media Molecule, pour Sony.
  • Sur : en exclusivité sur PS4.
  • Genre : Developer’s academy
  • Classification : PEGI 12.
  • Prix : 39,99€.
Testé sur une version fournie par l’éditeur
Points positifs :
  • Pas vraiment de limites, des ressources quasi-infinies
  • L’aventure solo vraiment sympa à jouer : un jeu dans le jeu
  • Grâce à l’accès anticipé, vous disposez déjà de centaines de niveaux postés
  • Gigantesque dimension créative et communautaire
  • Durée de vie sans limite
  • Pas mal de tutos pour que vous ne soyez pas largués
  • On peut aller du pixel-art aux effets de 3D et de lumière saisissants
  • L’expertise de Media Molecule comme appui
  • Vendu moins de 40€.
Points négatifs :
  • Il va vous demander de vous investir énormément
  • L’éditeur de jeux n’est pas si accessible que ça
  • Quelques soucis de jouabilité