C’est l’un des titres que j’attendais le plus cette année. Après plusieurs mois d’attente, Ancestors : The Humankind Odyssey est enfin disponible sur consoles. Et il est temps de vous proposer notre test, en toute objectivité.
L’Odyssée de l’Espèce : the game
Vous souvenez-vous du documentaire L’Odyssée de l’Espèce, de Jacques Malaterre, diffusé en 2003 ? Et bien voilà ! Ancestors : the Humankind Odyssey pourrait être assimilé à une version vidéoludique de ce film sur les origines de l’Homme. Le thème est le même, mais le jeu apporte, en termes de gameplay, une orientation évidente dans ce contexte : la survie en milieu hostile.
Ancestors : the Humankind Odyssey est édité par Private Division, et développé par Panache Jeux Numériques, studio québécois créé en 2014. Au sein de ce dernier, on retrouve deux noms associés à Ubisoft : le directeur créatif Patrice Desilets (Prince of Persia : the Sands of Time ou les premiers Assassin’s Creed) et Jean-François Boivin (producteur, ayant œuvré sur la série Assassin’s Creed).
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Annoncé en décembre 2018, le jeu est sorti une première fois sur PC, en août 2019. Pour les consoleux, autant dire que l’attente de quelques mois a été longue. Mais depuis début décembre, Ancestors est également dispo sur PS4 et Xbox One. Avec, on nous l’a promis, pas mal de correctifs par rapport à la version PC qui s’était fait tailler pour ses bugs à sa sortie.
Il était une fois l’Homme…
Le scénario de Ancestors, vous le connaissez tous si vous avez encore quelques souvenirs de vos cours d’Histoire. Le seul et unique héros du jeu est l’Homme, avec un grand H. Celui qui a su, en quelques millions d’années, passer d’une vie arboricole à une existence de béton et de réseaux 4G. Car non, l’homme de descend pas du singe, il en est un cousin.
Le jeu débute il y a dix millions d’années, quelque part en Afrique. Vous prenez la manette en contrôlant le premier ancêtre hominidé connu de l’humanité. Suite à un drame que je vous laisse le soin de découvrir, vous voilà plongé en pleine jungle, dans la peau d’un bébé, devant échapper à de nombreux prédateurs. Des pythons géants, des tigres à dents de sabre, des alligators mortels… Et après une séquence un peu creepy où votre survie ne tiendra qu’à votre faculté à naviguer sur la cime des arbres, vous voici à l’abri : vous venez de retrouver votre clan !
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Dès lors, le principe du jeu est simple : vous allez devoir survivre. Apprendre à maîtriser à la fois votre personnage et votre environnement. Vous nourrir, explorer, vous soigner si besoin, vous reposer, observer… Afin de débloquer de nouvelles facultés qui, génétique oblige, se transmettront aux générations suivantes. Car vous ne contrôlez plus un personnage unique, mais un clan (on peut switcher d’un individu à l’autre). Puis, lorsque vous vous reproduirez, vous passerez à la génération suivante… Lorsque le système d’évolution ne vous fera pas faire des bonds de plusieurs milliers d’années.
Et c’est là à la fois la plus grande difficulté et la meilleure idée du jeu ! Chacun de vos actes aura des conséquences sur l’évolution de votre espèce. Vos actes permettront soit de l’améliorer sur les générations suivantes… Soit ils conduiront à votre disparition.
Le jeu s’étale sur une période entre 10 et 2 millions d’années avant notre ère. Ce qui vous laisse un très large éventail de possibilités. Vous allez donc retrouver ici des notions comme Orrorin Tugenesis, Australopithecus Anamensis, Paranthropus, Homo Habilis… Bref, vous allez évoluer dans l’Afrique du Néogène.
Les bons réflexes
Ancestors : The Humankind Odyssey est donc un jeu qui mêle aventure, exploration et survie. Autrement dit, un titre qui vous largue dans la jungle africaine d’il y a 10 millions d’années, en vue à la 3e personne, avec une seule consigne : débrouillez-vous pour survivre, et pour faire survivre et évoluer votre espèce. Et là, vous vous sentez soudainement proches du bébé primate que l’on incarne lors des premières minutes : vous ne savez rien, et allez devoir apprendre en expérimentant !
Au tout début de l’aventure, vous ne pourrez que crier, grimper aux arbres… Ou faire appel à vos sens (ouïe, vue, odorat, etc) pour mieux appréhender l’environnement hostile qui vous entoure. Puis, au fil de l’aventure, vos connaissances vont s’améliorer grâce aux interactions avec cet environnement. Vous apprendrez à différencier les fruits consommables et ceux qui sont empoisonnés. Ou à utiliser vos deux mains. À tailler des branches à l’aide de pierres. Ou encore à marcher debout…
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Ces nouvelles facultés seront de précieux alliés dans votre découverte de ce monde à explorer, d’une grande richesse. Plus vous allez vous développer, plus vous pourrez aller loin, ouvrir de nouveaux horizons. En gérant non pas un individu, mais son clan, son espèce. Cette dimension communautaire se ressent également dans les aptitudes que vous allez transmettre aux futures générations, qui évolueront à leur tour. Et ainsi de suite. Tout se fait grâce à un arbre de compétences très complet, qui transformera les points d’aptitudes acquis en nouvelles compétences de communication, agilité, habilité à fabriquer des objets, à survivre aux prédateurs, etc.
La transmission aux générations suivantes étant au cœur de l’expérience, les enfants ont énormément d’importance. Et les emmener avec vous lors de vos virées leur permettra d’observer, d’apprendre, et de valider vos acquis lors du retour au camp. Et vous devrez bien souvent faire preuve de logique. Car si les conséquences de vos actes sont positives, elles peuvent être aussi négatives. Et de mauvais choix peuvent conduire à la mort. Ponctuellement d’un individu… Mais parfois aussi du clan, et donc à l’extinction de votre espèce. Le jeu va donc vous apprendre à peser le pour, et le contre, face à chaque choix. Car ici, comme je l’ai écrit, ce n’est pas le sort d’un seul individu qui est en jeu, mais l’avenir de toute votre espèce.
Technique : peut faire mieux
Voici l’aspect qui m’a le plus surpris dans le jeu : sa technique en deçà de ce quel’on avait pu voir dans les trailers. Car je ne vais pas nier que les bandes-annonces, magnifiques, m’avaient alléché au plus haut point. Mais une fois en jeu, on réalise très vite que le titre de Private Division est finalement assez éloigné de ce que proposent les jeux actuels. Bien que de nombreux bugs aient été corrigés depuis sa sortie PC.
Le plus pénalisant est cette fichue caméra, qui a parfois une fâcheuse tendance à trop vous coller. Ce qui, vous l’imaginez, va venir assez souvent nuire à la lisibilité du titre. Lors des phases d’exploration, on se débrouille, on joue avec la caméra. Mais je peux vous dire qu’en plein combat contre un tigre à dents de sabre, ce n’est plus la même ! À plus forte raison lorsque les bugs s’en mêlent, avec des collisions approximatives et des prédateurs qui parviennent à vous choper à travers les murs. C’est juste un exemple.
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Visuellement, le jeu s’en tire bien avec une jungle dense, et des paysages assez réalistes. Jusqu’à ce que l’on ne se penche sur l’épineuse question des textures. Point qui nous ramène quelques années en arrière, au mieux aux débuts de la PS4. Alors certes, on imagine que le studio n’a pas bénéficié d’un budget de dingue… Mais il n’empêche que c’est un comble, dans un jeu censé justement miser sur l’immersion du joueur. Bien qu’ils soient assez jolis dans l’ensemble, les graphismes nous rappellent malgré tout que nous ne sommes que dans un jeu vidéo.
Je terminerai ce volet consacré à la technique sur une note positive : la musique, parfaitement dans le ton. Mamo Koba (documentaire Altiplano) et Maxime Goulet (Warhammer 40 000, The Amazing Spider-Man, Roller Coaster Tycoon…) signent une OST qui colle parfaitement à l’ambiance, entre plages classiques et percus… La musique nous transporte dans une Afrique d’il y a plusieurs millions d’année… L’un des points forts du jeu.
Autre défaut : son manque de documentation
C’est donc sur un menu assez austère que se lance le jeu. Et… C’est tout ! Si vous pouvez soit créer votre nouvelle partie, soit créer une nouvelle lignée… C’est tout ce que vous propose Ancestors en termes de contenu (je ne compte pas le menu d’options).
Et c’est pour moi un détail qui a son importance ! Car avec un titre qui nous promet de voyager dans le temps, aux origines de notre espèce… Avec un titre qui a une telle approche de notre Histoire… Évidemment que l’on attendait beaucoup plus ! Ancestors, plus que beaucoup d’autres titres, est LE jeu qui méritait de développer une dimension encyclopédique, de nous instruire, de nous apprendre des choses. Avec des fiches, des explications, des images, des aperçus des avancées de la science, en matière de paléoanthropologie…
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De ce fait, le titre qui se positionnait comme une expérience instructive, et pourquoi pas éducative, en redevient un simple jeu de survie et d’exploration. C’est sans doute ma plus grosse déception, car même les derniers Assassin’s Creed développent beaucoup mieux cet aspect (notamment avec leur Discovery Tour, visite libre des mondes qu’ils explorent). Ce qui leur a d’ailleurs valu d’être parfois utilisés dans des cours d’Histoire… Ancestors méritait la même considération de la part de nos profs et de nos universitaires… Mais hélas, le jeu ne s’en donne pas les moyens.
Un jeu qui se mérite
Je ne vais pas vous mentir, j’avoue qu’il m’a fallu m’accrocher pour rentrer dans le jeu. Le premier obstacle étant sa difficulté. Car d’entrée de jeu, les développeurs vous préviennent : nos ancêtres n’avaient pas de tutos pour apprendre à survivre. Alors, dans ce monde sauvage, vous allez aussi devoir apprendre par vos propres moyens. Observer pour apprendre, tout comme le feront vos avatars… Et comme l’ont fait nos ancêtres. Et effectivement, on ne peut pas dire que le titre croule sous les indices. En même temps, à une époque où les jeux ont tendance à faciliter au maximum la progression des joueurs, ça ne peut que faire du bien.
Il en découle un jeu où l’on tâtonne pour avancer. Dans lequel on expérimente sans arrêt, avec un coté « die & retry » si vous n’avez vraiment pas de bol. Mais avec un peu de logique, les premières heures ne devraient pas vous poser de gros problème. Jusqu’à ce que les difficultés s’accentuent, avec notamment l’arrivée des prédateurs, ou la gestion de plusieurs problèmes en même temps (ressources, épidémies…). Alors, une seule solution pour y faire face : faire en sorte que votre espèce apprenne de ses erreurs, qu’elle développe de nouvelles facultés.
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Et c’est sur ce point que le jeu devient bon ! Car chaque nouvelle faculté vous ouvre de nouveaux horizons, de nouvelles perspectives qui seront entérinées avec la génération suivante. Et l’on se surprend à parader fièrement, expérimentant ses nouvelles aptitudes pour en trouver de nouvelles. Oui, Ancestors est un jeu difficile d’un certain point de vue. Mais il est surtout gratifiant. Nos échecs peuvent vite nous pousser à tout arrêter… Mais nos succès sont une récompense bien réelle, une telle fierté que l’on s’accroche, avec un sourire de satisfaction sur les lèvres. Comme nos ancêtres, on y est arrivé ! On a sauvé notre espèce !
Au final
Ancestors : The Humankind Odyssey est clairement un jeu de niche, et il ne plaira pas à tout le monde. Et c’est bien dommage, tant il a à nous enseigner, à la fois sur notre histoire, sur notre évolution, mais aussi sur nos comportements en société. Et face à un vrai jeu à la fois pédagogique et intelligent, j’aurais comme une furieuse envie de vous le recommander fortement. Mais…
… Mais je l’ai dit : il ne s’adresse pas à tous les publics. Et j’ai beaucoup de mal à imaginer le petit Jean-Kévin s’éclatant sur le jeu le soir de Noël. En revanche, pour votre pote amoureux de sciences et d’Histoire qui a un portrait d’Yves Coppens accroché au dessus de son lit, le kiff sera total !
Ancestors : The Humankind Odyssey est un jeu qui trouvera difficilement sa place dans la ludothèque d’un hardcore-gamer. En revanche, les universités et les cours de paléoanthropologie, les centres d’études scientifiques devraient s’emparer de ces véritables travaux pratiques ! Ici, vous n’apprenez pas l’Histoire de l’Homme ! Vous la vivez et en faites partie !
Ancestors : The Humankind Odyssey
- Par : Panache Jeux Numériques, édité par Private Division.
- Sur : PS4, XBoxOne et PC.
- Genre : Simulation/exploration/survie.
- Classification : PEGI 16.
- Prix : 39,99€.
On a aimé :
- Globalement assez joli à regarder
- La bande-son dans le ton
- On ressent vraiment la progression, vos efforts sont gratifiés
- Une bonne quarantaine d’heures de jeu
- Un arbre de compétences hyper-complet
- Très technique, donc des tonnes de choses à faire
- Un titre original
On aime moins :
- Difficile à prendre en main
- Sans indications, on peut se perdre au début de l’aventure
- Quelques soucis de lisibilité (notamment soucis de caméra)
- Des bugs de collision
- Des textures qui datent un peu
- Des tâches parfois redondantes
- Pas de fiches, pas de documentation