Après avoir régalé les possesseurs de Switch il y a tout juste un an, Octopath Traveler refait parler de lui aujourd’hui avec un retour très attendu sur PC (Steam). L’occasion est trop belle de se plonger dans ce magnifique RPG en pixel-art !
Le retour d’un J-RPG d’une autre époque ?
Quoi qu’on en dise, le rétro a le vent en poupe, et la nostalgie de l’époque 8/16 bits est un marché décidément bien juteux. On ne compte plus le nombre de titres remasterisés, de remakes et autres résurrections de jeux d’un autre âge. Et il faut bien l’avouer : le RPG est un genre qui a justement connu un âge d’or entre les années 80 et 90… Période qui a vu l’apparition des Dragon Quest, Final Fantasy et autres Seiken Densetsu !
Et puis, il y a ces développeurs plutôt malins, fervents défenseurs du pixel-art et des mécaniques d’antan… Et adeptes du «faire du (bon) neuf avec du vieux» ! C’est par exemple le cas du studio Tokyo RPG Factory (I Am Setsuna, Lost Sphear, ou Oninaki prochainement). Ou encore des producteurs Masashi Takahashi et Tomoya Asano, derrière ce Octopath Traveler. Les noms de ces derniers peuvent vous sembler familiers si vous avez joué à Bravely Default sur 3DS.
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Octopath Traveler est donc développé par le studio Acquire, connu pour quelques pépites comme Rain, la série des Tenchu, ou encore l’injustement méconnu (en Europe) Akiba’s Trip. Et évidemment, il est publié par un éditeur qui est une référence en matière de RPG : Square-Enix, que l’on ne présente plus !
Octo-pattes quoi ?
Le titre qui nous intéresse aujourd’hui s’appelle donc Octopath Traveler. Que l’on soit bien d’accord : il ne s’agit pas vraiment d’une nouveauté, dans la mesure où le titre de Acquire est sorti une première fois sur Nintendo Switch, il y a tout juste un an. Mais ne pas faire partager ce titre au plus grand nombre serait un crime, alors Square-Enix a eu la riche idée de le publier également sur PC (Steam). Cette nouvelle version est disponible depuis le 7 juin !
Octopath Traveler nous entraîne ainsi dans une aventure mythique à travers le continent enchanteur d’Orsterra. Comme l’étymologie de son nom pourrait le laisser deviner, il va nous engager dans un grand voyage aux cotés de huit personnages, de classes et aux aptitudes diverses (choisissez bien, car votre champion va vous accompagner jusqu’à la fin).
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On retrouvera ainsi Ophilia la prêtresse, Cyrus l’érudit, Tressa la marchande, Olberic le guerrier, Primrose la danseuse, Alfyn l’apothicaire, Thérion le voleur, et H’aanit la chasseuse. Si vous devez faire le choix de l’un d’entre-eux en début de partie, chacun aura son propre arc, s’étirant sur quatre chapitres. C’est dire si la quête va être longue !
Nos héros voyageurs vont donc traverser de vastes paysages, un monde divisé en quatre grandes parties, avec des ambiances diversifiées : des forêts luxuriantes, des avant-postes désertiques, des cathédrales enneigées, et bien entendu des villages avec leurs PNJ et leurs fenêtres de dialogues. L’aventure de chacun débutera dans une région différente, ce qui vous assure que, selon votre choix de départ, votre aventure ne sera pas la même que celle de votre voisin.
Jouabilité… à l’ancienne, mais pas que
Concernant le gameplay, encore une fois, les amateurs du genre vont très vite retrouver leurs marques, avec un système de classes qui nous rappelle avec plaisir ceux de Bravely Default ou Final Fantasy VI. Octopath Traveler se joue comme vos bons vieux RPG sur cartouches, avec des combats au tour par tour, des points de vie et de technique (PV et PT) à surveiller… L’ennemi (en 2D) à gauche de l’écran, votre groupe à droite… La timebar défile, permet à chacun d’envoyer ses attaques, sa magie, ses objets de soin lorsque c’est à son tour de jouer… Et le but est de vaincre l’ennemi en vidant ses points de vie… Classique, mais increvable !
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Mais revenons au système de classes évoqué plus haut. Pour faire simple, chaque personnage dispose de deux classes. La principale, la classe primaire, que l’on ne peut pas changer… Mais aussi une classe secondaire qui va vous offrir pas mal de possibilités en termes de personnalisation. Ces classes secondaires, au nombre de huit (plus quatre secrètes) sont à trouver dans des temples disséminés sur la map. Elles donnent aussi accès aux compétences (une dizaine en tout), aux aptitudes (qui se débloquent quand vous avez assez de compétences) et aux armes supplémentaires. Indispensables, donc !
Un gameplay plus complexe qu’il n’y paraît
Autre mécanique très intéressante : les charges. Chaque personnage en gagne une (avec une limite de 5) à chaque tour. Et quand vous les utilisez, elles vont venir booster vos attaques ou vos compétences (puissance ou durée)… Si, par exemple, vous libérez une charge de 3 sur une attaque simple, au moment d’attaquer, votre personnage va frapper quatre fois. Ce qui peut avoir pour effet d’exploser le bouclier (soumis à une jauge à faire baisser pour le briser) de l’adversaire. Le bouclier : une autre mécanique qu’il faudra apprendre à maîtriser pour devenir meilleur stratège encore !
Il serait très long de détailler ici le système de gestion des personnages, de leurs compétences ou de leur expérience. Sachez simplement que ce système est très complet (pour ne pas dire complexe), et s’avère au final plus technique qu’on ne l’aurait pensé. Chaque compétence, chaque classe est utile ! Et votre but ne sera pas seulement d’upgrader vos compétences, mais aussi de réfléchir à composer une équipe équilibrée… Les fans de stratégie seront aux anges, les autres y trouveront un certain challenge… Très intéressant si l’on s’intéresse à la question !
Un vrai « nouveau » RPG des années 90
Véritable hommage au RPG des années 90, Octopath Traveler en reprend tous les codes graphiques. Les personnages (héros ou PNJ) en pixel-art, fenêtres de dialogues, auberges pour se reposer ou coffres à vider… Si vous êtes un ancien (ou un passionné de cette époque) et si vous avez déjà joué à un Final Fantasy I à VI, ou à un Chrono Trigger… Vous ne serez pas dépaysé.
Pourtant, Octopath n’est pas un jeu qui fait vieillot ! Ici, la direction artistique old-school se mêle aux techniques actuelles, pour le plus grand plaisir de nos yeux et de nos oreilles. Je ne vais pas épiloguer sur la bande-son orchestrale, juste sublimissime (en témoigne une OST en rupture de stock sur la boutique de Square-Enix).
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Visuellement, il est surprenant et agréable de se laisser porter par ce pixel-art sublimé par des jeux de lumières magnifiques, et un effet de flou qui offre un relief très réussi au jeu. Octopath Traveler ne donne pas l’impression de ressortir une vieille console… Mais de jouer dans un diorama bien réel, avec des figurines et des maquettes de décors. Un régal pour les yeux ! La technique est épatante, qu’il s’agisse des jeux de lumières, de la gestion des ombres ou du glow…
Bonne nouvelle ! Je craignais de galérer sur le jeu à cause d’un PC pas franchement taillé pour le gaming ! Et à ma grande surprise, malgré une config qui date un peu, hormis quelques rares freezes, le jeu tourne comme une horloge suisse ! Pas vraiment exigeant, un Intel-Core i3 3210, avec 4gb de ram, une Geforce GTX 750 à 30fps sur du 1280×720 suffira à jouer dans de bonnes conditions. Mais évidemment, si vous disposez d’une bête de compétition, vous pourrez prétendre à de la 4K en 60fps.
Ce jeu a t-il des défauts ?
Jusqu’à présent, sur le papier, Octopath Traveler a tout ce qu’il faut pour plaire ! Cela signifie t-il qu’il est parfait ? Non ! La perfection n’existe pas ! Et ma première crainte concernait l’ergonomie globale du titre, n’étant moi-même pas très à l’aise avec l’environnement PC. J’ai même un temps songé à racheter le jeu sur Switch, pour le terminer sur une plate-forme qui me correspond mieux. Mais je dois dire qu’un simple passage par le menu de configuration, et une redistribution des touches suffit à faire passer la pilule. Ces bidouillages étant effectués, ça passe crème !
Les défauts, donc, seront très souvent liés à des soucis de game-design. Et ici, je pense par exemple à des combats de boss longs, très longs pour ne pas dire parfois interminables. C’est intéressant de voir que la référence aux années 16 bits n’est donc pas que dans l’aspect cosmétique du jeu ! Mais attention Acquire : car si, dans les années 90, le joueur s’accrochait et faisait preuve de plus de patience, ce n’est plus toujours le cas. Et certains risquent de décrocher à cause de cette apparente difficulté, justement !
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Fait inhérent aux années 90, le level-design dévoile des décors et des villages qui finissent vite par se ressembler. Offrant souvent une impression de déjà-vu alors que l’on explore une ville pourtant nouvelle. Enfin, j’avoue que j’aurais aimé voir plus de liens entre les personnages principaux. Mais là, je touche à un autre point qui mérite plus de développement (comme le scénario du jeu, et le rythme de sa narration)…
Des ellipses bizarres
Car le plus gros fail du jeu est son rythme, qui semble souvent trop haché. Il est d’une part « cassé » par un système de progression qui vous impose certains niveaux pour passer à la narration suivante (on fait donc parfois des pauses pour farmer). D’autre part, l’histoire souffre d’ellipses qui surviennent sans prévenir. Les liens entre les personnages, leurs rapports d’affection, se construisent souvent dans notre dos. Et l’on découvre parfois des rapports très forts entre des personnages qui ne se connaissaient pas (ou peu) quelques minutes auparavant… Bizarre ! Il en ressort un background qui manque de précisions, de profondeur… Un peu comme si vous repreniez un jeu vidéo après vous être endormi quelques minutes, loupant une séquence narrative importante…
Enfin, et ce sera mon principal reproche, bien qu’il ne soit pas lié à la réalisation du jeu : son prix n’est pas du tout attractif ! 60 balles sur Steam (idem sur Switch)… Comme je l’ai dit plus haut, j’ai cherché un temps à me procurer aussi le jeu sur Switch, mais je me suis vite ravisé en voyant qu’il ne descend que rarement sous la barre des 50€ en occasion (on verra pendant les soldes)… Toujours est-il qu’en neuf, il coûte le prix d’un Triple A sur consoles… Et même si le jeu est magnifique, et si les développeurs doivent évidemment être payés pour leur boulot… Octopath Traveler toucherait sans doute un plus large public avec 20€ de moins… Le « caviar » du RPG à l’ancienne a un coût !
Au final
Tout simplement l’un des meilleurs RPG du moment ! Octopath Traveler cache bien son jeu : ne vous fiez surtout pas à son apparence à la fois enfantine et rétro !! Ce titre est une pure merveille, réussie à tous les étages, qu’il s’agisse de sa DA, de son scénario (malgré quelques «absences»), de ses mécaniques, de son ambiance !! Il réveille à grands coups de pompes cette magie des RPG d’antan… Que l’on croyait disparue depuis la fin des années 90 !
Comment ai-je pu passer à coté d’une telle pépite ? Faute de temps probablement. Toujours est-il que cette version PC, quasi identique à son homologue Switch (le coté « nomade » en moins) est une pure merveille ! Une déclaration d’amour aux RPG d’une autre époque, une sorte de medley de ce qui se faisait de mieux dans les jeux de rôles des années 90 ! Si vous êtes pécéiste, et fan des Final Fantasy et autres Seiken Densetsu de l’époque 16 bits, vous ne pouvez manquer ce rendez-vous sous aucun prétexte ! Si ce n’est pour une raison économique…
Octopath Traveler
- Par Acquire, pour Square-Enix.
- Sur PC et Switch.
- Genre : J-RPG
- Classification : PEGI 12.
- Prix : 59,99€.
Points positifs :
- Du très beau pixel-art !
- La bande-son
- Les effets
- Un scénario assez sombre et mature
- Huit persos
- Chaque classe et chaque compétence est utile !
- Beaucoup de libertés
- Grosse durée de vie
- Contenu très copieux
- Pas vraiment gourmand en termes de performances du PC
- Du challenge
Points négatifs :
- Des problèmes de rythme
- Des ellipses un peu étranges
- Une approche sans doute trop académique du RPG d’antan
- Des boss très longs
- L’histoire d’Ophilia un peu plus « niaise » que les sept autres
- On aurait aimé plus de profondeur concernant les liens entre les héros
- Un prix pas vraiment attractif
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