Après 12 mois d’accès anticipé, Uragun est enfin disponible sur PC. Ce roguelite est le premier jeu développé par le studio polonais Kool2play. Et depuis fin mars, le petit studio indépendant est dans le grand bain ! Uragun est disponible, livré aux critiques des joueurs. Et il faut bien vous l’avouer : le jeu nous a agréablement surpris. Et il est temps d’en parler avec notre test.
Un petit studio qui vise la qualité
Cette partie qui, habituellement, vous présente le contexte du développement du jeu, ou encore l’historique du studio, pourrait être plus courte que d’habitude. En théorie, du moins. Puisqu’à vrai dire, nous ne savons pas grand chose du petit studio indépendant Kool2Play, dont Uragun est le premier jeu vidéo. On sait que Kool2Play (ou K2P pour les intimes) est basé à Varsovie (Pologne), et qu’il édite lui-même son jeu.
Kool2Play est donc développeur et éditeur, et avance vouloir développer des jeux dans un large éventail de genres. Le studio avance aussi donner la priorité à trois aspects majeurs : le fun, la jouabilité et la qualité. Si Uragun est le tout premier jeu de K2P, le studio travaille en parallèle sur deux autres jeux prévus pour les années à venir. On n’en sait pas plus pour le moment, si ce n’est qu’ils sont codés Project X et Project Y. Kool2Play Group comprend également deux autres sociétés : Kool Things (une agence de marketing et relations presse spécialisée dans le jeu vidéo)… Et Buffmaker, une plate-forme logicielle pour l’automatisation, le traitement et l’analyse des données marketing.
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Uragun est donc le premier projet du studio K2P. Un jeu qui, pour se concrétiser, est passé par la case early-access. Pendant un an, le jeu a ainsi pu tourner en accès anticipé. Un choix des développeurs qui a un double intérêt : d’une part, les joueurs ont pu essayer le soft avant sa sortie… D’autre part, leurs retours ont permis au studio d’améliorer le jeu et de le faire évoluer au fil des mois. En tenant compte des retours de la communauté pour corriger leur soft, les développeurs ont ainsi créé un jeu à la carte. LE jeu que souhaitaient les joueurs.
Le jeu initial était un shooter en scrolling vertical (de haut en bas). La communauté aimait les contrôles très précis, les combats amusants, la conception intelligente des niveaux… Mais Uragun n’attirait pas assez de joueurs pour permettre au studio d’en vivre, selon ses membres. Alors, après une longue réflexion, les développeurs ont décidé d’opérer un virage à 180 degrés. Le jeu de base a donc subi une refonte totale par Fran Avilés, précédemment responsable de Deep Rock Galactic en tant que Game Director. Avec une rejouabilité améliorée, il est donc devenu au final un jeu d’action de type roguelite. « Une décision qui s’est avéré être un meilleur choix pour ce jeu », analyse le développeur. Les changements du jeu comprennent aussi de nouveaux biomes, de nouveaux combats de boss, des tonnes d’ennemis en plus, davantage d’optimisations, et l’ajout de skins pour votre mecha…
Un monde en ruines… Premières minutes de jeu



Uragun nous emmène dans un univers postapocalyptique. On se réveille dans la peau (façon de parler) de l’IA d’un mecha, en plein cœur de Barcelone. Vous partez donc en quête de votre pilote (humain) disparu. Et accessoirement, vous allez chercher à comprendre ce qui s’est passé dans ce monde bordélique, ravagé par d’autres IA, corrompues… Oui, le scénario tient sur un post-it. Mais il offre quelques passages attachants. Et en même temps, le jeu ne nécessite pas vraiment que l’on se perde dans les métaphores et les périphrases. On est là pour canarder, pour shooter du bot ennemi donc…
C’est surtout le gameplay qui va nous intéresser ! Et là, sur ce point, il faut avouer que les commandes sont instinctives. Même pour un joueur comme moi qui ne suis pas un joueur PC. On se déplace avec Z, Q, S et D, on dash et on esquive avec « espace » et on se sert des boutons de la souris pour les tirs. Vous disposez de deux armes simultanées, et les ennemis vaincus lâchent des orbes de chaleur qui, accumulés, vous permettent de déclencher des attaques thermiques. Accessoirement, on peut aussi s’amuser avec un bullet-time situé sur la touche Tab (plus vous touchez l’ennemi, plus vous remplissez une jauge d’Overdrive. Une fois pleine, le bullet-time peut être activé, les tirs sont plus nombreux… C’est l’orgie)… Au bout de trois minutes de jeu, vous êtes prêt à lâcher le tuto pour entrer dans le vif du sujet… Avec les premiers vrais niveaux du jeu !
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Et c’est à ce moment précis qu’il nous rappelle que nous sommes dans un roguelite. Un genre qui vous fait souvent voir la mort ! Bim ! Première humiliation, et… Réapparition dans une station orbitale ! Qui sert de hub du jeu ! C’est assez inattendu mais… L’effet de surprise n’est pas fini. Car dans Uragun, ne comptez pas respawn là où vous êtes mort, en retrouvant vos armes et vos améliorations. Votre mecha est out, et vous allez reprendre votre run à zéro… Ou, pas tout à fait !
La plupart des jeux de ce genre ont aussi un aspect die and retry. Vous mourrez, beaucoup, mais finissez par passer les obstacles en les mémorisant. Pas dans Uragun ! Dans le jeu de Kool2Play, chaque run est différent du précédent. Nouveau biome (Nairobi, Hong Kong, Barcelone, des mines, une montagne aux USA… Magnifiques et diversifiés, les environnements sont fait à la main, avec amour)… Mais aussi tout nouveau chemin, et bonus différents (XP, améliorations, éléments du lore, etc.). Chaque nouvelle tentative de votre part est randomisée. Ce qui a pour effet de nous donner l’impression de découvrir le jeu jusqu’à la fin. Mieux, l’effet de surprise est encore là si vous refaites une ou plusieurs parties…
Facile à prendre en main, plus compliqué à maîtriser



Comme je l’ai écrit plus haut, la prise en main est quasi immédiate. Mais cela ne signifie pas pour autant que vous allez rouler sur le jeu. Car qui dit roguelite dit aussi morts à répétition. Et parfois aussi un peu de frustration lorsque vous aviez amélioré vos armes, et que vous les abandonnez sur le champ de bataille, définitivement. On vous aura prévenu : Uragun est un jeu facile à prendre en main… Mais qui demande un peu plus de dextérité pour en maîtriser toutes les subtilités. il n’est pas qu’un simple jeu de tir, et il va aussi solliciter votre matière grise.
D’autant qu’il offre suffisamment d’options et de possibilités pour personnaliser vos parties et votre mecha. On aurait parfois l’impression que le jeu est livré avec tous les mods créés par une grosse communauté de fans… Comme je l’ai dit plus haut, vos échecs vous engagent vers de nouveaux niveaux. Si vous pouvez choisir la voie que vous emprunterez, ils sont créés de manière procédurale. Et comportant des bonus et informations eux aussi totalement random. En choisissant votre voie (et donc les récompenses qui vont avec), vous allez acquérir de nouvelles compétences, des items pour changer l’apparence de votre mecha ou pour améliorer vos armes. Contrairement aux mods d’améliorations d’armes qui disparaissent après une défaite, ces bonus vont vous permettre d’améliorer votre équipement de manière permanente.
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Pour cela, vous devrez aller bidouiller dans un arbre de recherche. Vos choix sont stratégiques car ils vont vous permettre d’améliorer votre attaque, votre résistance, des munitions supplémentaires, ou encore l’efficacité de votre mecha (on ne va pas vous expliquer ici le principe d’un arbre de compétences). Vous voulez que l’on complique encore un peu l’équation ? Alors, sachez que vous ne pourrez pas équiper toutes vos améliorations en même temps. Car entre en jeu la notion de capacité de mémoire (que vous pouvez cependant augmenter), qui va vous poser une limite, et vous obliger à choisir. Et vous savez ce qu’on dit : choisir, c’est renoncer ! Vous la sentez bien, maintenant, la dimension stratégique du jeu ?
On ne va pas développer l’aspect custom du mecha in-game, je pense que vous en avez déjà pas mal à assimiler pour le moment. Mais sachez que, en jeu, vous pouvez aussi modifier l’apparence et la puissance de votre mecha (cette fois de manière non permanente). Pour cela, vous pourrez utiliser des pluggins qui changent des statistiques du robot, améliorent ses compétences ou boostent ses attaques thermiques spéciales. De même, votre mecha dispose de plusieurs slots libres, qui peuvent être équipés de mods pour modifier leurs effets. Et là, tant qu’il y a des slots de libres, vous pouvez empiler les effets…
Quelques trucs à corriger



N’étant pas un joueur PC à la base, c’est sur un portable tout ce qu’il y a de plus classique que je fais, à l’occasion, de courtes sessions sur Steam quand l’envie me prend. Et donc sur mon bon vieux Lenovo que va tourner ce Uragun. Et force est de constater que le jeu tourne bien. C’est fluide, ça va vite (oui… OK,… mon PC tourne avec un SSD). Pas de ralentissement à l’horizon. Mais… Si je ne peux assurer à 100% que les problèmes viennent de mon PC ou du jeu, j’ai quand même rencontré pas mal de petits bugs, parfois gênants.
Au total, sur mes différentes parties, j’aurai dû faire face à quelques freezes, et à un crash du jeu. Ce dernier est beaucoup plus gênant car quand j’ai ensuite relancé Uragun, le jeu était incapable de retrouver ma sauvegarde. Heureusement, ce problème est survenu en début d’aventure. Autre problème dont je n’arrive pas à identifier le responsable (le jeu ou mon PC), à plusieurs reprises, en quittant le jeu, celui-ci se fermait à ma demande mais la piste musicale restait active. Inutile de dire qu’à cet instant, je n’avais pas vraiment envie de rebooter mon PC ! In game, il peut aussi arriver d’avoir de mauvaises surprises, comme un ennemi invincible qui vous renvoie six pieds sous terre (rageant), ou quelques bugs mineurs d’affichage… Mais on imagine que les développeurs nous préparent quelques correctifs…
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Visuellement, on ne va pas dire que le jeu est somptueux. Pourtant, on aime ce style low-poly, ces décors assez travaillés dans l’ensemble, designés à la main, et qui restent quand même assez jolis à regarder. Les graphismes sont adaptés au gameplay. D’autant que les développeurs nous ont concocté plusieurs biomes variés. Et puisque l’on parle de variété, on peut en dire autant des ennemis, avec un bestiaire assez travaillé. Chaque type d’ennemi (comme chaque boss) dispose de capacités qui lui sont propres. Certains vont vous donner des cauchemars.
Du coté de la bande-son, on a aussi un cocktail assez intéressant. D’une part, un sound-design qui est porteur d’informations et qui sert à sa manière le gameplay. Je m’explique : les développeurs ont pensé à incorporer des sons qui agissent tels des signaux lorsque vous devez vous concentrer sur quelque chose. Comme par exemple pour vous avertir lorsque vous devez vous réparer en urgence car vous avez mangé trop de dégâts. Du coté des musiques, si elles sont répétitives au final, certaines plages sont plutôt réussies.
Au final



Uragun est une bonne surprise ! Son scénario n’est pas le plus élaboré, ses graphismes ne sont pas les plus beaux, il y a des bugs… Mais son gameplay est agréable et bien pensé, et on n’est pas sur un Triple A. Le soft est très accessible, et une fois que l’on a pigé ses subtilités, on se prend au jeu. Bien sûr, ce roguelite va vous offrir quelques boss un peu plus difficiles, et quelques passages tendus, mais… Que vous surmonterez si vous vous accrochez : la difficulté est savamment calibrée pour vous offrir un vrai sentiment de progression. En revanche, pour les quelques bugs rencontrés, un ou des patch correctif(s) sera(ont) nécessaire(s).
Petit jeu sans prétention, Uragun est un titre qui coche toutes les cases du cahier des charges du bon roguelite. On sent ses limites, mais chaque aspect est maîtrisé par ce petit studio polonais qui semble avoir beaucoup de talent. Alors si vous recherchez un nouveau jeu de ce genre, vous pouvez y aller : vous devriez apprécier. D’autant que Uragun est vendu à un prix très attractif. Votre achat aura donc une double utilité : vous faire plaisir, et soutenir un studio que l’on espère revoir très vite à l’œuvre.
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Avec ce premier jeu, on imagine que le budget de Kool2Play est limité, et n’aura pas permis un développement multisupport. Et c’est bien dommage car, si on prend vite le jeu en main sur PC, il serait aussi fichtrement bien adapté à la Switch, par exemple. Car le roguelite n’est plus un genre qui ne cartonne que sur PC, les joueurs consoles sont aussi nombreux à aimer… Et il est fort probable que j’y reviendrai s’il sort un jour sur la console nomade de Nintendo…
Uragun

- Par : Kool2Play
- Sur : PC (Steam)
- Genre : tir/roguelite
- Prix : 14,99€ (pendant une durée limitée)
- Conditions de test : testé sur PC, sur une version fournie par le studio. Environ 40 h de jeu
Points positifs :
- Le prix très abordable
- Du rythme, de l’action
- Ça défoule
- L’aspect stratégique et les choix tactiques dans votre progression
- Prise en main assez aisée
- Les mods et les pluggins, pour un mecha sur mesure
- Certains combats de boss
- Bonne rejouabilité
- Des niveaux variés
Points négatifs :
- Des pics de difficulté, des ennemis parfois trop forts
- Ça peut aussi frustrer parfois
- Quelques bugs à corriger : certains pas méchants, d’autres un peu plus
- Les musiques : vite répétitives (même s’il y a de bonnes choses)