Capcom poursuit sa vague de remakes de la série Resident Evil, avec une nouvelle refonte d’un épisode cultissime, à la sauce 2023. Et aujourd’hui, c’est le très plébiscité Resident Evil 4 qui fait son grand retour en 4K. Ainsi que l’un des personnages les plus populaires de la série : Leon Kennedy. Et c’est parti pour le test d’un jeu qui a incontestablement été source d’inspiration pour Resident Evil Village, notamment pour son ambiance.
L’un des jeux majeurs du début des années 2000
Après trois épisodes qui auront fait les belles heures de la PlayStation première du nom et de la Sega Saturn, c’est finalement sur Gamecube que va sortir Resident Evil 4, en janvier 2005 (et le 18 mars de la même année en France). Cet épisode est réalisé par l’emblématique Shinji Mikami, papa de la série. Il est produit par Hiroyuki Kobayashi. La banse-son est signée Shusaku Uchiyama et Misao Senbongi.
Quand on y pense, le développement du jeu n’aura pas été un long fleuve tranquille. Annoncé initialement en 2001, son développement sera long et mouvementé, à l’image d’un certain Resident Evil 2. D’ailleurs, plusieurs beta de RE4 seront annulées. Notamment une version « brouillard » dans laquelle Leon doit lutter contre des formes brumeuses, une autre avec un mystérieux homme au crochet, basée sur la terreur et les hallucinations… Mais finalement, les développeurs finiront par prendre la trajectoire que vous connaissez…
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Une fois dans la boite, c’est donc sur GameCube que sort le jeu, en 2005. Le titre est une exclusivité Nintendo, dont la console a déjà accueilli un excellent Resident Evil 0 en 2002… Mais il ne faudra pas attendre un an pour que, fin 2005, Resident Evil 4 arrive aussi sur PS2 (dans une version que beaucoup de fans jugent moins belle). Capcom décide en effet de rompre son contrat d’exclusivité avec Nintendo en raison des ventes trop faibles de la console, et de rentabiliser son jeu en lui offrant de nouveaux supports. RE4 sort ensuite sur PC. Puis sur Wii. Avant d’être repris sur la plupart des supports suivants (PS3, X360, etc).
Étrangement, si le jeu compte aujourd’hui parmi les monuments du jeu vidéo, et parmi les incontournables de la série, ses chiffres font relativiser. Aux USA, il s’écoule à plus de 300 000 exemplaires à son lancement, pour atteindre péniblement 500 000 copies quelques mois plus tard, en juillet 2005. Selon Capcom, le jeu va se vendre à un peu moins de 6 millions d’unités, au total (5,9M). Soit 2,3 millions sur PS2, son meilleur score ; 2 millions sur Wii, et seulement 1,6 millions sur GameCube. Sans compter les versions PC, puis dématérialisées qui poussent le chiffre beaucoup plus haut.
Reviens Léon, j’ai les mêmes à la maison !
Mais aujourd’hui, c’est le très récent remake de ce jeu qui nous intéresse ! Comme je l’écrivais plus haut, Resident Evil 4 est l’occasion de retrouver Leon S. Kennedy, le « bleu » de Resident Evil 2 qui partageait l’affiche avec Claire Redfield. Les événements se déroulent six ans après les événements de RE2, justement. Et on retrouve donc Leon, sans son uniforme de policier, qui travaille désormais pour le Gouvernement.
Six ans se sont donc écoulés depuis la catastrophe biologique de Raccoon City. L’agent Leon S. Kennedy, l’un des survivants du drame, est envoyé secourir la fille du président qui a été kidnappée. Son enquête le mène jusqu’à un village européen isolé, en Espagne, dont les habitants, surnommés les Ganados, cachent un effroyable secret. Et ainsi se lève le rideau d’une histoire de sauvetage audacieux et d’horreur atroce, où se mêlent vie, mort, terreur et catharsis… Voilà le pitch de ce jeu incroyable, qui a tronqué ses zombies contre Los Illuminados (une secte) et ses villageois infectés par Las Plagas, une sorte de peste…
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Si, au premier abord, le scénario nous semble assez classique aujourd’hui, malgré quelques modifications pour ce remake… N’oublions pas qu’il a permis à la série numérotée (sans compter les Outbreak, Gaiden, Survivor… Qui se sont intercalés entre le 3 et le 4) de sortir de Raccoon City. Et de partir vers autre chose que les zombies qui marchent à deux à l’heure. Plus précisément, RE4 a permis d’expérimenter des pistes scénaristiques qui vont ensuite nourrir la mythologie de la saga… Et nous donner, quand on y pense, un certain Resident Evil Village. Un village paumé au fin fond de l’Europe, des villageois infectés, et un château… Ça ne vous rappelle rien ?
Pour terminer sur le scénario… Je me souviens qu’à l’époque du RE4 original, beaucoup avaient regretté que deux personnages en particulier (un homme et une femme, mais je n’en dirai pas plus pour éviter les spoilers), manquaient de background, de profondeur. Oui mais, à bien y réfléchir… Certes, on aimerait en savoir plus mais… Avec le risque que les quelques lignes supplémentaires qui leur seraient données ne viennent casser le rythme du jeu. D’autant qu’il devient encore plus soutenu avec ce remake. Globalement, le scénario passe, sans être non plus révolutionnaire. Mais on va relativiser, en se disant que ce script est du caviar, si on le compare avec les films Resident Evil de Paul W.S. Anderson.
Hache-les : Plus « survival » que « horror »
À moins de pétocher au moindre bruissement de feuille, Resident Evil 4 n’est pas un jeu qui va vous faire sursauter à chaque couloir ! Il coche la case du gore et du crado, mais hormis quelques screamers bien placés (on les sent souvent venir, mais ça marche), le jeu de Capcom n’est pas effrayant ! Une fois que vous aurez fait connaissance avec les habitants de ce village très accueillant, vous serez davantage obsédés par votre stock de munitions que par leur présence. Dans ce jeu en vue caméra épaule, l’action et l’aventure prennent très vite l’ascendant sur le reste. Et votre progression devient vite davantage un défouloir, qu’un jeu où vous tremblerez à l’idée de devoir entrer dans une pièce sombre.
Pourtant, on ne peut que saluer l’effort apporté sur les combats. Car quand je dis que l’action prend vite le dessus, je ne veux nullement dire que Resident Evil 4 est un jeu de bourrin ! Bien au contraire, vos combats devront être calculés à la balle près. Lors de chaque affrontement, vous devrez réfléchir pour trouver un moyen d’économiser vos munitions. C’est par exemple la première fois que j’utilise autant le couteau dans un RE. Celui-ci semble beaucoup plus mis en avant, d’autant plus que, contrairement aux zombies, vos adversaires savent désormais donner l’alerte lorsqu’ils vous repèrent (tu les sens, les phases d’infiltration ?). Le level-design est suffisamment bien pensé pour vous permettre de trouver des alternatives. Plutôt que de vider un chargeur sur un seul adversaire, regardez si un bidon explosif ne se trouve pas à proximité du groupe. Ou si une grenade flash ne fait pas plus d’effet qu’une balle de pistolet 😉
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Initialement, le jeu est sorti en 2005. On va donc retrouver tous les écueils de la série. Avec son inventaire (mallette) limité, ou encore ses munitions que vous avez plutôt intérêt à ne pas gaspiller. Une mécanique qui peut sembler pénalisante au premier abord, mais qui se montre vite pertinente. Car elle va vous obliger à crafter, à choisir les éléments que vous devrez revendre, pour améliorer celui que vous gardez. Mieux, l’argent étant aussi assez rare, cette mécanique vous oblige, de fait, à fouiller les niveaux, pour trouver tous les trésors planqués, qui peuvent se monnayer. Et à trouver les gemmes qui, une fois associées à des objets, vous permettront d’augmenter leur valeur auprès du marchand ambulant. Pour encore mieux customiser votre arsenal. Ici, les limites imposées à l’inventaire deviennent ainsi le prétexte à une exploration que l’on n’attendait pas forcément. Brisant par la même occasion la linéarité de ce qui n’est rien d’autre qu’un jeu à couloirs. Bien qu’il soit toujours possible de speedrunner.
Le jeu est un Resident Evil ! Il vous propose donc des énigmes, des puzzles, dignes d’un Resident Evil. Comprenez par là que, bien que le jeu soit classé PEGI 18, vous pourrez demander un coup de main à votre petit frère de 8 ans si vous bloquez. On est ici dans un jeu d’action, et pas de réflexion, et ça se sent ! Lorsque vous êtes bloqué par une porte, ou un obstacle, qui nécessite un peu de matière grise pour vous laisser passer… La solution est souvent sous votre nez ! Je ne peux en dire plus à ce sujet pour éviter les spoilers, mais… Quand vous êtes bloqué, un conseil : ne cherchez pas bien loin, la réponse est beaucoup plus simple que vous ne le pensez. Un aspect récurrent dans la série, qui nous fait nous interroger sur le bien fondé de ces énigmes, qui semblent n’être que du remplissage, juste histoire de vous ralentir un peu. Mais pas très longtemps. D’ailleurs, en parlant de temps, comptez entre 20 et 22 heures pour votre premier run : pas mal !
Un remake justifié ?
Alors, finalement, ce remake de Resident Evil 4 apporte t-il vraiment à la série ? Était il indispensable ? C’est une question que l’on peut légitimement se poser, si on a par exemple connu l’original qui restera culte à jamais. Ou si l’on découvre tout juste la série Resident Evil. Car entre temps, RE Village est passé par là. Et paradoxalement, si le 8e épisode a beaucoup emprunté (pour ne pas dire énormément, jusqu’à sa construction) à RE4… Étrangement, c’est ce remake du 4e opus qui soufflera une impression de déjà vu à un néophyte qui aurait joué à Village dernièrement. Injuste, mais logique si l’on raisonne selon la chronologie des sorties.
Il n’empêche que Resident Evil 4 Remake est une réussite ! Comme les remakes de Resident Evil 2 ou 3, il est très proche du matériau originel en ce qui concerne le fond, mais tellement nouveau sur la forme ! Les cinématiques sont éclatantes, l’ambiance in-game encore plus profonde… Et les développeurs nous ont réservé quelques petits ajouts qui parviennent à surprendre ceux qui connaissent le jeu d’origine. Sans oublier une modification énorme : le gameplay ! Le jeu est plus fluide, et plus facile à prendre en main (si si, souvenez vous, RE4 était quand même une purge !). La modification la plus appréciable est celle qui gravite autour d’Ashley, qui est devenue davantage un assist qu’un boulet que l’on traine à la cheville. Elle est toujours vulnérable, mais la protéger, ou la libérer est devenu plus simple. Mieux, on peut aussi lui donner des ordres, pour se planquer ou vous aider dans certaines situations.
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Si l’on voulait pointer quelques zones d’ombre, on pourrait parler de quelques effets pas franchement convaincants, comme la pluie par exemple. Mais le jeu se rattrape sur tellement d’autres détails ! Quand Leon vient de piquer un sprint, vous l’entendez à sa respiration… Si un ennemi vous jette un projectile, ceux qui sont devant se baissent pour éviter de le prendre dans la poire : c’est tout bête, mais y avoir pensé fait toute la différence à l’écran. En revanche, l’absence du contenu dédié à Ada Wong (Separate Ways) est un peu plus mystérieux. Sans être un argument de vente pour RE4, sa présence était un plus pour les fans… Et on ne peut s’empêcher de se dire qu’en 2023, s’il a été mis de coté, c’est sans doute pour en faire un DLC dans quelques mois…
Vous l’aurez compris : ici, le terme de remake n’est pas galvaudé ! Quand beaucoup se seraient contenté de ressortir un jeu en lissant simplement quelques textures, en ajoutant trois cinématiques et deux contenus bonus… Capcom fait le job ! On ne va pas se le cacher : le but est aussi de rentabiliser une licence, et surtout un épisode très demandé par les fans… Mais les développeurs nous proposent ici une vraie réécriture de leur jeu. Pour le prix, vous aurez bien un nouvelle interprétation de Resident Evil 4. Plus en adéquation avec les exigences des joueurs contemporains, et avec les possibilités technologiques de 2023 : 4K ultra HD, ray tracing, son spatial… Il y a moyen d’en prendre plein les yeux et les oreilles sur une console ou un PC moderne.
Il fallait aussi qu’on vous dise
– Si vous souhaitez essayer le jeu, sachez qu’une démo gratuite est disponible sur vos stores respectifs.
– Le mode Mercenaires arrive le 7 avril, et ce sera un DLC gratuit !
Au final
Resident Evil 4 est indéniablement un titre qui a marqué l’histoire du jeu vidéo. Redéfinissant au passage certains codes du survival-horror ! Et presque 20 ans plus tard, il n’est pas surprenant de voir Capcom lui offrir un lifting le remettant au goût des années 2020. Un lifting qui est d’ailleurs plutôt réussi, comme le furent aussi les remakes de RE2 ou RE3 ces dernières années. Ici, le moteur RE Engine fait des merveilles. Encore plus sur la plus récente génération de machines (bien que la version PS4, forcément moins poussée, n’ait pas à rougir). Et si les développeurs se sont accordé quelques libertés, qui améliorent le jeu, l’ensemble reste respectueux du matériau originel.
Reste à savoir si vous devez investir dans cette nouvelle mouture. Et bien, si vous êtes un fan, oui, certainement. Le jeu ne dénature aucunement le Resident Evil 4 d’origine, et offre au contraire des améliorations plaisantes, notamment au niveau de la jouabilité. Une bonne raison de craquer ! Si vous ne connaissez pas cet épisode, sachez qu’il ne vous fera pas trembler de peur, puisqu’il prend une direction plus orientée « action » ! Néanmoins, pour un scénario plutôt bon, une bonne rejouabilité, et une ambiance qui vous aspire littéralement… Le jeu mérite toute votre attention. Il est difficile de passer après Resident Evil Village ! Mais RE4 remake revendique haut et fort sa légitimité dans cette saga culte du jeu vidéo.
Resident Evil 4
- Par : Capcom
- Sur : PS4 et PS5, XBox Series X/S, PC (Steam).
- Genre : Action/Survival Horror
- Classification : PEGI 18
- Prix : 69,99€
- Conditions de test : Testé sur PS5, sur une version fournie par l’éditeur.
- Site officiel.
Points Positifs
- Les cinématiques de toute beauté
- Difficulté relativement bien dosée
- En VF
- Une exploration forcée, qui brise la linéarité de l’aventure
- Gameplay qui n’a plus rien à voir
- Une action rythmée
- Rejouabilité correcte et bonne durée de vie
- Tous les petits détails qui rendent le jeu organique
- Fluide et sans chutes de framerate (sur PS5)
- Globalement assez beau et détaillé in game
- Musique discrète, mais des thèmes qui collent aux situations à l’écran
Points négatifs
- L’objectif reste, malgré tout, d’aller d’un point A à un point B, en suivant une unique route
- Des énigmes à la difficulté quasi inexistante
- Quelques textures qui jurent, et un effet de pluie pas toujours réussi
- Le contenu avec Ada Wong absent… Ça sent le DLC
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