Le samedi, on fait ses courses et on tabasse des zombies au supermarché

Si l’on vous parle de jeux de zombies provenant de chez Capcom, 99 fois sur 100, vous penserez à Resident Evil ! Mais ce n’est pourtant pas le seul jeu vidéo qui vous met aux prises avec des morts-vivants chez l’éditeur japonais ! Devil May Cry ? Pas faux, mais en réalité, on pensait à une autre franchise. Et les fans de la marque penseront aussi, quant à eux, à une licence créée par Keiji Inafune, publiée à partir de 2006, initialement sur X360 : Dead Rising ! Et ici, contrairement à Resident Evil qui joue sur la peur, Dead Rising s’articule autour de deux constantes : il vous fait passer vos nerfs sur des hordes de zombies… Le tout dans une ambiance complètement décalée et sanglante, avec un humour bien gras comme on l’aime !

Si le jeu fait énormément penser à un classique du cinéma d’horreur, c’est bien à Zombies (Dawn of the Dead en VO), film de 1978 du génial George A. Romero (et qui fait suite à La Nuit des Morts Vivants). On y suit un groupe de personnes, en pleine invasion de zombies, qui se réfugie et se barricade dans un centre commercial. Afin notamment de survivre grâce aux ressources des magasins. Et en filigrane, une jolie critique de notre société de consommation. Bref, un scénario qui vous rappelle quelque chose ? C’est normal, puisque visiblement, les scénaristes de Dead Rising sont des fans de Romero, dont ils se sont énormément inspirés.

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Le nouveau défouloir de Capcom est un succès ! Au point qu’il sortira d’une part sur les autres supports, PC, PS4, XBox One et même sur Wii… D’autre part, il aura trois suites. Trois autres épisodes suivront, respectivement en 2010, 2013 et 2016. Avec toujours la même recette : le journaliste Frank West joue de son insolence et de sa beauferie pour massacrer allègrement du mort-vivant. Et puis… Plus rien ! Jusqu’à ce que Capcom n’annonce un remake du premier opus, remis aux standards du moment, 4K 60 fps et compagnie…

L’histoire du jeu suit donc Frank West, un photojournaliste qui enquête sur un mystérieux état de quarantaine à Willamette, petite ville du Colorado. Très vite, il réalise que la bourgade est infestée par des zombies. En quête de la photo qui lui vaudra sans doute le prix du World Press Photo of the Year, et en plein carnage, il se fait déposer au centre commercial du coin. Où il retrouve quelques survivants. Son hélico est censé revenir le chercher d’ici 72 heures… Ce qui lui laisse le temps de mettre un joyeux bordel !

Action, baston et… Grosses blagues qui glissent toutes seules

Dès les premiers instants du jeu, le ton est donné : notre Frank photographie à tout va des scènes horribles, et l’on comprend que, plus la photo sera glauque, plus sa valeur sera conséquente. Et une fois largué au milieu du centre commercial, notre journaliste est tellement détaché !! Les zombies pullulent autour de lui, mais Frank West n’en a strictement rien à cirer ! D’une force ! Le joueur comprend alors instantanément qu’ici, il n’aura pas peur. Qu’il va pouvoir littéralement désosser du mort-vivant en se tapant des barres ! On va se défouler ! D’autant que ce gigantesque centre commercial est une cour de récré où tout est permis. Y compris de se servir dans les boutiques pour manger, trouver des armes, ou des vêtements ! Résumer le jeu en deux mots ? Open bar !

Concrètement, on est ici dans un beat’em all en semi-openworld assez classique. Votre personnage dispose d’une palette de coups de base : coup de poing, de pied… Pour fracasser les hordes d’ennemis qui vous tombent dessus. Il pourra débloquer de nouvelles aptitudes, en gagnant de l’expérience, comme un coup de pied sauté, des attaques plus rapides, etc. L’XP vous servira d’ailleurs aussi à augmenter votre barre de santé, votre résistance… C’est un classique ! Et puis, Frank pourra aussi utiliser des objets. Des armes classiques comme des battes, des couteaux, des revolvers… Mais aussi plus originales et improbables comme des bancs, des balais, des crosses de hockey… Tout ce que vous pouvez trouver dans un centre commercial laissé à l’abandon.

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Votre objectif sera de comprendre ce qui se passe à Willamette, mais aussi de partir secourir les survivants, barricadés dans le centre. Et d’atteindre le toit du magasin où votre hélico vous attend 72 heures plus tard. Ici, vos ennemis seront principalement des zombies, mais pas que ! Car vous devrez aussi en découdre avec des Psychopathes. Des fanatiques qui n’ont pas été infestés, donc normaux en apparence, mais qui prennent un malin plaisir à exploser les survivants. Plus rapides et plus vicieux, ils font office de bosses dans le jeu. Et les vaincre ne sera pas vraiment une cinécure.

Parmi les nombreux ajouts de cet opus, on apprécie la possibilité (pourtant évidente en 2024) de viser en se déplaçant. Ce qui n’était pas possible dans le jeu d’origine. L’IA a elle aussi été retouchée, avec par exemple des policiers zombies qui peuvent maintenant vous tirer dessus. Bien que certains ennemis ne soient toujours pas des lumières. En même temps, le but du jeu n’est clairement pas de vous frustrer, donc si vous cherchez un défouloir, l’IA va vous combler. On appréciera aussi quelques améliorations de commandes, ou encore une sauvegarde automatique, qui apportent mine de rien beaucoup de confort en jeu. Et c’est bien là l’une des forces de ce DRRD : manette en main, on prend vraiment plaisir à repeindre les allées du centre commercial à coups de battes.

Un remaster ou un remake ?

Mais alors, finalement, que vaut ce remaster d’un jeu sorti initialement il y a 18 ans ? Et bien, il faut le reconnaître, le résultat est très propre ! Propulsé par le RE Engine de Capcom, DRRD est très détaillé, très coloré, et on apprécie notamment le travail réalisé sur le rendu des visages. Les expressions faciales sont absolument géniales et réalistes. On n’est pas ici sur un simple coup de polish, mais sur une authentique refonte du jeu de base, avec des modèles de personnages mis à jour. De même, la technologie actuelle nous permet d’avoir des effets de lumière de qualité, et un jeu qui tourne à 60 fps, en 4K. Malgré quelques chutes de framerate, c’est globalement du travail soigné.

La grosse nouveauté de cette version Remaster Deluxe, c’est le doublage intégralement en VF. Qu’il s’agisse des cinématiques, ou des dialogues in-game… C’est un véritable plaisir que de (re)découvrir le jeu dans la langue de Molière. D’autant que, pendant les dialogues ou pendant les échanges au talkie-walkie, et encore plus pendant que vous « nettoyez » une zone, vous n’avez pas vraiment envie de vous coltiner des sous-titres. C’est donc un bon point ! Et si certains personnages surjouent, on aime particulièrement le ton, et l’humour parfois gras (ah, ces gros plans insistants sur les fessiers des dames, ou ces sauvegardes en faisant pipi dans les urinoirs), parfois noir. Et des vannes dans l’ensemble bien traduites et qui vous feront sourire à plus d’une reprise.

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En revanche, on s’étonne toujours, en 2024, de trouver des temps de chargement dans un jeu qui tourne sur PS5 ou XBox Series X/S. De même, si on note l’effort sur les graphismes et la refonte visuelle du jeu, on ne peut pas en dire autant des animations. Bien qu’elles soient plus fluides qu’en 2006, on retrouve quand même la rigidité des personnages de jeux vidéo sur PS3 ou X360. Cela se ressent notamment lors des sauts, pendant les déplacements, lorsque vous donnez des coups… On ressent cette rigidité, qui n’est pas désagréable et ne gâchera pas votre expérience… Mais qui est devenue une signature du milieu des années 2000. Si le jeu a gagné en confort dans certaines situations, c’est parfois aussi le foutoir pour d’autres aspects que l’on aurait aussi aimé voir modifiés !

Comme les hitboxes qui perdent en précision lorsque plusieurs assets se superposent. Et ça devient problématique notamment lorsque des PNJ vous gênent pour atteindre un interrupteur… Ou lorsque vous souhaitez ramasser une arme, qui est au sol au milieu d’autres objets. Au chapitre des reproches, on ne peut toujours pas se baisser, et on déteste quand les ennemis repopent ou que les véhicules disparaissent quand vous changez de zone (et avez donc un écran de chargement). Ce DRRD est une amélioration du tout premier opus, mais qui ne prend pas en compte les ajouts apportés par les volets suivants. Par exemple le nombre d’armes, la possibilité de combiner les objets, etc.

Au final

Alors finalement, remaster ou remake ? Et bien… La réponse n’est pas si évidente tant le jeu a le cul entre deux chaises. Sur certains aspects, comme les graphismes, on est clairement dans le remake avec des modèles plus beaux, et des améliorations notables. Pourtant, on regrette que Dead Rising Remaster Deluxe ne pousse pas le délire encore plus loin. Par exemple, il ne tient pas toujours compte des améliorations apportées par les 2e, 3e et 4e épisode. De même, il garde sa rigidité d’époque. Et que dire des écrans de chargements dès que vous changez de zone ? Pour ces raisons, on penserait presque que le « remaster » du titre est une façon de ne pas assumer pleinement ce qui aurait été un chouette remake.

Dead Rising Deluxe Remaster est donc un jeu que l’on a du mal à situer, entre le remaster et le remake. Pourtant, il a aussi des côtés attachants qui peuvent vous faire craquer. Ses graphismes ont été améliorés, le jeu bénéficie d’un passage bienvenue au RE Engine (bien qu’il ne l’exploite pas autant que les derniers Resident Evil par exemple)… Et le passage au full VF sont des atouts indéniables. Tout comme son interface qui vous permet de jouer de manière beaucoup plus confortable, malgré tout… Soit des atouts qui font que cette version 2024 constitue à la fois un upgrade devenu nécessaire 18 ans après le jeu original… Et une formidable occasion de (re)découvrir un titre marquant du catalogue de Capcom. Au final, on passe un bon moment, et ce sont les plus qui l’emportent…


Dead Rising Deluxe Remaster

  • Par : Capcom
  • Sur : XBox, PlayStation, PC.
  • Genre : beat’em all en semi-open-world
  • Classification : PEGI 18
  • Prix : 49,99€
  • Conditions de test : testé sur une version numérique fournie sur PS5 par l’éditeur
  • Visuellement, c’est assez joli à voir, surtout les visages et les nouveaux modèles de personnages
  • Doublé dans une bonne VF !
  • Un beat’em all nerveux, un gros défouloir, un plaisir coupable mais assumé !
  • Une interface plus moderne
  • Un meilleur système de sauvegardes
  • L’humour
  • Les tenues WTF (mais en DLC payant)
  • Des améliorations dans le gameplay
  • Rejouable plusieurs fois
  • Même dans un remaster, Frank West toujours aussi délicieusement tête à claques
  • Une IA perfectible
  • Les animations d’époque
  • C’est parfois un peu le bordel !
  • Des temps de chargement sur PS5 ?
  • Ça rame, ça lague aussi parfois
  • Comment fait-on pour se baisser ?
  • Les gunfights imprécis