Il y a des remasters qui se loupent… Et d’autres qui font merveilleusement bien le job ! Nouvelle mouture d’un jeu d’arcade et Super-Nintendo des années 90, The Ninja Saviors est un bon remaster, qui nous ramène à l’âge d’or des consoles 16 bits ! Et il est temps de vous expliquer pourquoi !
Comme un air de déjà vu ?
Des ninjas robotiques… Un futur dystopique… Les images du jeu vous parlent ? C’est sans doute parce que, dans une autre vie de gamer, vous avez joué à Ninja Warriors, sur Arcade en 1988. Le jeu de Taito va connaître un tel succès qu’il aura une suite, sur Super-Nintendo en 1994 : The Ninja Warriors: The New Generation.
Ninja Warriors est une licence qui, aujourd’hui, ne vous parlera sans doute pas si vous n’êtes pas un fan hardcore de jeux vidéo, et plus particulièrement de beat’em all. Pourtant, vous devez savoir qu’à son époque, le titre a véritablement cartonné ! Encore aujourd’hui, au grand dam des collectionneurs, il figure parmi les jeux ayant une cote qui picote un peu (grosso-modo entre 40€ en loose et 150€ en complet pour la version SNES).
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Pourtant, il faut remettre les choses dans leur contexte : au milieu des années 90, les consoles (et encore plus les bornes d’arcade) croulent sous les beat’em up, genre alors très populaire. Final Fight, Streets of Rage, Sonic Blastman, Double Dragon, Rival Turf… Il serait vraiment très long de lister ici tous les titres qui consistent à distribuer des mandales à des voyous, dans la rue… Mais toujours est-il qu’au milieu de ce joyeux boxon, Taito tire plutôt bien son épingle du jeu, si j’ose dire…
Plus de 20 ans plus tard…
C’est donc ici que nous allons faire une énorme ellipse, un bond dans le temps qui nous amène en août 2019, date de sortie de The Ninja Saviors : Return of the Warriors, sur Switch et PS4. Un jeu édité par Inin Games pour le compte de Taito. Au développement, on va retrouver des noms comme Natsume Atari, Tengo Project,
Globalement, le jeu reste le même. Du moins dans son concept. Nous allons donc avoir affaire à un beat’em all à l’ancienne, en scrolling horizontal (vous vous déplacez de gauche à droite). Le joueur débute en choisissant son personnage, et devra progresser en éliminant des salves d’ennemis, à coups de poings et de pieds. Vous disposerez aussi d’un spécial, qui permet de faire le ménage en un seul coup… Mais son utilisation est évidemment limitée.
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Néanmoins, cette version n’est pas un portage, mais un remake, calqué sur le modèle d’origine. Vous ne serez donc pas dépaysé par un environnement qui vous semblera familier… Cependant, les développeurs ont ajouté des nouveautés en conséquence. À commencer par la plus visible : le roster ne propose plus trois, mais désormais cinq personnages jouables.
Bien évidemment, le jeu bénéficie de la technologie actuelle. Ce qui lu permet aujourd’hui de vous proposer un affichage en HD, et en 16/9e. De même, contraintes de 2019 obligent, The Ninja Saviors va aussi vous proposer un classement en ligne. Et puisque l’on parle du volet technique, une mention spéciale pour l’OST elle aussi d’époque, signée par le house-band Zuntata (un nom qui parlera aux fans de jeux Taito). Très réussie et entraînante, elle vous plonge dans l’ambiance, et vous donne cette envie de presser la touche «start».
Les mandales, c’est la vie !
Ne jugez pas ! Cet intertitre vient tout droit d’une époque où le beat’em all nous offrait une certaine satisfaction (et un plaisir coupable) à distribuer généreusement les baffes à des PNJ tout pixélisés. Ici, on recommence : on débranche son cerveau, et on s’apprête à multiplier les patates et les bourre-pifs pendant plus d’une heure. C’est à peu près le temps qu’il m’aura fallu pour boucler les huit niveaux du jeu.
Vos personnages ont chacun leurs spécificités. Mais ils ont en commun une barre d’armure (leur vie), ainsi qu’une jauge d’énergie. Celle-ci correspond aux coups spéciaux. Ici, pas de « spéciaux » en nombre limité, comme dans un Streets of Rage (quand y’en a plus, y’en a plus)… Mais une barre qui se recharge petit à petit. Une fois pleine, une simple pression du bouton dédié permet de faire le ménage dans le tableau.
Pour le reste, le gameplay est très typé «beat’em all des années 80-90», avec son défilement de gauche à droite, son «GO» qui s’affiche pour vous inviter à avancer une fois le tableau vidé de ses ennemis… Et ses boss de fin de niveau, à la barre de vie démesurée. Vous démarrez en mode «normal», que vous devrez finir pour débloquer le mode «hard» ! C’est aussi en finissant le jeu que vous débloquerez les musiques d’origine sur Arcade, puis celles sur SNES.
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Trois personnages seront jouable au départ, et auxquels s’ajouteront deux nouveaux acolytes (inédits) une fois que vous aurez fait vos preuves. Kunoichi, un cyborg androgyne spécialisé dans le combat aérien et utilisant un double couteau Kunai et portant un Katana sur le dos ; Ninja, un androïde géant, lent, mais puissant ; et enfin Kamaitachi, qui est le plus équilibré, alliant vitesse, force et agilité. Il utilise une lame implantée dans ses bras, et coupe les ennemis qui s’en approchent. Puis, vous pourrez débloquer deux nouveaux : Yaksha, une femme cyborg d’1,55m conçue pour les missions d’espionnage, avec des bras flexibles extensibles ; Et Raiden, un colosse de 4 mètres et 32 tonnes ! Point fort du jeu : chacun a ses propres aptitudes, et les deux nouveaux ne sont pas là pour faire du remplissage. Ils apportent réellement deux nouvelles approches au jeu…
Une difficulté digne d’un jeu d’arcade
Très clairement, The Ninja Saviors n’est pas un jeu facile, et pour le terminer, vous allez devoir vous accrocher un minimum. Au fil de la progression, on sent que le titre de Taito est l’héritier du jeu d’arcade. Il est calibré pour vous opposer un minimum de résistance, vous pousser à la faute vers le game over. Si ce n’est qu’ici, vous n’aurez pas à réintroduire une pièce pour continuer l’aventure. C’est toujours ça de gagné.
Concrètement, lors de ma première partie, j’ai cherché à l’écran l’indicateur de nombre de vies… Qui n’existe tout simplement pas. Ici, vous disposez d’une seule et unique chance, et non pas de trois vies comme dans les standards du genre. Et une fois votre barre de vie vidée, c’est le game-over. De même, contrairement à de nombreux autres jeux d’arcade, The Ninja Saviors ne propose pas de continues. Cependant, si vous continuez, vous ne redémarrez pas non plus du début du jeu, mais du dernier niveau visité.
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Le jeu n’est donc pas très compliqué en lui-même, en termes de gameplay… Mais le challenge provient du fait que vous allez devoir le finir sans perdre une vie (votre barre se recharge cependant entre chaque niveau… Et de l’énergie est parfois lâchée par des caisses destructibles). L’aventure n’est pas insurmontable, pour peu que vous appreniez à maîtriser les techniques des différents personnages… Mais son petit coté « die & retry » va sans doute en refroidir plus d’un… (Mais avec Ninja, perso que je préfère, ça passe…).
Une autre façon de jouer ?
The Ninja Saviors ne reprend pas uniquement l’univers du jeu des années 90… Il en reprend aussi la philosophie, la manière de jouer. Aujourd’hui, on pourra considérer la faible durée de vie du jeu comme un défaut. Mais à vrai dire, il n’en est rien, bien au contraire.
Car n’oublions pas qu’à cette époque, la manière de jouer n’était pas la même. Sans sauvegarde, la plupart des jeux dits d’arcade se terminaient en un peu plus d’une heure. Et pourtant, on ne les jetait pas pour autant une fois terminés. Peu nous importait alors de refaire 150 fois un même beat’em all ! Le plaisir était ailleurs : on ne découvrait plus le jeu une fois fini, mais on se découvrait soi-même, on apprenait, on s’améliorait… Parfois même, on visait le score… Et que dire du plaisir de retraverser des niveaux connus en compagnie d’un ami ?
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The Ninja Saviors retrouve et revendique cet aspect, cette façon de jouer. D’une part en nous proposant un mode multi (2 joueurs en coop). D’autre part en nous offrant aussi la possibilité de débloquer deux nouveaux personnages. Ils ont été rajoutés dans cette mouture 2019, mais se méritent : il faudra terminer le jeu pour y avoir accès… Et ainsi redécouvrir l’aventure aux commandes de deux nouveaux cyborgs, qui se jouent différemment des trois premiers. Les scoreurs n’ont pas non plus été oubliés, puisqu’un classement en ligne est disponible.
Des défauts venus des années 90
Le jeu d‘Inin Games embarque les qualités, mais aussi les défauts des beat’em all des années 90, principalement des soucis de redondance. À commencer par ce clonage à outrance que l’on peut relever chez les ennemis, qui semblent avoir été reproduits en plusieurs centaines d’exemplaires sur la planète Kamino de Star Wars. Du premier au dernier niveau, vous croiserez les mêmes têtes. Parfois avec des variantes, cependant.
De même, les niveaux du jeu n’offrent pas, ici, une diversité de folie. Des ruines, des entrepôts, des sous-sols, des usines en ruine, des rues en ruine… Le soft cultive l’unité de lieu, parfois un peu trop. On passera outre, car nous savons vous et moi que le cadre n’est pas l’aspect le plus important dans un jeu de ce type, mais… On a très vite l’impression de tourner en rond, dans une faille spatio-temporelle.
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Enfin, la redondance s’installe aussi très vite dans le gameplay. Taper, avancer, taper, avancer, taper… On en vient très vite à se dire que la durée du jeu est juste parfaite… Et qu’il pourrait en devenir ennuyeux s’il durait plusieurs niveaux de plus. Encore une fois, les plus anciens ont l’habitude et seront ravis de retrouver cette redondance que l’on pourrait aussi reprocher aux plus grands (Final Fight ou Streets of Rage n’étaient pas mieux sur ce point). Mais un joueur d’aujourd’hui sera plus difficile à convaincre sur la durée.
Enfin, on pourrait aussi parler du scénario, que je n’ai pas encore abordé et qui, comme à la grande époque, tient sur un post-it. Vous incarnez des ninjas cyborgs, et vous lancez dans une grande purge… Dans le but de réduire à néant le grand méchant du jeu : l’infâme tyran Banglar… Voilà… En même temps, dans ce type de jeux, on se fout un peu du scénario, non ?
Au final
The Ninja Saviors : Return of the Warriors n’est pas forcément un titre sur lequel je me serais arrêté, en temps normal. Une erreur de ma part, qui m’aurait fait passer à coté d’un excellent jeu ! Car derrière son coté «simple remake de jeu rétro», le titre de Inin Games cache en réalité un jeu développé par des fans de baston des années 90, pour des fans de ces jeux… Et dans un total respect de ce qui faisait la richesse et l’intérêt de ces titres, à leur époque !
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Je ne le cache pas : pour un joueur habitué aux sauvegardes auto, aux vies à l’infini, aux aides en tout genre, et à la revente une fois le titre terminé… The Ninja Saviors ne sera qu’un titre, un peu difficile, parmi tant d’autres… Mais pour un gamer ayant grandi dans les années 80-90, et habitué à transpirer un minimum des pouces, la nostalgie opère. Et le plaisir d’antan ressurgit tel une ancienne recette de notre enfance.
Si vous êtes nostalgique des beat’em all sur MegaDrive ou Super-Nintendo, The Ninja Saviors : Return of The Warriors est un titre à essayer absolument. D’une part parce qu’il est agréable à jouer… D’autre part parce qu’il vous évitera de ruiner vos économies dans une cartouche SNES parfois surestimée…
The Ninja Saviors : Return of the Warriors
- Développé par Tengo Project (Natsume Atari), et édité par Inin Games (pour Taito).
- Sur Switch et PS4.
- Genre : beat’em all.
- Classification : PEGI 12.
- Prix : 19,99€.
Points positifs :
- Un jeu fun
- Un challenge corsé
- Des ajouts qui ont du sens
- L’OST
- 2 joueurs en coop
- Bonne rejouabilité si on aime le genre
- Une jouabilité sympa une fois prise en main
- Un petit prix
Points négatifs :
- Des niveaux qui finissent pas se ressembler
- Le clonage à outrance chez les ennemis
- La redondance qui pourra en freiner plus d’un