Le « Chien fou de Shimano » a enfin SON jeu à lui

Si vous suivez régulièrement notre site, vous savez à quel point j’ai une affection toute particulière pour la série Like a Dragon. Anciennement appelée Yakuza en Europe… (On vous explique pourquoi ici). Une grande saga souvent (injustement) comparée à GTA, mais qui est en réalité une fille spirituelle de Shenmue. En plus pêchue et en plus fun aussi ! Développée par Ryu ga Gotoku Studio (ou RGG Studio) et éditée par Sega, cette série nous fait suivre des Yakuzas (la mafia japonaise), des années 70 à aujourd’hui.

Au fil des épisodes, le joueur s’est attaché à Kazuma Kiryu. Héros aussi droit dans ses bottes qu’emblématique dans la saga. La franchise s’orientant désormais vers une nouvelle histoire, celle d’Ichiban Kasuga, personnage central du Like a Dragon : Infinite Wealth sorti début 2024. Mais s’il est un troisième personnage qui pèse dans la saga, au point de voler la vedette aux héros dans le cœur des fans… C’est bien Goro Majima ! Celui que l’on surnomme « le Chien fou de Shimano » est à la fois un antagoniste et un protagoniste. Un allié et un adversaire de Kiryu, pour ne pas dire son rival et meilleur ami. Goro respecte infiniment Kiryu, et veut être le seul à le battre. Et forcément, le joueur aime ce « bad boy » ! Si on devait le comparer à un autre personnage de la pop-culture, Goro est un peu le « Vegeta » de Like a Dragon.

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Aussi surprenant que cela puisse paraître, depuis l’apparition de la série, en 2005 sur PlayStation 2, ce personnage ultra-populaire qu’est Goro Majima n’a JAMAIS eu son jeu à lui. On peut l’incarner dans de brèves séquences de Yakuza Zero, Yakuza Kiwami 2, ou du spin-off horrifique Yakuza : Dead Souls… Mais c’est tout ! Dans tous les autres jeux, il n’est qu’un PNJ ! Jusqu’à ce que, en septembre 2024, RGG Studio et Sega annoncent un nouveau jeu de la série. Surprise : il fait suite à Infinite Wealth et se déroule dans le monde des pirates ! Et (grosse) surprise numéro 2 : on y joue enfin, dans un jeu complet, Goro Majima !

Concrètement, Like a Dragon Pirate Yakuza in Hawaii se déroule quelques mois après la fin de Like a Dragon Infinite Wealth. Et pour la première fois de la saga, ce n’est ni dans la peau de Kazuma Kiryu, ni dans celle d’Ichiban Kasuga que l’on commence l’histoire. Le jeu débute alors que ce bon vieux Goro se réveille sur une plage, sur la petite île tropicale de Rich Island. Le hic, c’est qu’il est amnésique. Il est aidé par Noah et son bébé tigre (qui s’appelle aussi Goro). Un petit garçon qui aspire à quitter cette île, et partir à l’aventure… Sans vous en dire plus du scénario (on vous garde la surprise), Goro se retrouve embarqué dans la plus belle vie qui soit pour un ex-yakuza, en devenant… Le capitaine d’un équipage de pirates !

Pro du recyclage

Pirate Yakuza in Hawaii se partage en deux boucles de gameplay distinctes. La première, c’est tout simplement la jouabilité des jeux Yakuza/Like a Dragon tels que vous les connaissez déjà. Ou plus exactement le gameplay des jeux d’action dans lesquels on incarne Kiryu (et non des deux titres avec Ichiban, qui sont des RPG au tour par tour). Nous sommes donc ici dans un jeu d’action à la 3e personne, avec des combats en temps réel… Dans lequel vous pouvez vous balader en ville, en tabassant des voyous qui viennent vous chercher des noises. Le jeu se partage en cinq chapitres (contre une quinzaine habituellement), comme un autre spin-off de la série : Like a Dragon Gaiden : the Man who Erased his Name.

Comme dans les autres titres de la série, lorsque les combats se déclenchent, Goro dispose de plusieurs types de combat. En l’occurrence deux : d’un côté le style Mad Dog, où les combos rapides, les coups de couteau… Et les enchaînements aériens s’entremêlent pour créer une véritable tornade de coups. Le style Majima, quoi ! Et puis, introduit avec cet épisode, le style Sea Dog, qui sort l’artillerie de pirate : coutelas à deux mains, sabres… Majima lâche des combos sanglants, et peut utiliser les Dark Instruments. Des trésors maudits capables d’invoquer des créatures mythiques (l’équivalent des Acolytes du précédent opus). On retrouve les améliorations de statistiques grâce à l’XP. Auxquelles s’ajoutent des bagues qui vous octroient des bonus (une seule par doigt).

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En dehors des combats, Goro peut se balader librement, soit pour suivre le scénario principal… Soit pour accomplir une multitude de quêtes annexes, toutes plus déjantées les unes que les autres. Si vous suivez la série, vous connaissez déjà. Majima peut venir en aide à des PNJ, aller manger au resto, jouer aux fléchettes ou à une version explosive du baseball, jouer les touristes avec le rallye-photo Alo-Happy… Ou, petite nouveauté, aider la police locale (et ramasser beaucoup d’argent) en tabassant des gangsters plus forts, et dont la tête est mise à prix. On retrouve aussi les mini-jeux introduits par Like a Dragon, Dragon Kart (inspiré par Mario Kart) ou encore Crazy Eats (la version Uber Eats de Crazy Taxi).

Très clairement, cette phase « à pied » va vous occuper pendant des heures. Point fort : il y a littéralement une tonne de choses à faire ! Et on peut simplement se balader en ville pendant des heures entières. Point faible : la carte d’Honolulu et les quêtes qui vont avec sont un gros recyclage de ce que vous avez déjà vu dans Infinite Wealth. Ceux qui ont poncé le jeu il y a un an risquent d’avoir un gros sentiment de redite, et peu de surprise. Autre bémol : le moteur graphique est vraiment vieillissant, avec des textures parfois datées, des expressions faciales tout aussi anciennes, et des animations rigides. On retrouve aussi les bugs habituels, entre les murs invisibles/obstacles infranchissables, ou les PNJ qui popent de nulle part !

LE jeu de pirates dont on rêve depuis longtemps ?

La seconde boucle de gameplay est, pour le joueur, un véritable choc : les batailles navales ! C’est la grosse nouveauté apportée par cet opus dédié à la piraterie ! RGG Studio parvient ici à nous donner ce qui nous manque depuis Assassin’s Creed Black Flag ! Dernier jeu à nous avoir proposé des batailles navales dignes de ce nom. Que le développeur du jeu lui même, Ubisoft, ne sera pas parvenu à nous rendre avec le décevant Skull & Bones ! Avec Like a Dragon : Pirate Yakuza in Hawaii, on retrouve le plaisir de Black Flag… Peut-être même un cran au dessus du côté du fun et de l’absurde ! C’est nerveux, fluide, facile à prendre en main mais aussi technique… Bref, une réussite !

Pour manœuvrer et tirer un maximum parti d’un navire comme le Goromaru (votre bateau de pirates), il va vous falloir un bon équipage. Alors, tel Luffy dans One Piece, vous allez partir en quête d’un équipage. Dans Like a Dragon, vous pouvez recruter à tout va ! Des PNJ qui ne demandent qu’à partir à l’aventure, il y en a des tonnes. Parfois de parfaits inconnus, parfois des personnages loufoques que vous avez déjà croisé précédemment. Mais on vous laisse la surprise. Une fois embauchés, vous devrez leur affecter un rôle sur le navire (canonniers, équipe d’abordage, etc). Vous devrez aussi booster leurs stats et leur motivation en leur faisant des cadeaux, organisant des fêtes sur le bateau, et en les envoyant au combat !

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Concrètement, vous devez traverser des routes maritimes, en vue à la 3e personne, sur lesquelles vous attendent des groupes de bateaux, prêts à en découdre. Lorsqu’ils s’approchent un peu trop près, vous pouvez les couler en utilisant la mitrailleuse frontale avec R1, ou les canons babord et tribord respectivement affectés à L2 et R2. Le but étant de bien se positionner, tout en évitant les tirs ennemis, matérialisés par une zone rouge sur la mer au moment où l’adversaire va tirer (ceux qui ont joué à Black Flag connaissent). Le joueur peut aussi, à tout moment, basculer en vue « pont » afin de contrôler individuellement chaque équipement, ou pourquoi pas, finir l’ennemi au bazooka. Une fois vaincus, les adversaires coulent. Les plus gros bateaux peuvent être abordés : vous envoyez alors votre équipe pour une bataille en mêlée générale.

Bien évidemment, le Goromaru peut être amélioré, en échangeant des matériaux à l’atelier de Julie, à Honolulu (encore un lieu connu pour les joueurs d’Infinite Wealth). Vous pourrez ainsi agrandir le navire, ajouter des canons, les modifier pour de plus puissants… Et vous pourrez aussi personnaliser le galion (couleur des voiles, coque, etc)… Notez aussi que, sur la mer, vous pourrez dévier de votre mission pour explorer et débusquer des îles où sont cachés des trésors. Mais attention : généralement, ceux-ci sont plutôt bien gardés ! Enfin, le repaire des pirates, Madlantis, propose un Pirate’s Coliseum où vous pourrez affronter des adversaires lors de batailles navales. C’est un peu l’équivalent des Arènes, au Château, dans Like a Dragon Gaiden: The Man Who Erased His Name, mais avec des bateaux !

Au royaume des aveugles… Les borgnes sont les rois

On ne va pas se mentir : un nouveau Like a Dragon est toujours un plaisir, et la série se place toujours au dessus de la moyenne de ce qui sort sur les différents supports. On apprécie d’autant plus que cet épisode n’est PAS un épisode canon dans la série, mais un spin-off développé par RGG Studio pour faire plaisir à ses fans, qui suivent la série depuis maintenant 20 ans ! Un jeu anniversaire, quoi ! Mais un spin-off avec une durée de vie à rendre jaloux beaucoup de AAA. Mais pour un vrai nouvel épisode, il faudra attendre encore un peu. Peut-être du côté de ce mystérieux Project Century, annoncé par RGG en décembre ?

Like a Dragon : Pirate Yakuza in Hawaii montre une fois de plus que la série accuse désormais le poids des années, et qu’elle va devoir urgemment se renouveler ! Comme on l’a vu plus haut, le moteur graphique Dragon Engine est clairement arrivé à bout de course. Les personnages sont rigides, tout comme les animations, on se heurte toujours à des obstacles improbables qui nous sortent de l’immersion… Sans parler de la gestion catastrophique de la caméra quand on est près d’un mur. Certes, ces lacunes techniques sont aussi dues au fait que le jeu est pensé pour tourner sur l’ancienne génération… Mais ça ne justifie pas tout !

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Pire encore, Pirate Yakuza in Hawaii souffre de plusieurs bugs plus ou moins pénalisants. Durant ce test, on aura par exemple croisé, à plusieurs reprises, une personne agressée par des loubards (vous pouvez alors interagir pour l’aider), mais dont la commande d’interaction est bloquée. Plus grave, dans le menu de personnalisation du navire, changer de voiles fait planter le jeu ! Avec un message d’erreur disant que le jeu a quitté car il est corrompu. Message suivi d’une éjection du CD ! Avec l’obligation, donc, de tout relancer ! Et en espérant qu’un patch nous permettra un jour de modifier l’apparence du Goromaru.

Enfin, même si c’est un réel plaisir de pouvoir enfin incarner Goro, on sent que cet épisode se cherche sur le plan narratif. Un peu comme si RGG avait fait le tour de sa licence. Et quand on y regarde de plus près, l’arc de Kiryu a touché à sa fin… Et celui de Ichiban a aussi trouvé une conclusion, pour le moment. On retrouvera sans doute ce dernier, mais dans une intrigue nouvelle. De ce point de vue, Goro, c’est un peu la roue de secours. D’un côté, on fait plaisir aux fans qui espèrent pouvoir l’incarner depuis longtemps… Et puis, ça évite d’écrire et démarrer un nouvel arc narratif. Mais il faut le reconnaître : si le scénario de ce Pirate Yakuza est cool et vous réserve quelques twists… Il n’est pas le meilleur, et de nombreux passages sont prévisibles, voire beaucoup trop légers pour sembler cohérents.

Au final

20 ans ! La série Ryu ga Gotoku/Like a Dragon/Yakuza fête ses 20 ans ! Et ses créateurs ne pouvaient pas nous faire plus beau cadeau qu’un jeu fan-service à 500%, dans lequel on incarne ENFIN le très aimé Goro Majima ! Pour fêter cet anniversaire, RGG Studio nous offre un CD qui, mieux qu’un spin-off, s’impose comme un vrai jeu complet, faisant suite à Like a Dragon : Infinite Wealth ! Mais un jeu qui, étrangement, nous donne l’impression d’être une transition vers… Autre chose. Ce qui peut être cohérent puisque RGG Studio a encore une autre série géniale, Judgment, sous le coude… Et nous prépare, comme indiqué plus haut, un mystérieux Project Century… Wait and see…

Malgré tout, Pirate Yakuza in Hawaii reste perfectible. Son scénario est plus léger, et parfois moins crédible, que les autres jeux de la série, malgré quelques twists sur la fin. On peut aussi lui reprocher une technique qui commence à se faire vieillissante… Ou un énorme recyclage de Infinite Wealth. Un jeu donc perfectible, mais réussi ! Et quoi qu’il en soit, le studio RGG fait ce qu’il sait faire de mieux : nous amuser et nous captiver avec un gameplay nerveux, des mécaniques efficaces, beaucoup d’humour et de générosité.

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En attendant un vrai nouveau jeu complet, RGG Studio nous offre donc ici un spin-off qui tient davantage de l’épisode à part entière que du simple DLC amélioré. Malgré ses (seulement) cinq chapitres, ce Like a Dragon : Pirate Yakuza in Hawaii nous en donne pour notre argent, avec une durée de vie qui rivalise avec celle d’un AAA. En effet, si vous comptez finir Pirate Yakuza in Hawaii à 100% en bouclant toutes les miniquêtes… Vous pouvez tabler sur un minimum d’une cinquantaine d’heures.

En conclusion, Like a Dragon : Pirate Yakuza in Hawaii est un jeu que l’on vous recommande évidemment ! Que vous soyez fan de la série ou à la recherche d’un bon jeu d’action. Ne serait-ce que pour ses batailles navales, parmi les plus réussies dans le monde du jeu vidéo. Un jeu qui, quels que soient ses qualités et ses défauts, nous donne la banane une fois la manette en main. La série Like a Dragon est décidément devenu une valeur sûre pour Sega (pour ne pas dire sa licence la plus forte)… On en a encore la preuve aujourd’hui.


Like a Dragon : Pirate Yakuza in Hawaii

  • Une grosse durée de vie si vous visez le 100%
  • Un jeu complet dans les bottes de Goro Majima
  • L’ambiance : c’est toujours aussi délicieusement débile
  • De nombreuses têtes connues
  • Un humour tellement perché qu’il envoie des signaux depuis l’espace
  • Un gameplay nerveux et grisant, et qui sonne juste tant sur l’eau que dans les rues
  • Les nouveaux personnages sont attachants
  • Des tonnes de mini-quêtes, ou d’objets à collecter
  • Voix japonaises et sous-titres en VF
  • Les musiques qui collent à l’ambiance
  • Les batailles navales réussies
  • Le nombre de matelots (connus et moins connus) à recruter
  • Même remarque que pour les derniers jeux LaD : il est grand temps de changer de moteur graphique !
  • Quand on connaît les mécaniques et que l’on sait booster ses compétences, on a vite un personnage cheaté
  • Seulement 5 chapitres
  • Un scénario trop générique (comme les ennemis) et plus faible que les précédents opus
  • Un énorme bug avec la personnalisation du navire
  • Des soucis de caméra près des murs
  • beaucoup de recyclage d’Infinite Wealth