Une série aussi universelle qu’intemporelle

Le 20 novembre 1984, le Weekly Shonen Jump prépublie le début d’une aventure créée par un tout jeune mangaka, un certain Akira Toriyama. Dragon Ball (ça se prononce Doragon Bōru en japonais) est un récit qui mélange humour, voyage et combats en s’inspirant énormément du roman chinois  La Pérégrination vers l’Ouest, de Wu Cheng’en… On ne vous fera pas l’affront de vous réexpliquer ce qu’est ce manga culte. Et à quel point cette saga est l’une des plus mémorables des dernières décennies. Car 40 ans plus tard, Dragon Ball est toujours là, et compte parmi les licences les plus appréciées dans le monde. Et un triste hasard fait qu’un nouveau jeu Dragon Ball Budokai Tenkaichi arrive la même année que la mort de son créateur, le 1er mars dernier.

Évidemment, vous vous doutez que le jeu vidéo ne pouvait pas passer à côté d’une série aussi populaire. Sans rentrer dans les détails, de la Epoch Cassette Vision en 1986 jusqu’aux machines actuelles… On compte pas loin de 70 jeux Dragon Ball, essentiellement des jeux de combat. Pour la communauté des gamers, la référence absolue restera la série des Budokai Tenkaichi, et plus particulièrement Budokai Tenkaichi 3 (PS2 et Wii) avec son casting de malade. Bien que, avis de fan, Dragon Ball Z Budokai 3 était aussi très bon avec son mode aventure en openworld. Et bien que Raging Blast 2 (PS3/X360), Dragon Ball Xenoverse 2, Dragon Ball FighterZ (PS4/PS5, XBox One et Series, Switch et PC) et Dragon Ball Z Tenkaichi Tag Team (PSP)… Furent aussi de bons jeux !

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Toujours est-il que, pour les amoureux de Kamehameha, Final Flash ou Masenko, l’attente aura été longue ! Budokai Tenkaichi 3 est sorti en 2007. Il y a donc 17 ans que les fans réclamaient le retour de la série. Bandai Namco les a entendus, puisque le 6 mars 2023, dans le cadre de la Dragon Ball Games Battle Hour, l’éditeur annonçait la suite tant attendue. On découvrait cependant que le jeu ne s’appellerait pas Budokai Tenkaichi 4. Mais qu’il reprendrait son nom japonais d’origine : Sparking! Et plus particulièrement Sparking! Zero. Et au fil des trailers, on découvrait le casting le plus impressionnant pour un jeu DB. Soit 182 combattants au lancement du jeu.

Édité par Bandai-Namco, le jeu est développé par Spike Chunsoft. Un studio que vous connaissez si vous avez joué, par exemple, aux Pokémon Donjon Mystère, à One Piece : Burning Blood, aux Danganrompa, ou encore au cross-over Jump Force. Spike Chunsoft est né de la fusion, en 2012, entre Chunsoft et Spike, développeur historique des jeux Dragon Ball Z Budokai Tenkaichi, Raging Blast 1 et 2, Ultimate Tenkaichi… Bref, un studio qui n’en est pas à ses débuts sur la licence dérivée du manga de Toriyama-san. Autant dire qu’avec ce Dragon Ball : Sparking! Zero, les développeurs savent de quoi ils parlent…

On prend les mêmes et on recommence…

Pas grand chose à dire du côté du scénario du jeu, puisque vous le connaissez déjà depuis des années : arcs des Saiyans et de Freezer, de Cell puis de Buu, de Dragon Ball GT ainsi que les différents OAV… L’histoire est la même depuis des décennies. Si ce n’est qu’ici, on modernise la formule en ajoutant aussi Dragon Ball Super (jusqu’au Tournoi du Pouvoir, avec Jiren). Cependant, on apprécie de voir un mode Histoire qui s’écarte du standard linéaire imposé depuis pas mal d’épisodes. Ici, vous devrez choisir un personnage (Goku, Gohan, Végéta, Piccolo, etc), et ne revivrez que ses combats à lui. Avec aussi quelques scénarios « what if » qui apportent encore plus de variété et d’originalité.

La grande force de la série Budokai Tenkaichi a toujours été son casting XXL. Dans ce Sparking! Zero, vous pourrez débloquer un total de 182 combattants à la sortie du jeu, de Dragon Ball à Dragon Ball Daima. Enfin, plus exactement, il vous faudra réussir quelques défis pour les obtenir, mais au moins, vous n’aurez pas à dépenser une fortune en DLC pour réunir tout le roster du jeu ! Avec cependant, sans doute, quelques DLC dans le futur. Mais un gros casting, qui brasse de Dragon Ball à Dragon Ball Super (voire Daima si vous aviez précommandé le jeu). Et quoi qu’on en dise, coller une rouste à Jiren en incarnant Kame Sennin est une satisfaction indescriptible pour le joueur.

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On ne va rien vous apprendre : Dragon Ball : Sparking! Zero est un jeu de combat en 1 vs 1 (versus fighting). Contrairement à un Tekken ou un Street Fighter, ici on peut s’envoler, et envoyer des gigas kaméhaméhas à un adversaire planqué à des centaines de mètres. On peut aussi détruire une bonne partie de l’environnement… Bref, c’est nerveux, et particulièrement jouissif. Si ce n’est que la technique n’est pas aussi évoluée que dans les jeux cités plus haut. On enchaîne avec la touche carré ou X, on recharge son Ki avec R2, on balance un spécial avec R2+carré/X ou triangle/Y… Et une fois la jauge dédiée remplie, on peut balancer une attaque ultime avec R2+rond/B… Chaque personnage a ses propres attaques, mais la répartition des touches est la même quel que soit votre champion.

Si vous connaissez déjà les Budokai Tenkaichi, vous ne serez donc pas dépaysés. Au premier abord, cette jouabilité laisse donc penser que le jeu va être assez bourrin. Ce qui n’est pas faux, et si vous cherchez à expédier les combats, il sera assez facile de spammer les attaques les plus puissantes pour plier les combats. Mais en creusant, vous réaliserez vite que, contre des adversaires de votre niveau, ou contre une IA mieux calibrée, vous devrez adapter votre jeu. Et développer des stratégie qui utilisent davantage les variations de combos, les cancels, les poursuites, combo-breakers ou contres automatiques, etc. La meilleure façon d’apprendre étant de s’entraîner, on vous conseille de commencer par des combats ou un tournoi, plutôt que par un tutoriel aussi laborieux que lapidaire.

De quoi vous occuper un bon moment

Au chapitre des menus, on est sur du classique. Épisode et Combat Personnalisé correspond grosso modo à l’ancien mode Histoire, dans les volets précédents. Ici, plutôt que de revivre tous les chapitres de l’histoire de DBZ… Vous allez tout simplement revivre les combats phares de plusieurs personnages emblématiques triés sur le volet. Comme Goku, Vegeta, Gohan, Piccolo, Trunks, Freeza… Par exemple, si vous choisissez Goku, vous ferez le début du combat contre Cell, puis vous passerez à Buu. Puisque dans le manga, c’est Gohan qui termine le cyborg. Un schéma qui casse la linéarité à laquelle la série de jeux vidéo nous avait habitués.

Dans ce même menu, les combats personnalisés consistent, comme leur nom l’indique, à configurer votre combat idéal : combattants et arène, difficulté, conditions de victoire, mais aussi scène d’intro, titre, etc. Puis vous pourrez partager votre création avec la communauté. Ou dans l’autre sens, vous pourrez aussi relever le défi proposé par les autres joueurs. L’onglet suivant, Combat et Entraînement, réunit les combats simples (contre l’IA ou contre un autre joueur), le mode entraînement, ou le Championnat du monde. Les Défis et Missions sont un moyen d’obtenir des récompenses (comme par exemple de l’argent, ou des boules de cristal) si vous remplissez des missions précises, imposées par Whis ou par Zen’Ô.

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Le menu suivant s’intitule Boutique et Personnaliser. Bon, ici, ce n’est pas vraiment compliqué, puisque c’est le menu qui vous permettra d’acheter des personnages, des tenues alternatives, des styles de combat IA, des musiques, des dialogues… Bref, tout ce qui vous permettra de personnaliser vos avatars favoris. Attention : s’il est tentant d’investir quelques milliers de zennies pour débloquer des personnages ou des tenues, sachez que la plupart se débloquent grâce au mode Episode. Bref, au niveau du contenu, le jeu vous assure une solide durée de vie.

Les deux derniers menus sont Galerie et Apparais… Le premier, comme son nom l’indique, est le menu qui vous permet de voir les fiches des différents personnages, de consulter vos données de joueur, ou de regarder vos replays. Enfin, le tout dernier menu est celui qui vous permet de faire apparaître Shenron, Polunga ou Super Shenron, une fois sept boules réunies. Le jeu vous proposant alors plusieurs vœux au choix : gagner en puissance, gagner des zennies, débloquer des personnages, etc. Encore une fois, pensez à bien réfléchir, et à ne pas griller un vœu pour rien. Ou pour un résultat que vous gagnerez plus tard.

Visuellement c’est beau, mais….

On ne va pas vous dire le contraire : visuellement, le jeu est magnifique ! Du moins, la modélisation des personnages est superbe : c’est coloré, les protagonistes sont détaillés, dans un style visuel qui vous rappellera l’anime. Le tout est renforcé par la gestion de la dégradation, entre les vêtements des combattants qui se déchirent au fil du combat, ou les arènes en grande partie destructibles. Génial ! C’est vraiment ce dont pouvaient rêver les fans de Dragon Ball. Les combats sont aussi mis en valeur par une mise en scène nerveuse, très dynamique qui, une fois encore, nous plonge à 200% dans l’ambiance de la série. C’était un point fort dans Dragon Ball FighterZ, que l’on est heureux de retrouver ici.

Pourtant, cette superbe mise en scène peut aussi desservir le jeu. Notamment avec des effets pyrotechniques qui explosent tellement à l’écran qu’ils peuvent parfois compromettre la lisibilité. Ce qui, avouons le, n’est rien à côté des soucis liés à la caméra, qui pète parfois les plombs, et rend l’action illisible. On se prend parfois à chercher l’adversaire à l’écran, et à le trouver en prenant un kikoha par derrière : avec une difficulté élevée, ça peut devenir problématique ! Il est où, au fait, le lock ?

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Si le chara-design est réussi, on est un peu plus sceptiques concernant les environnements. Exceptée celle qui est liée au Tournoi du Pouvoir, on va retrouver des arènes que l’on connaît toutes par cœur : plaine, désert, salle de l’esprit et du temps, Namek, Tournoi d’arts martiaux, île au milieu de l’océan, ville ou ville détruite… Ce sont les mêmes zones de combat que l’on connaît depuis des décennies, dans les jeux Budokai Tenkaichi ou dans tous les autres (Xenoverse, FighterZ…). Certaines ayant même disparu au passage, comme le Palais du Tout Puissant, ou l’Enfer de Janemba… Certaines arènes peuvent aussi décevoir avec des textures vieillottes.

Enfin, dernier reproche que l’on pourra faire au jeu : l’ergonomie de ses menus n’est pas la plus réussie. Si vous revenez sur le détail expliqué plus haut, on s’étonne par exemple de voir les Combats Personnalisés sous le même onglet que les Episodes (mode histoire). De même, si les combattants étaient autrefois rangés par thématique (une ou plusieurs lignes pour les saiyens, une ligne pour les méchants des OAV, une ligne pour les cyborgs, etc.), on s’étonne de les voir ici jetés en vrac, sans véritable cohérence (ou alors elle nous échappe). Alors, dans les menus comme dans le roster, on cherche parfois… Pour un jeu destiné aux fans, la présentation fait parfois un peu brouillonne. Dommage.

Dragon Ball Z : Budokai Tenkaichi 3 était-il meilleur ?

Sparking! Zero est malgré tout une bombe ! Tant sur le plan visuel que pour le plaisir que procure la moindre partie ! Pourtant, un fan de la première heure ne pourra s’empêcher de comparer ce nouvel opus avec ceux qui ont ouvert la route. Et en toute franchise, si DB Sparking! Zero est un jeu à posséder absolument sur PS5/Series, il est difficile de passer à côté de la comparaison avec Budokai Tenkaichi 3. Alors, c’est ce qu’on va voir ici.

Tout d’abord, dans Budokai Tenkaichi 3, tout est déjà là. Le mode histoire, les défis, l’entraînement, le combat en local ou en ligne, l’encyclopédie DBZ, les vœux de Shenron… Sur ce point, Sparking! Zero s’inscrit dans la continuité de son aîné. Reprenant même son identité visuelle dans ses menus. Du moins, le menu offre une apparence visuelle qui aidera grandement les fans à se sentir comme à la maison. Mais alors, sur quels points Sparking! Zero peut-il se démarquer ? Et bien, le premier, ce sont tout simplement les modes online, aujourd’hui maîtrisés, mais à leurs balbutiements voire inexistants dans certains jeux en 2007. Le second aspect qui nous saute aux yeux, c’est l’ajout des combats personnalisés. Un outil qui laisse beaucoup de libertés et de créativité aux joueurs.

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En 2007, le roster comptait 161 combattants (de Dragon Ball à Dragon Ball GT) dans Dragon Ball Budokai Tenkaichi 3, sur PS2 et Wii. Soit 21 personnages de moins que dans Sparking! Zero. Mais sur les 182 personnages de 2024, on compte énormément de variantes, de redites. Ainsi par exemple, Goku et Vegeta sont déclinés en une trentaine de variantes rien qu’à eux deux. Car les nouvelles séries nous ont apporté les versions SSJ God, SSJ Blue, ou encore Ultra Instinct. Budokai Tenkaichi 3 proposait donc moins de super-saiyens… Mais une plus grande variété dans son roster. On pouvait y jouer par exemple Babidi, Arale (Dr Slump), Diableman, Pilaf, Chichi ou Papy Gohan (Dragon Ball)… Sans oublier Sû Shenron (DB GT) ou Paikûhan, rival et ami de Goku dans le monde des morts.

C’est donc par un autre procédé, inexistant en 2007, que Sparking! Zero se démarquera sur le long terme : les DLC ! Vous pensiez être à l’abri avec un roster si impressionnant ? Détrompez vous ! Ils sont bien prévus, et d’ailleurs certains personnages sont des bonus de précommande. D’ailleurs, le jeu propose déjà un season pass, qui laisse penser que de nouveaux combattants arriveront ces prochains mois. Le store vous permet aussi d’acquérir des musiques des animes. Mais là encore, il faudra payer pour les obtenir (dommage, on aurait aimé les avoir dans le jeu de base).

Au final

Il aura fallu attendre 17 ans pour que Shenron exauce notre vœu de revoir tourner un Budokai Tenkaichi sur nos consoles favorites. Et quel jeu ! Ce Dragon Ball : Sparking! Zero est sans aucun doute le meilleur jeu dérivé de la saga Dragon Ball que nous ayons vu depuis longtemps (Xenoverse 2 et FighterZ étaient de très bons jeux, mais hélas vendus en kit avec une armada de DLC). Bien qu’il ne révolutionne pas la série, le jeu brille par sa générosité, son gameplay à la fois accessible aux néophytes comme aux puristes du Kamehameha.

Dragon Ball : Sparking! Zero, c’est une marge de progression sur la durée, du fun et de la démesure dans la mise en scène, un casting de dingue, et du fan service à 300%. Avec des possibilités d’évolution sur le long terme, notamment avec des season-pass et DLC divers. Le jeu est une franche réussite dans la mesure où il comble notre attente, réalise nos souhaits de fans. Sans forcément en donner beaucoup plus pour le moment… Mais le contrat est rempli. Et largement, en plus !


Dragon Ball : Sparking! Zero

  • par : Spike Chunsoft, pour Bandai Namco.
  • Sur : PS5, XBox Series, PC
  • Genre : combat
  • Classification : PEGI 12
  • Prix : 79,99€
  • Conditions de test : testé (et terminé) sur PS5, sur une version fournie par l’éditeur.
  • La mise en scène hyper nerveuse des combats
  • Un casting gigantesque
  • Une jouabilité accessible au plus grand nombre, et rapidement
  • La modélisation des personnages : beau, coloré, c’est du pur DB
  • Les voix japonaises
  • Le mode Episodes va vous tenir un moment grâce au challenge qu’il propose
  • Les combats personnalisés
  • Pas mal de mécaniques pour satisfaire les techniciens de la baston
  • La satisfaction de bourrer des dieux avec Yamcha ou Krilin
  • Des scénarios « what if ? »
  • Les nombreux costumes alternatifs à débloquer, et la personnalisation des combattants
  • Solide durée de vie
  • La caméra qui part parfois en sucette, donc jeu pas toujours très lisible
  • Des redites dans le casting
  • Hormis les modes online et les DLC, un jeu qui ne réinvente pas vraiment la formule
  • On cherche parfois dans des menus qui manquent d’ergonomie
  • Un mode tutoriel peu inspiré
  • Toujours les mêmes arènes
  • On aurait adoré de la VF
  • Les musiques des animes en DLC payant