Attendu par les amateurs de deux-roues, Ride 4 est enfin disponible sur PC, Xbox One et PS4. L’italien Milestone est aux commandes de ce que l’on pourrait qualifier d’un « Gran Turismo » ou un « Forza » de la moto, accessible au plus grand nombre. Mais dans les faits, l’est-il vraiment ? C’est ce que nous allons voir aujourd’hui.
Quatre jeux en cinq ans
Les amateurs de deux-roues sont plutôt bien servis, avec des licences faisant aujourd’hui office de références. Et quand on y regarde de plus près, les principales franchises proviennent d’un même développeur, aujourd’hui reconnu mondialement pour sa maîtrise du sujet : l’italien Milestone !
Les amateurs de moto-cross (ou MX) donc, se tourneront davantage vers la licence MXGP. Tandis que les amoureux de grands prix et de courses opteront pour le cultissime MotoGP. Restent ceux qui préfèrent un jeu plus générique, plus grand public (et moins « de niche ») à l’image de ce que Gran Turismo ou Forza sont pour les voitures. Et pour cela, il existe une troisième licence : Ride !
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La franchise est apparue en 2015 sur PS3 et X360, PS4 et Xbox One, et PC. Un an plus tard, nous aurons un Ride 2 sur PS4, One et PC… Puis un Ride 3 en 2018 sur les mêmes supports. Autant dire que ce Ride 4 était attendu au tournant par les fans, et ce depuis son annonce officielle en décembre 2019. Signe particulier : en janvier, il sera le premier titre de la série à débarquer aussi sur PS5 et Xbox Series X/S (gratuit pour ceux qui auront acheté une version PS4 ou XOne, jusqu’au 30 avril 2021).
Un jeu punitif
Je vais vous faire la version courte : j’ai failli décrocher du jeu dès le tout début, avant même qu’il ne commence ! La raison ? Pour le lancer, vous devrez boucler un chrono, lors d’un défi qui sert en quelque sorte d’évaluation. Viser le bronze, l’argent ou l’or sur le circuit japonais de Tsukuba… Rien de bien sorcier me direz-vous…
Si ce n’est que le simple fait de mordre sur le bas côté vous pénalise : votre tour est invalidé ! Cumulez les erreurs et le tour suivant sera aussi annulé… Il faudra alors désormais boucler deux tours « blancs » avant que le chrono ne se déclenche, en espérant ne pas faire d’erreur d’ici là… Et je n’ai même pas encore atteint la page d’accueil du jeu, quelle entrée en matière !
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Comme il est impossible de revenir en arrière une fois un challenge lancé, il m’aura fallu effacer ma sauvegarde depuis le menu de ma PS4, pour tout reprendre de zéro, en m’attardant cette fois sur la configuration de mon pilote, et son style de pilotage. Et cette fois ça passe ! Ça démarre mal ! Et ça n’ira pas en s’arrangeant, tant le jeu est exigeant dans sa conduite, et punitif dans son arbitrage. Ajoutez à cela une IA (ANNA, mais je vais y revenir) sans pitié… Et vous obtenez un jeu qui ferme la porte aux joueurs occasionnels.
Et c’est vraiment dommage, car le gameplay de ce Ride 4 est une franche réussite ! Le jeu perd la sensation de glisse parfois trop constante que l’on pouvait avoir dans les derniers MotoGP. La sensation de vitesse est extraordinaire (encore plus en vue « bulle »), avec les sons moteurs couverts par le vent, la caméra qui vibre à pleine vitesse, l’animation du pilote… Clairement, Milestone a repris ici le meilleur de ses précédents jeux, en termes de gameplay et de sensations !
Visuellement, c’est plutôt pas mal
Gros point fort du jeu : visuellement, il est vraiment chouette ! Les motos sont joliment modélisées, pour ne pas dire magnifiques. Elles ont été reproduites à partir de scans CAD et 3D originaux de modèles réels, et cela se voit… Et tout passionné de bécanes se réjouira des nombreuses options de personnalisation offertes par ce Ride 4, avec des boutiques in-game qui regorgent d’articles. Même constat pour le pilote, avec des animations convaincantes : en début de partie, vous pouvez même choisir son style de pilotage (épaule en avant, genou qui rase le sol, conduite a à l’ancienne…).
Aujourd’hui, un jeu de courses peut difficilement se passer d’une bonne météo dynamique, et Ride 4 ne déroge pas à la règle. La météo évolutive est enfin disponible dans la licence Ride, sur l’ensemble des circuits. Le rendu visuel est vraiment magnifique, avec un vrai background évolutif : vous ressentez l’évolution du terrain d’un tour à l’autre. Et si conduire sous la pluie est généralement un calvaire, c’est aussi un régal pour les yeux (les éclairages, très réussis, ajoutent aussi à la claque visuelle). C’est même sans doute la plus grosse réussite graphique de cet épisode, tant cet aspect est maîtrisé.
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Toutefois, le jeu ne nous épargne pas quelques petits loupés visuels, qui sont un peu devenus la marque de fabrique de Milestone. Comme le fait que, Ride 4 comme les MotoGP, peut s’enorgueillir de parfaitement respecter les gestes barrières. Ici, les circuits sont vides, et vous ne retrouverez pas l’ambiance folle des GP dans les tribunes… Qui se déroulent visiblement dans des zones sous confinement !
Un mode carrière décevant
S’il est un aspect qui m’a déçu dans ce Ride 4, c’est bien son mode Carrière ! En quelques mots, vous allez vous contenter d’enchaîner des courses et des défis (contre-la-montre, courses rapides…). Pas de scénarisation, pas de gestion d’une écurie… Et si vous avez le malheur de le comparer avec le génialissime mode Carrière de MotoGP20 (qui s’élevait au niveau de celui d’un F1 2019 ou 2020)… Vous aurez vite l’impression de jouer à une version low-cost de MotoGP20, justement !
En début de partie, vous allez devoir choisir la zone géographique (Amérique, Asiatique, Européenne) dans laquelle vous allez débuter votre Ligue Régionale. Vous devrez ensuite remporter des défis et des coupes, et devrez empocher suffisamment de points pour débloquer le défi suivant (et des motos). Une fois toutes les épreuves terminées dans votre ligue, vous pourrez monter en classement mondial, puis en Superbike. Mention spéciale pour la jauge d’affinité que votre pilote va faire progresser avec les modèles de motos qu’il utilise.
Dans ce mode, on trouve un (très) gros problème déjà évoqué : une fois votre choix de défi effectué, il est impossible de revenir en arrière. Et puisque le jeu vous demande de remplir une épreuve pour pouvoir passer à la suivante, vous pouvez rester bloqué un long moment si vous butez sur un défi. Voilà qui rejoint l’argumentaire concernant la difficulté et le coté parfois frustrant du jeu ! Le hic avec ce mode Carrière, c’est que le mode Course Rapide propose la même expérience de jeu, avec cependant la possibilité de choisir sa moto et son circuit…
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La nouveauté qui m’a le plus séduit est l’arrivée du mode Endurance dans Ride 4 (on peut régler la durée, et enchaîner les tours jusqu’à 24 heures). Et si les gamelles sont toujours de la partie, qu’il est réaliste et agréable de gérer son carburant, ou ses pneus, de devoir repasser aux stands lorsque la pluie se met à tomber ! Non content de nous offrir un défi authentique, ce mode met au maximum en avant le cycle jour/nuit et la météo dynamique, de bien belle manière ! Un mode réussi dont la licence avait besoin ! Gros bémol cependant : si l’on pourra s’éclater sur le circuit de Magny-Cours, l’absence du tracé du Mans est incompréhensible…
Pour le reste, les amateurs de multijoueur regretteront quant à eux l’absence (désormais prévisible) de multi local. Vous devrez vous contenter du multi-online, mais jouable jusqu’à 12 sur des serveurs dédiés… Et puisque je parle des absents, les amateurs de MX déploreront aussi la trop grande discrétion de la catégorie Super-Motard. Quatre modèles Super-Motard 450 sont présents (Kawasaki, Yamaha, KTM, Husqvarna), soit deux fois moins que dans Ride 3. Aucune piste de terre ne leur est dédiée, contrairement à l’opus précédent. Milestone se prive ainsi d’une niche, avec une expérience qui était pourtant réussie dans Ride 3 !
Un gros contenu, vraiment ?
Si vous découvrez la licence avec cet épisode, alors vous serez impressionné par le nombre de motos mises à votre disposition. Pour l’heure, on dénombre un total de 17 marques (dont Yamaha Motors qui est l’un des partenaires du jeu, avec la marque de pneus Bridgestone) et 175 motos ! Pour un passionné de deux-roues, c’est très honorable, même si les possesseurs de Ride 3 vous feront remarquer qu’à son lancement, le jeu précédent proposait 268 modèles !
De même, les amoureux de courses retrouveront les tracés les plus emblématiques du sport mécanique. À l’image de Suzuka, Tsukuba, Interlagos, Magny-Cours, Laguna Seca, Monza, Mugello, Snetterton… Soit au total 30 circuits.
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Mais rassurez-vous ! Ride 4 n’a pas fini de s’améliorer, et on sait déjà que Milestone va déployer de nombreuses mises à jour, qui apporteront des DLC. L’éditeur en a déjà annoncé 32 (dont 14 gratuits) d’ici le 31 août 2021, soit 65 nouvelles motos et 2 pistes supplémentaires. Trois DLC sont d’ores et déjà dispos : un pack de crédits (4,99€) et deux packs de motos (2,99€ chacun).
S’il est un autre aspect qui va vous tenir en haleine pendant des heures entières, c’est bien la personnalisation des bécanes, casques, tenues… Car si Ride 3 proposait déjà de nombreux kits de personnalisation, ce nouvel opus va encore plus loin dans le délire… Et on attend avec impatience les prochains kits déco. Un aspect qui compense, en quelque sorte, le point précédent, puisque vous pourrez créer quasiment tous les skins possibles. Et comme dans Gran Turismo Sport, vous pourrez partager vos créations avec la communauté.
ANNA, c’est bien et c’est pas bien !
Si vous êtes familier des jeux Milestone, vous avez forcément déjà entendu parler de A.N.N.A. Derrière cet acronyme qui signifie Artificial Neural Network Agent, on trouve le système révolutionnaire d’intelligence artificielle neuronale du développeur italien. Une IA voulue comme très réaliste, avec des comportements crédibles, et digne de vrais joueurs humains.
Sur le papier, c’est une excellente chose, tant l’IA est souvent un aspect qui déçoit, dans de nombreux jeux. Et chez Milestone, ANNA a déjà fait ses preuves sur les deux derniers MotoGP. Si ce n’est qu’ici, l’IA est sans pitié ! Croyez-moi, vous allez user et abuser de la fonction « rewind » (un retour en arrière qui vous permet de remonter quelques secondes avant une erreur, pour retenter votre chance) !
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En effet, si le pilotage IA est plus réaliste, vos adversaires ne vous feront pas de cadeaux sur le tarmac. Et si vous coupez leur ligne, ils ne chercheront pas à vous éviter, et vous accompagneront dans le gravier. Le pilotage dans des conditions plus exigeantes, sous la pluie par exemple, devient un véritable parcours du combattant, une véritable épreuve. D’autant que si vous chutez, vos adversaires vont mettre une distance folle entre eux et vous. Autrement dit, à la moindre chute, vous êtes largué, et les chances de remonter dans le classement s’envolent…
Avec ANNA, l’expérience compétitive est plus authentique… Mais aussi plus complexe. Et autrement dit, vous devrez réaliser la conduite parfaite sur piste sèche… Ou vous inscrire en école de sorcellerie pour espérer gagner sur piste détrempée ! La moindre petite erreur se paie cash !
Au final
Ride 4 est un bon jeu de motos pour les sensations qu’il procure, mais… Purée qu’il est difficile ! On nous avait vendu le jeu comme un titre accessible à tous, il n’en est rien ! Pour son exigence et sa punitivité, il est à réserver aux amateurs de simulateurs de deux roues, les autres risquent de vite se décourager ! Mais les fans prendront un pied énorme, tant la sensation de vitesse va vous décoiffer !
Pourtant, le jeu souffre d’un énorme défaut qui pourra vous faire hésiter ! Un contenu trop maigre, et notamment son mode Carrière étrangement décevant lorsque l’on a vu il y a quelques mois celui de MotoGP20 qui était purement excellent ! De ce fait, Ride 4 est en retrait par rapport à Ride 3 dans son expérience de jeu.
Aussi, si vous ne connaissez pas la licence, et si vous aimez (vraiment) le challenge, vous pouvez foncer. Visuellement, et en termes de sensations, le titre de Milestone repêche ses défauts par sa jouabilité jouissive. Mais si vous avez déjà poncé Ride 3, attendez peut-être un peu, une baisse de prix… Car vous pourriez vite faire le tour de ce Ride 4, et être déçus par le manque global de nouveauté.
Ride 4
- Par : Milestone.
- Sur : PC, PS4 et Xbox One. Puis le 21 janvier sur PS5 et Series X/S.
- Genre : Simulation de motos.
- Classification : PEGI 3.
- Prix : 69,99€.
Points positifs :
- Des motos chouettement modélisées
- Le jeu intègre le système ANNA (intelligence artificielle)
- La météo dynamique et le cycle jour/nuit
- Les jeux de lumière vraiment beaux
- La customisation très complète
- Le mode Endurance
- Les sensations grisantes
- Plein de DLC en approche
- Des serveurs dédiés pour le online
- Un mode « photo » pour ceux que ça intéresse
Points négatifs :
- Punaise que ce jeu est dur ! L’IA trop sévère
- Un mode carrière pas vraiment intéressant
- Pas de multijoueur local
- Des environnements trop vides
- Moins de motos que dans Ride 3 au lancement
- Pas possible de revenir dans le menu une fois un défi lancé
- La catégorie Grand-Motard en mode furtif