Codemasters est de retour, ce mois-ci, sur le tarmac avec son nouveau titre : Grid. Plus orienté arcade qu’un F1 2019, il nous emmène dans le milieu de la course automobile, autour du monde. Un milieu qui ne va pas vous faire de cadeaux.
Grid, le retour ?
Autant qu’on se le dise, Grid n’est pas un nouveau jeu ! On peut même considérer qu’il fait partie d’une vieille série dans la mesure où ce titre est une émanation de TOCA Touring Car, apparue en 1997 sur PlayStation et PC (déjà avec Codemasters aux commandes). Il y a 22 ans, déjà !
Plus exactement, l’appellation Grid est apparue en 2008 avec Race Driver : Grid, sur PC, X360 et PS3. Le nouveau titre qui nous intéresse aujourd’hui peut donc être considéré comme le 17e opus de la série.
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Mais comme je l’ai écrit plus haut, on ne peut pas vraiment le considérer comme un nouvel épisode dans le sens où il s’inspire très fortement du tout premier Grid (de 2008, donc). Ni un portage ni un remake, on peut ainsi l’assimiler à un reboot pour les machines actuelles.
Visuellement, c’est assez inégal
La première chose qui saute aux yeux, lorsque l’on lance le jeu, c’est la beauté de ses véhicules. La modélisation des différentes voitures est superbe ! Si les textures des décors restent dans l’ensemble assez classiques, elles font le job et nous offrent quelques chouettes tableaux, notamment lorsqu’il s’agit de conduire en milieu urbain.
Contrairement à d’autres titres du genre que l’on ne citera pas ici, la gestion des dégâts est vraiment pas mal ! Les rétros s’arrachent, les pare-chocs finissent par se décoller, les pare-brises se fissurent, et votre carrosserie finira bien souvent avec d’affreuses rayures bien marquées. Notez que l’affichage des dégâts, selon votre préférence, ira du simplement cosmétique au franchement handicapant (une crevaison ou une casse pouvant vous contraindre à l’abandon si vous activez les dégâts réels).
En revanche, le titre de Codemasters peut aussi parfois surprendre, et pas forcément dans le bon sens du terme. Prenons l’exemple des rétroviseurs ! Un détail, mais qui peut avoir son importance si vous jouez en vue intérieure… Parfois, dans un jeu de course, on peut constater du clipping dans le rétro (coucou Gran Turismo). Ce n’est pas terrible, j’avoue ! Mais là, je crois que je n’ai jamais vu ça dans un jeu de cette génération : le rendu du rétroviseur semble tourner à 10 frames grand maximum, avec un rendu pixélisé du plus bel effet. Sans déconner : dans un jeu qui tourne à 60 fps, ça jure ! Comme si, dans le rétro, on pouvait voir tourner un ralenti de jeu de courses sur PS1. À ce niveau, je pense que c’est un concept, une approche « artistique » des développeurs, je ne vois pas d’autre explication.
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Et je ne vous ai pas encore parlé de la vue dite « cockpit » qui semble ne pas savoir gérer ses éclairages. C’est simple : de jour, ça peut devenir très lumineux par moments, et de nuit (ou par temps couvert) c’est tellement sombre qu’on ne voit plus rien. La vue intérieure est ma préférée dans les jeux de courses. Dans Grid, j’avoue l’avoir vite oubliée.
Enfin, si les environnements sont globalement assez jolis, on ne pourra que déplorer quelques chutes de framerate, notamment lorsque la pluie se met à tomber, et que beaucoup de participants sont réunis dans la même portion de circuit. Notez aussi que le jeu est intégralement doublé en VF. Une bonne chose, si ce n’est que les deux commentateurs qui vous racontent leur vie deviennent vite dispensables, et que votre directeur de course qui vous réprimande sans arrêt (fais gaffe, ne vas pas les énerver, calme toi…) devient vite énervant.
Jouabilité : un jeu d’arcade
Et avec tout ça, comment joue t-on à Grid ? C’est une excellente question, et le jeu y répond très vite puisqu’au premier lancement du soft, vous êtes accueilli par trois courses rapides qui s’enchaînent ! En guise d’entrée en matière, Codemasters ne pouvait pas mieux vous plonger dans l’ambiance !
Tout d’abord, si vous espérez trouver ici un jeu purement technique… Ou plutôt devrais-je dire une simulation de conduite, passez votre chemin ! Grid assume complètement sa jouabilité arcade, son fun et son coté spectaculaire ! Autrement dit, un pilotage très accessible, avec lequel on ne va pas se prendre la tête ! Et le principe du jeu va se résumer simplement : vous faites des courses, vous gagnez de la thune, vous la dépensez dans des grosses bagnoles qui vont vous permettre de participer à de nouvelles courses…
Vos centres d’intérêt dans le jeu seront de deux natures : les courses rapides et le mode carrière. Celui-ci vous propose des micro-championnats de deux ou trois courses. Pendant celles-ci, vous ne serez pas seul puisque, comme dans une course de F1, par exemple, vous aurez un coéquipier (même voiture, même couleur). Et bien entendu, le but sera de faire arriver les deux pilotes sur le podium (pour gagner un max de points). Pour cela, vous pourrez transmettre des ordres à votre camarade via la croix de direction (attaquer, protéger sa position, etc). Par ailleurs, si la conduite (ou la tronche) de votre équipier ne vous va pas, vous pourrez le virer à tout moment, et le remplacer par un autre. Et ce sera là l’aspect le plus technique du jeu.
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Pendant les courses, vous allez glaner ici ou là, et en fonction de vos exploits, ou de vos prouesses, des points. Une trajectoire parfaite, un dépassement maîtrisé, et hop, ça tombe dans votre escarcelle ! Si ce n’est que, et c’est bien dommage, ce système de points va surtout privilégier les drifts, qui paient beaucoup plus. Par conséquent, lors des courses, vous ne chercherez pas forcément à épargner les pare-chocs de vos adversaires… Mais en revanche, vous allez drifter au frein à main à la moindre courbe !
En fin de course, au moment de faire les comptes, trois éléments auront de l’importance dans votre score final : vos points (donc l’argent que vous avez gagné), ceux de votre équipier (en fonction de sa position à l’arrivée)… Et enfin les dégâts que vous avez occasionnés à la voiture. Car oui, si vous conduisez comme un malpropre, le jeu vous ponctionne de l’argent pour les réparations.
Et si on parlait du contenu ?
Bon, il est temps d’aborder la question du contenu du jeu. Et la première impression qui nous vient à l’esprit est que ce contenu est un poil maigre, au regard de ce qui se fait habituellement de nos jours. Un mode Carrière, du Multijoueur online et des parties rapides. Point-barre ! Du coté du roster, on dénombre seulement 60 voitures au lancement du jeu, pour un peu moins d’une vingtaine de circuits. L’éditeur parle de 80 tracés, mais compte pour cela les alternatives (nuit, inversé, sous la pluie, etc). En revanche, vous trouverez ici un panachage de circuits connus ( Brands Hatch, Silverstone ou Sepang), et des tracés urbains imaginaires (San Francisco, La Havane, etc).
Je parlerai peu du mode online, car ayant testé le jeu avant sa sortie, je me suis parfois senti un peu seul sur les serveurs. Fort heureusement, le jeu s’est amélioré sur ce point avec l’ouverture au plus grand nombre !
Le mode Carrière pourra surprendre par son manque de narration, voire de cinématiques. Ici, pas vraiment de scénario si ce n’est que… Vous enchaînez des courses ! Elles se divisent en 6 catégories, sous-divisées en une douzaine de défis. Du touring, du stock-car, des voitures de tuning, des GT, des défis où vous affrontez Fernando Alonso, parrain du jeu… Et un mode Invitational avec ses véhicules surpuissants… Ici, le but est de débloquer de l’or dans chaque épreuve, afin d’atteindre le Showdown, l’ultime épreuve (plus relevée) de chaque catégorie.
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Chaque victoire vous octroie des crédits qui vous serviront à acheter les véhicules et compléter votre garage (pour le moment, quasiment tout s’obtient avec de la monnaie in-game). Et si votre coéquipier termine aux meilleures places, c’est encore mieux ! Car pour attaquer les plus gros championnats, vous devrez cumuler de l’argent, les F1 des défis Alonso coûtant quelques millions. Heureusement, vous pouvez aussi emprunter les véhicules que vous ne possédez pas, si vous le souhaitez (mais le cashprize sera amoindri). Par ailleurs, chaque victoire vous accorde de l’XP, qui fera croître votre niveau de pilotage.
Pour le reste, le jeu vous propose aussi les traditionnelles parties rapides, qui vous permettent de vous entraîner. Ou concourir avec le véhicule de votre choix, sur la piste de votre choix (course, contre-la-montre, etc)… Ainsi qu’un menu de personnalisation de votre avatar. Vignette, bannière, aptitudes de prédilection sous forme d’icônes… Ce menu n’a d’intérêt que de vous présenter aux autres joueurs dans le mode online.
Très clairement, le jeu n’est pas taillé pour vous offrir la liesse des grands championnats de courses automobiles… Mais simplement pour vous servir des parties rapides, pour vous détendre après une dure journée de labeur. Je vous ai dit que Grid était fortement orienté arcade ?
IA, votre ennemi juré ?
S’il est un point que je trouve assez réussi dans Grid, c’est bien l’intelligence artificielle (IA). Sur la piste, vous ne rencontrerez pas un, mais plusieurs comportements, plusieurs caractères différents (les développeurs parlent de centaines). Chaque pilote semble avoir sa personnalité, et vos adversaires ne sont pas simplement des bots qui suivent un rail invisible. Ils adoptent leurs propres trajectoires, commettent des erreurs et se plantent… Certains sont fair-play, d’autres sont des brutasses qui n’hésiteront pas à vous envoyer dans le décor.
Et de ce fait, vos adversaires vont adapter leur comportement à votre pilotage. Autrement dit, plus vous leur ferez de crasses sur la piste, plus ils deviendront agressifs avec vous. Observation qui est aussi valable pour votre coéquipier, qui tantôt respectera vos consignes, tantôt suivra ses propres règles s’il estime que votre comportement à son égard ne lui convient pas. Si vous voulez pouvoir compter sur lui, soyez cool !
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Mais revenons à nos adversaires, car il est une notion du jeu que vous devez connaître : L’ennemi juré (ou dans le langage des développeurs : Nemesis System) ! Si vous percutez un concurrent, ou si vous l’envoyez délibérément dans le décor, il va devenir votre ennemi juré pendant la course… Notion matérialisé par un petit casque rouge qui apparaît au dessus de sa voiture. Dès lors, il (ou elle) va vous pourrir pendant la course. Certains défis demanderont même de faire des meilleurs scores que cet adversaire privilégié.
On aurait aimé un peu plus
Grid est un bon jeu sur l’instant, mais dès lors que vous allez gratter un peu, ses défauts vont se dévoiler petit à petit. Et ici, je ne parle pas uniquement des quelques soucis techniques dont il fera preuve. Comme des ralentissements, ou les bugs que j’ai évoqués un peu plus haut.
Nous avons déjà abordé la question de sa carrière qui, au final, s’avère peu intéressante sur le long terme. Pour ne pas dire qu’elle devient redondante avec le temps. Connaissant Codemasters, je pense qu’il aurait été facile pour les développeurs d’enrichir le tout avec un mode narratif. De même, je regrette de voir une bonne idée comme le Nemesis-System finalement si peu exploité. Pourquoi ne pas créer des saisons entières, avec un adversaire devenant votre antagoniste (ce qui n’empêche de cultiver la rancune des autres pilotes que vous frottez d’un peu trop près). C’est là que je repense à l’excellent R-Racing (PS2/GameCube) avec son ennemie principale (oui, une femme), et les adversaires avec leur jauge de pression, qui les pousse à la faute dès qu’elle vire au rouge. Bon, ici me direz-vous, cela ne les empêche pas de commettre des erreurs énormes ^^.
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Un mode carrière et du online, c’est vraiment peu pour tenir le joueur en haleine plus de deux semaines ! Dommage que Codemasters n’ait pas pensé à implanter des options qui sont pourtant devenues des standards aujourd’hui. Comme des défis journaliers et leurs récompenses, pour vous faire revenir tous les jours. Ou une saison complète (ça rejoint le point précédent). Des défis relatifs aux marques… Bref, les idées ne manquent pas.
Je crois hélas que c’est devenu une norme aujourd’hui ! Et cette fois encore (et Codemasters est assez coutumier du fait), vous devrez faire l’impasse sur le multijoueur en local ! Le Multi se limite donc au online, mais Grid nous confirme que nous devons nous habituer à faire une croix sur les parties en écran splitté.
Pour terminer sur les reproches, Le coût du jeu me semble particulièrement élevé, au regard du contenu qu’il propose. La Launch-edition est vendue tout de même 69,99€. Et pour obtenir quelques livrées de véhicules de plus, ainsi que le statut VIP (vous offrant le contenu DLC des trois prochaines saisons), vous devrez débourser 89,99€ pour l’Ultimate Edition. Ça commence à faire bonbon, à une période bien chargée en termes de sorties, et où les références (plus anciennes) des jeux de courses se vendent à beaucoup moins cher.
Au final
Au regard des premiers visuels, on aurait vite fait de comparer Grid à des Forza, Gran Turismo Sport, Project Cars ou Assetto Corsa… Mais ce serait une grave erreur tant le titre de Codemasters n’a rien à voir avec ces titres. Ici, on ne joue pas dans la même cour, on vise davantage le fun, la conduite décomplexée et plus arcade. Autrement dit, il propose tout autre chose !
En revanche, venant d’un éditeur comme Codemasters qui nous a habitués à des chef-d’oeuvre comme F1 2018 ou F1 2019, on est surpris par un contenu qui se contente du minimum syndical. Tant au niveau des véhicules que des circuits, voire des épreuves. Ce serait passé il y a dix ans (c’est un reboot, n’oubliez pas), c’est plus difficile à digérer aujourd’hui. Si vous n’accrochez pas à ce mode Carrière vite redondant, où il suffit d’enchaîner des courses pour débloquer les suivantes, vous risquez de vite faire le tour du jeu. Voire de passer à autre chose rapidement. Espérons qu’un solide mode online ne se constitue, afin de donner corps au jeu sur ce terrain.
Au final, Grid n’est pas un mauvais jeu, et sur de nombreux aspects, il démontre qu’il est bardé de bonnes intentions et de bonnes idées. Hélas, avec du recul, il laisse cette impression d’avoir à un jeu qui n’est pas terminé, dans lequel il manque pas mal de choses. Reste à voir quel avenir lui destine Codemasters. Si de prochaines mises à jour ajoutent du contenu, le deal peut devenir intéressant. Mais en l’état, Grid est un bon jeu, agréable à jouer, mais qui ne mérite certainement pas les 70 balles demandées.
Grid
- Par : Codemasters
- Sur : PS4, Xbox One, PC (Steam) et Stadia.
- Genre : Courses.
- Classification : PEGI 3.
- Prix : 69,99€.
- Site officiel.
Points positifs :
- Des voitures chouettement modélisées
- Les sons moteurs
- Conduite accessible
- Graphismes globalement satisfaisants
- Musiques de bonne facture, bien que parfois dispensables
- Bonnes sensations de vitesse
- Chaque course est différente
- Une IA diversifiée
- Les dégâts sur les voitures
Points négatifs :
- Un contenu rachitique
- Un mode Carrière « minimum syndical »
- C’est quoi ce rétroviseur en 10fps ?
- Des commentaires « osef » et un directeur de courses énervant
- Trop d’importance au « drift »
- Pas de multijoueur en local