L’éditeur Third Editions revient aujourd’hui, dans son nouvel ouvrage La Révolution Arcade de Sega, sur un aspect de la marque Sega que l’on a trop souvent tendance à oublier : les jeux d’arcade.

C’est plus fort que toi

C’est un fait ! Si l’on vous dit « Sega » vous allez forcément penser, dans un premier temps, à ses jeux phares devenus des canons du jeu vidéo : Sonic, Streets of Rage, Yakuza, Crazy Taxi… Mais ce serait oublier un peu vite que l’histoire de la marque a surtout débuté, et s’est construite loin de vos salons, dans les salles d’arcade.

Pour ma part, j’ai connu cette époque où les passionnés de jeux vidéo ne possédaient pas forcément la dernière console à la maison. Alors, pour jouer à nos hits préférés, les ados que nous étions dépensaient leur argent de poche dans les bars ou dans les salles spécialisées. C’est là que des bornes engloutissaient nos pièces de 5 ou 10 Francs. Je me souviens encore aujourd’hui de cette fascination pour les bornes montées sur vérins, qui nous faisaient vivre tant de sensations : After Burner, ou Daytona USA.

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L’arcade fait partie intégrante de la culture Sega ! Elle se conjugue à la fois au passé mais… Contrairement à ce que beaucoup pensent, aussi au présent. Et c’est justement dans cet univers, aujourd’hui plus méconnu que celui des consoles, que nous plonge Third Editions avec La Révolution Arcade de Sega.

Deux mots sur l’auteur

C’est en ouvrant cette partie consacrée à l’auteur du livre que je réalise que Third Editions (et ce n’est pas dans ses habitudes) semble avoir oublié de renseigner cette fiche, pourtant habituellement très intéressante, concernant son rédacteur. Ni le site de l’éditeur ni le livre, ne nous en apprendront davantage sur Ken Horowitz.

Il suffit d’une recherche sur Internet pour découvrir que notre homme sait de quoi il parle ! Considéré dans le « milieu » comme un expert de Sega, il n’est autre que le créateur de Sega-16.com, un site américain consacré à la marque japonaise, et plus particulièrement à son époque 16 bits. Professeur d’Anglais, il écrit sur le jeu vidéo depuis plus de dix ans. On lui doit d’ailleurs aussi l’ouvrage Playing at the Next Level: A History of American Sega Games. Ou encore de The Sega Arcade Revolution: A History in 62 Games en 2018.

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Et justement, il y a comme un petit détail qui me chiffonne. Car si je pensais initialement que La Révolution Arcade de Sega était un ouvrage original pour Third Editions, ce n’est pas tout à fait le cas : il est la traduction française de The Sega Arcade Revolution : A History in 62 Games. Un point qui, à mon sens, manque de clarté dans la communication de Third, puisqu’il n’en est fait mention que dans l’ours du livre, qui nous confirme que La Révolution Arcade de Sega a été traduit de l’anglais, et que l’édition originale est parue chez McFarland & Company INC (éditeur de Caroline du Nord). Je ne doute absolument pas que l’éditeur français soit dans son bon droit (et cela n’enlève rien à la qualité du texte), mais encore une fois, cette info devrait être plus apparente qu’elle ne l’est, pour les lecteurs.

Description et pitch du livre

Je pense que le titre est suffisamment équivoque : nous allons parler de la dimension « arcade » de la marque Sega, de son histoire… Mais voici le résumé du livre, tel que présenté par Third Editions :

 » À travers son histoire, qui couvre entre six et sept décennies, Sega a conforté sa place parmi les sociétés de jeux vidéo les plus endurantes. De ses débuts dans les machines à sous à son arrivée sur le marché du jeu vidéo, Sega a su saisir les opportunités et repousser les frontières tant technologiques que géographiques.

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La Révolution arcade de SEGA. De 1945 à nos jours rend hommage à l’une des compagnies les plus innovantes et prolifiques de l’industrie du jeu d’arcade. L’histoire de l’entreprise se dévoile ici à travers le prisme de soixante-deux jeux, sélectionnés pour leur importance dans le parcours de Sega. Ainsi que pour leur développement passionnant et souvent méconnu.

L’auteur, Ken Horowitz, a puisé dans de multiples sources (notamment des interviews japonaises d’époque et des entretiens avec d’anciens employés de Sega) pour offrir une vision globale de l’apport de Sega dans le monde du jeu d’arcade, et donc du jeu vidéo tout court.

Pêche miraculeuse aux infos

Inutile de tergiverser ! Une fois encore, cet ouvrage sorti du giron de Third Editions est une véritable mine ! Et vous l’aurez compris : on ne parlera à aucun moment, ici, de consoles de salon, mais de cet aspect parfois oublié de Sega : son univers « arcade ».

Des origines de Service Games et de ses machines à sous, en 1945 (qui par contraction, donnera Se-ga) jusqu’à aujourd’hui, en passant par le krach du jeu vidéo de 1982, l’arrivée de la 3D ou la création des divisions AM de Sega… L’auteur balaie le large spectre de la marque au logo bleu. Il ouvre sans retenue le flot incessant d’anecdotes et références, appuyées par des témoignages de développeurs ou des interviews d’époque.

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L’auteur ira même beaucoup plus loin avec une approche plus analytique de Sega, de ses stratégies économiques, de l’approche grand-public de ses jeux de cafés.

Ce livre me fait aussi réaliser que nous avons parfois une vision très erronée de Sega, en France où la culture de l’arcade est beaucoup moins prononcée qu’au Japon. Nous focalisant essentiellement sur les consoles de salon, nous voyons en Sega un constructeur mort avec sa Dreamcast, qui se limite aujourd’hui au développement pour Nintendo, Sony ou Microsoft. La Révolution Arcade de Sega nous démontre le contraire : la marque est toujours bien vivante, notamment dans les salles japonaises.

Illustrations, un manque qui se fait sentir

Pour beaucoup d’entre vous, le principal défaut de cet ouvrage est un aspect, franchement assumé par Third Editions, qui peut rebuter : son manque d’illustrations. Un choix de l’éditeur que l’on peut comprendre. Mais si ça passe dans nombre de livres, cette absence crée ici une certaine frustration. Nous parler de bornes d’arcade Sega sans nous les montrer, c’est un peu comme nous servir une île flottante sans crème anglaise ! Et à de multiples reprises, le livre m’aura contraint à des recherches sur Internet, pour voir (ou m’aider à me souvenir) à quoi ressemblait une borne Sega Rallye ou Wonder Boy.

D’autant que le contenu du livre est dense ! 280 pages, c’est peu en comparaison avec d’autres pavés de Third Editions… Mais ici, pas une seule page n’est inintéressante. Une véritable orgie d’infos et anecdotes ! Pour un passionné de jeux vidéo, c’est juste le rêve, mais il faut aussi être capable de le digérer. Ce qui explique sans doute le temps que j’ai pu mettre à lire l’ouvrage, en feuilletonnant mes lectures pour être sûr de ne pas en perdre une miette, d’en retenir un maximum.

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Ce choix a aussi des conséquences sur l’aspect visuel du livre, sur votre lecture. Car malgré les nombreux efforts (concluants) pour aérer la mise en page, à grand renfort d’intertitres, et par son découpage pertinent… Cette masse de caractères peut effrayer les ceusses qui ne sont pas de grands lecteurs. Notre dernière critique (sur Devolver) nous laisse le souvenir d’une lecture beaucoup plus légère, lorsque de nombreuses illustrations vous apportent une grosse bouffée d’oxygène entre les paragraphes.

Mais ne fuyez pas pour autant ! Car paradoxalement, si le livre est très pointu, et est une mine d’infos pour tout passionné qui se respecte… Il n’en demeure pas moins très accessible aux non-initiés. Le lecteur ne connaissant pas Sega ne se sentira largué à aucun moment. Bien au contraire. Et c’est une force de cet ouvrage : son traitement très accessible, à la fois fluide et abordable par le grand public, et suffisamment riche pour le gamer le plus exigeant.

Au final

Indéniablement, l’arcade n’est pas dans notre culture de gamers français. Du moins, elle ne l’est pas autant qu’elle pourrait l’être au Japon, par exemple. Cet ouvrage répare cet impair en nous faisant prendre la mesure de cette industrie, volet trop méconnu du jeu vidéo dans nos vertes contrées.

Ken Horowitz, en véritable connaisseur de Sega, se focalise sur l’histoire de la marque du point de vue des jeux d’arcade, à travers 62 titres. Outre le fait qu’il fait la lumière sur ce qui, encore aujourd’hui, démontre la véritable force de frappe de Sega… Il nous démontre noir sur blanc que, malgré ce que certains raccourcis pourraient nous laisser penser, Sega n’est pas mort avec sa Dreamcast. Pour le plus grand bonheur des fans, la marque est encore bien vivante. Un ouvrage que tout passionné de culture « jeux vidéo » se doit de lire…


La Révolution Arcade de Sega : de 1945 à nos jours

Lu sur une version envoyée par l’éditeur.
Points positifs :
  • Comme d’habitude un ouvrage passionnant
  • Une véritable mine d’infos, complet, excellent travail de recherche
  • L’arcade, un aspect pas toujours très connu chez nous, bien développé ici
  • Des témoignages, des interviews
  • Lecture fluide
  • Accessible à tous
  • Prix abordable
  • Sega n’est pas mort
Points négatifs :
  • Pas d’images, et ici ça manque
  • Le fait qu’il s’agisse d’une traduction d’un livre américain, pas indiqué clairement