En attendant de pouvoir découvrir la série Netflix The Witcher (avec Henry « Superman » Cavill) en fin d’année, l’éditeur Third Editions nous propose de replonger dans l’excellente série vidéoludique de CD Projekt Red. Ce nouvel ouvrage, L’Ascension de The Witcher, est signé Benoît Reinier.
Retour aux sources
C’est drôle, mais la première réflexion que je me suis fait en découvrant cet ouvrage est que nous avons ici une boucle qui se boucle, un chouette retour aux sources. Autrement dit, un retour au papier. Car avant de débuter, il est bon de rappeler que Third Editions nous propose aujourd’hui un livre qui parle d’un jeu qui… Est lui-même adapté d’un roman !
Car la série The Witcher (en jeu vidéo) suit l’intrigue du roman de Andrzej Sapkowski, Le Sorceleur (ou Wiedźmin en Polonais). Cette saga heroic-fantasy, publiée entre 1992 et 2013, se compose très exactement de deux recueils de nouvelles, et de six romans. Le point commun entre chaque ? Et bien, tout simplement son héros, Geralt de Riv, que je ne vous ferai pas l’affront de vous présenter 😉
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Avec un tel background, pas vraiment étonnant que le studio polonais CD Projekt Red se soit emparé des aventures de Geralt, pour en faire un jeu vidéo. Puis deux… Et enfin un troisième (The Witcher en 2007, The Witcher 2: Assassins of Kings en 2011, et The Witcher 3: Wild Hunt en 2015). Et ça tombe bien, puisque c’est justement de ces jeux dont il sera question dans cet ouvrage.
Écrit par Benoît Reinier
L’auteur du livre n’est autre que Benoît Reinier. Comme il en a l’habitude, l’éditeur Third a fait appel à un fin connaisseur, puisque vous connaissez davantage ce fan sous son pseudo, ExServ. Notre homme, streamer à ses heures, a travaillé pour Gamekult, PlayStation Magazine, NextImpact… Avant de changer d’orientation en 2018, pour devenir lui-même programmeur (chez Redlock, sur Shattered : Tales of the Forgotten King).
Ce qui nous intéresse ici, aujourd’hui, c’est que cet auteur a véritablement mouillé le maillot pour écrire son livre. Il aurait pu coucher des mots depuis son bureau, devant une tasse de café, mais… Non ! Notre auteur a préféré partir pour la Pologne, afin de rencontrer l’équipe de CD Projekt Red, dans ses locaux. Autant vous dire que, de ce fait, on attend non seulement de l’analyse… Mais aussi de l’anecdote, des coulisses…
Premier contact
Une nouvelle fois, à réception de l’ouvrage, c’est un très bel objet que l’on découvre. Imprimé dans le format standard des livres Third (160x240mm), ce nouveau livre cartonné trouvera une place de choix dans la bibliothèque, aux côtés des autres volumes de cette classieuse collection. Et comme pour les autres ouvrages, ne comptez pas trouver ici un artbook The Witcher.
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Des mots, rien que des mots, et aucune illustration, si ce n’est l’artwork très stylé qui fait office de couverture. D’ailleurs, on apprécie une nouvelle fois de trouver cette même sensation de relief, due à l’impression de certains éléments du dessin en mat, et d’autres en brillant. Quand je vous disais qu’elle était stylée cette couv’ ! Reliure solide, grammage du papier parfaite… La lecture est (physiquement) très agréable !
Place aux mots
L’ouvrage se découpe en quatre chapitres, que j’aurais tendance à classer en deux thématiques : le jeu en lui-même (ou plutôt LES jeux), et le studio de développement. Et oui, c’est là l’avantage d’avoir pu échanger avec CD Projekt Red !
Quatre chapitres, donc :
- Création : We are rebels
- Le(s) monde(s) de The Witcher
- Récit d’une trilogie
- Un game-design au service d’une vision.
Et l’auteur entre tout de suite dans le vif du sujet par un premier chapitre consacré à la création, à l’histoire de CD Projekt Red. Une première partie qui, très vite nous semble hors-sujet tant le thème aurait mérité un livre à lui tout seul. Tout simplement passionnant, au point de nous faire oublier que l’on est là pour parler de la série The Witcher. Le parcours de CD Projekt, tel que relaté dans l’ouvrage, est scotchant ! Sans doute parce que l’on connaît déjà les grandes lignes de The Witcher, mais beaucoup moins ses créateurs. Peut-être à la rigueur connaît-on leurs succès, mais beaucoup moins leurs déboires.
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Derrière le récit, le témoignage d’une époque, d’un contexte politique et économique, avec la création du studio sous le régime communiste polonais… Puis les conséquences de la chute de celui-ci sur la vie du studio et de ses deux créateurs,Marcin Iwiński et Michał Kiciński. Captivant !
Dans le vif du sujet
La suite du livre est un retour vers ce à quoi Third Editions nous a habitué avec ses précédents ouvrages. À savoir une série de jeux vidéo décortiquée, expliquée… Benoît Reinier revient ici sur l’univers de la série, en partant en toute logique de ses origines, à savoir les oeuvres littéraires citées plus haut, qui ont inspiré ces fans que sont les créateurs des jeux.
Le troisième chapitre est, à mon sens, le moins intéressant, dans la mesure ou il consiste en un retour sur les différents arcs narratifs des trois jeux. Quêtes principales ou objectifs secondaires, l’auteur revient ici sur les événements marquants de la trilogie. Pour un joueur qui ne connaît pas la série, ça s’appelle du spoiler 😉 Les fans retrouveront ici, quant à eux, des événements qu’ils connaissent déjà. Ceci dit, une piqûre de rappel n’a jamais fait de mal à personne…
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Enfin, le dernier chapitre revient sur l’aspect technique et sur le développement des jeux The Witcher, en se consacrant essentiellement au game-design, au sound-design ou encore aux combats. Comme dans les autres titres de Third, le livre se referme sur les remerciements et sur une biblio très référencée : si vous aviez l’intention de poursuivre vos recherches sur The Witcher, vous trouverez ici de quoi faire !
Toujours pas d’images, et ici, c’est frustrant !
Comme je l’ai dit plus haut, vous ne trouverez pas d’illustrations dans cet ouvrage. On le répète à chaque fois, mais c’est la patte de Third, qui s’est expliqué à ce sujet dans cette interview… Et force est de reconnaître que l’on s’habitue très vite au manque d’illustrations dans ces véritables encyclopédies du jeu vidéo. Pourtant, cette fois-ci, je relèverai cette absence d’images comme étant un défaut. Je m’explique :
Loin de moi l’envie de demander à Third d’illustrer l’ouvrage avec des artworks de The Witcher, aussi classes soient-ils. Mais ce livre, plus que les autres, crée une frustration : l’auteur s’est rendu dans les locaux de CD Projekt Red ! Il a rencontré les créateurs de la saga The Witcher. Alors, cette fois plus que jamais, c’est l’occasion pour le fan de voir des trombines, de voir des gars en plein boulot. Le livre est d’autant plus frustrant que le premier chapitre traite de l’historique du studio… Et crée, de ce fait, l’envie de voir des photos d’archive… Par exemple !
Au final
Cela fait maintenant quelques mois que je découvre régulièrement des publications de Third Editions. Et je dois vous confier aujourd’hui que je tiens ici le tome qui, à mes yeux, est peut-être le plus intéressant de la collection. Notamment grâce à une première partie d’ouvrage passionnante. On sent que le fait que l’auteur se soit déplacé chez CD Projekt Red y est pour beaucoup !
L’auteur démontre, ici, une grande force dans son écriture. D’une part car sa passion pour la série transpire à la lecture de chaque chapitre… D’autre part car il aurait été facile, à plus forte raison après avoir rencontré le studio créateur de la licence, de tomber dans un récit plein de complaisance. Ce que Benoît Reinier ne fait pas. Bien au contraire, tout au long du récit, il garde cette objectivité que l’on attend d’un journaliste. Le meilleur et le pire, les succès et les galères, le positif et le négatif… Quitte à se documenter encore davantage pour y parvenir, l’auteur s’attache à cultiver cette neutralité, cet équilibre.
On aurait tort de penser que cet ouvrage se destine uniquement aux fans hardcore de The Witcher. Très accessible, très documenté et particulièrement généreux, L’Ascension de The Witcher : un nouveau roi du RPG est une mine d’informations, un travail colossal qui rend hommage à un autre travail de titan, le développement d’une série devenue culte.
L’Ascension de The Witcher : Un nouveau roi du RPG
- Par Benoît Reinier.
- Chez Third Editions.
- Prix : 24,90€ (29,90€ pour la first-print).
- Infos : 256 pages, couverture cartonnée, 160×240 mm.
Points positifs :
- Globalement, un ouvrage passionnant…
- … Qui traite d’une saga culte
- Un premier chapitre aussi inattendu que réussi
- Lecture très agréable
- Coté éditeur, une finition nickel !
Points négatifs :
- Un troisième chapitre un peu moins intéressant
- Toujours pas d’images