Giraffe and Annika est un jeu développé par Atelier Mimina, pour le compte de Nis America. Doit-on craquer pour ses graphismes choupinets, ses héros et son ambiance mimi, qui vous rappelleront un certain studio Ghibli ? Ou pour sa jouabilité inattendue ? La réponse avec notre test.

Ce n’est pas ce que vous croyez…

Sorti il y a quelques mois sur Steam, Giraffe and Annika débarque désormais sur Switch et PS4. Il est développé par Atelier Mimina, et distribué en Europe par Nis America. Derrière le développement du jeu, on va retrouver un designer et mangaka, Atsushi Saito (qui a bossé notamment pour Sega AM3, puis chez Bandai-Namco). Et vous ressentirez en permanence cette influence « manga » à travers les nombreuses cut-scenes sous forme de planches de BD.

Avec ses graphismes et ses décors très mignons, avec ses personnages avec des oreilles de chats… J’ai longtemps cru que le jeu nous entraînerait dans un RPG s’inspirant des univers du studio Ghibli. Autrement dit, un clone de Ni no Kuni, par exemple. Et bien… Ce n’est pas vraiment le cas !

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L’inspiration est évidente pour le chara-design, ou le level-design. En revanche, oubliez tout de suite la dimension RPG, avec ses combats en tour-par-tour ou en temps réel, ses arbres de compétence… Ou sa durée de vie colossale. Comme nous le verrons plus bas, avec la partie consacrée au gameplay… Giraffe and Annika n’a rien d’un RPG. Ce n’est pas ce que vous croyez, et ça risque de vous surprendre !

Une petite fille perdue sur une île

Lors de vos premiers pas dans le jeu, vous ferez connaissance avec Annika. Après un rêve teinté de mystères, la fillette se réveille sur une mystérieuse île nommée Spica. La première impression est très bonne, avec cette direction artistique très « Studio Ghibli » du plus bel effet, avec des musiques qui collent parfaitement à cette ambiance si choupinette.

Bien évidemment, Annika est amnésique. Elle ne se souvient pas de la manière dont elle est arrivée sur cette île… Ni des raisons qui l’ont conduite ici. En toute logique, Annika décide d’explorer les lieux… Jusqu’à sa rencontre avec un garçon appelé Giraffe. Et lui, en revanche, il semble qu’il la connaît bien…

Dès lors, la véritable aventure commence. Nos deux héros vont devoir retrouver trois fragments d’étoile dispersés à travers l’île. D’autant qu’ils permettront à Annika de retrouver ses souvenirs perdus.

Un gameplay déstabilisant

J’écrivais plus haut que le jeu n’était pas un RPG conventionnel, et que son gameplay allait vous surprendre. Et pour cause ! Car si je devais résumer les deux éléments principaux de cette jouabilité singulière… Ce serait sans doute d’une part la quasi-absence de combats. D’autre part, quand ils ont lieu contre les boss, le joueur bascule… Dans un jeu musical, un jeu de rythme.

La plupart du temps, le jeu vous offre des phases d’exploration. Votre tâche sera alors d’explorer, trouver des coffres et objets, et déclencher des interactions pour ouvrir des fenêtres d’explications… Certaines vous éclaireront sur le lore du jeu. D’autres objets vous permettront de régénérer votre barre de vie, comme les fruits que vous pouvez stocker dans un inventaire qui vous rappellera un certain Zelda.

La carte du monde sera aussi l’occasion d’accomplir quelques quêtes annexes (facultatives), histoire de découvrir quelques secrets (et accessoirement, d’allonger la durée de vie). Une « carte de fidélité » vous permettra même d’obtenir des bonus en échangeant des trésors (artworks) avec un musée.

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Mais au fil de vos pérégrinations, vous allez aussi traverser des donjons où vous vous contenterez d’éviter les ennemis… Donjons qui seront gardés par des boss. Lorsque le combat se déclenche, votre personnage, de dos, fait face à son adversaire. De chaque coté d’Annika, un cercle au sol. Le boss vous enverra des sphères magiques, et vous devrez appuyer sur la touche d’action pile au moment où cette boule rebondira sur l’un des cercles, après vous être dirigé du bon coté (gauche ou droite). Chaque manipulation réussie vide la barre de vie de votre adversaire, mais en cas d’échec, c’est la votre qui est ponctionnée. Plus loin dans le jeu, le boss vous enverra aussi parfois des maléfices à éviter. Notez que vous pouvez choisir la difficulté avant chaque combat… Et que vous pouvez retenter votre chance pour améliorer votre note.

Vaincre un boss vous permettra de débloquer une aptitude pour votre héroïne (comme le saut par exemple). Hélas, et c’est le principal défaut du jeu, ces donjons sont au nombre de cinq ! Quand des jeux de référence comme The Legend of Zelda démarrent une fois ces premiers donjons terminés, Giraffe and Annika vous déroule son générique de fin.

Des petits trucs qui agacent

En qualité de gamer, plusieurs choses peuvent vite s’avérer agaçantes dans le jeu. À commencer par la réalisation très inégale. Certains décors ou personnages sont superbes, d’autres semblent tout droit venus d’il y a dix ans. La caméra est plutôt bien gérée, malgré le fait qu’elle se réinitialise à chaque fois que vous changez de tableau. Enfin, sachez aussi que le jeu suit un cycle jour/nuit (accéléré), mais sauf erreur de ma part, il ne sert pas à grand chose et a peu d’impact sur le gameplay (si ce n’est certaines portes qui ne s’ouvrent que la nuit).

Le contrôle du personnage principal peut parfois s’avérer imprécis, notamment à cause d’une mauvaise gestion de la physique. Une impression de flottement étrange d’Annika lors de ses déplacements (on a l’impression de glisser au sol), mais… Pire encore, par le fait que notre héroïne est une enclume dans l’eau. Si vous tombez dans une rivière, vous perdez de la vie. Alors, grouillez vous pour trouver un ponton car Annika a une fâcheuse tendance à couler si vous ne martelez pas la touche R1 pour remonter à la surface ! Heureusement, il n’y a pas de game-over dans le jeu, et vous recommencerez juste avant la dernière action.

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Le jeu peut aussi parfois manquer d’indications. Parmi les nombreux objets à trouver, ou dialogues à déclencher… Certains sont facultatifs, d’autres indispensables pour faire progresser le jeu. Et il ne sera pas rare de devoir revenir en arrière, juste parce que vous avez zappé une action permettant de débloquer l’histoire.

Enfin, j’ai aussi pu constater un certain déséquilibre dans la difficulté. Le jeu se traverse d’une traite, sans grande difficulté… Jusqu’à un dernier donjon qui vous heurte à un soudain pic de difficulté. Pas insurmontable, mais ce virage de la courbe de difficulté peut surprendre. Quoi qu’il en soit, et c’est pour moi le plus gros défaut du jeu, comme je l’ai déjà dit, vous plierez l’aventure en six heures grand maximum… Si vous fouillez bien partout.

À quel public se destine t-il ?

Avec le recul, je dois vous avouer que je ne me suis pas posé la question très longtemps. Pour un hardcore-gamer, habitué aux RPG les plus exigeants… Giraffe and Annika est un titre que l’on oubliera très vite ! Il décevra par sa durée de vie très courte, ses mécaniques simplissimes et très génériques, voire son univers très naïf.

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Pourtant, je pense qu’il est nécessaire de voir le jeu sous un autre angle. À mon sens, ce titre a clairement été développé pour les plus jeunes, pour les enfants. Et là, tout fait sens. Le titre de Mimina devient alors un formidable moyen de s’initier aux jeux typés aventure/mangas/RPG pour les plus jeunes. Ses mécaniques, son histoire, sa faible difficulté, l’absence de violence… Tout colle ! Et de ce point de vue, Giraffe and Annika est un très bon titre initiatique, pour les plus jeunes ! À un détail près !

Comme c’est hélas souvent le cas dans les jeux Nis America, Giraffe and Annika n’est pas localisé en Français, mais est intégralement en Anglais. Et les nombreux dialogues vont demander à votre enfant de maîtriser un minimum la langue de Shakespeare. Pour un adulte, ça passe, mais pas pour les plus jeunes qui découvrent la langue à l’école. De ce fait, il ferme la porte au jeune public auquel il se destine… Et c’est bien dommage.

Quelle version acheter ?

L’un des gros points forts du jeu, c’est son prix qui est plus qu’abordable. En version simple, physique ou dématérialisée, il vous coûtera 29,99€ sur Switch ou PS4. Mais si vous comptez acheter la version physique du jeu, il est aussi disponible dans une version collector Music Mayhem Edition

Ce collector embarque :

  • Le jeu Giraffe and Annika
  • Une boîte collector
  • La bande-son « Songs of Spica » sur CD
  • Un set d’écussons « Familiar Faces »
  • Un Artbook « Annika’s Adventure Log »

Si la boite collector cartonnée est un peu fragile, cette édition vaut le coup pour son artbook et pour son OST sur CD. Aperçue dans de nombreuses enseignes au prix très abordable de 36,99€ (c’est même moins cher que la plupart des jeux en édition standard)… Ce collector est la version que nous vous conseillons si le jeu vous tente…

Au final

Giraffe and Annika me laisse sur un bilan très mitigé. J’avoue avoir passé un moment très agréable, dans un univers féerique et tout kawaï. J’adhère à 100% à cette aventure sur une île magnifique, et dénuée de combats (un jeu apaisant lorsque l’on a dégommé tant de zombies ou autres créatures depuis des semaines). Et puis, j’avoue avoir été surpris par ce pari culotté de nous offrir des combats de boss en rythme, à la Elite Beat Agents, ou Osu! Tatakae! Ōendan (en VO), un vieux jeu sur DS… Dont l’un des concepteurs est un certain Atsushi Saito, TIENNNNS DONC !!

Et puis, le bilan est mitigé car, comme je l’ai dit, le jeu est extrêmement court, et pêche par quelques petites lacunes techniques (bugs graphiques, aliasing)… Ou par une VF qui est passée à la trappe lorsque ce Giraffe and Annika aurait pu séduire les plus jeunes joueurs. Autrement dit, il a la couleur d’un RPG, mais le goût d’un jeu indépendant vendu à moins de 10 euros.

Malgré tout, si vous aimez les univers poétiques et enchanteurs… L’expérience est à tenter, mais pas à ce tarif. Attendez une baisse de prix (sauf pour l’édition collector qui, en revanche, vaut franchement le coup si le jeu vous intéresse).


Giraffe and Annika

Testé sur PS4, sur une version fournie par l’éditeur
Points positifs :
  • De la mignonnitude dans toute sa splendeur : la DA va vous faire fondre
  • Tout comme son ambiance « bon-enfant »
  • Quelques chouettes séquences (comme la danse)
  • Pas mal de phases d’exploration
  • L’île, un cadre féerique à découvrir
  • Les combats de boss, en rythme : une mécanique originale
  • Pas de combat, pas de violence
  • La bande-son
Points négatifs :
  • En Anglais
  • Une durée de vie vraiment très courte
  • Quelques imperfections dans le gameplay
  • Quelques bugs
  • Le manque de finitions, des graphismes qui datent
  • Le rapport prix/durée de vie