On pensait que, en matière de J-RPG, Square-Enix nous avait calmés pour quelques mois avec Final Fantasy XV. A tort ! Avec Tales of Berseria, Bandai-Namco nous offre une véritable petite perle ! Il est interdit de passer à coté !
Et encore une grande saga !
Les amateurs de J-RPG le savent ! Ce genre ne sait quasiment pas faire dans le one-shot, à quelques exceptions près ! Final Fantasy, Dragon Quest, Atelier… Au chapitre des licences populaires, il est impossible d’ignorer la franchise de Bandai-Namco, Tales of.
Une série qui, comme les autres, a ses standards, ses références, son style de gameplay… Et qui nous propose à chaque fois des épisodes mémorables (ah, Tales of Symphonia !).
Tales of Berseria est le seizième épisode d’une longue série initiée en 1995. Le tout premier épisode, Tales of Phantasia, était lancé sur Super Famicom le 15 décembre. Déjà édité par Namco (qui deviendra Bandai-Namco).
Vingt-deux ans plus tard, c’est donc le seizième épisode qui débarque sur nos machines. On est quasiment sur un rythme d’un épisode par an, car il faut aussi prendre en compte tous les spin-of et les suites…
Une fille aux commandes
Le jeu vidéo évolue, se féminise ! Ce qui en soi est une très bonne chose ! Mais il faut reconnaître que, si certains genres mettent en avant des héroïnes depuis longtemps, le J-RPG reste très à la traîne (à l’exception bien sûr de la série Atelier).
Et après Lightning dans Final Fantasy, c’est désormais la série Tales of qui se féminise. Pour la première fois dans la licence, vous allez aujourd’hui contrôler une équipe leadée par une femme : Velvet Crowe.
Une femme en solo, je veux dire ! Car le vrai fan de la série fera remarquer que, dans Tales of Xillia, le joueur contrôlait déjà une femme : Milla. Certes, mais elle devait se partager les lauriers avec Jude, donc…
La jolie brune est badass (mais avec un coeur tendre), charismatique, bénéficie d’un solide background, et de pouvoirs excellents… Autrement dit, les développeurs auraient pu se planter en nous offrant un personnage certes féminin, mais manquant d’aboutissement.
Il n’en est rien ! Berseria nous propose ici un personnage féminin auquel on s’attache très vite dans le jeu, et à mon sens l’une des femmes vraiment emblématiques du jeu vidéo.
Un scénario plus sombre
Pour les fans de la série, l’histoire se déroule dans le même monde que Tales of Zestiria, quelques siècles avant les événements de ce dernier. Et lorsqu’une brèche s’ouvre entre le monde des humains et un monde plus démoniaque, c’est l’apocalypse ! Velvet perd ses parents et sa grande soeur. Elle tente désormais de faire son deuil avec les membres rescapés : son jeune frère Laphicet, et son beau-frère Artorus.
Un soir, une lune rouge teinte le ciel de pourpre. Dehors, c’est l’horreur : les démons massacrent allègrement les villageois. Réalisant que Laphicet a disparu, Velvet s’empresse de partir à sa recherche, dans les ruines qu’il aime tant. Mais ce qui l’attend fait basculer sa vie dans l’horreur. Son jeune frère est sacrifié sous ses yeux par Artorus. Cerise sur le pudding, Velvet découvre qu’elle est aussi un démon, se nourrissant des âmes d’autres créatures maléfiques.
Trois ans plus tard, c’est une Velvet emprisonnée, mais affublée de nouveaux pouvoirs, que l’on retrouve. Elle a appris à les canalyser, et est bien décidée à s’évader. Ce pour se venger d’Artorus, ce traître considéré comme un héros par le monde entier. Il a, au passage, fondé un ordre religieux avec l’aide des Malakins (ou Malaks), l’Abbaye, qui a désormais la mainmise sur le monde.
Les scénaristes nous emmènent donc dans une histoire où s’opposent les Daemons (un mot très à la mode dans les RPG en ce moment) et les Exorcistes. Naïf au premier abord, le scénario dévoile petit à petit des subtilités qui font que l’on s’accroche à cet épisode plus sombre que d’habitude.
De plus, il se permet de glisser quelques messages plus matures en filigranes, comme la place et le poids de la religion. Et les dérives qu’elle peut représenter si elle n’est pas contrôlée par les bonnes personnes.
Le B-A BA du combat… dynamique
Comme dans chaque épisode de Tales of, le système de combat va en ravir certain, en faire râler d’autres ! Car comme dans chaque opus, nous avons ici des combats dits « dynamiques ».
Autrement dit, pas de tour par tour, mais des combats en temps réel, où chaque combattant peut enchaîner librement ses combos, comme bon lui semble.
Le point positif, c’est que ces affrontements sont rapides (parfait lorsqu’il faut farmer). C’est du gameplay de Tales of, mais en plus dynamique ! L’inconvénient, c’est qu’ils offrent des scènes parfois un peu brouillonnes, pas toujours lisibles.
Les combats sont évitables : les monstres apparaissent sur la carte. Ils se déclenchent selon quatre configurations. Soit en allant au contact des ennemis (normal), soit en les surprenant par derrière (état « favorable« ). Mais parfois, ce sont les ennemis qui vous surprennent, prenant ainsi l’avantage. Cela va du simple état « risqué« , à « dangereux » lorsque deux ennemis vous atteignent en même temps (donc beaucoup plus nombreux sur le champ de bataille).
Commedia dell’Arte
Néanmoins, on ne peut qu’apprécier les mécaniques améliorées, plus nerveuses, et qui vont vous obliger à revoir votre approche stratégique. Il est par exemple très plaisant de pouvoir switcher comme bon vous semble entre les différents persos du groupe. Vous pouvez donc remplacer votre personnage par un allié en réserve.
Chaque personnage dispose très vite d’une foultitude de compétences appelées « Arte ». Et vous pourrez les affecter comme bon vous semble, afin de trouver le combo le plus dévastateur possible. De nombreuses combinaisons sont possibles. Vous allez passer du temps dans le menu à créer vos différentes combinaisons. Mais une fois in-game, quel pied et quelle facilité d’utilisation !
Pour déclencher ces Artes, vous aurez besoin d’âmes (matérialisées par des cristaux sous la barre de vie). Donc, pour pouvoir utiliser les compétences les plus puissantes, soit vous disposez d’assez d’âmes… Soit vous devrez les récupérer en étourdissant ou en battant des monstres. Attention, ils peuvent aussi renverser la vapeur !
Le système de combos me semble aussi plus accessible qu’auparavant, sans pour autant laisser de coté l’aspect stratégie. Ainsi, un peu plus tard dans le jeu, vous pourrez aussi utiliser vos âmes pour lancer des transformations. Elles permettent d’asséner des combos et finish bien dévastateurs, simplement en pressant L2 ou R2.
Au final, quand la plupart des J-RPG proposent des combats vite rébarbatifs, ceux de Tales of Berseria sont vraiment plaisants.
Atelier Berseria
Ces derniers temps, c’est un point souvent critiqué dans la plupart des J-RPG : une trame principale qui laisse peu de place à l’exploration. Rassurez-vous, dans Berseria, ce n’est pas le cas.
En effet, le vaste monde de Berseria va vous offrir de quoi vous écarter de la quête principale. A commencer par les coffres Minnouz qui, en plus des coffres traditionnels, vous permettront de mettre la main sur des costumes et accessoires divers. Ils sont éparpillés sur la carte. Et vous devrez, pour les ouvrir, posséder suffisamment de jetons Minnouz, à ramasser sur les cartes.
ToB vous propose aussi des missions annexes. Leur utilité ne vous saute pas forcément aux yeux au premier abord. C’est le cas par exemple de cette quête qui vous propose d’envoyer votre navire explorer la carte, pendant que vous vaquez à vos occupations. Il rentre de ses missions avec des objets de plus en plus intéressants.
La cuisine fait aussi son grand retour dans Tales of. Comme dans Final Fantasy XV, par exemple, vous allez pouvoir concocter de bonnes petites recettes, avec les ingrédients adéquats.
Du coté de l’équipement, s’il permet de gonfler les stats de vos personnages, il peut aussi être amélioré. Les marchands vous proposent en effet les classiques « acheter » et « vendre », mais aussi « améliorer » et « démanteler ». Le premier vous permet d’upgrader votre équipement avec les matériaux indiqués. Le second de démonter cet équipement pour en récupérer les éléments.
Enfin, vous pourrez aussi participer à de nombreux mini-games, ou vous amuser à collectionner les tenues alternatives pour vos héros. Coiffes, accessoires ou vêtements, elles n’ont pas d’impact sur vos stats, mais ne sont qu’esthétiques.
C’est bien un Tales of…
Est-on dans un Tales of ? Oui, c’est évident, puisque c’est marqué en gros sur la boite ! Blagues à part, je veux parler ici de ces petits détails qui nous rappellent que nous sommes bien dans l’univers du RPG de Bandai-Namco.
Je ne reviendrai donc pas ici sur les graphismes caractéristiques, ni sur les mécaniques de combat, que j’ai évoqués plus haut. Ce sont pourtant deux aspects qui font partie intégrante de l’ADN de la série. Mais il y en a d’autres.
je pense par exemple à ces phases de dialogue, lorsque vous vous baladez sur la map. Actionnez-les à l’aide de la touche triangle, et vous assisterez à des dialogues contextuels entre les personnages du groupe. Une option facultative, mais qui donne de la consistance aux rapports entre les différents protagonistes de votre équipe.
Au niveau de l’inventaire, les plus observateurs remarqueront une autre « signature » Tales of. Je parle évidemment des objets que vous pouvez stocker jusqu’à 99 exemplaires, à l’exception des objets de soin, limités à 15 !
On pourrait aussi parler de ces séquences plus humoristiques, qui viennent régulièrement désamorcer la gravité du propos. Ou encore des superbes musiques de Motoï Sakuraba, compositeur fidèle à la série depuis le premier Tales of…
Et puis, il y a tous ces petits easter-eggs. Par exemple, je ne sais pas si j’ai halluciné, mais il me semble pourtant avoir lu, dans un dialogue, une référence à la déesse Martel, au centre de l’intrigue de Tales of Symphonia. Je vous laisse le soin de découvrir les autres 😉
Chouette… Mais un peu daté !
La direction artistique est particulièrement réussie, le jeu est lumineux. Les décors éclatent de couleurs, le style « manga » est vraiment plaisant. On sent également que Mutsumi Inomata, Kosuke Fujishima, Minoru Iwamoto et Daigo Okumura (de Tales of Zestiria) se sont éclatés sur le chara-design.
Pourtant, dans cette débauche de pastel et de petites détails, certaines choses piquent un peu. Les textures sont parfois approximatives, certains éléments un peu trop polygonaux. De même, sur la map, le jeu affiche ouvertement un bon gros aliasing de derrière les fagots (buissons qui apparaissent au fil de votre progression).
De même, les donjons sont souvent beaucoup trop sobres. Pas vraiment compliqués et relativement vides, ils se traversent trop rapidement. Même si certains vous imposeront des allers-et-venues pour récupérer des clés ou débloquer des mécanismes.
Avant d’aller plus loin, relativisons ! Au Japon, le jeu a initialement été développé pour la PS3. Il est sorti en août dernier sur PS3 et PS4, cette seconde ayant bénéficié d’un lissage de la première, ce qui explique ces limites techniques. En Europe, Nous ne connaîtrons que les versions PS4 et PC (via Steam).
Au final
Lorsque je me suis lancé dans Tales of Berseria, j’étais assez content de retrouver cette licence. D’autant que j’ai toujours apprécié la franchise, et que cet épisode me semblait bien sympa. En même temps, je n’en attendais pas trop, n’ayant pas trouvé, ces dernières années, de Tales of à la hauteur de « Symphonia », qui reste de loin mon préféré !
Pourtant, au bout de quelques heures, j’ai réalisé que j’étais « tombé dedans » ! Je me suis laissé entraîner par cette grande aventure, par son casting intéressant, leadé par la première femme « chef » de la série. Le jeu a ce petit « je-ne-sais-quoi » qui crée instantanément un affect avec le joueur.
Au bout du compte, Tales of Berseria est un épisode qui fait honneur à la série. Certains pourront (toujours et encore) lui reprocher son système de combats dynamique. Mais toujours est-il que Berseria est LE Tales of que nous attendions depuis si longtemps, celui qui redonne un grand bol d’air frais à la série. Et qui crée une attente pour le futur de la série… Et ça fait du bien !.
Verdict
Un très bon RPG et un excellent Tales of ! Berseria est l’épisode que l’on attendait, qui remonte la série dans les tops du J-RPG.
16/20
Les + :
- Velvet !! Une fille pour héros, la première de la saga, très charismatique de surcroît !
- Un système de combats excellent
- Les temps de chargement quasi-inexistants
- Customisation poussée des personnages
- La bande-son
- Les cinématiques (style anime) assez jolies
- Des décors détaillés et très colorés, de grandes villes
- Les musiques de Motoï Sakuraba
- Une bonne durée de vie (une soixantaine d’heures)
- Possibilité de mettre les voix japonaises (sous-titres VF)
- Assez commun, le scénario nous accroche cependant ! Vraiment sympa et plus sombre…
Les – :
- … Mais il compile tous les clichés du genre
- Un moteur graphique avec un peu de retard
- Le level-design manque d’inspiration dans les donjons
- Le titre méritait clairement plus d’ambition
- La dimension « exploration » devient presque anecdotique
Tales of Berseria, par Bandai-Namco, sur PS4 et PC. PEGI : 16.
Test réalisé sur une version PS4 fournie par l’éditeur.
Site officiel