Depuis 1996, elle nous régale de ses aventures. Lara Croft est l’héroïne de la saga d’aventure Tomb Raider. Une série qui, si elle a redéfini le genre « aventure » a, aussi, apporté une énorme touche de féminité dans cet univers jusqu’alors dominé par la gent masculine. Alors, il est temps de rendre à Lara ce qui lui appartient… Sa place d’icône dans notre « panthéon » des personnages du jeu vidéo !

Qui est Lara Croft ?

Nous sommes le 25 novembre 1996. Les joueurs sur Saturn et PlayStation découvrent une nouvelle franchise qui va littéralement révolutionner la culture du jeu vidéo. La sortie de Tomb Raider marque la première apparition d’une certaine Lara Croft. Utilisant la 3D de ces nouvelles machines, Core Design et Eidos nous proposent un voyage à la Indiana Jones, mais avec une femme dans le rôle principal.

Lara Croft est reconnaissable à son body turquoise, son short court marron, ses Rangers, son sac à dos et ses deux pistolets fixés à la ceinture. Elle a les yeux marrons, et de longs cheveux qu’elle coiffe en tresse. Bien que dans le premier opus, les contraintes techniques ne permettaient pas d’animer cette tresse. Alors, dans Tomb Raider, Lara ne porte qu’un chignon (elle aura sa tresse dès Tomb Raider 2).

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Si Lara est présentée comme une jolie femme, très athlétique, elle est aussi considérée comme très cultivée et très intelligente. Issue d’une famille aristocrate anglaise, elle est archéologue, passionnée par les civilisations anciennes.

Elle est aussi présentée comme une femme au caractère très fort. Elle n’hésite pas à s’exposer au danger, ne craint quasiment rien… Et élimine ses ennemis sans pitié dès lors que sa vie est mise en jeu. Dans les situations que traverse Lara, il faut agir vite… Alors, notre héroïne est spontanée, bien qu’elle agisse très souvent avec beaucoup de réflexion et de logique.

Elle a failli être Sud-Américaine

Saviez-vous qu’au tout début du développement du jeu, c’est bien un jeune homme coiffé d’un chapeau et armé d’un fouet qui avait été designé par Toby Gard ? Ce qui, on en conviendra, peut rappeler un certain personnage de cinéma très célèbre. Alors, Jeremy Heath-Smith (cofondateurs de Core Design) décide de changer le sexe de son personnage… Afin d’éviter un éventuel procès avec George Lucas. Mieux vaut prévenir que guérir !

Alors, sur une nouvelle copie, le nouveau jeu de Core Design dévoile son premier pitch. Le joueur incarnera une aventurière qui explore des temples et des tombeaux antiques. Elle a d’abord les cheveux courts, porte un treillis… Ça ne va pas, alors on l’habille comme une rapeuse inspirée par Neneh Cherry… Ça ne va pas non plus, jusqu’à ce que Toby Gard arrive à… Une aventurière originaire d’Amérique du Sud, et répondant au nom de Laura Cruz ! On y est presque !

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Mais… Un nouveau petit problème survient ! Le jeu est édité et produit par Eidos, un studio créé à Wimbledon. Et Eidos, qui signe le chèque, estime qu’une héroïne sud-américaine… Ce n’est clairement pas assez vendeur auprès de son public, majoritairement Anglais.

Laura Cruz devient donc britannique… Et change par la même occasion de nom et de prénom, après un coup d’œil dans l’annuaire téléphonique de Derby (où se situent les bureaux de Core Design) pour devenir Lara Croft (donc le nom d’une vraie habitante de Derby). La fille de Lord Richard Croft, aristocrate de la Cour d’Angleterre, vivant dans un manoir à Londres. D’ailleurs, contrairement à une idée reçue, les parents de Lara sont bien vivants dans les jeux Core Design (ils apparaissent même dans Sur les Traces de Lara Croft, le 5e jeu). Ce sont les biographies ultérieures qui les feront disparaître…

Toby Gard, plus qu’un développeur, un « papa »

Si Lara doit être associée à un développeur, on pensera à raison à son « papa » un certain Toby Gard. Et le qualifier de « père » de Lara Croft n’est pas usurpé, tant ce designer anglais a montré, par le passé, un attachement très fort, pour ne pas dire protectionniste envers son personnage. Comme le ferait un père envers sa fille.

Ainsi, lorsqu’une erreur de programmation pousse le volume de la poitrine de Lara à 150%, il est le seul à en être gêné, à vouloir réparer l’erreur. Mais le studio, séduit par ce tour de poitrine hors-normes, le conservera, au grand dam de Toby Gard.

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Toby Gard sera aussi celui qui refusera l’implantation du fameux cheat-code permettant de dévêtir Lara. Pour lui, il n’y a pas débat : Lara n’est pas une bimbo, pas une figure sexualisée. Elle est un personnage à part entière, une femme forte… Et c’est cette vision de sa création qu’il défend.

Notre homme est prude ! Mais lorsque Lara devient une égérie que l’on peut voir partout, dans de nombreuses pubs, il n’a plus son mot à dire… Voir Lara apparaître en maillot de bain à la Une des magazines est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Selon lui, « jamais Lara ne s’abaisserait à faire de la pub ou à poser dans les magazines » ! Toby Gard démissionne de chez Core Design. Il ne reviendra travailler sur Tomb Raider que lorsque son développement sera repris par Crystal Dynamics.

La mort de Core Design : Lara sur le déclin

La fin de vie de Core Design aura été particulièrement compliquée (racheté par Rebellion en 2006, il ferme définitivement en 2010). Le studio va mal, mais tente coûte que coûte de garder la tête hors de l’eau. Mais vous vous en doutez, pour Lara Croft, rien ne va plus !

Les difficultés commencent dès le second opus, car face au succès de Tomb Raider, l’éditeur Eidos décide d’en faire une série annuelle : un nouvel épisode doit sortir chaque année en novembre. Mais le développeur perd pied, et subit un crunch perpétuel. Seule solution : mettre en place une rotation d’équipes, pour tenir le tempo. Mais cela ne suffit pas !

En 1999, Core Design, totalement épuisé, imagine une porte de sortie avec le quatrième opus, La Révélation Finale. Le scénario de cet épisode (et surtout la fin du jeu) se prête à faire disparaître Lara pour de bon, mettant fin à la série. Mais Eidos n’est pas du même avis : pour le cinéma, deux films sont en pré-production, il est donc inconcevable de faire mourir Lara. Core Design n’a pas le choix, et doit continuer.

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Le pire va arriver en 2003, avec L’Ange des Ténèbres, premier jeu de la série sur PS2. Faute de temps, Eidos décide de couper la moitié du jeu pour tenir le timing. La moitié amputée fera l’objet d’un autre épisode, The Lost Dominion, qui ne verra jamais le jour. Au final, l’Ange des Ténèbres marquera les joueurs, mais pas pour les bonnes raisons, considéré aujourd’hui encore comme le pire épisode de la série. Un jeu tellement raté que, quelques semaines avant son lancement, lors d’une présentation officielle… Un responsable de Core Design ne parvient pas à faire escalader un mur à Lara. Devant des spectateurs ébahis, il l’insulte en direct.

Remake du premier épisode, Anniversary est présenté par Core Design en 2006, pour la PSP. Mais le studio est mourant, à bout de souffle, et le projet ne verra jamais le jour. Néanmoins, Tomb Raider Anniversary sortira bien mais, repris par un autre développeur… Entre temps, il a été récupéré par Crystal Dynamics. Avec ce nouveau studio, la belle va traverser les générations, jusqu’à ce que Square-Enix n’entre en scène…

Chez Square-Enix, un reboot ?

En 2010, l’éditeur japonais Square-Enix (Final Fantasy, Dragon Quest) rachète Eidos Interactive. Un rachat qui va être l’amorce d’un véritable revisite de la série et de son personnage principal. Sous l’impulsion de Square-Enix, on reprend l’aventure avec une toute jeune Lara, au cours de sa toute première expédition. Le ton est plus adulte, le propos plus sombre, avec une Lara qui perd en sex-appeal au profit de plus de réalisme.

Cette version sera en réalité une trilogie, qui se compose de Tomb Raider (notre test ici), Rise of the Tomb Raider (notre test ici), et Shadow of the Tomb Raider (notre test ici). Mais, si tout le monde a l’habitude de parler de reboot… En est-ce vraiment un ? Et bien… Pas vraiment ! Et plutôt que de parler de reboot, on parlera en réalité de prequel !

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Car ici, on découvre une toute jeune Lara, inexpérimentée, qui est loin d’avoir la personnalité qu’on lui connaît. On la découvre plus faible, plus vulnérable, plus sensible… Et surtout, elle déteste les tombeaux, comme elle le dit si bien !

Mais au fil de ces trois épisodes, on voit aussi Lara évoluer. Devenir plus forte, plus intrépide encore, et surtout plus redoutable, sans pitié. Pour au final, à la fin de Shadow of the Tomb Raider, retrouver la vraie aventurière aguerrie que vous connaissez depuis 1996. Une trilogie marquée par une vraie évolution progressive du personnage !

Une véritable star de la pop-culture !

Faites le test autour de vous : 99% des personnes, même les non-gamers, sauront vous dire qui est Lara Croft. Sans doute parce que la belle anglaise n’est pas qu’une icône du jeu vidéo. Sa personnalité a touché tous les médias. En 2006, Lara est récompensée d’une étoile dans le Walk of Game. Et le Livre Guinness des Records la reconnaît quant à lui comme « héroïne humaine de jeu vidéo ayant le mieux réussi » !

Des comics à partir de 1997, un manga, des romans, et même des albums CD… Ou bien entendu le cinéma, avec trois films au compteur. Lara Croft : Tomb Raider en 2001 et Lara Croft : Tomb Raider, le Berceau de la vie en 2003 (avec Angelina Jolie)… Ou plus récemment Tomb Raider en 2018 (avec Alicia Vikander). Une suite est d’ailleurs prévue pour 2021.

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Sachez aussi qu’en 1998-1999, Lara Croft était l’égérie de la marque Seat. Dans plusieurs spots de pub, diffusés sur les chaînes françaises, elle vantait les mérites des modèles de la marque automobile (voir vidéo ci-dessus). Elle fera aussi de la pub pour les cartes Visa.

Et puisque l’on parle de Lara en tant qu’égérie, sachez qu’elle a aussi tapé dans l’œil de Bono, le charismatique leader de U2. L’aventurière apparaissant pendant des concerts sur un écran, lors de la tournée Popmart… Ou s’invitant dans le clip Elevation du groupe irlandais…

Pour la promotion de la franchise, Lara aura été incarnée par de nombreuses actrices en chair et en os. Nathalie Cook (1996-1997), Rhona Mitra en 1997, Nell McAndrew (1998-1999), Lara Weller (1999), Lucy Clarkson (2000 à 2002), Jill de Jong (2002 à 2004), Karima Adebibe (2006 à 2008), Alison Carroll (2008)… Ce qui fait de Lara Croft, le personnage de jeux vidéo le plus doublé (et encore, nous n’avons pas parlé d’Angelina Jolie ou Alicia Vikander pour le cinéma).

La liste des jeux Tomb Raider

Voici la liste des différents jeux Tomb Raider, par support et par année :

  • 1996 : Tomb Raider (Saturn, PlayStation, PC)
  • 1997 : Tomb Raider II : La Dague de Xian (PC, Mac, PlayStation)
  • 1998 : Tomb Raider 3 : Les Aventures de Lara Croft (PC, Mac, PlayStation)
  • 1999 : Tomb Raider : La Révélation finale (PlayStation, Dreamcast, PC/Mac)
  • 2000 : Tomb Raider : Sur les traces de Lara Croft (PlayStation, Dreamcast, PC/Mac)
  • 2000 : Tomb Raider (GameBoy Color)
  • 2001 : Tomb Raider : La Malédiction de l’Épée (GameBoy Color)
  • 2002 : Tomb Raider : The Prophecy (GameBoy Advance)
  • 2003 : Tomb Raider : l’Ange des ténèbres (PC, Mac, PS2)
  • 2006 : Tomb Raider: Legend (PC, Xbox, X360, PS2)
  • 2007 : Tomb Raider: Anniversary (PS2, PC/Mac, Wii, PSP, X360)
  • 2008 : Tomb Raider: Underworld (PS2, PS3, PC/Mac, X360, Wii, Nintendo DS)
  • 2011 : Tomb Raider: Trilogy (PS3)
  • 2013 : Tomb Raider (PS3, X360, PC/Mac, Linux)
  • 2014 : Lara Croft et le Temple d’Osiris (PC)
  • 2015 : Rise of the Tomb Raider (PS4, Xbox One, X360, PC/Mac, Linux)
  • 2015 : Lara Croft GO (mobiles) et Lara Croft Relic Run (Android)
  • 2018 : Shadow of the Tomb Raider (PS4, Xbox One, PC/Mac, Linux)

Notez que les jeux développés par Core Design (jusqu’à Sur les Traces de Lara Croft) sont aussi, depuis, sortis sur iOs, Android, et sur le PSN pour la PSP et PS3.

J’me coucherai moins bête

C’est l’heure de notre désormais traditionnelle partie consacrée aux anecdotes en vrac sur notre personnage du jour :

  • Nous avons écrit plus haut que Bono était un grand fan de Tomb Raider et de Lara Croft. Mais saviez-vous qu’en 2005, lorsque l’éditeur Eidos a connu des difficultés financières, le groupe U2 s’était positionné pour racheter le studio ?
  • Comme nous l’avons vu plus haut, Nell McAndrew a incarné Lara entre 1998 et 1999. Eidos mettra fin à son contrat pour avoir posé dans PlayBoy. Non pas pour les photos en elles-mêmes, mais pour la mention de la franchise Tomb Raider, par Playboy, pour promouvoir le magazine… Mais sans l’autorisation du studio.
  • Le jeu fait référence à un film dont il s’inspire : Indiana Jones ! Ainsi, dans le premier opus, on peut retrouver la scène de la boule de pierre qui dévale sur notre héroïne dans un temple… Et l’Arche d’Alliance apparaît dans le manoir Croft.
  • La biographie officielle dit que Lara est née à Wimbledon (là où a été créé le studio Eidos). Et le manoir Croft s’inspire des locaux de Derby Studios, où a été développé le jeu.
  • Six : c’est le nombre d’humains que Lara Croft tue dans le premier opus. En revanche, des loups, des gorilles, des raptors et autres animaux… C’est un festival ! Ce qui lui a vallu les foudres d’associations protectrices des animaux.
  • L’une des incarnations de Lara, Rhona Mitra, sortira deux albums de chansons : Lara Croft : Come Alive (1998) et Lara Croft : Female Icon (1999). Les deux albums (de qualité plus ou moins contestable) ont été composés par Dave Stewart d’Eurythmics.
  • Dans le 4e épisode, Lara croise un certain Jean-Yves. Il s’inspire d’une personne bien réelle : Jean-Yves Empereur, archéologue français qui a découvert les restes du phare d’Alexandrie.
  • La toute première Lara Croft est constituée de 540 polygones… Contre 40 000 pour le jeu de 2013.
  • Tomb Raider a failli ne pas sortir sur PlayStation, et n’être publié que sur Sega Saturn. Mais à force de retravailler le modèle, ajouter des cinématiques et corriger les bugs, le jeu a finalement passé les tests de Sony avec succès.
  • Si Lara a changé de tenue dans la trilogie de Square-Enix, des skins sont déblocables pour retrouver la Lara Croft des premiers jeux.

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