Il était un petit Na’Vi

Avatar. Lorsque l’on ne parle pas d’une série animée de Nickelodeon (avec un certain dernier maître de l’air), ce terme fait référence à une autre grosse licence : celle initiée par le réalisateur James Cameron avec le film éponyme, en 2009 (oui, c’était il y a déjà 14 ans). Il plantait ainsi le décor d’une grande saga qui, on le sait maintenant, devrait nous être racontée en 5 films. Le deuxième est sorti fin 2022, et le prochain est attendu pour décembre 2025. Ne parlons pas du quatrième, programmé pour décembre 2029.

Le monde extraterrestre imaginé par James Cameron est tellement gigantesque, et riche, qu’il peut facilement nourrir tout un univers étendu. Des romans, des BD, mais aussi des jeux vidéo. Ainsi, en 2009, on pouvait également trouver sur consoles un James Cameron’s Avatar : the Game, développé par Ubisoft Montréal (PS3, X360, Wii, PC et DS), et Gameloft pour la version mobiles. Le développeur et éditeur français a conservé les droits de la licence puisque, en mars 2017, Ubisoft annonçait le développement d’un openworld très ambitieux Avatar. Jeu que l’on supposait alors pensé pour accompagner la sortie du second long-métrage : la Voie de l’Eau, fin 2022.

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Finalement, il n’en sera rien ! Avatar : Frontiers of Pandora sort un an plus tard, et offre un récit complètement inédit. Avec de nouveaux personnages, dans un lieu nouveau (la frontière occidentale de Pandora), et se déroulant sur une timeline différente de celle du film. Une histoire où l’on n’incarnera ni Jake Sully, ni Neytiri… Le joueur incarne une jeune Na’Vi (par défaut, mais on peut aussi jouer un personnage masculin) kidnappé par la RDA. Un Na’vi élevé et entraîné de manière à servir les desseins des Humains. Quinze ans plus tard, vous voilà enfin libre, mais vous êtes devenu un étranger dans votre monde d’origine. Dès lors, vous allez devoir renouer avec votre héritage perdu, les traditions, coutumes, animaux… Redécouvrir ce qu’être Na’vi signifie vraiment et rejoindre d’autres clans pour protéger Pandora face à la RDA.

Comme pour le premier film, le scénario n’est pas le point fort du jeu. Il est très classique, peut-être même un peu trop. On a une bonne idée de base (l’enfant enlevé par la RDA), mais qui retombe vite dans un schéma très (trop) stéréotypé. On peut même clairement dire que le parcours initiatique de notre héroïne est un clone de celui de Jake Sully dans le premier Avatar de Cameron. Avec quelques originalités mais, dans les grandes lignes, beaucoup de similitudes. De l’apprentissage des traditions Na’Vi jusqu’à la domestication de votre Ikran (la créature ailée qui va ensuite vous permettre de vous déplacer en volant), l’histoire a comme un petit air de déjà vu.

Re-bienvenue sur Pandora !

Avatar : Frontiers of Pandora est un jeu en vue à la première personne (FPS). Il est rangé dans la catégorie des jeux d’aventure/ action, mais avec ses nombreuses phases de tir, on le classera aussi facilement parmi les FPS plus classiques. Si on devait piocher des références dans le catalogue d’Ubisoft, on penserait sans hésiter à Far Cry. Voire à Far Cry Primal pour les séquences de tir avec un arc. Votre approche de l’objectif change en fonction de l’armement que vous utilisez : les armes humaines pour du tir bien bourrin, l’équipement Na’Vi pour plus de subtilité et de discrétion. Le jeu est développé par Massive Entertainment, studio appartenant à Ubisoft que vous connaissez pour une autre franchise culte du genre : The Division et The Division 2. De ce point de vue, parler de FPS n’est donc pas si délirant !

Mais il serait injuste de limiter Avatar : Frontiers of Pandora à ces seules mécaniques de gameplay. Le jeu vous offre aussi des phases d’exploration, du craft (tenues, recettes, armes et munitions), de l’infiltration, et des déplacements vraiment jouissifs : à pied, on grimpe aux troncs, ou dans les arbres grâce aux lianes… Maîtrisant le parkour grâce à la série Assassin’s Creed, Ubisoft nous propose ici des déplacements fluides, rapides, et aussi agréables à jouer qu’à vivre en vue à la première personne. Pour le coup, ces séquences nous rappellent aussi Mirror’s Edge, de Electronic Arts. Et puis plus tard dans le jeu, vous apprendrez aussi à chevaucher votre Ikran, pour des virées célestes encore plus renversantes.

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Aujourd’hui, les jeux vidéo permettent de réaliser tellement d’actions que l’écran peut vite être complètement saturé d’infos et affichages divers. Avatar : Frontiers of Pandora s’affranchit littéralement du HUD ! Comprenez par là que, lorsque vous jouez, aucune indication (mini-carte, vie, munitions, etc) ne sera affichée à l’écran. Pour obtenir ces infos, vous devrez ouvrir le menu. En jeu, tout se passe entre la forêt et vous, et rien d’autre. Avec cependant la possibilité de marquer un point d’intérêt, et de l’afficher grâce à une vue qui fait penser à la Vision d’Aigle d’Assassin’s Creed. Et comment fait-on disparaître un HUD ? Tout simplement grâce à une bonne VF, et à un level-design qui permet des éléments de décor suffisamment variés pour qu’une cascade, un arbre, devienne un point de repère. Écoutez les indications des PNJ, en mode GPS, pour savoir où se situe le prochain point d’intérêt. En matière d’immersion, c’est du caviar !

Enfin, sans grande originalité (puisque c’est quasiment devenu un standard dans TOUS les jeux vidéo), Avatar : Frontiers of Pandora vous propose également un arbre de compétences simplifié (on n’est pas non plus dans un RPG). Au fur et à mesure que vous progressez, il permet à votre avatar de développer ses compétences, et même d’acquérir de nouveaux power-up (comme un double-saut par exemple). Inutile d’épiloguer : vous savez sans doute comment ça fonctionne, et à quel point ça peut vous faciliter la vie.

Et la technique, on en parle ?

Les images et captures d’écran qui illustrent ce test parlent d’elles-mêmes ! Avatar : Frontiers of Pandora compte parmi les plus beaux jeux vidéo de cette génération ! Visuellement, le soft de Massive Entertainment est une véritable claque ! Un jeu pensé pour la génération PS5-Series X/S, et ça se sent à chaque instant. Au point qu’une fois que l’on a joué à Frontiers of Pandora, on a du mal à l’imaginer sur PS4/XOne. Qu’il s’agisse des visages des Na’Vis, des décors, de la végétation luxuriante, des créatures qui peuplent Pandora… Tout est magnifique !

Seule la modélisation des Humains, en retrait par rapport à tout le reste, nous rappelle que nous sommes bien dans un jeu vidéo et non dans un nouveau film de James Cameron. Les hommes de la RDA font plus artificiels, plus « CGI » donc sont moins crédibles que le reste du jeu qui pousse le curseur très loin en termes de réalisme… Sa vue à la première personne en devient même frustrante, car elle laisse entrevoir ce que serait le même jeu, mais en VR… Massive Entertainment frappe un grand coup ! Et, au delà de Avatar, on sent monter une certaine excitation, rien qu’à l’idée que c’est le même studio qui nous prépare Star Wars Outlaws pour 2024.

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On aime aussi le level-design, l’aspect évolutif de Pandora, grâce à sa météo dynamique et son cycle jour/nuit. J’écrivais plus haut que le type d’armement choisi influe sur votre approche. Mais il en est de même pour l’environnement, qui est ici un personnage à part entière. La nuit, la forêt bioluminescente dévoile un monde radicalement différent de ce qu’il est en plein jour. De même, progresser sous la pluie est une expérience. En réalité, cela n’a que peu d’impact sur les réactions ennemies (avec une IA pas toujours optimale), mais l’intention est là.

Enfin, la réalisation, c’est aussi une bonne bande-originale pour accompagner le joueur. Le studio a fait appel à la compositrice turco-américaine Pinar Toprak, qui signe une OST magnifique. Bien que l’on sente en permanence l’inspiration du « maître » James Horner, tragiquement disparu en juin 2015, la musique du jeu est une réussite. Les morceaux accompagnent à merveille les différentes séquences de l’histoire… Et la simple écoute de cette OST (ici par exemple) vous donne l’envie soit de jouer, soit de revoir les films… Ce qui est très bon signe !

Au final

2023 a été une bonne année vidéoludique, avec Avatar : Frontiers of Pandora, elle s’achève de la plus belle des manières ! Le dernier jeu d’Ubisoft est une merveille, une réussite tant au niveau du gameplay que du rendu visuel. Et aussi sans aucun doute l’un des jeux les plus aboutis de cette génération de machines. Alors, on ne peut qu’éprouver de la compassion pour Ubisoft et pour l’équipe de développeurs qui, à quelques semaines près, ont loupé les qualifications pour les Game Awards 2023. Et quand on voit le palmarès de cette édition, rendu début décembre, on est convaincus que Frontiers of Pandora aurait pu glaner quelques récompenses.

En matière d’immersion, Avatar : Frontiers of Pandora est un jeu incroyable ! Massive Entertainment démontre son savoir-faire, et Ubisoft signe l’un des meilleurs jeux vidéo de 2023. Avec toutefois un gros bémol : tout au long de l’aventure, on aura eu cette impression que les développeurs étaient « bridés » ! Comme s’ils n’osaient pas sortir d’un schéma très académique et s’approprier l’univers d’Avatar, afin d’obtenir la sacrosainte validation par James Cameron. Dommage car, de ce fait, le jeu est très bon… Mais aurait pu être meilleur avec sa propre personnalité, tout en respectant l’œuvre de base. On a donc ici un jeu qui semble cocher les cases d’un cahier des charges, sans oser sortir de la wishlist du réalisateur canadien. Mais qui reste néanmoins un excellent jeu vidéo !

Sivako !!


Avatar : Frontiers of Pandora

  • C’est vraiment très beau !
  • La superbe musique de Pinar Toprak
  • Le doublage en VF
  • Le fort message écolo
  • Une incroyable sensation d’immersion, et de liberté (en parkour ou à dos d’Ikran)
  • Pas de HUD pour une meilleure immersion
  • Une jouabilité vraiment accessible
  • Le système de craft
  • Un immense respect de l’univers créé par James Cameron
  • La construction du récit trop calquée sur le premier film Avatar
  • Un jeu trop académique, qui se prive d’un petit brin de folie bien à lui
  • L’IA pas toujours cohérente
  • Le gameplay qui devient répétitif à la longue
  • Les missions secondaires pas toujours top