Un curieux éléphant à l’allure de doudou, des machines qui envahissent une île de laine… Voilà le point de départ de Woven, jeu indépendant signé Alterego Games. Et si on en parlait ?

Malgré les embuches, Woven est né !

D’un coté, nous avons Alterego Games, un petit studio indépendant néerlandais, créé en 2014. Une petite équipe qui se définit comme un studio « dont les créations privilégient toujours l’histoire et la saveur » ! Ils sont les créateurs de Woven, le jeu le plus ambitieux qu’ils aient développé à ce jour.

De l’autre coté, un éditeur, Stickylock. Lui aussi est indépendant, et basé aux Pays Bas. Stickylock crée des concepts, développe des applications et des jeux, et les implémente ou les publie. Il a accepté il y a quelques mois de publier Woven.

Ces deux là étaient donc faits pour se retrouver autour de Woven qui, comme nous l’avons vu plus haut, est véritablement le premier projet de grande ampleur de Alterego. Un jeu indé qui débarque cette fin d’année sur tous les supports : PS4, Switch, Xbox One, PC, Mac et Linux.

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Pour Woven, la vie n’a pas été un long fleuve tranquille. En 2016, Alterego Games et Dutch Game Garden lançaient une campagne participative pour développer le jeu. Mais le 7 octobre 2016, la campagne se terminait sans avoir atteint son objectif de 85 000€ : seulement 40 606 € étaient récoltés.

Mais qu’à cela ne tienne ! Il en fallait plus pour décourager les développeurs, qui décidaient de continuer l’aventure, à leur rythme, en investissant leurs propres deniers. Le jeu dont il sera question dans ce test est donc techniquement très loin des Triple A que vous avez l’habitude de voir… Mais il en est également très loin dans les moyens injectés pour son développement…

Stuffy & Glitch

Woven nous emmène dans un monde tout mignon et tout doux, où des créatures de laine vivaient en paix. On y incarne Stuffy, un animal en peluche bien intentionné, mais plutôt maladroit. L’aventure débute lorsqu’il rencontre Glitch, une luciole en métal, qui a perdu sa mémoire et son identité.

Stuffy, a-t-il été abandonné par ses amis ? D’où sont venues toutes ces machines ? Le seul moyen de répondre à ces questions sera de parcourir le monde, à la recherche de réponses. Mais attention, car ce monde de tissus cache des dangers… Mais aussi des secrets.

Woven nous emmène donc dans une aventure contemplative, en monde ouvert, où l’exploration sera de mise. Mais comme nous allons le voir avec la partie consacrée au gameplay, le jeu propose aussi de nombreuses énigmes.

Comment on joue ?

Le monde de Woven, divisé en cinq univers (plaine, montagne, plage, etc), est rempli d’obstacles et de défis. Pour pouvoir progresser, Stuffy et Glitch vont devoir trouver des plans, pour modifier la forme et les capacités de Stuffy. Changeant même jusqu’à son apparence.

Ainsi, les pattes d’éléphant vous procurent de la force. Mais les pattes de lapin ou de cerf vous permettent de sauter. Le jeu va donc consister à explorer ce monde ouvert, à la recherche d’une part de plans vous apportant de nouvelles facultés (et couleurs/textures qui auront aussi leur importance). Puis de trouver les machines permettant de customiser Stuffy.

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Car pour progresser, des énigmes vont donc vous barrer la route. Et vous devrez trouver la solution pour avancer. Activer un item précis, utiliser une texture précise sur votre personnage, effectuer une action sur un animal, débloquer une capacité particulière… Pas vraiment de grosse difficulté pour un adulte. Si ce n’est la jouabilité, qui peut vite devenir agaçante !

Car dans Woven, les actions de base ne sont pas affectées aux touches basiques ! Pour réaliser une action, vous devez presser une gachette (L2 pour les actions de Glitch et R2 pour celles de Stuffy) pour afficher une roulette de compétences… Puis déplacer le curseur sur la fonction souhaitée. Un gameplay poussif et non-intuitif, qui vous oblige par exemple à réaliser sept fois la manipulation si vous devez enchaîner sept sauts. Et lorsque vous devez gagner une course avec des bonds… Je vous laisse imaginer la prise de tête !

Un contenu correct

Pour un jeu vendu à moins de 20€, le résultat est raisonnable. Le contenu, lui, est correct. Avec notamment de nombreux secrets à débusquer (vous ne trouverez pas tout lors de votre premier run). Et certains sont bien planqués.

La durée de vie du jeu est aussi dans la moyenne, mais pas toujours pour les bonnes raisons. Les cinq mondes vont vous tenir en haleine pendant quelques heures… Mais le jeu se plierait sans doute plus rapidement si la jouabilité (évoquée plus haut) ne venait pas vous ralentir sur certaines épreuves. D’ailleurs, je n’ai pas encore parlé du rythme du jeu, mais lui aussi semble avoir été pensé pour gagner du temps, pour jouer la montre avec vous. Avec un personnage qui se déplace lentement…

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Pour le reste, on saluera l’effort porté sur la direction artistique. Avec quelques passages assez jolis à regarder, très colorés et chouettement texturés, et qui vous donnent cette impression de poser les yeux sur le bac de peluches d’une crèche. La musique, toute douce, est parfaitement dans le ton, avec quelques plages apaisantes. La narration (toute en rimes) est en Anglais, avec des sous-titres VF.

Les développeurs ont eu la gentillesse de nous offrir ici un monde très enfantin, sans nous imposer une ambiance louche façon Télétubbies. Techniquement, le jeu est très daté, mais ne tirons pas sur l’ambulance : Alterego ne dispose pas de la puissance de feu d’un jeu Triple A. On pourrait même voir en Woven un jeu artisanal, fait par des passionnés dans un atelier, lorsque la plupart des titres actuels sortent de grosses usines. Si le jeu est frustrant, on a donc envie de soutenir la démarche…

À qui se destine t-il ?

La réponse n’est pas si évidente ! Car au premier abord, avec son look de doudou déambulant dans un monde très coloré, et avec ses formes qui semblent tout droit sorties d’un programme pour enfants… On pourrait penser que le jeu s’adresse avant tout aux tout-petits.

Mais dès le second niveau, sur les cinq mondes du jeu, les énigmes commencent à devenir plus difficiles. Non pas qu’elles soient compliquées, mais les défis ne sont pas toujours raccords avec la jouabilité si particulière du soft. Surtout lorsqu’il faut atteindre un point précis dans un timing parfait. Assez chaud avec ce type de maniabilité.

Et au fil de notre progression, la réponse à notre question devient de plus en plus claire. Woven est un jeu qui se destine certes aux plus jeunes par son ambiance, par son atmosphère (classé PEGI 7)… Mais à la condition qu’un adulte soit présent, pour débloquer certains passages plus retors. La jouabilité, rigide et frustrante, ne sera pas forcément comprise (ni appréciée) par un enfant, qui demande des commandes simples.

Au final

Woven est un jeu qui revient de loin, et qui nous montre que, quand tout semble mal barré, tout reste possible si l’on y croit. Et après un développement qui aura sans doute demandé des sacrifices… Le jeu se paie une sortie au pire moment de l’année, face aux grosses machines tout juste débarquées pour les fêtes.

Ce petit jeu indépendant ne manque pas de bonnes idées, et nous a séduits par son ambiance enfantine. Il nous aura rappelé une époque lointaine, notre enfance, devant la TV à regarder les programmes jeunesse.

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Hélas, le tout est assombri par un gameplay certes complet et évolutif, mais pas du tout intuitif. Ce qui risque de rebuter les plus jeunes joueurs, et de lasser les plus âgés. Sur le fond, on soutient l’initiative à 100%… Mais sur la forme, certains aspects sont à revoir en profondeur, pour que l’on passe un bon moment. Pour un premier « gros » jeu, on salue le travail de titan réalisé par cette petite équipe prometteuse. Mais Woven reste malgré tout perfectible techniquement parlant…


Woven

Testé sur une version PS4, fournie par l’éditeur.

On a aimé :

  • Une vraie ambiance enfantine
  • Stuffy entièrement personnalisable
  • Des sous-titres VF
  • Une tonne de secrets à trouver
  • Des musiques douces qui collent à l’atmosphère
  • Des personnages et un monde attachants…

On aime moins :

  • Une jouabilité peu intuitive qui peut énerver
  • Un scénario générique et oubliable
  • Un rythme lent
  • techniquement daté
  • … Mais un peu chelous quand même