Goldorak, série animée diffusée à la TV française la première fois le 3 juillet 1978 sur Antenne 2, a encore une cote incroyable en 2023 ! Ses fans français sont comblés : après une excellente BD sortie en octobre 2021, c’est maintenant le studio nantais Endroad qui porte le géant de fer sur nos consoles (et PC), avec Goldorak : Le Festin des Loups, édité chez Microids. Un titre qui met toute une génération quadragénaire en ébullition. Avec une simple promesse : celle de prendre enfin les commandes de ce bon vieux Goldo…

Le retour très attendu du Mecha le plus connu au monde

Si vous avez grandi dans les années 70, 80 ou 90, alors vous connaissez sans aucun doute Goldorak, le robot géant qui a changé à tout jamais le visage des programmes TV jeunesse en France. À une époque où la télé diffusait, pour les enfants, des dessins animés et émissions produites aux USA (avec Disney, Hanna Barbera ou Looney Tunes), et en Europe (Calimero, Saturnin, Aglaé et Sidonie, Colargol, Croque-Vacances, etc), souvent des marionnettes ou de courtes séries en stop-motion. Et puis, sont arrivés du Japon, les animés ! Le 1er est Goldorak, qui arrive en France le 3 juillet 1978, suivi de Candy le 23 novembre 1978, puis Albator le 7 janvier 1980.

Mais les années 70-90 connaissent aussi les débuts et l’essor, pour le grand public, du jeu vidéo. Et forcément, le tout jeune média va aller lorgner du côté de l’animation. Et notre Goldorak fait des apparitions dans plusieurs jeux vidéo de l’époque. Il est non jouable en 1993 dans Mazin Saga sur Megadrive, en 1991 dans Battle Dodgeball – Tokyu Gekitotsu sur Super-Famicom (un jeu de balle au prisonnier), et sa suite Battle Dodgeball II en 1993 sur SFC… Il apparaît aussi comme boss de fin de niveau dans CB Chara Wars – Ushiawareta Gag, sur Super-Famicom en 1992. En revanche, il devient jouable dans Mazinger Z, en 1994 sur Arcade, ainsi que dans la flopée de jeux Super Robot Taisen.

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Aujourd’hui, les séries comme Goldorak sont devenues des Madeleines de Proust pour toute une génération de joueurs. Alors, imaginez les palpitations cardiaques lorsqu’en février 2021, l’éditeur français Microids annonce le développement d’un jeu Goldorak ! Qui plus est un jeu développé en France, par un jeune studio basé à Nantes, Endroad. Décidément, la France semble être un vivier de fans du géant de fer de Gô Nagai, puisque c’est aussi dans l’Hexagone qu’est née l’excellente BD Goldorak, parue chez Kana. Elle est signée par de grands fans : Denis Bajram (scénario, dessin, couleurs, sStoryboard, encrage, couverture) , Xavier Dorison (scénario) , Alexis Sentenac (dessin, storyboard, encrage) , Brice Cossu (dessin, storyboard, encrage).

Le jeu est donc développé par le studio Endroad, un tout jeune studio créé en 2017 à Nantes. Nos chers voisins sont connus pour un premier jeu publié en 2019, Fallback. Un  rogue-like épique et post-apocalyptique qui vous plonge sous terre, avec pour objectif de regagner la surface, pour sauver l’Humanité. Et Endroad va nous proposer une nouvelle fois de sauver notre planète dans son deuxième jeu. Puisque Goldorak : Le Festin des Loups consiste justement à défendre la Terre d’une armée extra-terrestre, à bord d’un robot géant. Et pour ceux qui se poseraient la question, Le Festin des Loups est une référence au 7e épisode de la première saison de l’anime Goldorak. On n’en dira pas plus…

Fulguropoing dans ta face… De joueur !

Bon, alors, comment vous dire..? On va commencer tout de suite par évacuer le sujet qui fâche ! Le défaut le plus évident du jeu, le premier qui va vous sauter aux yeux, c’est sa réalisation. Plus particulièrement lors des phases de gameplay. On ne va pas le nier : ce n’est pas très beau, et du début à la fin du jeu, on aura l’impression de jouer sur une PS3. Les textures et les animations sont vieillottes, les décors manquent de finesse et ont parfois des soucis d’échelle… On pourra aussi reprocher le peu de variété dans le bestiaire ennemi, avec des adversaires qui finissent vite par tous se ressembler (excepté les Golgoths). Bref, ce Goldorak ne restera pas dans les mémoires pour ses graphismes.

Mais techniquement, le jeu souffre de plus gros soucis encore. Un framerate instable, du clipping, de l’aliasing, une caméra parfois à l’Ouest. On a même des temps de chargement plus ou moins longs, sur PlayStation 5… Et là, on parle bien de jouer après la mise à jour de lancement, qui nous avait été recommandée. On comprend bien l’intention du projet, mais c’est la technique qui ne suit pas ! Et sans vouloir mettre en cause le savoir-faire du studio, loin de là, on se doute que le jeu n’a sans doute pas bénéficié d’un budget colossal.

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Et c’est bien dommage, car le jeu d’Endroad n’est pas complètement raté d’un point de vue technique. Par exemple, on apprécie grandement sa bande-son, qui est une franche réussite. D’une part parce que vous allez jouer du début à la fin avec des doublages en VF… D’autre part parce que l’OST du soft va vous rendre dingue, puisqu’elle se compose essentiellement des musiques (japonaises) de la série animée. Et elle va vous donner une furieuse envie de fredonner les morceaux pendant vos parties. Et aussi clairement envie de ressortir les vieux 45 Tours de votre enfance, avec le chanteur Noam sur la pochette.

Autre aspect technique réussi : les phases de dialogues, avec des images fixes représentant les personnages qui prennent la parole (un peu comme dans un Phoenix Wright). Ces dessins sont très réussis, et les artworks vont vous replonger à pieds joints dans cet univers qui a bercé notre enfance. Ces scènes de dialogues sont d’ailleurs assez drôles, et on vous conseille de ne pas en perdre une miette tant elles sont référencées. Ce qui nous amène au point suivant !

Un jeu par des fans, pour des fans

Et c’est donc ce qui nous amène à la grande force du titre : il dégage cette sensation d’avoir été développé par une équipe de fous-furieux raides-dingues de Goldorak (ou « Goldrake » comme disent les Américains). Des fans comme on en croise rarement. Comme nous l’écrivions ci-dessus, le jeu est ultra-référencé. Et à lire les scènes de dialogues qui, comme je le disais, comportent de (très) nombreux clins d’œil, on comprend très vite que les p’tits gars de Endroad ne sont pas pointus que sur l’anime… Mais qu’ils connaissent aussi sur le bout des doigts les différentes versions du manga de Go Nagaï. D’ailleurs, pour aller plus loin, le jeu ne se contente pas de faire des références à Goldorak (Grendizer en VO), mais aussi à son prédécesseur Mazinger.

Les développeurs sont de tels passionnés, que leur propos lève le voile, et tranche même parfois, sur les petites incohérences et les divergences entre le dessin animé et le manga. Par exemple, et sans trop en dévoiler sur le lore, la VF de l’anime comporte une énorme contradiction : dans certains épisodes, on nous dit qu’Actarus a dérobé Goldorak à l’armée de Vega, qui venait de construire ce prototype de machine de guerre (un super-Golgoth, quoi) pour attaquer Euphor… Et dans d’autres, Vega attaque justement Euphor pour s’emparer de son dieu protecteur, Goldorak. Le studio Endroad a pris le parti de suivre cette seconde version, qui est celle du manga.

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D’ailleurs, pour rester sur le scénario, l’introduction du jeu réalise un vieux fantasme de fan : vivre l’attaque d’Euphor et la fuite d’Actarus ! Un pan de l’histoire qui, dans l’œuvre originale, est seulement racontée, ou dévoilée par bribes lors de courts flashbacks. Ici, tout le chapitre tutoriel est consacré à ce tragique prologue qui voit la destruction de la planète du prince Duke Fleed (oui, c’est son vrai nom). Puis, le jeu embraye sur l’histoire que vous connaissez tous, quelques années plus tard. Réfugié sur Terre, le Prince est devenu Actarus Procyon, fils (adoptif) du professeur qui dirige le Centre d’Études Spatiales, installé sur un barrage non loin du ranch du Bouleau Blanc. D’ailleurs, je n’ai jamais compris pourquoi Procyon adopte un adulte, mais c’est une autre histoire…

Mais comme vous pouvez vous en douter, l’armée de Vega, leadée par Hydargos et Minos, a suivi Actarus, et s’est installée sur la face cachée de la Lune. La Terre regorgeant de ressources, Vega envisage de s’en emparer comme il l’a fait pour Euphor, en exterminant sa population. Mais c’est sans compter sur Goldorak, armé jusqu’aux dents, qui compte bien se battre jusqu’au bout pour défendre sa planète d’adoption…

Transfert… Autolargue !

Goldorak est un jeu d’action/aventure en 3D, dans un monde semi-ouvert. Donc avec tous les poncifs du genre : les plans de Golgoths à collectionner, les missions annexes à compléter et les civils à protéger, les ressources à collecter… Goldorak tente néanmoins une approche plus RPG (mais de manière assez light), avec un arbre de compétences à débloquer. Autrement dit, grâce aux matériaux récupérés sur la carte ou sur les ennemis vaincus, vous allez pouvoir débloquer des techniques emblématiques (comme le légendaire Cornofulgure), et améliorer vos compétences. Ce qui assure une courbe de progression (qui va de pair avec une difficulté progressive) pour votre robot géant.

Pour la partie « action-aventure » , les phases de gameplay se partagent en deux catégories : les phases en Dizer (robot), et les phases de vol où celui-ci sera arrimé à son Spacer (soucoupe). On aura même quelques phases de shoot’em up à bord de l’OV-Terre d’Alcor. Pour les séquences au sol, le jeu propose majoritairement des phases de combat. Les ennemis de base ne sont pas trop compliqués à vaincre. Mais certains Aliens vous demanderont de briser leur bouclier en utilisant l’attaque qui s’affiche au dessus d’eux (Pulvonium, Poings, Astérohaches, etc). Une fois leur bouclier brisé, il vous suffit de foncer dans le tas !

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Chaque chapitre se compose de plusieurs quêtes, qui se délient les unes après les autres en suivant votre progression. Elles vous permettent de découvrir l’histoire, et vous mènent de manière assez classique vers une confrontation avec un boss de fin de niveau, un Golgoth ! Ce dernier va vous offrir un combat un peu plus relevé, avec différentes boucles de gameplay et davantage de rythme : du combat classique, comme vous en avez multiplié jusqu’à présent dans le jeu, et des phases de QTE qui demandent d’être dans le timing.

Et puis, vous pourrez aussi jouer des phases de transition, plus reposantes, en vue du dessus plus éloignée. Ces phases se déroulent essentiellement au ranch du Boulot Blanc, ou dans la base d’observation spatiale, et reposent principalement sur des dialogues.

Le gameplay est assez classique. Ni bon, ni mauvais, il se situe dans la bonne moyenne. Et vous ne rencontrerez pas vraiment de difficulté à prendre le jeu en main. Avec toutefois un gros bémol. Un système de régénération mal pensé : il suffit de presser une touche pour regagner de la vie en puisant dans votre énergie (et non des items à ramasser au sol comme dans 99% des jeux). Ce système pourrait être sympa s’il ne souffrait pas d’une latence qui peut vous mettre en difficulté en plein combat. Et bien souvent, vous devez vous éloigner ou vous isoler pour recharger les batteries. Sous peine de finir désossé si l’ennemi a la mauvaise idée de vous attaquer pendant que vous vous soignez.

Au final

Goldorak : Le Festin des Loups n’est ni un bon, ni un mauvais jeu. Il est un titre qui se situe dans la moyenne. Jouant la carte de la nostalgie des années 70/80, il aurait pu être exceptionnel s’il ne souffrait pas d’une réalisation qui nous ramène en 2010. Et là, on ne peut que se demander ce qu’aurait été le jeu si le studio Endroad avait bénéficié d’un budget plus conséquent ! Heureusement, ce gros point noir est compensé par deux points forts : un énorme respect pour l’œuvre originale de Go Nagai et pour ses fans… Et une jouabilité qui, sans être mémorable, tient la route et fait le café. Le jeu est donc très moyen sur la forme, mais se rattrape sur le fond.

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Alors finalement, faut-il craquer pour Goldorak : Le Festin des Loups ? Si vous êtes un fan du géant cornu, il est évident que ce titre rejoindra votre collection à un moment ou à un autre. Maintenant ou prochainement lorsqu’il sera soldé, à vous de voir. Et, en sortant son jeu à une période où le calendrier est surchargé de hits, et à l’approche des fêtes, Microids prend un risque énorme : comment séduire les joueurs, pour Noël, face au nouveau Mario ou au nouveau Spider-Man ? Heureusement, l’éditeur parisien sort une nouvelle fois son atout : un prix frontal de 50€, loin des 80 balles généralement demandées pour un jeu vidéo sur consoles actuelles. Et mine de rien, c’est un bon argument.


Goldorak : Le Festin des Loups

  • Par : Endroad Studio, pour Microids
  • Sur : PS4 & PS5, XBox, PC, Switch (sortie plus tard)
  • Genre : Action/aventure
  • Classification : PEGI 7
  • Prix : 49,99€
  • Conditions de test : jeu testé sur une version PS5 fournie par l’éditeur. Jeu terminé.

Les points positifs

  • Fan-service et nostalgie à 800%
  • Les artworks fixes des séquences de dialogues
  • Assez simple à prendre en main
  • Les musiques originales
  • Une dizaine d’heures pour finir le jeu
  • Le jeu en VF
  • Les compétences à débloquer
  • Les phases de shoot’em up avec l’OV-Terre
  • Les combats de boss rythmés
  • Le prix compétitif

Les points négatifs

  • Visuellement, c’est quand même assez daté
  • Des bugs
  • Les missions assez vite répétitives
  • Les chargements
  • Le système de soin ingérable pendant les combats
  • Peu de variété dans le bestiaire
  • Les maps trop vides
  • Des soucis d’échelle