La sorcière la plus sexy et la plus punchy de la planète Jeu vidéo est de retour sur Switch. L’attente a été longue, mais Bayonetta 3 est enfin là ! Alors, c’est fébrilement qu’on lance ce nouvel épisode, pensé exclusivement pour la Switch. Que vaut ce nouvel épisode, et surtout, faut-il craquer ? La réponse, c’est maintenant avec notre test.
Un jeu que l’on a attendu… 8 ans
Huit ans. C’est le temps qu’il aura fallu attendre pour passer de Bayonetta 2 (sur Wii-U en 2014) à Bayonetta 3, qui déboule tout juste sur Switch. Huit année durant lesquelles les fans de la sorcière la plus sexy du jeu vidéo auront dû ronger leur frein. Alors, on imagine sans trop de difficulté la hype quia découlé de l’annonce de Bayonetta 3, lors des Games Awards 2017. Il y a maintenant 5 ans (puisque la cérémonie avait lieu en décembre). Le jeu était alors annoncé en exclusivité sur Switch. Pas de date, celle-ci sera précisé lors d’un Nintendo Direct en septembre 2021 : un vague 2022.
Bayonetta est un personnage très populaire chez les fans de Nintendo. Elle a d’ailleurs intégré le roster de Super Smash Bros en février 2016. Un fait assez étrange, qui nous ferait presque oublier que la licence n’a pas toujours été une exclusivité Nintendo. Pire, elle est arrivée sur le tard sur les consoles du géant Japonais. Le premier volet est sorti en 2010 (en Europe) sur PS3 et Xbox 360. Puis seulement en 2014 sur Wii-U, dans un packaging réunissant le premier et le second opus.
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De même, on oublie aussi souvent que le tout premier épisode faisait partie du catalogue de Sega. La marque au hérisson bleu était alors l’éditeur du jeu. Et c’est à partir du second volet que Nintendo va reprendre l’édition de Bayonetta 2, qui sera une exclusivité sur ses machines (Wii-U et Switch). En revanche, une chose n’a pas changé : le jeu est développé par PlatinumGames. Le même studio à qui l’on doit aussi, par exemple, l’excellent portage de NieR Automata, dont nous vous parlons ici.
Et s’attarder sur l’histoire de ce studio permet de comprendre pourquoi Bayonetta 3 va envoyer du lourd. Platinum Games est un studio qui a été créé par quelques talents de Clover Studio, un ex-studio interne de Capcom. Il se crée autour de quelques développeurs renommés, comme Shinji Mikami (le papa de Resident Evil ou Devil May Cry), Hideki Kamiya ou Yusuke Hashimoto. Le premier jeu du studio sera l’excellent mais sanglant Madworld, sur Wii. Dans leur catalogue long comme le bras, on retrouve Bayonetta, Astral Chain, The Wonderful 101, Vanquish, Metal Gear Solid Revengeance, NieR Automata, Starfox Zero…
Vaincre le mal, c’est pas sorcier



Bayonetta nous plonge dans un lore quelque peu complexe. L’histoire se déroule dans un monde où la magie est omniprésente, mais qui est cependant à des années lumière de Poudlard. Ici, deux forces s’affrontent. D’un côté les Sorcières de L’Umbra, maîtresses des ténèbres, et de l’autre les Sages de Lumen, que l’on associe à la lumière. Le premier volet nous présentait donc Bayonetta, une séduisante sorcière, qui était la dernière à maîtriser les arcanes de l’Umbra.
Dans ce nouvel épisode, notre sorcière préférée coulait des jours heureux à réserver son prochain voyage au Listenbourg, jusqu’à ce qu’une nouvelle menace fasse son apparition. Mais ô surprise, cette fois, le danger ne vient ni d’anges ni de démons, mais d’une création de l’humanité : les Homonculus. Des armes biologiques qui menacent de détruire la réalité telle qu’on la connaît. La sorcière de l’Umbra part donc en croisade contre ces ennemis dans les rues de Tokyo, les montagnes en Chine, et bien d’autres environnements, et en croisant des versions alternatives d’elle-même. Et cette fois, elle ne part plus seule, mais avec des compagnons de route.
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J’avoue avoir eu une petite frayeur en découvrant le pitch de ce troisième opus qui, sans vous en dire davantage, introduit la notion de multivers. Un terme cher aux fans de Marvel ou de DC Comics, pour ne citer qu’eux. Mais une notion qui peut très vite (comme on le voit chez Marvel) devenir une facilité scénaristique. Des incohérences dans le scénario ou des personnages que vous souhaitez faire revenir ? Allez hop, un monde parallèle ! Et au fil de ma progression, Bayonetta 3 m’a rassuré : cette bretelle de sortie sur l’autoroute sert davantage l’introduction des Bayonetta alternatives, plus qu’elle ne planque une pauvreté scénaristique sous le tapis. Bien que l’on voit venir certains passages de très loin, avec des cinématiques qui justifient davantage le cassage de gueules qui va suivre, plutôt qu’elles ne servent la trame.
Je n’en dirai pas plus non plus sur le scénario de ce troisième épisode, afin d’éviter les spoilers. Toutefois, je peux vous dire deux choses à propos de l’écriture du titre. Tout d’abord, le scénario est plus profond, plus captivant à mon sens, que celui des deux premiers volets. L’histoire est plus sombre, et plus mature aussi, ce qui va susciter un intérêt certain si vous aimez les scénarii travaillés. En revanche, cette écriture plus adulte va avoir un impact sur l’une des signatures de la série : son coté déjanté. Ce Bayonetta 3 est mieux écrit, mais mois décalé que ses prédécesseurs. Bayo a toujours le sens de la punchline, mais elle use moins de la magie de la vanne, qui fait sourire le fan…
Une technique qui pousse la Switch dans ses retranchements ?



Alors, autant le dire tout de suite : le jeu est globalement très beau. Et très fluide aussi. En même temps, un jeu d’action détruit par d’incessantes chutes de framerate, ça peut plomber une réputation. Alors, il n’est pas surprenant de voir que les développeurs ont mis l’accent sur la fluidité, et j’y reviens un peu plus bas. Et le résultat est là : le jeu tourne en 60 fps pendant les phases de jeu (un peu moins lors des cinématiques). Ce qui nous offre un rendu visuel que l’on a davantage l’habitude de voir sur les consoles concurrentes. À de rares exceptions près, c’est fluide du début à la fin, malgré quelques chutes de framerate très minimes.
Une fois installés les 14 GO, le joueur est plongé dans un monde qui nous épate par sa direction artistique, et aussi pour son chara-design. Un bon point aussi pour la bande-son qui colle parfaitement à l’ambiance et vient toujours vous motiver lorsqu’il s’agit de distribuer des baffes… Sans parler du doublage (quel que soit le montant du cachet de la comédienne qui double Bayo)… La mise en scène coche, elle aussi, toutes les bonnes cases. Sachez aussi que le jeu est en VF, ce qui est globalement une bonne chose, mais nous offre aussi quelques incompréhensibles loupés dans la traduction. Ainsi, Viola est accompagnée d’un démon-chat nommé « Chouchou » ! C’est mignon, mais on loupe une référence par rapport à la version anglaise, où « Cheshire » fait clairement référence à Alice au Pays des Merveilles.
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Toutefois, Bayonetta 3 est clairement de ces jeux qui poussent la Switch dans ses retranchements. Et en jeu, cela se ressent très rapidement, au simple constat que les développeurs ont dû choisir entre les graphismes et la fluidité. Oui, le personnage évolue avec rapidité, et surtout de manière très fluide, sans ralentissement. Mais en contrepartie, le rendu visuel du jeu est très inégal. Certains tableaux sont juste magnifiques, tout comme les cut-scenes… Mais d’autres niveaux sont plus sommaires, plus génériques. Avec des textures plus grossières, moins de détails, et plus d’aliasing.
De même, on ne pourra pas cacher quelques bugs qui viennent ternir le jeu. Notamment des soucis de placement de caméra, qui part parfois aux fraises en pleine action. On pourrait aussi parler des expressions faciales, un peu datées, qui viennent faire tâche dans un jeu dont nous vantions la mise en scène plus haut.
Un gameplay nerveux et généreux



Si depuis quelques années, les RPG en openworld sont à la mode, Bayonetta fait partie d’une classe plus ancienne. D’un type de jeux qui semble aujourd’hui oublié, mais qui a toujours sa place dans votre ludothèque : le bon gros jeu d’action bien bourrin, où vous allez dépecer de l’ennemi en détruisant frénétiquement les touches de la manette. Si je devais comparer le jeu à un autre titre du même style (et avec un univers sombre et gothique similaire), je vous parlerais de Devil May Cry. Pour son caractère bien trempé, son sang froid, et la façon dont elle alterne les styles de combat pour mieux détruire ses adversaires, Bayonetta est en quelque sorte la version féminine de Dante.
S’il est un défaut que l’on peut pointer dans 99% des jeux de ce type, au niveau du level-design, c’est leur construction très (trop) linéaire. Comprenez un long couloir dans lequel se déplace votre personnage, sans pouvoir sortir des clous, matérialisés par une armada de murs invisibles. Et il est très satisfaisant de constater que Bayonetta 3 fait partie des 1% qui restent. Ici, sans être dans un openworld, les niveaux vous ouvrent pas mal de libertés. Et il est même conseillé de vous arrêter pour fouiller, et trouver quelques bonus ou coffres bienvenus. C’est assez inattendu pour un jeu qui mise sur la baston, mais Bayonetta 3 va aussi vous pousser à l’exploration. Et c’est un bon point.
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Bayonetta alterne avec aisance entre la magie et les armes à feu, les coups de pied et de poings et les super combos. Avec cette faculté de ralentir le temps lorsque vous placez une esquive au bon moment. Et sans entrer dans les détails, notre sorcière dispose évidemment de nouvelles armes, et de nouveaux pouvoirs (la Masquarade démoniaque notamment). En revanche, je vais m’attarder davantage sur deux grosses nouveautés : le cast, et les invocations. Tout d’abord, lorsque j’évoque le cast, je veux évidemment parler des personnages jouables, puisque Bayonetta ne sera pas votre seule incarnation dans le jeu. Cerise sur le gâteau, les autres personnages jouables vont apporter un gameplay qui leur sera propre : l’apprentie sorcière Viola et son katana sont plus techniques, Jeanne a un style plus universel. Encore un moyen, pour les développeurs, de littéralement casser la routine qui aurait pu s’installer dans le jeu, en installant différentes boucles de gameplay.
Aussi, et c’est l’aspect le plus grisant, les invocations de démons vont, elles aussi, redistribuer les cartes et réécrire les règles du jeu. Lors de vos enchaînements, lorsque la jauge dédiée le permet, vous pouvez invoquer des démons sur le terrain. Ils sont plus gros que vous, font le job à votre place, et comme vous vous en doutez, ils défoncent tout ce qui se trouve à leur portée. Pour le reste, le jeu vous propose aussi son lot de défis à relever, pour les joueurs plus aguerris en mal de challenge. Enfin, j’aimerais attirer votre attention sur une option que l’on trouve dans les réglages : le mode « Petit Ange » qui atténue les scènes trop sexy ou trop violentes si de petites mains trainent sur votre console (malgré le PEGI 16 du jeu). Il fallait y penser.
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La jouabilité de la série a terriblement évolué. Du simple beat’em all de départ, nous avons maintenant de la plateforme, du tir, de la 2D à l’ancienne ou du versus fighting… Et tant d’autres, sans parler du style de combat propre à chaque personnage. Et là encore, il en ressort du positif comme du négatif. Du positif car le gameplay de Bayonetta 3 est très généreux, varié, et surtout (je ne l’ai pas encore écrit) très accessible. Peut-être même plus que les deux premiers. En revanche, lors des phases de combat, il en ressort un joyeux bordel, où le joueur a parfois du mal à comprendre ce qui se passe à l’écran (surtout en mode nomade). Alors, quand le jeu permet des combinaisons incroyables pour finir ses ennemis, on en revient à bourriner salement en croisant les doigts pour que ça passe.
Au final



Bayonetta 3 est un très bon jeu. Toutefois, plusieurs aspects techniques trahissent une Switch qui atteint ses limites. Le jeu aurait pu être magnifique, mais les développeurs ont dû trancher pour favoriser la fluidité. Le jeu est généreux, et sa mise en scène est incroyable, mais sa réalisation est en dents de scie, avec des tableaux superbes, et d’autres beaucoup plus contestables. Non pas que les développeurs ne maîtrisent pas leur sujet, mais parce qu’au contraire, leur projet est sans doute trop ambitieux pour cette génération : Bayonetta 3 est un jeu Switch 2.
Bayonetta 3 n’en est pas moins un excellent jeu. La Switch se dote d’une nouvelle pépite. Au point que l’on commence à se dire que la console la plus économique du marché risque quand même de coûter cher à Noël… Si vous comptez acquérir tous les hits sortis cette année. Et au passage, big-up au studio PlatinumGames qui parvient à placer deux titres à quelques semaines d’intervalle dans la liste des must-have sur Switch de cette fin d’année, après NieR Automata : the End of YoRHa.
Bayonetta 3
- Par : PlatinumGames (développeur), pour Nintendo (éditeur)
- Sur : Switch (lien eShop)
- Genre : Action
- Classification : PEGI 16
- Prix : 59,99€.
- Condition de test : testé sur une version numérique fournie par l’éditeur

Les points positifs
- Le gameplay nerveux, un vrai défouloir
- De nouvelles armes, de nouveaux pouvoirs
- Le monde semi-ouvert et l’exploration
- Les invocations
- La bande-son
- De la variété dans le gameplay
- Le scénario
- Le mode Petit Ange pour ne pas choquer les petits
- Du 60 fps, sérieux ?
Les points négatifs
- Parfois, c’est un peu le foutoir lors des combats
- Moins décalé que d’habitude
- Des textures parfois un peu grossières
- Technique : des problèmes de finition
- Quelques approximations dans la VF