Sorti en 2019 sur PC, MAC et consoles (PS4 et Xbox One), Tropico 6 est aujourd’hui de retour sur Switch. Notre dictateur préféré, El Presidente, est de retour pour faire fructifier ses petites affaires tropicales. Bon jeu de gestion sur Switch, ou plat réchauffé un peu trop longtemps ? La réponse, c’est maintenant !

El Presidente revient aux affaires

Doit-on encore vous présenter El Presidente, personnage emblématique de la série Tropico ? Dans ce city-builder (un jeu de gestion dans lequel vous devez construire et gérer une ville, comme dans Sim City), votre terrain de jeu favori sera un archipel tropical, où l’on écoute de la musique aux rythmes latinos. Vous accompagnerez un dictateur, qui règne d’une main de fer sur cette république bananière.

Tout l’intérêt du jeu réside dans la personnalité que vous allez donner à votre Presidente (homme ou femme, vous pourrez d’ailleurs le personnaliser de A à Z). Véritable despote ou chef aimé d’une nation républicaine, tout dépendra de vos agissements… Le jeu vous offre de multiples choix qui dessineront les contours de votre personnage : vous pouvez agir avec répression (voire assassiner vos opposants), faire crouler la populace sous les décrets et les impôts… Ou au contraire leur accorder le droit de vote, faire prospérer votre économie… C’est à vous de décider !

► LIRE AUSSI CE TEST : Tropico 5 (PS4)

Le jeu est désormais disponible sur Switch. Et si Lehonar l’avait déjà testé à sa sortie, au printemps 2019 sur PC (lire notre précédent test ici)… Notre avis sera sans doute légèrement divergeant (bien que vous retrouverez beaucoup d’arguments partagés).

D’une part parce que, contrairement au PC, on ne peut pas dire que la Switch croule sous les jeux de gestion (Tropico 6 est même le premier volet de la série à sortir chez Nintendo)… D’autre part parce que les performances graphiques des deux machines ne sont pas comparables.

Suffisamment de contenu pour y retourner ?

De ce point de vue, le jeu fait amplement le job. Entre le mode didacticiel qui vous enseigne les bases, la quinzaine de Missions qui vont mettre votre sens de la logique à l’épreuve… Ou le mode Bac à sable qui va vous occuper à l’infini (enfin, jusqu’à ce que votre archipel soit recouvert de constructions)… Quand vous signez pour Tropico, c’est pour un long moment ! N’oubliez pas que c’est un jeu de gestion. Et quand vous vous engagez sur un titre de ce type, ce n’est généralement pas pour en faire le tour en deux heures !

Je ne vais pas revenir longuement sur le principe du jeu. Il consiste à développer une cité en plaçant des bâtiments ou structures qui vont générer à la fois des habitants et des ressources… Débloquant d’autres bâtiments qui viendront développer les premiers. Vous devrez penser à l’impact de chacun sur le reste. Une centrale électrique apporte l’électricité mais génère de la pollution ; Une usine de textiles crée de l’emploi mais nécessite des matières premières… Tout est lié, pensez-y ! Cet épisode apporte cependant une grosse nouveauté : les archipels ! Autrement dit, vous ne construisez plus sur une seule île, mais sur des archipels. Ce qui implique aussi la gestion de tunnels et de ponts, et de transports en commun pour vos habitants.

► LIRE AUSSI NOTRE TEST : Tropico 6 : un vrai 6e épisode, ou juste un bon Tropico 5.1 ?

Mais Tropico 6 devient beaucoup plus intéressant en proposant ce petit « plus » par rapport aux autres titres du genre : l’aspect politique ! Régulièrement, votre chef d’État sera confronté à des élections (que vous pourrez truquer ou pas), et votre succès dépendra de la satisfaction du peuple. De même, vous devrez constamment garder un œil sur la politique internationale, en gardant le contact avec les autres nations, alliées ou ennemies.

D’ailleurs, je ne vous ai pas parlé du défilement du temps qui, lui aussi, se découpe en suivant les grands enjeux politiques de notre Histoire. Votre cité (et l’aspect de vos bâtiments) évoluera en fonction de quatre épisodes politiques mondiaux. Démarrant de l’ère coloniale, vous passerez par les Guerres mondiales, la Guerre froide… Pour arriver aux Temps modernes. En revanche, la gestion de l’économie peut parfois manquer d’options, et peut vite vous précipiter vers la banqueroute. Attention à vos finances donc, si vous ne jouez pas en Sandbox (avec argent illimité).

En revanche, on sera plus modéré sur l’aspect DLC du jeu. Ouvertement, la jaquette Switch affiche des « cadeaux » propres à cette version, comme deux tenues de touriste pour El Presidente, ou un skin exclusif de palais. On apprécie, c’est vraiment sympa mais… Où sont passés les vrais DLC du jeu ? (Lobbystico, Spitter ou The Llama of Wall Street).

Visuellement, ça date !

Visuellement parlant, cette version Switch part avec quelques handicaps ! D’une part, le jeu commence à dater (il est sorti il y a plus d’un an, bientôt deux) sur PC… D’autre part, on ne va pas vous l’apprendre : une Switch n’est ni un PC, ni une PS4/Xone du point de vue des performances graphiques. Alors forcément, le jeu sera ici moins beau qu’il y a deux ans.

Concrètement, cela se traduit par des graphismes qui semblent ternes, bien que paradoxalement le jeu soit dans l’ensemble assez coloré… Et que les jeux de lumières (et le cycle jour/nuit) offrent de chouettes effets. Mais, il ne peut éviter cette impression de « vieillot » qui pourrait faire penser à votre plus beau sweat coloré, après 235 passages en machine à laver. Très clairement, si vous avez connu les versions PC ou Xone/PS4 du jeu, attendez-vous à un downgrade ! Et de ce point de vue, on appréciera davantage le mode nomade, qui atténue cet effet downgrade, fortement ressenti en mode TV.

► LIRE AUSSI NOTRE TEST : Cities Skylines, PlayStation 4 edition : La PS4 a enfin trouvé son city-builder de référence !

Le rendu est assez inégal, selon que vous évoluez en mode docké ou en mode nomade. Si sur votre TV, le résultat n’est pas fou, mais est passable… Le mode « tablette » est beaucoup plus discutable. Nous avons le droit à du lag, et à quelques soucis de lisibilité avec des menus et des textes parfois trop petits.

Les bugs sont aussi hélas de la partie. Et durant mes nombreuses sessions, j’ai pu noter ici ou là des ralentissements et un frame-rate qui a parfois du mal, des textures qui disparaissaient comme par magie… Voire, de manière plus épisodique, deux ou trois freezes. Espérons que des mises à jour viennent corriger certains de ces problèmes.

Si nous devions retenir un aspect positif pour ce volet technique, ce serait sans conteste son ambiance sonore. Entre les musiques aux rythmes latinos très entraînantes, ou les commentaires drôles ici en VF… On signe sans hésiter pour cet aspect réussi !

Prise en main adaptée à la Switch ?

Le jeu relance l’éternel débat des jeux de gestion sur consoles. Une discussion qui oppose les puristes du PC et du jeu au clavier/souris… Et les « consoleux » fans de jeux de gestion, mais qui ont l’habitude de se satisfaire de ce gameplay « pas toujours évident » à la manette, puisque c’est ça ou rien.

Pour cette version Switch, le gameplay est globalement assez réussi, car vite instinctif. Pas complètement fou au départ, mais très vite satisfaisant dans le sens où, au bout de quelques dizaines de minutes, on assimile assez facilement les commandes, pour progresser facilement. Certes, le soft perd en fluidité lorsqu’il s’agit de naviguer dans les menus ou de réorienter la caméra (on perd alors quelques secondes)… Mais on ne cherche pas pendant trois heures comment accéder à telle ou telle option. Autrement dit, sur consoles, on a souvent déjà vu pire.

► LIRE AUSSI NOTRE TEST : RollerCoaster Tycoon 3 – CE : très copieux, mais d’un autre âge

En revanche, il est dommage de constater que les développeurs ont eu une bonne idée, mais qui n’est hélas pas exploitée à fond : le tactile, qui aurait été un plus sur Switch ! Hélas, vous ne pourrez activer que quelques menus à l’aide de votre doigt, mais pas tous (gestion de la caméra, accélération du temps… Mais pas la possibilité de placer un bâtiment par exemple). De plus, cette fonction est gâchée par un affichage trop petit sur tablette. C’est dommage de déclencher une guerre quand vous ne vouliez que signer un accord commercial avec un pays (OK je caricature ! 😉

Enfin, pour terminer sur un aspect hardware, j’ai pu remarquer durant mes parties qu’au bout d’un moment, en jouant en nomade… La Switch a une fâcheuse tendance à surchauffer…

Au final

Tropico 6 n’est pas le meilleur city-builder, mais s’il souffre d’une rude concurrence sur les autres supports, la situation est bien différente sur Switch. En face, vous trouverez un Cities Skylines très moyen, ou un Constructor passable, pour les plus connus. Alors, si Tropico 6 ne nous avait pas enchantés plus que cela sur PC, l’appréciation n’est plus la même sur Switch. Cependant, on ne peut nier ici un aspect déjà soulevé par Lehonar il y a quelques mois : le trop peu de nouveautés par rapport à Tropico 5 (mais qui n’est pas sorti sur Switch).

Tropico 6 séduit pour son accessibilité, son ambiance musicale, et surtout pour son humour… Et cette situation cocasse qui consiste à incarner un dictateur. Et de ce point de vue, il apporte un propos très intéressant sur la console de Nintendo, adaptée à ce type de jeux. Hélas, il « souffre » de son âge : s’il sort ce mois de novembre, il nous ramène techniquement deux ans en arrière, et on se demande sincèrement à quoi ont servi ces mois d’attente tant le jeu est proche de ses autres versions. Et ce malgré tous les efforts qui ont été faits pour le rendre « grand public » (on est sur une console familiale, n’oublions pas).

Alors au final, faut-il craquer ? Et bien, si vous aimez le genre, vous pouvez tant son propos est intéressant, mais sans doute pas à ce prix (attendez une baisse). D’autant qu’il sort à un moment de l’année où les hits se bousculent, et vous devrez sans doute faire des choix.


Tropico 6

Testé sur une version fournie par l’éditeur
Points positifs :
  • La bande-son rythmée, et les voix en VF
  • Les grands archipels
  • Gameplay instinctif
  • Incarner un dictateur
  • L’humour
  • La gestion de la politique, locale et internationale
  • Un jeu très complet
  • Le bac à sable
  • Des DLC cosmétiques en bonus
Points négatifs :
  • Pas le jeu le plus beau de la Switch, on peut même parler de downgrade par rapport aux autres versions
  • Quelques bugs (aliasing, freeze, textures qui disparaissent…)
  • Le frame-rate a parfois du mal
  • Parfois trop petit en mode nomade
  • La Switch chauffe en nomade
  • Les vrais DLC absents