C’est un grand retour que l’on attendait depuis un moment ! Les esprits créatifs derrière les premiers Life is Strange reviennent à leurs premières amours avec Lost Records : Bloom & Rage. Un jeu narratif en deux parties dont le premier volet vient tout juste de sortir. Et après avoir découvert de nouvelles héroïnes, et parcouru le jeu en long et en large… Il est temps de vous donner notre verdict sur cette première partie du jeu… Et nous y reviendrons évidemment dans deux mois, lorsque nous aurons bouclé la totalité de l’aventure.
Frissons d’ados en VHS et en 4:3
Ils nous avaient manqué ! Ils, ce sont bien entendu les développeurs de Don’t Nod, derrière Life is Strange et Life is Strange II (la série est, depuis, entre les mains de Deck Nine, pour le compte de Square-Enix), Tell me Why, ou encore le sublime Jusant. Cette fois, c’est donc la filiale québécoise du studio français, Don’t Nod Montréal, ouverte en 2020, qui pilote ce développement. Toujours sous l’égide de Michel Koch, le directeur artistique à qui l’on doit justement les Life is Strange. Le jeu a été annoncé lors des Game Awards, fin 2023.
Le studio Don’t Nod revient donc ce mois de février pour une nouvelle aventure narrative pleine de nostalgie et de choix intitulée Lost Records : Bloom & Rage. Une aventure qui, comme les premiers Life is Strange ou Tell me Why, sera coupée en épisodes. Et si la première partie, intitulée Tape 1 : Bloom, est disponible depuis le 18 février sur XBox Series, PS5 et PC… Il faudra attendre le 15 avril pour découvrir la Tape 2 : Rage, qui apportera une conclusion à cette histoire entre mystères et adolescence insouciante. Paranormal, drague et rock’n roll (oui, le jeu risque encore de faire causer les antiwoke).
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Dans Lost Records, on incarne Swann Holloway, 16 ans, pas très bien dans sa peau. Notamment à cause de ses rondeurs et de sa timidité. Alors, elle se réfugie dans sa passion pour le cinéma. Durant l’été 1995, au lieu de préparer son déménagement vers le Canada, elle passe ses vacances à filmer les recoins de Velvet Cove, bourgade du Michigan où elle vit avec ses parents. Des événements vont lui faire croiser la route de Autumn, Kat et Nora, trois adolescentes avec qui elle va se lier d’amitié. Dans une autre timeline, en 2022, Swann est de retour à Velvet Cove, pour retrouver ses amies qu’elle n’a pas revues depuis 27 ans. Un drame les a poussées à couper les ponts… Que s’est-il passé ? C’est justement le mystère que va expliquer le jeu…
Si par le passé, les développeurs nous ont montré qu’ils savaient jouer avec nos émotions et notre fibre nostalgique, ils poussent ici le curseur encore plus loin. Comme a su le faire la série Stranger Things, ce Lost Records vous rappelle sans cesse que vous êtes en 1995. Et si vous avez connu cette époque, vous allez vous amuser à compter les références. La plus évidente étant le camescope de Swann et ses rushes en qualité VHS… Mais on aime aussi ce clin d’œil d’Autumn à un hit de la Super-Nintendo, ou les cassettes vidéos de classiques de l’époque, qui trainent dans la chambre de Swann. En revanche, les scénaristes ont laissé passer quelques anachronismes. Par exemple un jouet inventé par Bandai, sorti au Japon en 1996 et dans le reste du monde en 1997, mais pourtant sur le bureau de Swann dès 1995.
Du côté de chez Swann



Comme dans Life is Strange ou Tell me Why, le jeu alterne séquences cinématiques et phases de gameplay qui reposent sur des choix. Et bien évidemment, ces choix qui font appel au sens moral du joueur, auront des répercussions sur les événements à venir. Ou sur les liens et rapports que vous entretenez avec les différents protagonistes. Par exemple, le premier que vous devrez faire sera celui du nom de votre chat. Sans le savoir, vous venez de déterminer la couleur de son pelage. Un nouveau système de dialogues, plus réaliste, fait son apparition. Si vous faites un choix parmi les réponses proposées avant que votre interlocuteur n’ait fini sa phrase, vous lui coupez la parole… Mais si vous le laissez finir, de nouvelles propositions peuvent apparaître. Rendant les dialogues plus dynamiques et plus crédibles. Le silence devient aussi une option.
Comme d’habitude, l’idée est excellente. Mais, le menu permettant de revenir sur les différents épisodes, nous avons pu constater que plusieurs choix sont sans réelle incidence. Le soft vous ramenant à la trame principale quoi qu’il en soit… En revanche, en ce qui concerne les liens entre les quatre filles, cela fonctionne : l’addition de vos différentes réponses va conditionner la nature et la force de votre amitié avec Autumn, Nora et Kat. Et devenir « meilleure amie » de l’une peut en laisser une autre en retrait. Attention, donc ! Du coup, on attend de voir comment les deux épisodes s’interconnecteront. Et quel sera le réel poids de nos actes sur la fin du jeu…
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D’autres séquences de gameplay consistent à interagir avec des objets, avec votre chat, ou à collecter des séquences vidéo. Puisque contrairement à Max dans Life is Strange, Swann n’a pas de super-pouvoir, juste son bon vieux camescope VHS des années 90, dont elle ne se sépare jamais. Un bon moyen d’ajouter un minimum de phases d’exploration dans un jeu qui, par définition, sera linéaire. Animaux, paysages, vos amies, les tags du coin… Tout fera l’objet de prises de vue. Avantage : comme on l’a dit plus haut, cette mécanique va vous pousser à explorer, à fouiller un peu partout. Bien que votre champ d’action soit très rapidement limité par des murs invisibles. Inconvénient : cette mécanique casse aussi le rythme de la narration. Le joueur n’hésitant pas à mettre le récit en pause. Le temps de filmer tout ce qu’il peut autour de lui.
D’autant que le récit tarde à décoller. En partie parce que l’histoire est entrecoupée par les scènes se déroulant dans le présent. Et aussi, comme écrit plus haut, à cause des nombreuses utilisations du camescope. Au point que, lorsqu’apparaît le titre Lost Records : Bloom & Rage à l’écran, vous avez déjà joué pendant plus d’une bonne heure. Et quand on sait que cette première partie se termine entre quatre et cinq heures… Certes, cela permet au récit de planter le décor, et développer ses personnages. Mais cette expérience, coupée en deux, vous laisse sur votre faim lorsque le scénario enchaîne les révélations mais qu’apparaissent les crédits.
Des trucs, et notamment des bugs, à corriger



Sur le plan technique, le jeu est magnifique ! Les nombreux détails et les jeux de lumière réussis nous immergent encore davantage dans cette ambiance à la fois bucolique et nostalgique. Les différents cadrages sont très cinématographiques, et on se laisse prendre facilement. Au point qu’à plusieurs reprises, on en oublie que l’on tient une manette entre les mains. Les visages sont particulièrement expressifs. Et, comme pour contraster avec cette réalisation aux petits oignons, on aime aussi le rendu des VHS de Swann, avec leur chromie et leurs teintes baveuses dignes des films de famille des années 90.
Comme dans les jeux Life is Strange, on trouvera ici encore une playlist à tomber ! Et des morceaux qui collent parfaitement aux situations qu’ils accompagnent. On retrouve ainsi, par exemple The Do (Sparks), Milk & Bones, Nora Kelly Band, Ruth Radelet… La bande-son est punk/grunge, et colle parfaitement avec l’époque concernée. Avec toutefois une petite remarque : dans un jeu qui prône aussi fort la nostalgie des années 90, on aurait aimé davantage de tubes d’époque ? Aussi chouette que soit Sparks de The Do, même si la chanson tombe à point nommé et que son utilisation est pertinente, elle est sortie en 2014…
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Au chapitre des défauts, le plus pénible, ce sont bien évidemment les bugs en pagaille, rencontrés durant une session finalement pas si longue. Et là, on ne va pas s’attarder sur les nombreux bugs d’affichage. Qui vont de la texture baveuse jusqu’au PNJ qui fait des moonwalks ou qui se téléporte sous vos yeux à l’écran. Sans oublier quelques désynchronisations labiales, voire des doublages qui repassent en Anglais sans prévenir… C’est rigolo, ça manque un peu de finitions, mais ces problèmes pourront facilement être patchés. Et on l’espère !
Non, le vrai problème, ce sont les bugs vraiment pénalisants. Comme celui qui coupe le jeu sans prévenir, vous ramenant à la home de la console (on l’a eu cinq ou six fois durant ce test). Plutôt ennuyant aussi, ce bug qui bloque le jeu dans une scène, sans aucune interaction possible. Seule solution : relancer le niveau en espérant que la dernière sauvegarde automatique soit récente (oui, les sauvegardes sont seulement auto). Autre type de bugs rencontré : des montages vidéos de Swann qui ne se lisent pas ! La première vidéo se lit, puis la séquence se fige… Alors certes, on peut rusher le jeu sans s’intéresser aux souvenirs de notre bonne Swann… Mais sachez que ce bug peut bloquer des trophées/achievements. Un autre point à corriger, donc.
Au final



Lost Records : Bloom & Rage, c’est un jeu qui souffle le chaud et le froid, l’éclosion et la rage ! Une aventure captivante, mais qui tarde à nous plonger dans son intrigue. Une dernière ligne droite pleine de rebondissements, mais qui nous frustre en nous laissant en plan pendant deux mois… Le temps de patienter jusqu’à la sortie de son 2e et dernier acte. C’est aussi un jeu superbe, très cinématographique… Mais une expérience gâchée (pour le moment) par des bugs qui vous sortent du jeu, au sens propre comme au sens figuré.
Mais Lost Records, c’est surtout cette volonté de nous replonger dans nos vieux souvenirs d’enfance/adolescence. Quitte à frôler parfois l’anachronisme, du moment que la référence soit là, et qu’elle touche le joueur en plein cœur. Pour cela, les scénaristes ne se sont pas privé d’agiter sous notre nez tous les codes visuels et les références des années 90, de la musique grunge aux vidéoclubs et aux caméscopes VHS, en passant par les compiles audio sur K7, les jeux vidéo 16 bits, les sacs banane ou les jeux de plateaux… Des références à travers les détails, mais aussi à travers l’écriture des personnages, en qui chacun d’entre nous se reconnaîtra, à un moment ou à un autre.
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Malgré un récit qui tarde à décoller, on a franchement aimé. Et on ne peut qu’avoir envie d’aller au delà de ce cliffhanger que l’on n’avait pas vu venir. Maintenant, on veut comprendre, on veut savoir ! En espérant que les développeurs vont poursuivre sur cette courbe qui fait monter la tension et le mystère. On espère que le jeu a enfin trouvé sa vitesse de croisière, et que l’intrigue ira encore crescendo, maintenant que nous avons mordu à l’hameçon. Alors, le 15 avril, on sera bien évidemment là ! Pour découvrir la fin des aventures de Swann et sa bande… Mais aussi vous dire ce qu’on en a pensé avec un test final du jeu.
Lost Records : Bloom & Rage

- Par : Don’t Nod Montréal
- Sur : PC, XBox Series, PS5
- Genre : aventure narrative
- Classification : PEGI 18
- Prix : 39,99€ (l’épisode 2 se débloquera le jour J avec une mise à jour)
- Conditions de test : terminé (épisode 1) sur XBox Series, sur une version fournie par l’éditeur.
Les points positifs
- Une histoire touchante comme Don’t Nod sait nous les raconter
- L’immersion authentique dans l’ambiance des 90’s
- Principaux ou secondaires, les personnages sont bien écrits, et attachants
- Quelques passages qui vous donnent des frissons
- La direction artistique : c’est beau, et très cinématographique
- Comme dans TOUS les jeux Don’t Nod, la bande-son est exceptionnelle
- La VF
- Le nouveau système de dialogues, qui ont une incidence sur les relations avec les autres personnages
Les points négatifs
- Un récit assez lent à démarrer
- Pas mal de bugs
- On a rencontré quelques plantages du jeu
- L’utilisation trop fréquente du camescope, qui casse le rythme du récit
- La frustration de devoir attendre pour connaître la fin de l’histoire