TEST. – Développé par le studio français Arkane Studios, pour le compte de Bethesda, Dishonored 2 vous fait voir double : deux héros pour une même histoire, que nous allons décortiquer pas plus tard que maintenant !
Vous vous souvenez de Dishonored ? Un jeu sans prétention sortie en 2012, développé par Arkane Studios et édité par Bethesda Softworks.
C’est seulement en 2015 que je me suis lancé dans l’aventure. (Pendant les révisions du Bac, mais chut, faut pas l’dire !) Une franche réussite sur tous les points. Un univers original, un level design d’exception et une rejouabilité sans fin.
La barre est haute, et c’est beaucoup d’attente qui pèse sur ce nouvel opus. C’est donc le 11 novembre 2016 que le studio lyonnais sort Dishonored II, à la suite d’une campagne de communication plutôt réussie.
AAA Starter Pack
Nous allons commencer avec les sujets qui fâchent. Un sujet qui ne fait malheureusement pas exception à Dishonored 2.
Je reçois le jeu en boîte, de longues heures de téléchargement à épargner… pour finalement avoir une simple clef Steam. Il n’y a que quelques maigres données qui sont installées sur l’unique CD. Le reste ? Il faudra faire travailler votre bande passante.
Ou prendre votre voiture et aller chez votre ami le plus proche possédant la fibre, pour pouvoir télécharger le jeu en 2 heures (ce que j’ai fait). Il va falloir qu’on m’explique l’intérêt du support CD s’il est inutile ? Ça serait plus écolo et plus économique de s’en passer.
Ensuite le jeu est très mal optimisé, ce qui lui vaut un avis « variable » sur Steam. J’ai été relativement épargné par ces problèmes techniques, mais j’ai quand même ressenti par moment des baisses de framerate assez désagréables.
Et le problème n’est pas uniquement sur PC ! Mais aussi sur consoles. C’est donc à coup de correctif de plusieurs gigaoctets que le problème se corrige plus ou moins. Un conseil, si vous êtes sur PC : activez les patchs « bêta » pour avoir les mises à jour plus tôt, si votre jeu n’est vraiment pas jouable.
Et si vous ne l’avez pas encore acheté sur PC, Steam donne la possibilité de se faire rembourser si vous avez joué moins de 2 heures, ce qui peut vous permettre de tester sans prendre de risque.
C’est malheureusement devenu une habitude, souvent à cause d’une deadline trop courte et un parc de matériels toujours plus différent les uns que les autres. Même si c’est moins excusable sur console. On pourrait écrire des lignes sur le pourquoi du comment, peut-être un jour si j’ai le courage. Mais passons au jeu !
Bienvenue à Karnaca
Avant d’aller plus loin, si vous n’avez pas joué au premier, allez-y ! Vous le trouverez pour quelques deniers sur Steam. Je le recommande fortement et ça évitera que je vous dévoile son scénario !
Emily ou Corvo ?
Dès le début du jeu, un choix s’impose. Corvo Attano, qui était le protagoniste du premier jeu, ou Emily Kaldwin, la petite fille du premier opus qui a bien grandi.
Le scénario est similaire entre les deux personnages, on n’est pas face à deux histoires différentes, mais plutôt face à deux alternatives. Les fans avertis auront remarqué deux incohérences vis-à-vis de l’histoire Dishonored.
Emily Kaldwin peut mourir dans le premier Dishonored. Et Delilah Copperspoon meurt dans le DLC Les sorcières de Brigmore. Le deuxième cas est expliqué de manière cohérente, c’est même un des points clefs du scénario de Dishonored 2.
Mais la possible mort d’Emily Kaldwin si on joue à Dishonored en chaos élevé n’est aucunement prise en compte. Et c’est un des problèmes présents dans Dishonored 2.
Même si le jeu vous propose différentes approches, ce sera toujours l’approche furtive et non violente qui sera récompensée. Alors que, paradoxalement, les combats et les possibilités d’approches « bourrines » sont encore plus développés et réussis. C’est réellement un plaisir de se battre contre un groupe de gardes.
Un univers unique et riche
Dans l’ensemble, le scénario de Dishonored 2 n’a rien de transcendant. Je dirais même que celui du premier marchait mieux. Mais c’est un point de vue très personnel.
Mais dans Dishonored, est-ce vraiment le scénario qui compte ? Alors que l’on a face à nous un des univers les plus vivants, variés et uniques du jeu vidéo.
The Witcher 3 (lire aussi notre test) avait fait un travail extraordinaire sur son univers, avec un monde ouvert très réussi, mêlant exploration et narration de manière très maline. Mais ça reste un monde ouvert, et les contraintes techniques sont encore de mise.
Dishonored 2 a fait l’impasse sur le monde ouvert, mais tous les niveaux sont extrêmement bien travaillés, un vrai travail d’orfèvre !
L’exploration au centre du gameplay
De plus, le jeu pousse à l’exploration, en voulant chercher des runes ou des charmes d’os, des artefacts qui permettent d’améliorer ses pouvoirs ou d’avoir des bonus (ça, c’est pour ceux qui ont continué de lire alors qu’ils n’ont pas joué au premier, allez-y ! Plus vite que ça !).
Ces objets, en plus d’avoir un réel intérêt pour améliorer, changer votre expérience de jeu, vont vous faire découvrir les recoins les plus sombres de Karnaca. Et parfois vous faire réfléchir pendant quelques minutes pour trouver la solution pour ouvrir un coffre par exemple. D’ailleurs les énigmes en elle-même ne sont pas très difficiles, c’est plus trouver les indices qui est compliqué.
Et c’est en cherchant, ces artefacts, ou tout simplement un passage caché pour accéder à votre objectif, que le jeu va nous dévoiler sa richesse. Avec des quêtes secondaires, qui sont totalement facultatives. Sauf si vous êtes dans une démarche 100 % furtif et non létal. Dans ce cas, ces quêtes secondaires deviendront les quêtes principales.
Karnaca est une ville qui vit sans vous. Vous pouvez devenir le sable dans ses rouages ou rester dans l’ombre, et la laisser vivre les événements du scénario.
Choix multiples… Jeu multiple
D’ailleurs, Karnaca, et l’Empire plus largement, c’est un peu le boss de Dishonored 2.
Vous pouvez soit décider de laisser votre empire dans un état encore pire que celui dans lequel il se trouve. Soit essayer de tout faire pour améliorer de la situation.
C’est un concept qui était déjà le centre de Dishonored premier du nom.
Mais il est encore plus poussé et travaillé dans Dishonored 2.
Un joueur responsable
Comme son prédécesseur, toute action à des conséquences, directes ou indirectes. Les choix sont nombreux, et le joueur se pose réellement des questions vis-à-vis ce ceux-ci.
Mais il est regrettable qu’il n’y ait pas de lien avec Dishonored. Que les choix faits dans le premier aient aussi des conséquences sur notre expérience de jeu. Un peu comme pour la trilogie des The Witcher.
À chaque histoire son gameplay
Les choix ne sont pas que scénaristiques, mais peuvent aussi avoir des conséquences importantes sur votre gameplay.
Déjà, si vous décidez au début du jeu de jouer en infiltration et que vous commencez à acheter des améliorations pour ce gameplay, il sera plus difficile en cours de route de passer en mode agressif, car vous n’aurez pas les améliorations nécessaires.
Ainsi, il y a un choix, que je me permets de dévoiler (il est au début du jeu), où vous devez choisir entre accepter ou refuser les pouvoirs de l’Outsider (l’entité mystérieuse qui vous accompagne depuis le premier jeu).
Le défi ultime de Dishonored 2 est posé : faire le jeu sans pouvoir, sans se faire détecter, en mode non létal, et dans les plus brefs délais. Bon courage !
Le Gameplay
Ainsi, Dishonored 2 est un jeu vidéo. Et il le fait très bien.
Là où certaines licences vont aller titiller les limites de la définition d’un jeu vidéo jusqu’à en créer des polémiques. Dishonored se contente d’être un jeu, un peu comme pour Doom (lire aussi notre test).
Deux
Dans « Dishonored 2 » il y a le chiffre 2. Deux héros, deux panoplies de pouvoirs différents, deux fois plus de possibilités… Un jeu deux fois mieux ?
J’avais peur d’un jeu redondant par rapport à Dishonored, à « un Dishonored en plus beau et qui se passe ailleurs avec d’autres gens ». Alors oui, la souris en main, vous ne serez pas déboussolé en ayant joué à Dishonored.
Mais vous le serez un peu plus en jouant Emily, qui à la place de son blink (la téléportation de Corvo) a un pouvoir d’attraction. Elle peut s’attirer vers un mur, et vice-versa, dans la limite de ses pouvoirs.
En l’améliorant, vous pouvez attirer des objets, ou même des gardes vers vous. Il est multifonction, mais ce qui surprend, c’est que les déplacements ont de l’inertie !
Ça peut être utile, ou vous propulser pour finir écrasé contre un groupe de garde… Corvo lui aussi eu le droit a une petite révision de ses pouvoirs, et il est encore plus fun à jouer.
Les possibilités pour neutraliser un ennemi sont importantes. Que ce soit létal ou non létal. La panoplie d’armes est aussi beaucoup plus importante. À votre imagination !
Les ennemis
Ces ennemis, justement, sont assez variés. On peut les regrouper en plusieurs catégories : les gardes, les sorcières, les hurleurs (une sorte de gang), les soldats mécaniques et bien évidemment les boss.
Une dernière catégorie peut venir s’ajouter à la liste, la peuple de Karnaca. Ils pourront vous attaquer si vous êtes explicitement agressifs envers eux. Au contraire, si vous les aidez, ils pourront vous être utiles.
Attardons-nous sur les soldats mécaniques. Ils sont à Dishonored 2 ce que sont les Tallboys à Dishonored. Des ennemis redoutables et puissants, qui vous détectent très facilement si vous avez êtes hostile ou recherché.
Mais vous pouvez aussi les utiliser ! Déjà, les ennemis peuvent se tuer involontairement entre eux, en essayant de vous tuer. Les soldats mécaniques ont ainsi une attaque de zone qu’ils utiliseront sans remords, même avec des soldats à leurs côtés. Ensuite si vous les décapitez, ils pourront toujours se battre, et mieux/pire encore, ils attaqueront tout le monde. Il suffit juste de se cacher à temps.
Ces rats, que l’on rencontrait à chaque recoin de Dunwall, qui essayaient même de vous grignoter vivant ont été « remplacés » par des mouches de sang. Des rats volant en quelque sorte.
Je vous rassure, il y a encore des rats qui se promènent dans les rues de Karnaca. Pour se débarrasser des mouches de sang, il faut détruire leurs ruches. Le feu est le plus efficace, mais si on n’a pas peur des piqures, elles peuvent être détruites à l’épée.
Le level design
Les niveaux de Dishonored 2 sont vertigineux, complexes et uniques. Le niveau le plus représentatif est surement celui qui a été aussi le plus dévoilé : le chapitre 4 – Clockwork Mansion. Au milieu de ces engrenages, vous pouvez soit emprunter le chemin principal, soit vous faufiler entre des pièces qui bougent.
En plus, il est toujours agréable de monter sur les hauteurs de Karnaca et se rendre compte qu’on peut aller partout. Une hauteur qui manquait un peu dans le level design du premier.
Une œuvre d’art ?
Vous allez croire que ce test est sponsorisé si je continue de mettre des citations. Mais bon, je suis bien d’accord avec cette affirmation.
Le Void Engine, le moteur de Dishonored 2 a été présenté comme un moteur « sur-mesure », la technique qui se plie à la direction artistique. En réalité sous ce doux nom se cache une version modifiée de l’id Tech 5.
Et c’est donc peut-être là où le bât blesse. En effet, Doom 2016 a été développé sous l’id Tech 6, une version plus évoluée donc, et plus à même de supporter la claque visuelle qu’est Doom.
Je pense que les soucis techniques sont dus à l’utilisation d’un moteur trop vieux, et d’une ambition trop importante comparée à la capacité du moteur.
Le Void Engine au service de la direction artistique
Mais effectivement, la direction artistique est à tomber par terre. Désolé du manque total d’objectivité, mais je suis totalement fan.
Tellement fan que, franchement, ceux qui râlent parce qu’il y a des textures un peu vieillottes peuvent aller s’acheter des lunettes ou de la bonne foi. Je suis d’accord sur le fait qu’un jeu qui est mauvais graphiquement peut gâcher une direction artistique ou l’expérience de jeu. Mais là, même si ce n’est pas un exploit technique, le jeu est beau.
Et pour prouver ma bonne foi, j’ai noté deux soucis d’ordre purement technique qui m’ont un peu dérangé. Le jeu, sur PC, propose deux technologies d’anticrénelage. Le FXAA et le TXAA. Si vous êtes un peu perdu avec ces termes, mais que le sujet vous intéresse, je vous conseille fortement cette vidéo.
Sur Dishonored 2 le FXAA donne ainsi un mauvais rendu, il y a des effets de scintillements. Le TXAA rend très bien à courte distance, mais on a rapidement une impression de jeu flou. Depuis une mise à jour, il est possible de régler un peu ce flou, mais je n’ai trouvé aucun réglage réellement satisfaisant.
Au final
À la fin du jeu, je me suis dit : « déjà fini ? » (Une vingtaine d’heures de jeu.) Puis je me suis dit : « aller ! On y retourne ».
Je ne l’ai pas encore fait par manque de temps. Mais une chose est sûre, j’ai laissé le jeu installé sur mon PC et je compte bien le relancer ! Dishonored 2 est un jeu maitrisé du début à la fin.
Verdict
Mon Game of the Year 2016, à coup sûr… ah attendez. Overwatch, The Witcher 3 : Blood & Wine, DOOM, etc. Bon ok, Mon GOTY catégorie infiltration. Dishonored 2 est un digne successeur du premier et il est un des jeux indispensable de l’année 2016.
18/20
Les + :
- La direction artistique
- Le sens du détail
- Une rejouablilité importante
- Un univers vivant et crédible
- Pour tous les joueurs. Du « casual » au « hardcore gamer »
Les – :
- Une optimisation bancale
- Le triple A Starter Pack
- Des graphismes parfois un peu vieux
- Des incohérences scénaristiques.
Dishonored 2, par Arkane Studios, pour Bethesda. Sur PC, PS4 et Xbox One.
Jeu testé sur une version PC fournie par l’éditeur.
Site officiel