Je suis un super-héros créé par Stan Lee et Steve Ditko en 1962. Portant un costume rouge et bleu, j’ai la faculté de me déplacer au dessus des rues New Yorkaises en utilisant mes toiles. Héros doté d’un grand sens de l’humour, je suis (dans le civil) photographe pour le Daily Bugle… Connu sous le nom de Peter Parker. Mon emblème est une araignée, et je suis le héros du très attendu nouveau jeu d’Insomniac Games. Je suis ? Je suis ?
Un scénario inédit !
Quel mois de septembre 2018 ! Les hits s’enchaînent : Dragon Quest XI, Shadow of the Tomb Raider, Fifa 19, NHL 19… Et j’en passe ! Et le marathon débute aujourd’hui avec Marvel’s Spider-Man, le titre très attendu du studio californien Insomniac Games, sous la tutelle de Sony Interactive Entertainment. Comme le nom vous a laissé le deviner, nous allons donc parler aujourd’hui de l’homme-araignée le plus célèbre de l’univers !
Tout est parti, en 2014, d’une volonté de Marvel Games et Sony Interactive Entertainment de travailler ensemble sur une licence de super-héros. Sony se tourne alors vers Insomniac Games (Spyro the Dragon, Ratchet & Clank, Resistance…), qui se voit ainsi confier son premier jeu sous licence. Et qui choisit donc d’adapter le personnage de Spider-Man. Son annonce sera un véritable coup de tonnerre, lors de la conférence E3 PlayStation, le 14 juin 2016 ! En parallèle, Sony Pictures sort son Spider-Man Homecoming en 2017…
Mais pour autant, malgré ce que la tenue « new look » du héros pourrait laisser penser, le jeu vidéo Marvel’s Spider-Man et Spider-Man Homecoming n’ont aucun lien. Le jeu vidéo auquel nous allons nous intéresser aujourd’hui propose un scénario original, et n’est en aucun cas l’adaptation du film !
On échappe à une énième genèse !
C’est donc aux commandes de Peter Parker que commence l’aventure. Si, chose étonnante, vous n’avez jamais entendu parler de Spider-Man, sachez que Peter a été mordu, lorsqu’il était lycéen, par une araignée radioactive. Ce qui lui a octroyé des pouvoirs, en boostant sa vitesse, sa résistance, sa force… Justicier dans l’âme, et petit génie à ses heures, Peter Parker s’est constitué tout un arsenal de gadgets pour l’aider dans sa tâche, comme un lanceur de toiles… Il est devenu l’Homme Araignée, alias Spider-Man !
Sachez que cette aventure se déroule très exactement huit ans après les débuts de l’Homme-Araignée. Un choix scénaristique que l’on ne peut que saluer ! Au moins, le jeu ne va pas nous gaver jusqu’à l’écœurement avec la genèse de Spider-Man, comme savent si bien le faire les films ! D’autant que le scénario nous réserve quelques bonnes surprises : souvent classique, il se permet quelques fulgurances qui relancent son intérêt. Marvel’s Spider-Man, c’est un peu un film Marvel très divertissant, que l’on regarde avec des yeux d’enfant.
Cet arc totalement inédit s’ouvre donc sur l’affrontement entre Peter et Wilson Fisk, plus connu dans l’univers Marvel sous le nom du Caïd. Mais une fois Fisk neutralisé (et je ne parle pas des impôts), Peter réalise qu’un danger encore plus grand menace Manhattan ! Un gang qui serait dirigés par Mister Negative. Et déterminé à éliminer toute menace arachnéenne, ce grand méchant pourrait se rapprocher d’autres Super-Vilains… Pour le reste, je vous laisse découvrir l’histoire par vous même !
Spider-quoi ?
Pour faire court, Spider-Man est un jeu d’action/aventure à la troisième personne, en monde ouvert, dans lequel vous allez incarner le célèbre homme-araignée de Marvel. La particularité de cet open-world essentiellement urbain (le jeu se déroule à Manhattan) est qu’il va vous offrir trois phases de gameplay bien distinctes.
La première, ce sont vos déplacements. Pour aller d’un point A à un point B, vous pouvez évidemment y aller à pied, si vous souhaitez visiter ou profiter en mode « pépère » des rues particulièrement vivantes. Mais dans 99,9% des cas, vous allez préférer utiliser vos toiles pour vous lancer, à toute vitesse, dans un spectaculaire ballet aérien entre les immeubles. Tout simplement grisant ! Et jouissif tant ce cher Spidey répond au doigt et à l’œil, en enchaînant les figures, entre voltige et parkour.
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La seconde phase de gameplay, ce sont bien évidemment les combats. Spider-Man croise régulièrement des voyous dans la rue. Lorsqu’il se connecte sur la radio de la Police de New-York, il entend les appels pour agression, vol à main armé, course-poursuite… Et se fait un plaisir d’aider les forces de l’ordre. S’en suit alors une séquence durant laquelle vous enchaînez les combos pour terrasser vos adversaires. L’histoire principale vous amène aussi à affronter des boss, plus retors. Et nécessitant d’observer l’environnement pour trouver une technique particulière (en utilisant le décor, par exemple)… Pour vider la barre de vie de votre ennemi.
Enfin, il y a tout le reste. Le mode Histoire avec ses scripts… La partie « exploration » avec ses dialogues, ses objets à trouver (sacs à dos disséminés sur la carte, monuments à photographier, etc), ses quêtes annexes pas toujours inspirées… Le jeu emprunte aussi son système de progression aux RPG, avec des points de compétence à utiliser pour débloquer de nouvelles aptitudes. Ou des médailles à utiliser pour débloquer des skins et des mods pour vos tenues. Peter Parker étant aussi un brillant scientifique en devenir, il participe aussi à ses heures à des phases de recherche, dans un labo, sous forme de casses-tête à résoudre.
Insomniac va vous empêcher de dormir !
En achetant Spider-Man, vous vous engagez à passer quelques nuits blanches ! Et après quelques heures de jeu, on comprend pourquoi Sony mise autant sur cette exclusivité. Comme dirait Spidey, sa vie suspendue à une toile à 150m du sol, « impossible de décrocher » !
Je ne vais pas vous le cacher : Insomniac maîtrise les nombreux aspects techniques, et va tout vous balancer dans la tronche dès les premières heures de jeu. Cinématiques, animations des personnages, jeux d’éclairage (surtout de nuit ou au crépuscule), rues qui débordent de vie, map démesurée, déplacements… Le tout avec une fluidité exemplaire. Avec à peine, parfois, quelques problèmes de collision, ou des affichages de textures un peu poussifs lorsqu’il y a trop de ressources à afficher… Marvel’s Spider-Man est un jeu qui pousse ma PS4 classique dans ses retranchements, sans pour autant déchaîner la symphonie en ré mineur des ventilos. Je n’ose imaginer le délire sur une PS4-Pro et un écran 4K ! Puisque le jeu est évidemment optimisé pour vous déglinguer les iris en très haute définition.
Donald Reignoux au doublage
La technique est particulièrement maîtrisée, et on est subjugué de voir à quel point Manhattan est vivante ! Elle grouille de détails, et tout simplement de vie. Les PNJ ne sont pas là uniquement pour faire joli, pour remplir le décor. Si certains ont pour rôle de déclencher des quêtes annexes, la plupart vont venir taper la discute avec vous. Ou vous réclamer des selfies. Au point que l’on se prend vite à laisser la quête principale de coté pour explorer, pour découvrir… Pour s’approprier cette ville si cohérente.
Enfin, pour fermer ce volet « technique » , sachez que le jeu est entièrement doublé en VF ! Et quel doublage ! Vous allez retrouver ici un certain Donald Reignoux dans le rôle de Peter/Spider-Man. Doubleur qu’il est maintenant devenu inutile de présenter (en ce moment, tous les studios lui font les yeux doux). Et si l’on apprécie de retrouver aussi régulièrement ce cher Donald dans nos jeux préférés, sa présence est ici totalement justifiée puisque c’est aussi lui qui double l’Homme-Araignée sur le grand écran.
Pour terminer sur le son, la bande-originale du jeu est signée John Paesano (la trilogie Le Labyrinthe au cinéma, ou Mass Effect : Andromeda et Detroit Become Human pour les jeux vidéo). Sans être totalement dingue, elle est réussie et colle parfaitement aux standards des films du MCU.
Comme un air de déjà vu ?
Indubitablement, ce Spider-Man va vous rappeler d’autres jeux vidéo, si vous êtes familier avec les consoles de jeu. Des références, des hommages, des sources d’inspiration…
Ainsi, par exemple, le système de combat se rapproche beaucoup des productions Rocksteady. Et là, je pense plus particulièrement à Batman Arkham Knight qui reste, encore aujourd’hui, l’un des meilleurs jeux vidéo de super-héros (les « ressemblances » sont tellement flagrantes que je crois que tout le monde va vous la resservir celle-là) ! Si l’un utilise son grappin, et l’autre ses toiles, la façon des deux héros de fondre sur des groupes d’ennemis, puis de bondir de l’un à l’autre en un éclair, sont très proches.
Cependant, il faut admettre que les deux studios sont, chacun à leur manière, parvenus à reproduire très fidèlement les traits de caractère des deux surhommes. Batman comme Spider-Man ont chacun une identité qui colle à leurs personnages de Comics respectifs.
L’autre référence inévitable, c’est bien entendu celle à Ubisoft ! Grimper en haut de tours pour scanner la zone et ainsi dévoiler la map avec tous ses points d’intérêt… Ça ne vous rappelle rien ? Des objets à trouver, disséminés sous forme d’icônes sur la carte… Des mini-quêtes avec des groupes de voyous à fesser… Le tout marqué sur la map par des points de couleur… Ça ne vous fait pas penser à des héros à capuches ?
Spider-Man’s Creed
L’autre aspect qui me fait penser aux hits d’Ubisoft (et à plein d’autres jeux), c’est l’arbre de compétences dont dispose Spidey. Compétences divisées en trois branches principales, que vous pourrez développer au fil des points d’expérience acquis. « Oui, mais dans Assassin’s Creed, on peut aussi customiser son personnage » me direz-vous. Et vous ne croyez pas si bien dire ! Les différents costumes à débloquer, et les gadgets à améliorer constituent ici une raison valable de traîner dans les rues pour glaner de l’expérience supplémentaire !
S’il est beaucoup (et de très très loin) plus élaboré, le gameplay de Marvel’s Spider-Man me fait aussi beaucoup penser… Tout simplement aux précédents titres licenciés Spider-Man. Et je sais de quoi je vous parle, puisque je me suis retapé cet été quelques parties sur Ultimate Spider-Man, sur PS2, ou encore Spider-Man 2 ! Ceux qui suivent le héros en collants depuis quelques décennies ne seront donc pas vraiment dépaysés.
Bon élève de la classe
Et puis, il y a ce monde ouvert, que tout le monde reprend aujourd’hui (quitte parfois à nous arnaquer sur la marchandise, j’ai des noms), et dont on aurait désormais du mal à se passer. Et l’openworld de Spider-Man, s’il n’est pas le plus réussi, a le mérite d’être efficace. Sans faire dans la démesure et dans l’originalité, il fait le job ! Il se contente de proposer le strict nécessaire, sans fioritures, mais fait les choses bien. Et Manhattan est si grande, il y a tant à faire qu’on n’a pas forcément envie de lui en demander plus…
Le retour du chipoteur !
Une fois l’émerveillement des premières heures passé, je retrouve enfin mon objectivité, nécessaire à la traque des petits défauts, que l’on nous a sans doute ici bien cachés. Bien que certains vont vous sauter aux yeux, comme par exemple le niveau contestable de l’IA.
Et on commence avec cette redondance qui s’installe avec le temps, notamment pour les quêtes annexes et les combats, qui finissent par se ressembler. Certes comme dans beaucoup de jeux ! Mais le soft nous en donne tant au début, que l’on s’attend ensuite à être surpris, par exemple avec l’introduction de nouvelles mécaniques.
Mais les combats, comme les quêtes annexes, s’enchaînent, et finissent par se ressembler. Heureusement, le panel de techniques dont dispose le tisseur est suffisamment complet pour varier les plaisirs. Et les missions ont au moins le mérite de rallonger la durée de vie du titre (une quinzaine d’heures pour l’histoire principale).
Un manque d’audace
Mon second regret est tout simplement que le jeu reste trop académique. Spider-Man est un très bon jeu, très réussi techniquement, et très complet… Mais qui se contente de donner son maximum, sans oser franchir la limite. Paradoxalement, avec un personnage comme Spider-Man, j’avoue que je m’attendais à plus de folie, et plus d’originalité. Comme je l’ai écrit plus haut, le problème est que ce titre me fait trop penser à d’autres jeux. Spider-Man, s’il dispose d’un scénario et d’un univers original, se contente de reprendre des mécaniques déjà vues (si ce n’est les déplacements géniaux).
Au niveau de la narration, le jeu souffre des mêmes défauts que les versions cinéma ! À savoir que « trop d’ennemis tue les ennemis » (coucou Spider-Man 3) ! Les Super-Vilains ou persos importants sont en nombre, et de ce fait, certains souffrent d’un manque de profondeur. Ils auraient mérité plus de développement, mais il n’y en aura hélas pas pour tout le monde ! Mister Negative ou MJ ne bénéficient par exemple pas du même traitement que d’autres Vilains, plus caricaturaux. De même, la multiplication des sous-intrigues nuit à la globalité du titre. Il est facile de perdre le fil (si j’ose dire) de la trame principale en s’éparpillant sur les quêtes annexes.
Le doublage en VF est particulièrement réussi, et le réalisme de la cité passe aussi par les nombreux dialogues que vous entendrez en arrière plan. Mais aussi réussie soit-elle, l’ambiance sonore du jeu est parfois gâchée par des répliques (de PNJ) qui reviennent en boucle.
Au final
Ce Marvel’s Spider-Man est très clairement mon second jeu de super-héros préféré. Oui, vous avez bien lu : il n’est que le deuxième ! Tout simplement parce qu’après les deux ou trois premières heures de jeu qui nous envoient du lourd à travers la tronche, le soufflé retombe ! À l’image de son héros, il est capable de nous emmener très haut, puis de plonger en piqué…
Attention : ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! Marvel’s Spider-Man est un excellent jeu ! Un excellent jeu vidéo, mais un AAA un poil trop générique, à mes yeux. Et pas assez audacieux pour surclasser le fantastique Batman Arkham Knight, qui reste pour moi la référence absolue en termes de jeux de super-héros ! Cependant, ce Marvel’s Spider-Man est le meilleur produit MCU, dont il reprend les codes, l’humour… Le meilleur long-métrage Marvel n’est pas un film, mais un jeu vidéo !
69€ quand même !
Alors, devez-vous craquer pour l’Homme-Araignée ? J’avoue que mon avis final est mitigé. Bien évidemment que OUI, si vous aimez le genre, ou si vous êtes fan de Spidey ! Pour son ambiance, son gameplay, ses déplacements, pour le gigantisme de Manhattan… Et surtout pour un Peter Parker fidèle à l’esprit du Comics (il met sérieusement la misère aux séries cinématographiques, excepté le Homecoming dont il est proche dans l’esprit)… Marvel’s Spider-Man s’impose comme un hit du catalogue d’exclusivités PS4.
Pourtant, je ne puis m’empêcher de penser aux ceusses d’entre-vous qui ont un budget « jeux vidéo » limité, et qui vont devoir faire des choix en ce gros mois de septembre. Avec tout ce que je viens d’écrire, êtes-vous prêts à investir près de 70€ ? La question mérite d’être posée. D’autant que ce mois-ci, une exploratrice de tombeaux a aussi quelques claques à distribuer…
Marvel’s Spider-Man
- Par Insomniac Games, pour Sony Interactive Entertainment.
- En exclusivité sur PlayStation 4
- Genre : Action/aventure en monde ouvert.
- Classification : PEGI 16.
- Prix : 69,99€ pour la version standard.
Super Araignée :
- Visuellement très chouette.
- Manhattan n’est pas qu’un superbe décor… Elle a une présence, une âme
- Les déplacements sont grisants !
- Les combats très dynamiques
- Un scénario sympa, qui se suit comme un film du MCU
- Un casting réussi
- Les combats de boss
- Une foultitude de quêtes annexes, costumes à débloquer… Contenu hyper-copieux
- Enfin un Spider-Man fidèle à l’esprit de la BD
- Les doublages VF, et Donald Reignoux toujours aussi bon
Araignée écrasée :
- Le jeu n’invente rien dans ses mécaniques
- On aurait aimé plus de folie
- L’IA parfois à la ramasse
- Quelques soucis de collision
- Les combats qui deviennent redondants avec le temps
- Peut-être un peu trop de quêtes secondaires pour rester concentré sur l’aventure principale
- Certains personnages qui manquent de profondeur
- Parfois quelques soucis de caméra