Un jeu de 2005 remasterisé pour la PS4 : jusque là, rien d’original. Mais nous parlons aujourd’hui de Shadow of the Colossus, le monstre sacré de Fumito Ueda (Ico, The Last Guardian). Est-il possible de sublimer un chef-d’œuvre ? On vérifie ça tout de suite !

Une légende renaît

Je ne vais pas vous mentir : je suis un très grand fan des oeuvres de Fumito Ueda ! Et le duo Ico/Shadow of the Colossus fait partie des hits de la PS2 ! Si je ne devais garder que deux jeux sur cette machine, ce serait sans doute ceux là ! Je vous laisse imaginer l’engouement des fans, lorsqu’une nouvelle adaptation HD de cette légende a été annoncée, lors de l’E3 2017 !

Shadow of the Colossus (Wanda to Kyozō au Japon) est donc un jeu d’action/aventure développé par Bluepoint Games et Japan Studio, pour SIEE. Il est sorti initialement sur la PlayStation 2, en 2005 (en 2006 en Europe… Une version que j’ai particulièrement poncé jusqu’à l’usure, à l’époque). Comme Ico, il aura déjà connu les joies du remaster HD, sur PS3 en 2011.

Le joueur y incarne un jeune homme nommé Wander (Wanda en vo). La particularité de ce titre est qu’il vous lâche sur une immense terre sacrée, dénuée d’ennemis ou de PNJ pour faire causette. De plus, vous ne trouverez ici aucun donjon à explorer. Votre héros traverse seul (avec son cheval) d’immenses et magnifiques ruines, à la recherche de ses adversaires.

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Destin tragique = aventure épique

Le jeu va tourner autour de trois personnages principaux. Wander, le héros, armé de son épée et de son arc, est donc celui qui est désigné pour accomplir la quête principale du jeu. L’histoire s’ouvre donc sur notre cavalier franchissant un gigantesque viaduc. Dans ses bras, un corps, enveloppé dans un linceul. Au bout du chemin, il trouve un temple séculaire. C’est ici qu’il est censé trouver des réponses.

Wander doit sauver une jeune femme, Mono. Elle a été sacrifiée à cause d’un destin maudit. Enfin, nous avons aussi Agro, le cheval du héros, fidèle compagnon, et sans doute la seule personne à qui vous pourrez faire la conversation dans l’aventure. À peine entré dans le temple interdit, Wander se fait attaquer par des ombres, dont il se débarrasse avec une facilité déconcertante.

Surprise, une divinité appelée Dormin réalise que l’épée en sa possession fait de lui le seul être capable de détruire les colosses qui peuplent ce monde mystérieux. Voilà le point de départ de cette grande aventure. Et la tâche que Dormin va vous confier, condition sine qua non pour ramener l’âme de Mono chez les vivants.

Des ennemis démesurés

Au total, ce sont seize colosses que vous devrez trouver, puis éliminer. Titanesques, mais toujours majestueux ! Qui sont-ils ? Quel est leur rôle ? L’histoire vous le révélera ! Heureusement, votre épée va être d’un grand secours. Puisqu’il s’agit d’en pointer la lame en direction du soleil pour qu’un rayon bleu ne vous indique la direction à suivre pour trouver votre prochain adversaire.

Une fois le colosse face à vous, Wander devra une nouvelle fois pointer le rayon de son épée vers la créature, pour en afficher le(s) point(s) faible(s), qui passent en surbrillance. S’en suit alors une longue escalade de la créature, jusqu’à atteindre son talon d’Achille. Le héros devra enfin y planter sa lame, jusqu’à vider la barre de vie de l’ennemi.

Mais attention : si le premier colosse n’est qu’une balade de routine, plus vous avancerez dans le jeu, plus vos adversaires sauront se défendre. Et cela commence dès le second adversaire, qui se débat et tente de vous faire chuter quelques dizaines de mètres plus bas…

Une réalisation maîtrisée, une OST réorchestrée

L’une des grandes forces de la première version de SoC était sa réalisation : des graphismes magnifiques, des panoramas époustouflants… Un monde plus vrai que nature ! Cette version PS4 pousse les limites encore plus loin. Et il ne sera pas rare que vous vous arrêtiez, tout simplement pour admirer l’environnement.

Non seulement le rendu du jeu est chouette, mais il procure de véritable sensations. La diversité des décors (plaines, plage, désert, montagnes…), les détails des herbes, des feuilles… Ce monde est vide, (bien qu’il soit aussi peuplé d’oiseaux, de p’tites bébêtes), mais chargé d’émotions et de contemplation. Dans ce monde dénué d’ennemis, le joueur se sent serein, l’exploration se fait dans une zénitude absolue… Jusqu’au moment où un colosse apparaît, et la tension qui va avec.

C’est indéniablement beaucoup plus beau, beaucoup plus réaliste. Désormais, le jeu tourne superbement en 1080p, et est bien évidemment optimisé pour la PS4 Pro.

Le jeu est porté par une superbe bande-originale, signée Kow Otani. Discrète, cette symphonie vient surtout rythmer vos combats, et apporter une émotion supplémentaire pendant les phases épiques de l’aventure. Et il faut savoir qu’à l’instar des graphismes rehaussés, le compositeurs a entièrement réenregistré ces plages pour cette nouvelle version. À l’époque, il n’y avait déjà rien à redire. Alors aujourd’hui, je vous laisse imaginer !

Un gameplay qui demande un minimum de maîtrise

Comme je l’ai expliqué plus haut, une fois que vous aurez trouvé un colosse, tout commence par une phase d’observation. D’une part, vous devrez comprendre comment atteindre les zones d’escalade (ses poils). Vous pourrez utiliser les décors, sauter depuis votre cheval, ou l’obliger à mettre le genou à terre. Pour cela, vous devrez trouver une faille (un certain mouvement de l’ennemi), ou l’obliger à créer une opportunité, en décochant par exemple une flèche dans un point faible. Pas le droit à l’erreur !

Puis vient la phase dite d’escalade, pour atteindre les points faibles révélés grâce à la lumière de votre épée. Des phases plus ou moins longues selon la taille du colosse. Et ce ne sera pas une partie de plaisir, puisque le géant se débat pour vous faire tomber. Vous devrez donc tenir fermement la gâchette de la manette, pour vous accrocher, dans la limite de votre jauge d’endurance. Car celle-ci fond comme neige au soleil lorsque l’adversaire lutte.

Enfin, les pouces en sueur, lorsque vous atteindrez le(s) point(s) faible(s) du colosse, vous devrez y planter votre lame pour vider sa barre d’énergie. Et pendant ce temps, il se débat toujours. À vous de trouver le bon timing. Et pensez à « charger » votre attaque en maintenant la touche (puis en la relâchant) pour faire plus de dégâts.

Un peu d’exploration quand même !

Entre deux combats, le jeu va aussi offrir quelques phases d’exploration (dans de si beaux décors, on prend volontiers). Ici, il faudra notamment trouver des fruits pour gonfler votre barre de vie, ou des lézards à queue blanche pour optimiser votre endurance. Des items que l’on vous recommande de chercher, ne serait-ce que pour faire le poids face à la deuxième moitié de colosses, notamment. De même, différentes stèles sont disséminées sur la carte : prier devant restaure votre vie ; toutes les trouver débloque un trophée.

Si vous terminez le jeu, vous débloquez un New Game + avec de nouvelles options de jeu : mode miroir, ou mode time-attack. Dans ce dernier, les colosses vaincus vous lâchent quelques objets plutôt sympas, comme une cape pour planer, ou un harpon plutôt efficace.

En début de partie, le jeu vous est proposé en trois modes de difficulté : facile, moyen et difficile. Je vous recommande d’opter pour le troisième choix, d’entrée. Car outre sa difficulté plus prononcée, il va surtout allonger considérablement la durée de vie du jeu. Dans le mode difficile, les colosses ont plus de points faibles. C’est plus dur, plus stratégique, mais c’est aussi plus long ! De plus, certains des artworks à débloquer ne s’obtiennent qu’après avoir vaincu les colosses en difficulté moyenne ou difficile.

Le poids des années se fait sentir

Hélas, malgré toute la bonne volonté des développeurs, le poids des années se fait tout de même sentir. Et cela se ressent par exemple dans la jouabilité, qui est restée d’époque. Il n’est pas rare de buter sur des obstacles, de devoir lutter contre le stick directionnel. Quelques petits problèmes de collision sont encore de la partie.

De plus, vous devrez assez souvent (un peu trop à mon goût) rétablir l’angle de vue, qui se barre assez régulièrement à l’ouest ! Aussi beau que puisse être devenu SoC, il a gardé ses soucis de caméra d’origine.

Enfin, le contenu est lui aussi quasiment d’origine. C’est à dire correct, mais pas fou-fou non plus. De nouveaux modes (time-attack, miroir), un mode réminiscence qui vous permet de re-affronter les Colosses vaincus (une fois le jeu terminé)… Et des illustrations à débloquer… Voilà l’un des points noirs du jeu ! Quitte à remasteriser SoC, nous aurions aimé du contenu bonus. D’autant que l’on parle ici d’un jeu mythique, qui le mérite amplement.

Cette version « remake » ajoute simplement quelques filtres de couleur, et surtout le désormais classique mode photo, qui vous permet de capturer vos plus belles images. C’est sympa, mais bon !

Au final

Shadow of the Colossus a été une claque en son temps, il l’est encore davantage aujourd’hui ! Le jeu conserve toute sa magie initiale (faisant même oublier le remake HD de la PS3). Mais celle-ci est relevée par des graphismes tout simplement extraordinaires. Et même si, depuis, un certain The Last Guardian est passé par là (lui piquant la vedette), « L’Ombre du Colosse » demeure un hit intemporel, à posséder coûte que coûte !

Il ne suffit pas de magnifiques graphismes pour faire un hit ! Mais lorsqu’un jeu est beau, que son scénario vous prend aux tripes, que sa musique vous transporte… Alors on parle de chef d’œuvre ! Et on en parle longtemps… Et Shadow of the Colossus est de cette trempe !


Shadow of the Colossus

 

Géant de pierre ! :

  • Des graphismes fabuleux
  • Les animations
  • Les colosses
  • Une bande-son magistrale
  • Une histoire qui vous remue
  • Des combats épiques
  • Un jeu chargé d’émotions
  • Shadow of the Colossus n’a pas pris une ride
  • Un prix plus que correct

Guerrier en mousse :

  • Caméra un peu déconnante
  • Soucis de collision et de pathfinding
  • Jouabilité pas toujours au top
  • Pas de contenu bonus
  • On en veut encore !
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