Vous l’aurez compris si vous suivez un tant soit peu l’actu vidéoludique du moment : Super Mario fête ses 30 ans cette année (nous y consacrons d’ailleurs un dossier ici). Et pour marquer le coup, Nintendo se devait de proposer un nouveau jeu à la hauteur. Voici donc Super Mario Maker, un simulateur de… programmeur de jeux ! Avec ce titre, Nintendo vous offre tous les outils pour créer vos propres niveaux, et pour les partager ! Tout simplement génial !
Tu n’as cas l’faire toi-même !
Vous est-il déjà arrivé de vous imaginer dans la peau de Shigeru Miyamoto ? Ou bien, en traversant un niveau de Super Mario, de vous dire qu’à sa place, jamais vous n’auriez mis cet obstacle à cet endroit, qu’un champignon dans ce passage retors serait une bonne idée…? Oui mais voilà : vous n’êtes pas Shigeru Miyamoto. C’est lui (et son équipe) qui programme, et vous… Vous vous contentez de jouer !
Mais ça, c’était avant ! Car ce mois de septembre, c’est l’anniversaire de Mario. C’est lui qui souffle les bougies, mais c’est vous qui allez recevoir le cadeau !
Et ce cadeau est tout simplement énorme ! Il consiste tout simplement à vous mettre dans la peau du papa de Mario. Autrement dit, Nintendo vous offre la possibilité de concevoir vos propres niveaux de Super Mario. Vous avez à la fois la caisse à outils et les matériaux, ne reste plus maintenant qu’à faire parler votre créativité… Aucune limite, donc !
Ce concept est né d’un programme interne de Nintendo, qui permettait de développer rapidement et facilement des niveaux. Le géant a eu l’idée de donner accès à ce programme au grand public. L’idée de Mario Maker était née. Un peu plus tard, le jeu sera rebaptisé « Super Mario Maker ».
Ce qui, autrefois aurait été une galère sans nom, devient ici un pur délice au gamepad ! La tablette de la Wii-U est l’outil adéquat pour un tel exercice, et manier les objets au stylet est d’une facilité sans nom ! Placer, déplacer, effacer, glisser… Tout se fait dans la simplicité, sans ralentissement et sans bug.
Et comme le plaisir ne vaut que s’il est partagé, une fois vos niveaux créés et enregistrés, vous pourrez les partager avec toute la communauté de joueurs Wii-U… De parfaits anonymes, vos amis, mais aussi des personnalités comme Miyamoto-san qui pourront peut-être s’essayer aux créations des gamers… Et peut-être la votre, allez savoir !
30 ans d’histoire en 5 secondes
Quand je vous parlais, plus haut, de « caisse à outils », le moins que l’on puisse dire est que celle-ci est bien complète ! A ce niveau, ce n’est plus une caisse, mais un magasin de bricolage ! Et justement, il est temps de fouiller dedans !
Tout d’abord, on y trouve les éléments qui constituent les décors : briques, blocs « ? », tuyaux… A vous de voir où placer chaque élément. Il vous faudra ensuite ajouter des items : champignons, pièces… Puis les ennemis. Déjà, à ce niveau, vous venez de passer une heure et demi à apprendre à créer un niveau simple.
Ensuite, il vous est possible de choisir un background entre quatre univers : Super Mario Bros (NES), Super Mario Bros 3 (NES), Super Mario World (Super-Nintendo) ou New Super Mario Bros (Wii-U)… Par un simple clic, en quelques secondes, vous pouvez voyager sur 30 ans de Mario. A votre guise, en cliquant sur l’onglet adéquat, le fond change, ainsi que l’ensemble des graphismes : votre avatar ainsi que ses ennemis passent du design NES à celui de la Wii-U.
Ce changement d’univers influe également sur le gameplay du jeu : si vous choisissez Super Mario Bros, Mario ne peut pas saisir de carapace ou rebondir sur les murs… Ce qu’il fera très facilement dans New Super Mario Bros… Le jeu respecte donc fidèlement les gameplays respectifs des titres dont il puise la moelle.
Petit à petit, vous allez également apprendre à gérer les interactions entre les objets mis à votre disposition. Si le mode création ne vous propose, au final, qu’un peu plus de 70 items, beaucoup peuvent être modifiés par couplage avec d’autres objets : un champignon et un Koopa donneront un Koopa géant… Une pièce dans un canon et celui-ci tirera des salves de bigaille… Un Goomba dans un bloc « ? » et ce ne sera pas un gentil champignon qui sortira quand vous le percuterez… Glissez Mario dans un tuyau et vous créez une warp-zone, une seconde salle qui vous permet de doubler votre espace de jeu, en créant par exemple une sous-zone aquatique dans un monde aérien…
A chaque instant, vous pouvez interrompre votre création pour la tester en live (autrement dit, vous entrez en phase de « debug »). Et si vous bloquez sur un passage, un nouveau clic vous ramène au créateur, afin de faire les modifications nécessaires. Une fois assimilées les techniques de base (en finissant le tuto), la prise en main du jeu est quasi-immédiate !
Ce n’est que la première étape !
Ca y est, vous venez d’assimiler les bases du level-design ! Je dis bien les bases, car une fois passée la joie de mettre en ligne votre tout premier niveau, vous allez vite réaliser que ce n’est que le début !
Régulièrement, le jeu vous notifie que de nouveaux items sont disponibles. Si, en début de partie, seuls quelques accessoires sont débloqués, votre palette va se compléter avec le temps : étoile d’invincibilité, fleur de feu, Spiny et Lakitu… Et si vous repreniez les précédents levels pour les actualiser ?
Pour obtenir de nouveaux items ou décors, il vous suffit simplement d’attendre. Si autrefois, le « camion de livraison » (qui vous apporte de nouveaux packs) passait toutes les 24 heures, Nintendo a revu sa copie : depuis la mise à jour 1.01, le livreur passe plus fréquemment, à la condition que vous ayez utilisé toutes les nouveautés (marquées par un point d’exclamation) dans vos oeuvres.
Vous l’aurez compris : votre mission est désormais de débloquer du contenu, afin de créer, de mettre vos niveaux sur la toile, et de les reprendre si nécessaire afin de les améliorer.
On a déjà vu un concept similaire chez Sony, avec Little BigPlanet, et rappelons qu’en quelques mois, la communauté de joueurs avait été capable de lâcher plusieurs millions de niveaux sur la toile. Pour un titre aussi populaire que Mario, ça promet des chiffres avec beaucoup de zéros !
Musique, maestro !
Etant un grand amateur d’OST, de musiques de jeux vidéo, je ne pouvais m’empêcher d’écrire quelques lignes sur celle de Super Mario Maker, parfaitement dans le ton du jeu. Si les niveaux reprennent les thèmes bien connus des épisodes concernés, les phases de création s’inspirent elles aussi de ces mêmes morceaux, parfois remixés de manière surprenante, mais toujours syncho avec les actions que vous effectuez à l’écran. C’est juste un détail, mais qui parvient efficacement à vous plonger un peu plus dans l’ambiance du Royaume Champignon… Encore un bon point 😉
Et si on jouait un peu ?
Mais Super Mario Maker n’est pas qu’un éditeur de niveaux. Et à défaut de proposer un mode scénarisé, le jeu vous invite également à tenter quelques niveaux enregistrés.
Pour cela, après avoir sélectionné l’onglet « jouer » sur la page d’accueil, direction le « Défi des 10 Mario ». Dans ce mode, vous avez dix vies pour traverser 8 mondes et ainsi sauver la princesse, enlevée par Bowser… Mais évidemment comme dans tout bon « Mario », au bout des huit mondes (parfois faciles, parfois courts, parfois plus compliqués et hardus), c’est Toad qui vous attend après le boss pour vous indiquer que la Princesse est dans un autre chateau… Autrement dit, il faudra refaire ce mode… Idéal pour se faire la main !
Et une fois que vous aurez apprivoisé ce « Défi des 10 Mario », direction le menu en ligne, pour un « Défi des 100 Mario », qui repose sur le même principe, mais dont les tableaux sont cette fois des créations d’autres joueurs. « 100 vies, à l’aise », pensez-vous… Que nenni !! Ici, la difficulté (trois niveaux proposés) est plus importante.
Mais heureusement, Nintendo vous permet de « zapper » un niveau s’il est trop coriace. Attention cependant : cette aide ne vous fera pas passer au niveau suivant, mais vous en proposera un nouveau à compléter. Le nombre de tableaux à finir pour libérer la princesse sera inchangé.
Autre mesure de l’éditeur pour éviter des challenges infaisables : les niveaux qui sont proposés dans ce mode sont choisis selon une difficulté calculée en temps réel, en tenant compte des taux d’échec ou de réussite de la communauté de joueurs : si un niveau provoque trop d’échecs, il sera remplacé par des tableaux plus adaptés.
Difficulté sous contrôle
Comme nous l’avons vu, le double intérêt de ce titre réside dans le fait de créer ses propres niveaux, mais surtout dans le fait de les partager. Quelle satisfaction de voir ses créations gratifiées d’étoiles ou de commentaires de joueurs ravis !! Mais quelle bonheur également de s’essayer aux niveaux des autres membres de la communauté MiiVerse !!
Cependant, votre appréciation de ce mode en ligne risque fort d’être conditionné par le niveau de difficulté desdits niveaux. Je m’explique : lors des parties que nous avons essayé pour ce test, plus de la moitié du temps, nous tombions sur des niveaux de folie !! Des pics dans tous les sens, des goombas par légion entières, et Bowser qui vous attend à la sortie d’un tuyau… Certains joueurs sont soit pervers, soit surdoués… et nous ont pondu des niveaux bien difficiles !
Ce qui, en soit, va quelque peu à l’encontre de la politique d’accessibilité de Nintendo. Aussi, l’éditeur a conçu son jeu pour que les niveaux soient parfois difficiles, mais jamais inaccessibles : ainsi, pour pouvoir mettre un niveau en ligne, vous devez au préalable le terminer. Impossible d’envoyer une création que vous n’arriveriez pas, vous-même, à finir ! Autre mesure appréciable : le nombre d’ennemis positionnables dans chaque niveau est limité. Si vous comptiez créer un musô « Dynasty Mario », vous pouvez déjà oublier cette idée !
Amiibo party !
Le contraire aurait été étonnant ! En toute logique comme la plupart des jeux estampillés « Nintendo », Super Mario Maker est compatible avec les figurines Amiibo.
A commencer par celle qui est vendue dans le pack collector : un superbe « Mario Pixels » reprenant le design 8 bits du plombier. Cet Amiibo est disponible en deux coloris : la version « vintage avec un Mario rouge et brun, et la version « moderne » en rouge et bleu…
Mais toutes les figurines sont utilisables dans le titre (nous avons testé avec Link, Zelda ou encore Le Villageois d’Animal Crossing). On regrettera cependant que ces Amiibo ne débloquent qu’un skin (le personnage qu’il représente) pour votre avatar, à l’exception du Mario de la série Super Smash Bros qui, me semble t-il, a rendu accessibles quelques items.
Ceci dit, l’initiative est plutôt sympa et vous permet plus de largesses dans la narration de vos niveaux : un château sera sans doute plus sympa avec un personnage Link, et un monde aquatique prendra un autre visage si vous dirigez un calamar du jeu Splatoon !
Au final
Je vais être franc : lorsque j’ai entendu parler de Super Mario Maker la première fois, le jeu ne m’a clairement pas emballé plus que ça… Sortir un éditeur de jeux pour fêter les 30 ans de Mario, cela me semblait un peu léger de la part de Nintendo. Pas de scénario ? Cela me semblait très loin de l’esprit « Mario ». Puis, les trailers et la promo aidant, j’ai commencé à vraiment m’intéresser à ce titre, au point d’attendre fébrilement sa sortie. Verdict en recevant le jeu : il a le pouvoir de vous scotcher à la TV, d’annihiler toute volonté de lâcher le gamepad. Voici le retour du syndrome « je joue encore 5 minutes et j’arrive » !
D’une idée simple, Nintendo parvient encore une fois à inventer un concept fédérateur. Faire un succès à partir d’un simple éditeur de niveaux, il fallait oser ! D’autres l’ont fait avant, mais le mix entre le savoir-faire Nintendo et la licence de jeux vidéo la plus connue au monde sonne comme un petit miracle vidéoludique, une véritable merveille qui, c’est la marque de fabrique de la firme de Kyoto, ne connait aucune limite générationnelle.
Ce titre sonne à la fois comme un vibrant hommage à la saga, et comme une réelle nouveauté dans le cosmos Nintendo. Le jeu de plate-formes, de manière générale, avait besoin d’un bon dépoussiérage. Nintendo va encore plus loin en réinventant le genre, et en offrant aux joueurs la possibilité de s’approprier véritablement leur héros à moustaches. Sans vouloir abuser de superlatifs, nous avons ici un véritable coup de génie qui, cerise sur le gâteau d’anniversaire, vient clouer, au passage, le bec des détracteurs de la Wii-U.
Verdict
En recyclant de l’ancien, Nintendo vient tout simplement de réinventer le jeu de plate-formes !!
19/20
Les + :
- Grande accessibilité du titre
- Jouabilité au gamepad proche de la perfection
- Des possibilités de combinaisons infinies
- Donc une durée de vie absolument titanesque
- Les stats pour connaitre le jeu des autres joueurs, savoir où ils peinent dans votre niveau
- On ne peut pas lacher n’importe quoi sur la toile puisqu’il faut finir votre niveau pour le mettre sur le réseau
- Compatibilité avec TOUS les Amiibo
- Musiques originales ou remix, il n’y a que du bon pour les oreilles
- Un artbook dans la boite
Les – :
- L’habillage du mode « défis » un peu light (une map très sommaire)
- Pas de « check-point »dans les niveaux
- On aurait aimé plus de contenu déblocable par les Amiibo (ils ne vous donnent qu’un skin)
Super Mario Maker, par Nintendo, en exclusivité sur Wii-U. Compatible Amiibo.