Depuis le temps qu’on l’attendait !! The Witcher, inspiré du jeu vidéo qui s’inspire lui-même du roman, est enfin disponible sur Netflix. Et voici notre avis sur cette première saison !

Inspiré du roman

Henry Cavill raccroche la cape de Superman pour arborer les cheveux gris de Geralt de Riv.

C’est avec une certaine appréhension que j’abordais, il y a quelques jours, le visionnage de The Witcher, dernière production Netflix. Il faut dire qu’après Saint-Seiya, FullMetal Alchemist ou Death Note, on a de quoi serrer nerveusement les fesses lorsque Netflix s’intéresse aux séries de la culture geek. À plus forte raison lorsque l’ogre du steaming s’attaque à une légende, à un monument comme Le Sorceleur. Depuis le 20 décembre, les huit épisodes de la première saison sont disponibles, d’une durée de quasiment une heure chacun.

Si The Witcher est devenu populaire grâce au jeu vidéo, et notamment le troisième opus The Witcher III : Wild Hunt… Cet univers est avant tout celui d’un roman, Le Sorceleur, par l’auteur polonais Andrzej Sapkowski. Une saga débutée en 1990, et qui compte à ce jour 5 romans canoniques, plusieurs recueils de nouvelles, et un spin-off indépendant.

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Plus que du jeu vidéo, c’est principalement de ces romans que s’inspire la série produite par Netflix. Elle est réalisée par Alik Sakharov (nom que l’on retrouve avec Les Sopranos, House of Cards…), Charlotte Brandström (Colony, Counterpart…), Alex Garcia Lopez (Punisher, Daredevil…) et Marc Jobst (Daredevil, Luke Cage…). Le scénario est écrit par sept show-runners : Lauren Schmidt-Hissrich, Jenny Klein, Haily Hall, Sneha Koorse, Mike Ostrowski, Beau DeMayo et Declan de Barra.

Une distribution au top

Jaskier, le troubadour qui apporte de la légèreté dans l’histoire.

Certains auront pu avoir quelques frayeurs en découvrant qu’hormis Henry « Superman » Cavill, The Witcher met en scène beaucoup d’acteurs peu (voire pas du tout) connus. Et bien soyez rassurés ! Le casting fait mouche, avec une distribution qui joue au plus juste. On peut même dire que The Witcher est, en quelque sorte, un révélateur de talents, que l’on retiendra aussi pour son acting.

Le choix d’Henry Cavill, longtemps contesté par les fans qui auraient préféré voir Mads Mikkelsen dans le rôle de Geralt, est pertinent. L’acteur britannique s’efface pour laisser exploser le personnage de Geralt de Riv à l’écran, dans toute sa splendeur, avec tous les traits de caractère que l’on connaît au sorceleur. Yennefer est jouée par une jeune actrice de 23 ans, Anya Chalotra, qui dévoile un potentiel très prometteur. Tout comme Freya Allan qui nous frustre par un personnage de Ciri pas assez présent à l’écran.

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Voilà pour les personnages principaux. Mais le plus agréable est que la série se construit aussi autour de ses personnages secondaires, eux aussi très efficaces. Il serait par exemple dommage de limiter l’histoire à seulement trois personnages, alors que Joey Batey campe ici un troubadour Jaskier absolument délicieux dans le rôle du 4e larron. Grosses mentions également pour Myanna Buring dans le rôle de Tissaia, ou Eamon Farren qui interprète un antagoniste très efficace, Cahir. Vous vouliez Mads Mikkelsen ? Vous aurez son frère, puisque Lars Mikkelsen joue le magicien Stregobor 😉

Ça parle de quoi ?

Bien évidemment, la première saison de The Witcher (8 épisodes) s’inspire du début du premier roman, Le Sang des Elfes. Son rôle est de planter le décor, les personnages, les enjeux. L’histoire alterne trois narrations, autour des trois personnages principaux de la saga.

Elle s’ouvre sur Geralt de Riv, un sorceleur. Autrement dit, une sorte de « mercenaire » qui a été formé à la magie pour pouvoir combattre des monstres. Solitaire mais altruiste, Geralt est l’un des derniers sorceleurs de ce monde, et vit de petits boulots confiés par les paysans ou les rois.

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En parallèle, le spectateur suit aussi l’histoire de Yennefer, enfant difforme et miséreuse, achetée pour 40 pièces par Tissaia de Vries, pour être formée à la sorcellerie à l’école de magie d’Aretuza (oui, c’est un peu le Poudlard de The Witcher ^^).

Enfin, on suit aussi la princesse Cirilla (Ciri), qui a dû fuir la cité de Cintra après que celle-ci ne soit tombée aux mains d’une mystérieuse armée. Après s’être échappée de Cintra, Ciri doit, sur les recommandations de sa grand-mère, la reine Calanthe, retrouver le Sorceleur, Geralt de Riv…

Techniquement : du bon, et du moins bon

Globalement, la série s’en tire majoritairement bien, et est très agréable à regarder. Les éclairages et la photo nous transportent dans l’univers « so dark-fantasy » de The Witcher. De même, les cadrages et les plans larges sont esthétiquement assez chouettes. Les scènes d’action sont dynamiques, avec un Henry Cavill qui mouille véritablement le maillot… Et des combats qui ne vous épargnent ni quelques viscères ni quelques litres de sang.

Pourtant, on ne pourra s’empêcher de trouver à redire sur certains effets spéciaux. Des monstres qui ont parfois du mal à convaincre (la Stryge est géniale, le dragon doré un peu moins), des décors parfois un poil trop ternes, des costumes un peu cheap… Certaines scènes de bataille semblent bâclées (le siège de Cintra), et on relèvera quelques incohérences : on ne coupe pas une solide armure avec le fil de son épée, on plante sa pointe dans une faille de cette armure, messieurs les scénaristes !

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La seule version animée à laquelle nous pouvons nous référer est le jeu vidéo. Hélas, Netflix ne bénéficie pas des droits du jeu… Au grand dam des fans qui trouveront ici un médaillon du loup quelque peu différent. De même, la série doit faire l’impasse sur l’excellentissime OST du jeu, de Marcin Przybyłowicz, Mikołaj Stroiński et Piotr Musiał. Mais la bande-originale de Sony Belousova et Giona Ostinelli n’a pas à rougir, tant elle nous rapproche de l’ambiance musicale du jeu.

Deux mots sur les « non-dits » de la série

Ciri doit fuir, et retrouver Geralt.

Parmi les reproches que l’on pourra formuler à la série The Witcher figurent ses « non-dits » ! Autrement dit, certains aspects de l’univers de The Witcher ne sont tout simplement pas expliqués. Sans doute les show-runners considèrent-ils que vous connaissez déjà soit le jeu, soit les livres. Alors, si ce n’est pas le cas, une explication de texte s’impose.

Ainsi, vous devez savoir que l’histoire suit trois timelines différentes. L’histoire de Ciri est ce que l’on pourrait qualifier de « présent » ! Vous en déduirez donc, à juste titre, que les histoires de Geralt et de Yennefer se déroulent avant l’histoire de Ciri (ces deux arcs appartiennent donc au passé, plus ou moins lointain)… Jusqu’à ce que les trois ne se rejoignent.

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Mais comme si les choses n’étaient pas assez compliquées, les trois se déroulent également sur une durée différente. L’arc de Ciri se déroule sur quelques jours, celui de Geralt sur plusieurs mois… Et celui de Yennefer sur plusieurs dizaines d’années… Ce point étant éclairci, on peut passer à la suite.

Enfin, la série n’explique pas assez, à mon sens, l’impact de la magie sur les personnages. Ici, on n’est pas dans Harry Potter ! Et utiliser la magie se paye physiquement, et cela se voit à plusieurs reprises ! En contrepartie, un utilisateur de magie, comme les sorcières par exemple, se voit attribuer de nouvelles facultés, comme le fait de ne plus vieillir. Ce qui vous permet de comprendre plus facilement, comme expliqué plus haut, que malgré son vécu très riche, Yennefer ait toujours l’apparence d’une jeune fille.

Un triptyque un peu bancale ?

Yennefer, un personnage fort de cette série !

Comme expliqué plus haut, The Witcher est construit comme un triptyque, articulé autour de ses trois personnages principaux Geralt, Yennefer et Ciri. Et pour que cela fonctionne, il faut donc un équilibre entre les trois. Hélas, ce n’est pas vraiment le cas.

Rien à dire sur le cas Geralt, qui fait le job en plantant un héros à la fois taciturne, solitaire… Avec un Henry Cavill qui s’investit vraiment dans le personnage, au point de vraiment jouer les scènes de combat. Avec ses mimiques et ses grognements, Henry Cavill est très efficace dans les bottes du Sorceleur. De même, rien à dire sur Yennefer et de son arc absolument génial (sans doute même le meilleur de cette saison) : on aime son ascension et sa revanche sur la vie !

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En revanche, l’arc de Ciri est beaucoup plus rushé, et en devient plus oubliable. La série insiste à outrance sur sa fuite… Quitte à rendre insignifiant son passage dans la forêt de Brokilon, pourtant très importante dans le roman. Le personnage est beaucoup moins développé que les autres, et c’est bien dommage. Finalement, le triptyque s’appuie sur deux pieds solides… Et sur un troisième plus bancale, avec une Ciri qui devra faire ses preuves dans la saison 2.

Le Game of Thrones killer de Netflix ?

The Witcher veut être à Netflix ce que Game of Thrones est à OCS… ou encore Le GoT de Netflix ! Cette comparaison, on l’a entendue et on n’a pas fini de l’entendre dans la bouche des critiques. Oui mais… Non ! Arrêtez de comparer ce qui n’est pas comparable ! The Witcher ne sera jamais GoT, et on ne peut pas comparer les deux, simplement parce qu’ils se déroulent dans un univers Fantasy, ou qu’ils sont tirés d’un livre !

L’univers est différent, la narration est différente, le rythme est différent, le propos et les enjeux sont différents… Vous l’aurez compris, The Witcher et Game of Thrones n’ont rien à voir l’un avec l’autre… Si ce n’est, je le concède, quelques acteurs : la Reine Calanthe jouée par Jodhi May (Maggie la Grenouille dans GoT), ou encore Francis Magee (Yoren, dans GoT), qui joue ici un marchand, Yurga, en fin de saison. On pourra aussi rapprocher les deux œuvres pour quelques tripes et quelques tétons montrés parfois de manière gratuite.

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The Witcher ne peut pas non plus être comparé à Game of Thrones en raison de son rythme de diffusion. Vous avez aimé découvrir GoT épisode par épisode, avec une semaine d’attente entre chaque. Ici, le format Netflix nuit à une série passionnante : vous allez dévorer la saison 1 en deux ou trois soirs, pour ensuite passer à autre chose. Et c’est bien dommage, tant The Witcher est riche, et nécessite que l’on s’y attarde. Sans doute à mes yeux le plus gros soucis de cette série !

Les deux œuvres ne sont donc pas comparables. Et l’argument du « qui a la plus longue ? » entre Netflix et OCS ne justifie aucunement une comparaison qui n’a pas lieu d’être. En tant que spectateur, on ne peut laisser sa vision de The Witcher être troublée par cette comparaison purement politique. Sachez donc apprécier les deux séries pour ce qu’elles sont 😉

Au final, on valide ou pas ?

The Witcher a des défauts, mais que l’on mettra vite sur le dos d’une série qui tâtonne, qui se lance, bien que l’intrigue démarre assez vite, et fort ! Et au final, je constate que je suis rapidement rentré dedans, avec désormais l’énorme frustration de devoir attendre 2021 pour découvrir la saison 2. Que vous connaissiez ou non Le Sorceleur, cette adaptation pour Netflix est un succès, qui a la réussite modeste, mais qui fait les choses bien !

Comme je l’ai écrit plus haut, mon plus grand regret est que, Netflix oblige, la série se rushe en deux jours, laissant derrière elle un vide. Alors un conseil : prenez votre temps, savourez !

Il me tarde maintenant de savoir où The Witcher va nous emmener. Ciri va t-elle gagner sa véritable place dans la saison 2 ? Yennefer va t-elle demeurer le personnage le plus captivant du récit ? Plusieurs jours après avoir terminé la saison 1, comme vous le constatez, je suis encore dedans… Et pour moi, c’est un gage de confiance…


The Witcher

  • Par : Sean Daniel Company, pour Netflix.
  • Sur : Netflix.
  • Genre : Heroic Fantasy.
  • Nombre d’épisodes : 8 (saison 1).
  • Avec : Henry Cavill, Anya Chalotra , Freya Allan.
  • Classification : 16+.

Points positifs :

  • Assez fidèle aux romans (pour le moment)
  • L’ambiance générale
  • La musique
  • Des personnages vraiment travaillés
  • Les combats au corps à corps
  • On ne voit pas le temps passer
  • Henry Cavill qui s’investit vraiment dans le rôle
  • L’arc de Yennefer

Points négatifs :

  • Déséquilibre entre les trois héros
  • Saison 1 trop courte
  • Quelques incohérences
  • Des costumes un peu cheap
  • Des scènes de batailles qui manquent parfois de cohérence
  • Un peu de nudité gratuite
  • L’arc de Ciri