Si je vous parle de « point & click » , il y a de fortes chances pour que vous me citiez quelques références historiques du genre, comme Broken Sword (Les Chevaliers de Baphomet), la série des Monkey Island, ou encore Myst. Sans oublier Leisure Suit Larry, le plus coquin d’entre-eux, et sans doute celui qui compile le plus de blagues potaches au mètre carré. Et ça tombe bien car c’est justement de Leisure Suit Larry : Wet Dreams Dry Twice, le dernier opus en date, dont il sera question dans ce nouveau test.

Bah mon cochon !

Si vous avez l’habitude de poncer des jeux vidéo depuis les années 80, alors, vous connaissez forcément ce bon vieux Larry Laffer, héros de la série Leisure Suit Larry. Une série écrite par le développeur Al Lowe, pour le compte de la société Sierra Online.

Le premier jeu de la série, Leisure Suit Larry : in the Land of the Lounge Lizards (1987) plante le décor. On y découvre un informaticien, quatragénaire et toujours puceau, Larry, qui décide de changer de vie. Fan des années 70, c’est donc dans son éternelle leisure suit (une veste-chemise et son pantalon assorti très à la mode dans les 70’s) que le joueur découvre ce personnage truculent. Et l’on pourrait presque (attention spoiler) consacrer un « Dans la peau du personnage de… » à ce bon vieux Larry tant il y aurait de choses à dire à son sujet…

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Alors, allons à l’essentiel, et revenons à nos boutons de braguette. Ce nouvel opus fait suite à Leisure Suit Larry : Wet Dreams don’t Dry, sorti en 2018. Wet Dreams Dry Twice reprend ainsi l’histoire là où elle s’était arrêtée il y a trois ans. La bonne nouvelle, c’est que les toutes premières lignes de dialogues du jeu feront office de résumé de l’histoire : vous pourrez poser des questions à un PNJ, qui vous rafraîchira la mémoire. La mauvaise nouvelle, c’est que, malgré ce résumé assez complet, c’est quand même mieux d’avoir joué au précédent opus… Donc si vous pouvez vous le procurer à bas prix… Foncez !

Tout, tout, tout… Vous saurez tout sur le zizi !

Ne vous fiez surtout pas aux graphismes colorés et cartoonesques du titre, qui n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains, si j’ose dire ! Car très clairement, le level-design est raccord avec le propos général et les blagues potaches de ce nouveau Leisure Suit Larry ! Autrement dit, vous allez voir une grande quantité de zizis, de teubs, de sboubs, de chibres, de biroutes, de gros lolos, de boobs… Glissés ici ou là dans les décors, ou dans quelques répliques plus ou moins bien senties.

De ce fait comme je l’ai dit, ce nouveau Leisure Suit Larry n’est pas à mettre entre toutes les mains. Ainsi, ne comptez pas l’offrir à votre neveu Jean-Kévin, 12 ans, pour son anniversaire : vous vous engageriez sur la voix de l’incident diplomatique familial. En revanche, le cousin Marco, 23 ans et fan de l’œuvre de Benny Hill sera aux anges.

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Car qui dit « blagues de cul » ne veut pas forcément dire « blagues de gros beauf » ! Qualificatif parfois utilisé pour décrire Leisure Suit Larry qui, s’il peut parfois proposer quelques gags lourdingues, reste moins trash qu’un Duke Nukem, par exemple (qui enfonce la porte de la beaufitude sexualisée à grand coups de bassin). Ce n’est pas péjoratif, et je ne juge pas… J’essaie simplement de vous éclairer sur le lexique utilisé ici 😉

Oui, Leisure Suit Larry : Wet Dreams Dry Twice est bien potache ! Mais oui, il me semble aussi beaucoup plus soft que les autres titres de la série. Certes, on va souvent vous parler de zigounettes… Mais le titre n’est classé « que » PEGI 16, quand d’autres épisodes sont interdits aux moins de 18 ans. On peut aussi y jouer sur Switch, une console familiale sur laquelle Nintendo est assez à cheval sur la bienséance. Et connaissant Big N, si le titre sort sur sa bécane, c’est que l’intéressé a validé cette sortie (alors qu’une « copie » de Tingle, de l’univers Zelda, est présent dans le jeu et… Comment dire…)…

De quoi ça parle, comment on joue ?

Leisure Suit Larry : Wet Dreams Dry Twice est un point & click. Autrement dit, vous ne contrôlez pas le héros, mais un curseur, que vous déplacez sur tout l’écran. Vous pouvez dialoguer avec les PNJ, ou encore fouiller méticuleusement les tableaux fixes du jeu, afin de trouver les items qui vous permettront de poursuivre l’aventure. Comme dans tout bon point & click qui se respecte, vous devrez accomplir quelques quêtes FedEx (aller chercher tel objet pour tel personnage), et les dialogues vous proposeront de nombreuses réponses à choix multiples.

Mais comme dans de nombreux point & click, vous devrez parfois batailler avec le curseur, afin de vous placer au pixel près pour déclencher une action. De même, certains reprocheront la lenteur de l’action, avec un personnage qui ne dashe pas lorsqu’il doit traverser un écran, mais marche en mode pépouze, à son rythme. Pour refermer le chapitre consacré à la technique, d’autres joueurs reprocheront les textes lus en Anglais (sous-titres en VF) : dommage à une époque où même de petits jeux proposent des doublages dans la langue de Molière.

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Avant de refermer la partie technique, j’aimerais quand même insister sur la direction artistique vraiment agréable ! À l’heure où de nombreux studios misent à 200% sur des CGI qui explosent la rétine… Qu’il est agréable de jouer à un jeu qui préfère l’aspect plus rafraîchissant d’un level-design et d’un chara-design réalisés à la main (l’éditeur nous parle de plus de 50 lieux) ! Leisure Suit Larry : Wet Dreams Dry Twice n’est pas que coloré ! Il est aussi très agréable à regarder, pour ses graphismes digne d’un film d’animation.

Le jeu démarre là où le précédent volet nous avait laissés. Larry était sur le point de se marier avec l’amour de sa vie, Faith, lorsque celle-ci disparaît. Selon Pi, votre IA de poche, elle serait visiblement en vie, quelque part sur l’archipel tropical de Kalau’a. Alors, Larry part à sa recherche, en commençant par Cancùm (le premier jeu de mot du soft en dit long sur la suite :-), où il devait épouser la fille du chef de l’île. Tout au long de son périple, il croisera plus d’une quarantaine d’anciens et nouveaux personnages, et de nombreuses nouvelles conquêtes à « pécho » ! Sea, sex and fun !

Larry séduit-il toujours autant ?

C’est mon impression, après avoir terminé Leisure Suit Larry : Wet Dreams Dry Twice ! L’aventure est vraiment plaisante, et j’ai passé un très bon moment (j’étais un peu en manque depuis Les Chevaliers de Baphomet 5 : La Malédiction du Serpent), mais j’ai franchement l’impression d’avoir roulé sur le jeu, sans réelle difficulté (hormis un ou deux trucs que tu cherches depuis une heure, alors qu’il suffisait de décaler le curseur de deux pixels :-p ). Les énigmes et puzzles ne sont pas franchement compliqués, Larry n’a pas vraiment de peine à « conclure » lorsqu’il entre en mode séduction… C’est donc un point pour lequel LSL ne peut renier son ADN de point&click : on le termine au fil de l’eau, tranquillement, sans réellement buter (ou bloquer) sur le jeu.

Le principal défaut du jeu est son ergonomie. Et si l’on parle de point&click, vous serez (très) nombreux à me faire remarquer que le genre n’a jamais été pensé pour jouer à la manette mais avec une bonne vieille souris (pad en main, un premier stick permet de diriger Larry, le second de saisir les objets)… C’est un fait ! Mais le jeu souffre également d’oublis des développeurs, qui entachent le plaisir de jouer. Je pense par exemple à l’absence de déplacement rapide, qui agace vite lorsqu’il faut traverser toute la map. J’ai aussi parlé du curseur d’une grande exigence lorsque l’on parle de précision… Et ça en devient frustrant de passer à coté de l’objectif à quelques pixels près…

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Et puis, franchement, si l’on met de coté qu’un (ou plusieurs) phallus se dissimulent (ou pas) dans chaque plan… Le jeu peut aussi séduire par ses nombreuses références. Notamment à la pop-culture ou au jeu vidéo. Le smartphone de Larry, bourré d’applications très utiles et décalées telles que Timber ou Instacrap, ou encore les nombreux clins d’œil à Pitfall, Zelda ou autres monstres sacrés… Donnent à ce Leisure Suit Larry : Wet Dreams Dry Twice un petit coté irrévérencieux et franchement second degré que l’on apprécie. Un aspect qui plaira aux fans de références, qui en oublieraient presque l’humour général fortement sous la ceinture…

Au final

Je ne vais pas vous mentir : le jeu est globalement plutôt cool… Et respectueux des mécaniques et de l’ambiance qui ont fait le succès des meilleurs point & click. Mais attention : contrairement, par exemple, au très sage Les Chevaliers de Baphomet, Leisure Suit Larry fait dans le « politiquement pas très correct » ou dans le graveleux, dans le potache… Autrement dit, le jeu tient un propos qui pourrait égratigner les petites oreilles et les petits yeux chastes de Jean-Kévin, 12 ans.

Il n’empêche que le titre a tout pour séduire. C’est joli à regarder, le dosage entre exploration minutieuse des niveaux et énigmes/puzzles est bon, le jeu a un vrai scénario… Alors globalement, malgré toutes ces zigounettes que l’on nous agite sous le nez, Leisure Suit Larry : Wet Dreams Dry Twice a quelques arguments pour plaire. D’autant que sur consoles, on ne peut pas dire que le point & click soit un genre sur-représenté.

Vous pouvez craquer sans hésiter si vous étiez un fan de Collaro dans les années 80, ou si vous aimez les blagues potaches, et l’humour sous la ceinture. Ou bien si vous aimez le genre point & click, bien évidemment. En revanche, si vous êtes allergique à ce type d’humour, ou bien que vous aimez l’action pure et dure, le jeu ne restera pas dans votre console plus de dix minutes… En connaissance de cause, vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire…


Leisure Suit Larry : Wet Dreams Dry Twice

Testé sur une version PS4, fournie par l’éditeur
Les points positifs :
  • L’humour bien potache
  • Visuellement, c’est très agréable à regarder
  • Du point & click à l’ancienne
  • Durée de vie correcte
  • Une ambiance plutôt sympa
  • Pas mal de références à la pop-culture
  • Des sous-titres VF
Les points négatifs :
  • L’humour « sous la ceinture » en permanence pourra en agacer certains
  • Quelques longueurs
  • Animation minimaliste
  • Audio en Anglais
  • Parfois retors à la manette
  • C’est mieux d’avoir fait l’opus précédent avant de jouer