On peut dire que la rentrée 2015 débute sous les meilleurs auspices ! Pour terminer la saison estivale, rien de tel qu’un bon jeu d’aventure ! Et pour le coup, Revolution Software nous propose des retrouvailles avec l’un des couples d’enquêteurs les plus emblématiques de la planète « Jeux Vidéo » : George Stobbart et Nico Collard. Inconnus pour les plus jeunes joueurs, je puis vous assurer qu’ils font figure de légendes. La licence « Les Chevaliers de Baphomet » est de retour, et c’est plutôt une excellente nouvelle !
Les retrouvailles
Ce cinquième épisode des Chevaliers de Baphomet (« Broken Sword » en VO) est sorti sur PC (en deux épisodes), entre décembre 2013 et avril 2014.
Il a été financé par une campagne Kickstarter. Forcément, avec un tel nom, la campagne participative avait abouti très rapidement : 13 jours seulement pour obtenir les 400.000 dollars demandés par Revolution Software, et 820.000 dollars à la fin de la campagne. Et j’avoue avoir eu, à l’époque, une petite déception, étant fan de la série mais ne jouant pas sur clavier.
Aussi, je vous laisse imaginer ma joie en apprenant, il y a quelques mois, que le jeu sortirait sur PS4 et Xbox One ! Enfin, une sortie sur console, je n’osais l’espérer. Cerise sur le gateau, le CD vendu sur consoles de salon réunit les deux épisodes en un seul, avec des animations supplémentaires.
Et ma joie fut encore plus grande en insérant enfin le jeu dans ma console. Car je l’ai déjà dit, je suis fan de cette série populaire (plus de 10 millions de jeux vendus en 20 ans). Depuis ses débuts, ou presque. Pour ma part, j’ai découvert la licence au cours de la seconde moitié des années 90, lorsque le premier volet est sorti sur PlayStation, première du nom. Peu de temps après, je me jetais sur sa suite, « Les Boucliers de Quetzacoatl ».
Les Chevaliers de Baphomet est un jeu « point and click ». Autrement dit, vous évoluez dans des décors fixes, et devez progresser dans votre enquête en résolvant des énigmes, en trouvant des objets, en dialoguant avec les personnages du jeu afin d’élucider une aventure qui débute par un meurtre mystérieux. Vous êtes George Stobbart, un américain à Paris, aidé par une journaliste française, Nico Collard.
Votre enquête est toujours baignée de mystère (les Templiers dans le premier bien avant le Da Vinci Code, la culture précolombienne dans le second, etc), et tout le charme du jeu réside dans ses décors fixes très « dessin animé » (excepté pour « Le Manuscrit de Voynich » et « Le Temple de Salomon » qui s’étaient un peu écartés de l’esprit d’origine en passant à la 3D). Avec ce cinquième volet, Revolution Software a enfin la bonne idée de revenir aux fondamentaux. Le joueur, lui, a l’impression de retrouver de vieux amis, après les avoir perdus de vue quelques années…
Histoire de meurtre
Comme dans les précédents volets, tout débute par une histoire qui tourne mal : le directeur de la galerie d’art du Lézard Bleu, à Paris, se fait abattre alors qu’il tente d’intercepter un voleur. Celui ci s’intéresse particulièrement à la toile espagnole « la mallediccio », qui semble pourtant insignifiante au regard du reste de la collection. Et George ayant la fâcheuse habitude d’être au mauvais endroit au mauvais moment, se retrouve embarqué dans une aventure qui se complexifie avec de nouveaux éléments mystérieux.
George est devenu employé d’une compagnie d’assurances, celle là même qui assure la collection et le fameux tableau volé (ce qui explique sa présence dans la galerie, en fait). Et lorsque certains attendraient bien sagement que la Police arrive pour faire son boulot, Georges se met en quête de fouiller toute la pièce afin de réunir des indices pour expliquer ce meurtre : il doit défendre les intérêts de sa compagnie, qui craint de devoir lâcher quelques dizaines de billets au propriétaire du tableau…
Mais ce meurtre n’est que la partie émergée de l’iceberg, et il cache une histoire encore plus mystique. Très vite, George et son ex amie Nico vont se retrouver au coeur d’une lutte ancestrale entre Dominicains et Gnostiques…
Pointez… cliquez !
Comme nous l’avons dit plus haut, LCdB5 (c’est plus court à écrire que « Les Chevaliers de Baphomet 5« ) est un point-and-click, un genre habituellement mieux adapté à une jouabilité à la souris d’un PC, mais qui connait sa petite notoriété sur consoles depuis quelques décennies (j’ai évoqué plus haut les premiers « Broken Sword », mais j’aurais pu aussi citer « Blazing Dragons » ou « Discworld », toujours sur PS1).
Si vous êtes fans de jeux d’action, où tout va très vite, passez votre chemin ! Car le point’n click est un genre dans lequel le rythme est assez lent : il vous faudra fouiller chaque pixel de l’écran, afin de retrouver des indices, débloquer des mécanismes, ou résoudre des énigmes. Autrement dit, ici vos meilleurs atouts ne seront pas vos réflexes, mais vos méninges.
Et force est de reconnaître que la manette Dualshock (le jeu a été testé sur une PS4) est plutôt bien adaptée au titre. Les déplacements sont fluides, et le jeu à l’aide des touches est vite instinctif. Et si vous le souhaitez, vous pouvez déplacer le curseur à l’aide du pavé tactile de la manette.
Une touche d’action, une touche pour accéder à l’inventaire (avec sa manie de tout ramasser, George n’a pas des poches, mais une véritable quincaillerie)… Tout est simple. A l’écran, des icônes bien distinctes vous permettent de différencier les actions à accomplir : des engrenages quand il faut interagir avec des objets, une bouche lorsqu’il faut dialoguer, une main lorsqu’un objet doit être ramassé… Simple et efficace ! Le jeu est jouable de 7 à 77 ans !
Pas besoin de grosse technique
Alors que la plupart des jeux du moment misent sur des graphismes ultra-réalistes, des effets époustouflants et des cinématiques à tomber, le jeu de Charles Cecil joue la carte de la sobriété et adopte un style graphique proche des dessins animés réalisés à la main… Et c’est diablement efficace !
Au final, les décors n’en sont pas moins détaillés, mais en tout cas très colorés, et apportent un grand vent de fraîcheur dans ce monde de brutes ! Chaque tableau est une véritable oeuvre d’art : les décors changent peu, et c’est tant mieux ! Cela nous laisse plus de temps pour les admirer !
La bande son, elle aussi, est sobre : quelques notes où il faut, quand il faut… On est très loin des thèmes philharmoniques, mais il n’en aurait pas fallu plus. Ces quelques mélodies sont utilisées très justement, collent parfaitement à l’ambiance sans venir alourdir la narration.
Les textes et les voix sont en Français, et le doublage est excellent. George, avec son accent « yankee », n’est jamais avare de bonnes vannes bien senties (les scénaristes se sont d’ailleurs bien lâchés sur certaines d’entre-elles), et les fans de la série apprécieront de retrouver les doubleurs des premières heures de George et Nico.
L’animation des personnages est fluide et détaillée… Le mariage entre les plans fixes et les éléments animés est réussi, est un régal pour les yeux.
Le nerf du jeu, ce sont les énigmes, et l’on constate que leur difficulté est progressive : si les solutions semblent évidentes au début du jeu, elles deviennent plus complexes plus le joueur avance dans l’histoire.
Calme ta joie !!
Oui, c’est vrai, que diable ! Je m’emballe mais, restons objectif ! Le jeu est-il dénué de défauts ? Pas vraiment non plus, il ne faut pas exagérer ! Et des défauts, j’en vois trois principaux !
Le premier est la (très) grande facilité du titre ! Si certaines énigmes vont vous donner un peu de fil à retordre, le titre n’est pas vraiment difficile, et ce n’est pas ici qu’il faudra chercher le game-over. Rien d’insurmontable, et la progression est rapide. Aussi passionnant que soit le scénario, l’histoire est courte. Et en prenant mon temps, il m’aura fallu entre 6 et 8 heures pour terminer l’aventure.
Cette aventure étant très linéaire (pas de dénouements alternatifs), voici venir le second défaut du jeu : une rejouabilité quasi nulle, à moins d’être très fan. En effet, vous n’aurez pas forcément envie de refaire le jeu une fois que vous connaîtrez l’histoire, la surprise étant son sel.
Cependant, vous pourriez avoir envie de refaire l’aventure si vous êtes un « chasseur de trophées » (ou d’Achievements sur Xbox One) ! Car cet épisode est sans doute le jeu PS4 le plus facile à « platiner », la majorité des trophées tombant au cours de l’histoire. Seuls quatre d’entre eux peuvent être loupés au cours de l’aventure. Voilà une bonne motivation pour tout refaire si vous n’avez pas utilisé tous les slots de sauvegarde pour conserver votre progression dans les moments stratégiques !
Faible durée de vie, quasiment pas de rejouabilité… Le troisième défaut que j’ai relevé dans ce titre est cette impression que la fin du jeu a été « expédiée ». Tout d’abord, le passage correspondant au second épisode sur PC est plus court que la première partie. Mais alors que l’intrigue monte tout au fil de l’aventure, la fin de l’histoire donne dans le cliché, dans le prévisible, jusqu’à une scène de fin tout juste sympathique, mais qui n’est pas à la hauteur de l’histoire que nous venons de vivre…
Au final
Ce nouvel opus est, à mon sens (mais c’est une impression perso) une suite directe des deux premiers épisodes, faisant fi des 3e et 4e volets. Les fans retrouveront, avec un sourire amusé, des personnages issus de ces épisodes, et quelques clins d’oeils amenés subtilement : Charles Cecil semble faire de la « private joke » à l’attention des fidèles fans de la série !
Avec « La Malédiction du Serpent », Revolution Software renoue avec tous les fondamentaux qui font des Chevaliers de Baphomet une série hors-normes : graphismes, ambiance, humour, scénario, phases d’enquête et de recherche… Les premières minutes du jeu m’ont donné l’impression de revenir vingt ans en arrière, lorsque je découvrais un jeu qui allait me fasciner pour longtemps…
Alors que septembre est marqué par pas mal de sorties AAA, ce « Chevaliers de Baphomet » n’a pas à rougir : bien que sa sortie soit plus discrète, bien que sa réalisation soit plus sobre, il s’impose parmi les « gros » du mois avec les honneurs. Tout simplement un hit, à découvrir de toute urgence ! Pour les fans, voilà enfin des retrouvailles que l’on attendait depuis tant d’années !
Verdict
A défaut d’être longue, l’aventure est grande et passionnante !
17/20
Les + :
- Un vrai scénario
- L’humour omniprésent
- Des graphismes très « BD » et forts jolis
- Des phases de recherche et des énigmes parfois retors, difficulté progressive dans les énigmes
- Des doublages VF au top, avec les voix que l’on connait déjà
- Pour les collectionneurs de trophées, un « platine » très accessible
- Les deux épisodes réunis
- En bonus, une BD dans la boite
- Un prix très attractif (moins de 30€)
Les – :
- Durée de vie assez courte
- Une fin un peu vite « torchée »
- Une fois fini, peu de rejouabilité
Les Chevaliers de Baphomet 5 : La Malédiction du Serpent, par Révolution Software, sur PS4 et Xbox One. Pegi 16.