La série Harvest Moon fête ses 20 printemps (22 si l’on prend en compte la date de sortie au Japon). Aussi, c’est sans surprise que la cultissime franchise de gestion/aventure est de retour sur la génération actuelle, sur Switch et PS4. Reste à savoir si cette nouvelle itération a bûché pour bien faire le boulot, ou si elle se repose sur ses lauriers…
Une série emblématique
Peut-être est-ce la première fois que vous entendez parler de Harvest Moon. Pourtant, cette série fait partie des classiques du jeu vidéo. Elle fête même très précisément ses 22 printemps cette année, puisqu’elle est apparue en 1996 sur Super-Famicom. Le jeu intitulé Bokujō monogatari dans la langue de Kitano était alors développé par Marvelous Interactive. Il a été créé par Yasuhiro Wada, l’homme à qui l’on devait dernièrement Birthdays : The Beginning.
► Lire aussi : Birthdays the Beginning : il était une fois la Vie !
Et depuis, croyez-moi, la série a fait du chemin, puisque l’on ne compte pas moins de vingt jeux Harvest Moon, tous supports confondus (GameBoy color, N64, etc). Et je ne vous parle même pas de la série Rune Factory, qui est un spin-off « heroic-fantasy » de Harvest Moon, tout comme Innocent Life sur PSP et PS2, lui aussi dérivé de la même licence !
Pour parfaire vos connaissances de la franchise, je pourrais aussi vous parler de la bataille juridique qui a eu lieu entre Natsume et Marvelous qui, en 2014, a créé le studio Xseed Games afin de mieux assurer la localisation de ses jeux. Oui mais voilà : Natsume a gardé les droits sur la licence Harvest Moon. Obligeant Xseed à renommer ses jeux Story of Seasons. Natsume a, en parallèle, continué à sortir des jeux Harvest Moon.
L’amour est dans le pré
Passons maintenant au test à proprement parler ! Harvest Moon, qu’est-ce que c’est ? Le jeu navigue entre la gestion/simulation, et l’aventure ! On y trouve donc un peu de Pokemon, d’Animal Crossing, ou de RPG plus classique.
Généralement, les jeux Harvest Moon s’ouvrent sur un jeune homme (ou une jeune fille) qui hérite d’une ferme. Vous allez reprendre les choses en main, en faisant tout votre possible pour que les choses prospèrent. Labourez vos champs, plantez des légumes et arrosez-les… Occupez-vous des animaux en les nourrissant… En trayant les vaches, en tondant les moutons… Il n’y a pas de petit profit dans Harvest Moon ! D’autant que vous devrez aussi augmenter votre emprise en achetant des terrains…
Ça, c’était pour la partie gestion. Mais il n’y a pas que ça ! Et votre personnage pourra aussi se rendre dans le village du coin pour acheter du matériel, ou tout simplement pour taper la discute avec les habitants, effectuer des petites missions pour leur rendre service… Voire trouver l’âme soeur, pour l’épouser et faire des bébés… Généralement, les Harvest Moon comportent aussi une trame scénaristique qui va nourrir l’aspect « aventure » du jeu.
Ici, alors que vous étiez en route pour commencer une nouvelle vie, votre bateau est frappé par une tempête ! Vous échouez à Bourg-du-phare, un petit village portuaire ravagé par la tempête. Jeanne, la jeune doctoresse, vous sauve la vie. Malheureusement, les habitants ont déserté le village… mais qu’à cela ne tienne… Vous allez donc devenir fermier, et devoir reconstruire toutes les bicoques afin de faire revenir les habitants… Et résoudre l’énigme de mystérieuses tablettes de pierre.
Le scénario demeure assez classique. Une belle découverte si vous ne connaissez pas la licence, mais sans doute un air de déjà vu pour ceux qui ont poncé les versions 3DS. Même remarque pour le gameplay, qui manque à mon sens de nouveautés…
Qu’est-ce que ça donne manette en main ?
Le jeu reste un Harvest Moon ! Autrement dit, au niveau du gameplay, rien de bien compliqué : le stick pour se déplacer… Et une touche d’action pour planter, récolter, couper des arbres ou casser des cailloux… Même si le menu permet de choisir ses outils, la machine choisira automatiquement l’action la plus appropriée. Par exemple, si vous appuyez sur la touche d’action devant un arbre, vous allez le couper automatiquement, et pas l’arroser. Ce jeu a été pensé pour être accessible à tous !
En revanche, j’avoue que je n’aurais pas craché sur une touche permettant d’accélérer le pas, votre personnage se déplaçant assez lentement. Pour aller d’un point A à un point B, vous allez ressentir exactement la même sensation qu’après avoir découvert les panneaux de limitation à 80km/h, après avoir pratiqué la même route à 90 pendant des années !
L’aboutissement des actions prend lui-même du temps ! Une plante met plusieurs jours à éclore, et si vous rénovez un bâtiment, son occupant n’y reviendra pas avant le lendemain. Plus que jamais, l’expression « encore deux dodos avant la floraison » prend tout son sens ! D’autant que le temps, lui, défile à vitesse grand V : se coucher (même à 9h du matin) signifie « fin de journée » ! Et au bout de 31 jours (ou 31 dodos si vous préférez), on change de mois, mais aussi de saison. Si vous êtes un gros flemmard, une année peut donc passer en un peu plus d’une heure 😉
Time is money
Mais entre votre lever vers 5h du mat’ et l’heure du marchand de sable, il va s’en passer des choses… D’un coté, vous aurez donc envie de dormir pour accélérer le temps… Mais aurez aussi envie de faire plein de trucs avant de tomber dans les bras de Morphée. La mécanique est efficace : elle a pour effet de vous scotcher à la manette. Car quand vient le moment d’éteindre la console, le jeu a le chic pour vous faire jouer les prolongations, juste en vous balançant un p’tit rebondissement par là, ou une mission importante par ci… Harvest Moon va vous rendre addict, quoi !
Puisque je parlais plus haut de lenteur, c’est peut être ici l’occasion d’aborder la question qui hérisse le poil : celle des temps de chargement, eux aussi très longs (dès que vous lancez le jeu, passez une porte, etc) !
Harvest Moon : Lumière d’Espoir n’est pas un jeu difficile ! Ici, il est impossible de mourir, ou de faire un game-over, et vous ne trouverez aucun ennemi à combattre. Tout au plus vous allez galérer pour réunir les fonds nécessaires à vos travaux… Mais le jeu vous laissant libre d’accomplir les missions dans l’ordre qui vous convient… Il constitue aussi un agréable bac à sable ! Et c’est ici que je regrette de ne pas le tester aussi sur PS4, en observant un « trophée de platine facile » s’envoler au loin…
C’est pas Farming Simulator, non plus !!
Je ne l’ai pas précisé, mais lorsque je parle de « gestion » et de « ferme » … Cela ne signifie pas que vous allez avoir affaire à un jeu digne des meilleurs productions Focus Home. Ici, pas de monde réaliste ! Mais au contraire un univers qui fait dans le mignon, dans le kawaï, pour ne pas dire dans la débauche de couleurs éclatantes, de fleurs pastel ou de personnages aux grands yeux et aux cheveux verts.
Visuellement, on aime ou on déteste ! Si vous adorez les ambiances « dessin-animé » ou les petites touches très japanisantes des J-RPG, vous serez comblés. En revanche, si vous préférez Skyrim à Tales of, justement parce que vous ne supportez pas les chevelures fushia, passez votre chemin. Tout est une question de goûts, et perso, j’apprécie ce type d’ambiances, qui apportent un grand vent de fraîcheur !
Sur le plan technique, je ne vais pas vous mentir, ce Harvest Moon est loin d’être le plus beau jeu que vous ayez vu. L’oeil averti détectera très vite quelques polygones un peu grossiers… Ou des décors qui, par leur géométrie trop artificielle, semblent avoir été réalisés sur une version « pour GameCube » de RPG-Maker.
Mais qu’importe ! On s’en fiche, puisque l’ambiance et les mécaniques de jeu vont très rapidement se charger de vous plonger dans cet univers dont vous aurez du mal à décrocher… D’autant que le soft est fluide (tant sur la tablette qu’en mode TV), tourne sans bug. Harvest Moon est un peu comme cet(te) élève secrètement amoureux(se) de vous, assis(e) au troisième rang en classe de CM2 : pas très beau, mais plein de charme !
Une bonne durée de vie
En termes de durée de vie, force est de reconnaître que le titre va vous en donner pour votre argent ! Entre les nombreux bâtiments à construire… Les fruits et légumes à cultiver pour vous faire de l’argent, pour financer vos travaux… Les relations à construire avec les autres personnages… Et sachant que la difficulté est progressive (vous ne pouvez pas tout faire tout de suite ; il faut progresser pour obtenir les outils qui vous permettront de libérer tel passage)… Autant vous dire que ce Harvest Moon, comme ses prédécesseurs, n’est pas un jeu qui se plie en deux heures !
Et c’est ici que je réalise que j’ai complètement oublié de vous parler d’un aspect qui peut avoir son importance. Lorsque vous aurez débloqué un petit personnage du nom de Soleil (je vous laisse la surprise), le jeu sera jouable en co-op. Le deuxième joueur pouvant vous aider dans vos taches grâce au second joycon… C’est un détail mais, comme je l’ai dit, qui pourra intéresser certains joueurs !
Aussi, le rapport qualité-prix n’en devient que plus intéressant : un jeu à 40 balles qui promet de vous tenir tout l’été (voir plus)… Avouez que c’est plutôt pas mal !
Au final
Et voici donc le moment de vous dire si vous devez ou non claquer votre argent de poche dans ce Harvest Moon : Lumière d’Espoir. Et ma réponse est… Oui ! Vous pouvez y aller les yeux fermés. D’autant que Rising Star Games ne vous demande que 40€, lorsque beaucoup ne se seraient pas privé de vous soutirer 70 balles pour beaucoup moins bien !
Le jeu n’est pas le plus beau, il peut sembler trop enfantin… Mais sa réalisation est maîtrisée, ses mécaniques efficaces, et surtout… Il va souder la manette à votre poignet pour un très long moment ! Harvest Moon : Lumière d’Espoir est de ces jeux que l’on lance comme ça, pour voir, mais dont on ne parvient plus à décrocher ! Le meilleur jeu du genre sur la nomade de Nintendo, en attendant que Big N ne nous sorte un Animal Crossing Switch, d’ici 2039 de préférence…
Harvest Moon : Lumière d’Espoir
- Par Natsume, pour Rising Star Games, sur PS4 et Switch.
- Genre : Aventure/simulation de ferme.
- Classification : PEGI 3.
- Prix : 39,99€ pour la version standard.
P’tite maison dans la prairie :
- Très coloré, et mignon comme tout
- Technique qui tient la route
- Aussi prenant qu’un Animal Crossing
- Un mode co-op
- Des tonnes de trucs à faire : du sandbox + un scénario
- Des p’tites musiques qui collent bien à l’ambiance
- Textes en VF
- Une zone de jeu énorme
- Une bonne durée de vie
- Un prix très intéressant
La ferme du cauchemar :
- Certaines actions trop lentes
- Les temps de chargement
- Des actions et des quêtes parfois trop simplifiées
- Pas de grosse nouveauté à l’horizon
- Des graphismes qui datent un peu, quand même