Ghosts ‘n Goblins est une légende du jeu vidéo ! Et parmi les aspects qui l’ont fait passer à la postérité, on pense évidemment à sa difficulté hors-norme pour les enfants que nous étions, en souffrance sur nos bonnes vieilles NES. Autrement dit, Ghosts ‘n Goblins, c’était un peu notre Dark Souls à nous… Et bien, figurez-vous que Capcom ressuscite ce hit avec cette version Switch intitulée Ghosts ‘n Goblins Resurrection… Et on sait déjà que nous allons cracher du sang…

Arthur est de retour !

Arthur ! Quand on porte une armure, une épée et le prénom d’un légendaire roi… On ne peut qu’être destiné à devenir un héros de jeu vidéo ! Et c’est justement le cas de notre Arthur du jour, heureux barbu apparu en 1985 sur bornes d’arcade, dans MakaiMura… Autrement dit Ghosts’n Goblins par chez nous.

Sans surprise, le jeu est un succès ! Il sortira des salles d’arcade pour arriver dans les foyers, sur Commodore 64, ZX Spectrum, Amstrad CPC, puis NES, GameBoy Color… Le jeu aura trois suites officielles : Ghouls ‘n Ghosts, Super Ghouls ‘n GhostsUltimate Ghosts ‘n Goblins. Sans parler des spin-offs et autres jeux qui se nourrissent de son univers, comme les Gargoyle’s Quest ou Demon’s Crest.

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Mais cette année 2021, Capcom nous offre une nouvelle mouture de la licence, sur Switch ! Un certain Ghosts’n Goblins Resurrection qui, comme son nom l’indique, remet au goût du jour une licence emblématique du jeu vidéo… Et un héros qui ne l’est pas moins, mais qui aura dû se contenter, ces dernières décennies, de simples caméos dans les « Capcom vs » et consors… Arthur est de retour, dans un jeu qui n’est pas un remake… Mais qui nous a été vendu comme un opus inédit, mais respectueux du matériau d’origine. Ça fait plaisir, mais en même temps, on se dit qu’on va en baver !

Un scénario classique

Pour son scénario, Ghosts ‘n Goblins Resurrection ne va clairement pas nous emmener dans la stratosphère ! « Comme à la grande époque« , me direz-vous ! Et vous avez raison : vibrant hommage aux jeux des époques 8 ou 16 bits, le titre de Capcom en reprend le scénario épuré, qui tient sur un post-it… Comme à une époque où l’histoire d’un jeu (à l’exception des RPG) tenait en trois lignes de texte se déroulant durant la rolling-demo (avant d’appuyer sur Start).

Arthur coule des jours heureux avec sa dulcinée lorsque débarquent des démons, qui enlèvent celle-ci. Non content de conquérir le monde des humains, le Seigneur-Démon envisage en effet de passer la bague au doigt de la fiancée de notre chevalier.

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Ni une ni deux, Arthur saisit alors son plus beau caleçon à cœurs et son armure, prend son courage à deux mains… Et se lance dans une quête pour le moins musclée (mais on va y revenir) ! Nous voilà lancés dans une course contre le temps pour libérer notre amoureuse… Et admirer une fin où tout est bien qui finit bien… Dans la pure tradition des jeux des années 80-90 !

« Hey… Je ne suis pas venu ici pour souffrir, OK ? »

Évacuons tout de suite le point le plus représentatif de ce jeu ! Vous aimez souffrir ? Avoir mal ? Vous aimez qu’un jeu vidéo vous résiste, au point de vous faire saigner par les oreilles et le nez ? Alors, vous êtes au bon endroit. Et si aujourd’hui, la difficulté peut avoir un caractère exceptionnel à travers des titres comme les Dark Souls, BloodBorne… Nous allons aujourd’hui nous intéresser à un soft qui démontre que, dans les années 80-90, la difficulté était beaucoup plus présente que de nos jours.

Dans le catalogue rétro de Capcom, on pensera évidemment à des jeux comme les Mega-Man qui, dans une certaine mesure, offraient de la résistance aux plus aguerris. Mais ce serait oublier un peu vite une autre licence synonyme de torture mentale : Ghosts’n Goblins.

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Bonne nouvelle pour les amateurs de la licence : Ghosts’n Goblins n’a rien perdu de sa superbe. Et si la version du jour vous propose plusieurs modes de difficulté… Dans le mode le plus simple, votre premier run se soldera obligatoirement par un échec au bout de trois mètres ! L’expérience aidant, vous aurez vite confirmation que Ghosts ‘n Goblins Resurrection est un jeu difficile, qui ne ternit pas l’image « die and retry » de la franchise sur ce point.

Certains seront très clairement rebutés par cette difficulté. Au point, peut-être, de mettre leur cartouche au placard après seulement deux heures. Mais, c’est le prix à payer lorsque l’on s’intéresse à un jeu « à l’ancienne » ! Et par conséquent à un soft qui provient d’une époque où un titre acheté 60 balles vous résistait beaucoup plus que trois jours. Une époque durant laquelle finir un jeu se méritait. Pouvoir le finir était le fruit de votre talent… Pas la conséquence d’un éditeur souhaitant vous « libérer » pour pouvoir acheter son titre suivant !

Un vrai jeu des années 80-90

Ne partez pas ! Cette remarque, loin d’être négative, est pour moi un bon point tant j’ai pris plaisir à me replonger dans l’ambiance des plate-formers de la Super-Nintendo, pour lesquels j’ai toujours une affection bien particulière. En jouant à ce Ghosts ‘n Goblins Resurrection, je me suis revu ado, lors de ce qui restera pour moi l’Âge d’Or du jeu vidéo !

G&GR, c’est le Die & Retry par excellence. Ici, vous devez traverser des niveaux thématiques (appelés Royaumes) en évitant les pièges et les ennemis. Facile à dire, mais moins à concrétiser lorsque ces derniers débarquent sans fin par devant, par derrière, sans relâche et parfois en même temps… Le joueur, se sentant débordé, doit alors marteler frénétiquement sa manette pour se dépatouiller à l’aide des huit armes disponibles… Et pour éviter de perdre son armure et de se retrouver en caleçon… Puis pour éviter de perdre la vie !

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J’ai évoqué plus haut quelques points de comparaison avec d’anciens jeux, comme le scénario ou la difficulté… Mais le jeu de Capcom ne se limite pas à cela ! Et contrairement à de nombreux softs d’aujourd’hui, les commandes sont ici à la fois simples et limpides. Tout comme les objectifs du jeu : aller de gauche à droite en détruisant tout ce qui se trouve sur votre route ! Pas besoin de réfléchir, on se pose tranquille et on s’amuse !

Mais… Dans les années 90, tout n’était pas non plus toujours tout rose ! Et hélas, le nouveau jeu de Capcom réveille aussi quelques mauvais souvenirs. Comme le contrôle du personnage très rigide. Un peu trop même, et pour le coup, il est difficile de revenir à un gameplay aussi daté après avoir tâté des récentes productions plus souples et plus maniables. Je pense en particulier à la gestion des sauts qui n’est pas parmi les plus exemplaires… Ou au fait qu’il soit, par exemple, impossible de tirer en diagonale ou en courant (vous devez vous arrêter pour tirer, et ça peut vous coûter une vie).

Qu’est-ce qui change en 2021 ?

Le premier changement est le plus évident : qui dit « technologies différentes » dit aussi « réalisation différente » ! Et pour un joueur ayant connu les titres originaux, il va sans dire que cette nouvelle version est beaucoup plus belle ! C’est évident mais… Je me dois tout de même d’insister sur le fait que les développeurs ont eu à cœur de moderniser Ghosts’n Goblins sans le dénaturer. Et hélas aujourd’hui, quand il y a « remake » ce n’est pas systématique. La remarque vaut d’ailleurs tant pour les graphismes, l’ambiance, et les musiques superbement réorchestrées, qui respectent l’âme originale de la licence.

Capcom nous gratifie également de quelques petits ajouts intéressants. Comme le choix entre quatre modes de difficulté (Laquais pour le mode facile, mais avec des tronçons de jeu qui vous sont fermés… Puis Écuyer, Chevalier, et Paladin pour le mode le plus dur). De même, un mode co-op a été ajouté, permettant à un second joueur de vous accompagner en incarnant un assist parmi plusieurs disponibles, chacun avec des aptitudes différentes.

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Enfin, la dernière nouveauté, et non des moindres, est l’arbre de Brocéliande. Autrement dit, un arbre de compétences qui va permettre à Arthur de débloquer et d’utiliser de la magie, passive ou offensive… À condition de trouver les fées qui vous permettent d’upgrader vos aptitudes. Arthur pourra ainsi apprendre à créer des éclairs ou des murs de feu, à transformer les ennemis en grenouille. Mais il pourra aussi accéder à des pouvoirs passifs ou influant sur ses stats. Comme réparer son armure, augmenter sa vitesse de déplacement, ressusciter en cas de mort… Ou doubler la puissance de sa prochaine attaque s’il se retrouve en caleçon.

Malgré le coté « hardcore » du jeu, on sent toutefois que Capcom a voulu délibérément faciliter la progression des joueurs. Je parlais plus haut du mode co-op ou du niveau Laquais qui vous offre une balade au calme… J’aurais pu aussi évoquer le fait que, si le jeu s’avère trop hard pour vous, il vous propose de changer le niveau de difficulté…

Au final

Bon alors, au bout du compte, faut-il craquer pour ce Ghosts ‘n Goblins Resurrection ? Et bien si ce n’est déjà fait, oui évidemment, puisque pour les quatre prochaines semaines, vous n’aurez rien de mieux à faire que de rallumer votre console ! Blague à part, si vous êtes un amateur de rétro-gaming, vous pouvez foncer : voici l’occasion de (re)découvrir une licence hélas tombée dans l’oubli, à un prix plus que correct.

Mais attention : votre investissement a un prix, et contre ces 30 balles, vous vendez (en quelque sorte) votre âme au diable du jeu vidéo ! Et c’est ici que je reviens sur mes propos, écrits plus hauts : Ghosts ‘n Goblins Resurrection n’est pas un jeu difficile, c’est juste un jeu très exigeant ! Un titre qui ne laisse rien passer, et qui vous fait payer cash la moindre erreur !

En apprenant le jeu par cœur, vous finirez par en venir à bout, au prix de centaines de vies et d’essais… Mais la récompense n’en sera que plus grande. Vous voilà prévenus… Un bon jeu à l’ambiance délicieusement rétro… Mais qui va aussi vous apprendre que la réussite se mérite !


Ghosts ‘n Goblins Resurrection

  • Par : Capcom.
  • Sur : Switch (lien eShop).
  • Genre : action/plateformes.
  • Classification : PEGI 12.
  • Prix : 29,99€.
  • Poids : 3111 mb.
Testé sur une version fournie par l’éditeur.
Points positifs :
  • Visuellement très chouette
  • Les musiques réorchestrées
  • La co-op
  • De nouvelles compétences
  • Les boss en taille XL
  • Des niveaux variés
  • L’effet de zoom
Points négatifs :
  • Vous allez saigner par tous les orifices
  • Il n’y a pas vraiment de scénario
  • Contrôles un poil rigides
  • Durée de vie moyenne
  • Contrôles et gameplay « à l’ancienne »