Quand Bandai-Namco annonce un jeu de combat, on sait d’entrée que l’on va vers de la qualité. À plus forte raison lorsque l’on parle d’un Tekken ou d’un SoulCalibur. Et justement, figurez-vous qu’aujourd’hui, c’est le sixième opus de « Soulca » qui nous intéresse. Après une trop longue attente, SoulCalibur VI est enfin disponible, et on ne pouvait pas passer à coté !

Plus qu’un jeu, un mythe !

Il suffit d’une simple intro… Une voix grave, et ces quelques mots : « Transcending history, and the world, a tale of souls and swords, eternally retold » ! Ça y est, on y est ! En quelques mots, on a pigé que l’on est dans un épisode de la série Soul ! Des mots qui vous donnent un frisson depuis le premier épisode, SoulBlade (ou SoulEdge si vous êtes japonais) en 1996. Puis SoulCalibur depuis 1998, sur Dreamcast.

C’est donc en fan de la série, et ce depuis le tout premier opus sur PS1, que je pose aujourd’hui fébrilement les mains sur un SoulCalibur VI que j’attendais depuis tellement longtemps ! Très exactement depuis 2012, date à laquelle je m’étais précipité sur la version collector du cinquième épisode. Et puis plus rien. Juste l’espoir de jouer un jour à un épisode aussi bon que SoulCalibur II (sorti en 2002, je possède la version GameCube), qui reste pour moi le meilleur (et le plus technique) de la licence.

Un ténor du genre

Pour les ceusses qui découvriraient la franchise, SoulCalibur est une licence de combat. Avec un gameplay aussi accessible qu’un Tekken, il se différencie néanmoins par le fait que vos combattants (des guerriers de différentes époques) utilisent des armes blanches (épées, sabres, bâtons, lances, nunchakus, etc).

Un concept que SoulBlade avait emprunté à l’un de mes premiers jeux PS1, Battle Arena Toshinden (1995). Mais le jeu de combat de Takara ne souffrira pas la comparaison avec le poids-lourd de Bandai-Namco… Et disparaîtra du paysage vidéoludique après quatre épisodes.

Mais assez tergiversé : il est temps pour moi de retrouver Sophitia et Taki, mes deux personnages favoris de la licence depuis 1996 😉 SoulCalibur VI est développé par Project Soul, la branche de Bandai-Namco consacrée à la licence (et qui prend Nightmare pour logo)…

Le retour de l’épée maudite

Si vous connaissez SoulCalibur, je ne vais pas vous imposer une énième redite du scénario. Des personnages historiques, confrontés à une épée maudite, SoulEdge, ayant la faculté de pervertir votre âme… Mais une épée entre les mains de Nightmare que vous allez devoir défier une nouvelle fois… Dans ses grandes lignes, le scénario n’est pas vraiment original dans son approche de ce qui constitue le lore de la saga depuis 22 ans. L’histoire de SoulCalibur est, elle aussi, « eternally retold » !

La petite originalité de cet épisode est qu’il ne poursuit pas l’histoire que l’on connaît, mais revient à ses origines. Ici, pas de Mitsurugi grisonnant, ou d’Ivy en déambulateur… Mais des personnages plus jeunes, à peine sortis de l’adolescence. Un bon moyen d’expliquer l’absence de « petits jeunots » de SoulCalibur V, qui n’étaient, de ce fait, pas encore là…

Concrètement, le jeu va vous proposer un solide mode Histoire, intitulé Chronique d’Âme, pour vous raconter tout ce qu’il a à dire. Un mode où chaque personnage aura ses épisodes, disposés sur une timeline, un peu à la manière de Dead or Alive 5, pour ceux qui ont connu. La quête principale se lance avec Kilik, vite rejoint par Maxi et Xianghua (on sait que ces trois là sont très amis, on sait maintenant pourquoi). Vous pourrez ensuite revenir sur la frise, en choisissant pourquoi pas Ivy, Raphael, Astaroth, Sophitia, Taki ou tous les autres…

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Histoire de renforcer encore davantage une durée de vie déjà bien consistante, on ajoutera un mode Balance de l’Âme… Qui vous propose aussi de suivre l’histoire, cette fois sous forme de missions. Avec pour personnage principal un avatar créé par vos soins. Vous l’avez compris, il y a de quoi faire (et de quoi lire, tant le jeu est bavard) en solo… Sans pour autant oublier les traditionnels Entraînement, ou Duel pour les ceusses qui affectionnent les soirées pizza-baston avec les potes.

Un roster sans fin ?

Très clairement, le roster est honnête, mais n’est pas le plus copieux que l’on ait vu dans un jeu de combat. Il reprend toutes les figures connues de la série… Et l’on sent que les développeurs ne se hasardent pas à sortir des sentiers battus, en s’appuyant essentiellement sur les personnages emblématiques de la licence. En témoignent les « nouveaux » en très nette minorité : ils sont deux ! On a tout d’abord Grøh, un guerrier nordique… Et Geralt de Riv, de la série The Witcher, qui honore la tradition du « guest » dans SoulCalibur.

Mais… La donne change dès lors que vous allez mettre le nez dans le créateur de personnages. Avec des centaines d’équipements à débloquer, et de nombreux slots pour laisser s’exprimer votre créativité… Libre à vous d’inventer, ou de reproduire des personnages existants. Ainsi, mon roster réunit à ce jour Kratos, Lara Croft, Bayek… Et j’ai encore pas mal d’idées 😉 Seule limite au concept : quel que soit le nombre de créations, elles utiliseront forcément les armes et le style de l’un des personnages principaux. Des doublons quoi… Mais des doublons personnalisés. Bandai-Namco rend accessible le principe du modding.

Notez enfin que certains personnages connus de la série viendront compléter le casting, grâce au season-pass. Ainsi, on a pu voir dernièrement Tira (et sa lame en anneau) traîner dans les coulisses. Offerte en précommande, et désormais disponible via le store pour 4,99€.

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Comment on joue ?

Vous le savez sans doute déjà : SoulCalibur est un versus-fighting en 3D. Si, dans ses intentions, il est très proche d’un Tekken, il se démarque par le fait que ses personnages utilisent des armes blanches (épées, saïs, sabres, lances, bâtons, poignards…). L’autre particularité légendaire de « Soulca » est le fait que vous pouvez aussi, avec un minimum de maîtrise, plier un combat en quelques secondes seulement en éjectant l’adversaire de l’arène (ring out). Évitez donc de rester trop longtemps sur les bords.

Si les touches de base sont simples à assimiler (coup horizontal, coup vertical, coup de pied et garde)… Le jeu gagne en technique dès lors que vous commencez à maîtriser les combos. Car quand les coups pleuvent, les enchaînements peuvent vite devenir dévastateurs si la victime ne sait pas utiliser les esquives ou les blocks pour briser le combo. Notez cependant que le jeu ne prend désormais en compte que les Guard Impact avant, laissant les Guard Impact arrière sur le banc de touche.

Deux nouvelles mécaniques

Le néophyte pourra s’en sortir aisément en bourrinant les touches de la manette. SoulCalibur VI a été conçu pour être accessible à tous ! Mais les puristes retrouveront ici toutes les mécaniques de la baston virtuelle : jongles, esquives, projections, contres, reversals… C’est aussi pour cela que l’on aime SoulCalibur ! En termes de gameplay, le jeu accompagne votre progression. Tantôt accessible à vos débuts, il vous permet de découvrir de nouvelles choses au fur et à mesure que vous gagnez en skill…

Histoire de rendre le jeu encore plus technique, j’aimerais attirer votre attention sur deux nouvelles commandes capitales. Nous avons tout d’abord le Reversal Edge (triangle+croix, ou Y+A) qui lance un ralenti, et vous propose de choisir une attaque inspirée par le shifumi : ça marche et vous pouvez inverser la tendance, ou ça foire et vous êtes mal. Une technique aussi spectaculaire visuellement que dévastatrice. Et puis, la seconde « nouvelle » mécanique est le Coup Fatal. Se déclenchant lors de conditions précises qui varient selon le personnage joué, ce coup inflige plus de dégâts tout en infligeant un « stun » qui vous permet de placer un gros combo derrière.

Taillé pour les compétitions online ?

C’est la question que l’on peut se poser en effet, et que se poseront tous les fans du genre. Avec toutefois un handicap : les amateurs de combat eSport ont déjà tous (ou quasiment) trouvé une place dans les communautés Street Fighter V, Tekken 7, Dragon Ball FighterZ, Dead or Alive 5, et j’en passe… SoulCalibur VI va devoir donc attirer de nouveaux joueurs et retrouver ses fans.

Pour cela, il propose bien évidemment un mode online, avec tout ce qui va avec : matchmaking, parties avec classement… Accessibles après avoir rempli comme il le faut votre petite fifiche, avec vignette et titre. Très clairement, sans faire dans la démesure, SoulCalibur VI a tout ce qu’il faut pour s’inviter dans les championnats online.

Et c’est un point sur lequel je suis assez mitigé. Car d’une part, je n’ai pas relevé de soucis en particulier en termes de connexion. Ça va vite, ça tourne plutôt bien en ligne… Si vous aimez vous bastonner contre des inconnus, Bandai-Namco a soigné cet aspect, qu’il maîtrise plutôt bien au demeurant.

Mais, pour la raison évoquée plus haut, il m’a parfois été difficile de trouver des parties en ligne. Je peux me tromper, et j’ai par ailleurs réalisé ce test peu après la sortie du jeu… Mais il me semble que SoulCalibur VI ne jouit pas encore d’une grosse communauté. Vous comprenez maintenant pourquoi je disais que Bandai-Namco va devoir séduire, pour retrouver les joueurs partis voir ailleurs…

Une technique qui fait le job ?

Le jeu est plutôt joli, poussé par un Unreal Engine 4 qui sublime des personnages extrêmement détaillés. Inutile de rappeler qu’il tourne en 1080p, et qu’il est optimisé pour les PS4-Pro et Xbox One X ! En revanche, les arènes sont de qualité assez inégales. Le temple grec de Sophitia est juste magnifique et extrêmement détaillé… Quand la forêt maudite, par exemple, reste un environnement très générique, qui manque un poil de vie. Je pourrais en dire autant des Ruines désertiques, qui manquent de personnalité et semblent tout droit venues de la génération précédente.

On sent aussi que les développeurs ont voulu apporter un soin particulier au dynamisme des combats. Et ça marche : ça va vite, avec une excellente fluidité. Mais lors de certaines attaques, les effets pyrotechniques (très colorés) sont peut-être un peu trop marqués, rendant l’ensemble  un peu trop fouillis. Sans être non plus au niveau d’un Dissidia Final Fantasy NT, dont les nombreuses indications à l’écran rendaient le tout illisible.

Au niveau de l’habillage du jeu, comme c’est le cas depuis quelques épisodes déjà, on va retrouver deux écoles. D’une part des cinématiques absolument magnifiques. D’autre part, notamment dans le mode story, des écrans fixes illustrés par des artworks, plutôt agréables à regarder.

Avec cependant énormément de blabla dans les deux modes scénarisés. Et on termine ce chapitre sur un dernier point noir, qui concerne cette fois les caméras, pas toujours bien placées lors des grosses charges… Et qui nuisent donc à la lisibilité.

Deux mots sur la musique

SoulCalibur, c’est tout un univers ! Planté par ses graphismes magnifiques, mais aussi par un autre aspect que j’apprécie particulièrement dans cette licence : son OST ! Car dans SoulCalibur, pas de musique électro ou de rock ! Ici, on est dans le symphonique, dans la musique épique digne des plus grands films d’action asiatiques.

Des cuivres, des cordes et des percus… SoulCalibur, c’est un jeu de combat qui utilise des musiques de RPG ! Et ce sixième volet ne fait pas exception à cette règle. La bande-originale du jeu est excellente et dans la veine des précédents opus ! Avec certes des inégalités (certains morceaux plus oubliables que d’autres)… Mais dans l’ensemble, la musique contribue à sa manière à l’identité du jeu. Et encore une fois, c’est cet effort d’originalité que l’on aime dans Soulca !

En quête de fan-service ?

Aussi, histoire de chipoter, je vais m’accorder une petite critique ! Quitte à nous servir un titre qui sonne comme un reboot de la série, pourquoi ne pas avoir réorchestré des thèmes des précédents volets ? Je pense par exemple aux plages du tout premier opus, SoulEdge, dont l’OST reste la plus transcendante à mes oreilles. Qu’est-ce que j’aurais aimé réentendre Kkaduri, Dragon’s Call, Soul and Sword, ou Bravely Folk Song (thème de Cervantes), morceaux qui me donnent encore aujourd’hui des frissons  !

Mais je ne désespère pas ! D’une part, je suis loin d’avoir débloqué tout le contenu du Musée… D’autre part, ce principe devient plutôt courant. Il suffit de voir les musiques de Street Fighter II dans le cinquième opus de Capcom, ou toutes les musiques de la série Tekken sélectionnables dans Tekken 7 pour s’en convaincre. Alors, je croise les doigts 😉

Ça passe ou ça casse !
Pendant que je réalisais ce test, j’ai pu lire des informations concernant les ventes du jeu au Japon. Des infos qui décrivent aussi un éditeur qui s’interroge sur l’avenir de la série. Serait-elle sur le déclin ? En effet, lors de sa semaine de sortie, SoulCalibur VI ne se serait écoulé qu’à un peu plus de 21 000 exemplaires, contre plus 56 000 pour SoulCalibur V en son temps. Et c’est bien dommage, tant le jeu mérite réellement qu’on lui prête attention…

Au final

C’est un SoulCalibur ! Que dire de plus ? C’est beau, c’est propre, le gameplay est toujours aussi délicieux, laissant leur chance à la fois aux débutants et aux experts… J’avoue que je dois ici lutter pour garder toute mon objectivité, lorsque mes deux versus-fighting préférés sont Street Fighter et SoulCalibur (avec tous les autres loin derrière)… Mais justement, le fan sait aussi être parfois plus exigeant !

Si SoulCalibur IV et V étaient bons, ce sixième opus me permet de retrouver les sensations de SoulCalibur II, qui reste pour moi le plus technique et le plus jouissif de la série ! Et c’est une qualité, croyez-moi ! SC6 est très accessibles aux débutants, mais une fois que vous commencez à en maîtriser les subtilités, il vous ouvre un incroyable champ des possibles.

Malgré de petits défauts que l’on ne peut nier, SoulCalibur VI se bonifie dans son gameplay. Et c’est bien là le plus important ! Le jeu de Bandai-Namco est très agréable à jouer, pour ne pas dire instantanément jouissif ! Hélas confronté aux grosses licences du moment, il a pourtant tous les atouts pour séduire les amoureux de la baston virtuelle. Si vous aimez le genre, ce titre doit faire partie de votre ludothèque !


SoulCalibur VI

 

On aime :

  • C’est joli
  • Un gameplay indémodable, nerveux, technique et accessible à la fois
  • Le Reversal Edge et Coups Fatals qui enrichissent le gameplay
  • Des combats très dynamiques, voire nerveux
  • Les modes Balance de l’Âme et Histoire d’Âme qui offrent une durée de vie colossale
  • Un roster infini avec le créateur de personnages
  • Geralt de Riv, un excellent guest
  • Une masse d’objets à débloquer
  • L’OST, avec son identité « SoulCa »

On n’aime pas :

  • Caméra parfois mal placée
  • Quelques arènes graphiquement trop génériques
  • Deux nouveaux combattants, c’est peu
  • Le créateur d’avatar est le même que dans SoulCalibur V
  • On sent venir les micro-transactions
  • On aurait quelques costumes secondaires en plus (pourquoi pas rétro)
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