Prey est un immersive sim développé par la branche américaine d’Arkane Studios, à Austin, et édité par Bethesda. Et il est grand temps de voir ce que ce nouveau jeu a dans le ventre !

Gare au réveil !

Dans Prey, vous vous réveillez en 2032, dans une pièce qui s’apparente à un appartement. Vous apprenez que vous êtes Morgan Yu, sujet principal pour des expériences. C’est à ce moment que vous pouvez choisir le sexe de votre personnage.

Choix en rien fondamental. Sachez tout de même que, plus tard dans l’histoire, une IA va accompagner Morgan… et aura sa voix, donc à vous de choisir !

Lors de la batterie de tests, oh surprise ! La situation tourne au cauchemar et Morgan perd connaissance. Lors du réveil, un peu à la manière d’Un jour sans fin, on se réveille de nouveau dans l’appartement. Avant de se rendre rapidement compte que l’on se trouve dans une station spatiale nommée Talos I, envahie par des extraterrestres.

Conditions de test

Tout d’abord, je souhaiterais parler de mon expérience purement personnelle avant d’entamer la critique de Prey. Je ne m’attendais clairement pas à un jeu aussi stressant, en plus d’être difficile (mais ça, on va y revenir).

Alors oui, il est vendu comme un thriller de science-fiction, j’aurais dû m’en douter, mais n’empêche qu’il attisait quand même ma curiosité.

Tout ça pour dire que suivant votre rapport avec les jeux thrillers/jeux d’horreurs, l’expérience est très différente.

Premier contact

La musique de Mick Gordon vous accueille dès l’arrivée dans le menu et pose tout de suite l’ambiance du jeu.

Après quelques minutes de jeu, on se rend compte que Prey est techniquement réussi, et surtout très bien optimisé. Il n’est pas nécessaire d’avoir une machine dernier cri pour pouvoir en profiter pleinement. Prey tourne sur le moteur Cry Engine et le jeu se laisse regarder. Même si les plus tatillons remarqueront des textures un peu passées, le jeu reste beau.

Par contre, j’ai eu quelques problèmes avec les touches. Dans une configuration clavier/souris, là où beaucoup de jeux proposent un accès rapide sur les touches 1, 2, 3…, une roue d’armes/compétences est reliée à la molette de la souris pour changer rapidement d’armes.

Prey impose la molette pour accéder à la roue d’arme/pouvoirs. J’ai cherché pour changer les touches, mais impossible de changer pour la molette. Mais finalement, même si c’est assez déstabilisant au début, on se rend compte que c’est assez pratique, le nombre d’armes et de pouvoirs augmentant rapidement.

Immersive Sim, starter pack

Prey est donc un immersive sim, un jeu en vue à la première personne mêlant jeu de rôle, infiltration et plateforme.

L’arsenal est classique, mais plutôt efficace. Il comprend une clef à molette comme arme de départ, un pistolet silencieux, un taser et un fusil à pompe pour ceux qui souhaitent faire dans la finesse. (Lire aussi cet article)

Mais Prey propose aussi quelques armes plus originales, comme le Canon GLUE qui permet de projeter une mousse solide. Multifonction, il permet de figer un ennemi ou encore de se concocter un escalier de secours. C’est une arme vraiment intelligente et originale, qui ouvre beaucoup de possibilités d’exploration.

Ajouter à ça un arbre de compétences très riche. Divisé en deux branches principales, les améliorations matérielles et physiques d’un côté, et les pouvoirs Psy de l’autre. Parce que oui, il y a des pouvoirs dans Prey, mais on y revient un peu plus tard.

Il est possible de débloquer ces améliorations en trouvant ou fabriquant des Neuromods. Un truc que vous vous injectez dans l’œil pour améliorer vos capacités. Que ce soit améliorer sa force, sa furtivité, pouvoir hacker les machines ou encore améliorer sa combinaison (agrandir l’inventaire…).

Attention, une tasse !

Les principaux ennemis sont les Typhons. Une race extraterrestre qui prend plusieurs formes. Il y a les Mimics qui sont petits et rapides et qui ont la capacité de se transformer en objet. Donc oui, une chaise qui a l’air parfaite pour se reposer peut soudainement se transformer en extraterrestre et vous faire faire un bond de la vôtre, de chaise.

Vous trouverez aussi les Fantômes (des humains corrompus par les Typhons), puissant et très dangereux. Ou encore le Télépathe et le Technopathe, qui peuvent prendre possession des hommes et des machines. Et chaque type de Typhon a ses variantes.

Ça vous arrive souvent de fuir loin d’un danger lorsque vous êtes à court de munitions, ou que votre santé est faible ? Alors il va falloir faire attention, parce que les Typhons ont du flair.

Et dans le cas où c’est vous le chasseur plus que le proie, les Typhons vont faire de même, fuir en espérant trouver de l’aide. Je crois que c’est la première fois dans un jeu que je note une IA qui a un instinct de survie. Et bien fait en plus !

« Ça fait quoi d’être une tasse ? »

Rapide point scénario. On apprend assez rapidement que Morgan était volontaire pour des expériences qui consistaient à utiliser les pouvoirs des typhons pour améliorer drastiquement les capacités cognitives des humains.

Vous pouvez donc acquérir les pouvoirs des Typhons en utilisant des Neuromods. Mais avant de pouvoir déverrouiller les pouvoirs Psy, il faut avant tout les connaitre. Il faut donc analyser les ennemis, grâce à un scanner que l’on trouve vers le début du jeu.

Et en plus de dévoiler leurs affinités et faiblesses, il va permettre de découvrir les pouvoirs dans l’arbre de compétence. Et donc ensuite, les débloquer grâce aux Neuromods.

Ces pouvoirs vont donc permettre d’adopter les pouvoirs des Typhons, comme le contrôle mental ou se transformer en un objet du décor. Il faut noter qu’acquérir ces pouvoirs n’est pas gratuit (sans parler des Neuromods), mais que ça a des conséquences.

Par exemple au bout d’un certain nombre de pouvoirs, les tourelles défensives que l’on peut trouver un peu partout dans la station et programmées pour ne tirer que sur les Typhons risquent de vous détecter comme tel. En plus de réserver d’autres surprises, mais je n’en dirais pas plus ici.

Et paf, ça fait des Neuromods

Prey c’est aussi un système de fabrication très efficace. Il est possible de crafter à peu près tout, munitions, kits de soins… Mais aussi des Neuromods (crafter ses points de compétences en quelque sorte).

Pour pouvoir fabriquer tout ça, il faut des matériaux, que vous pouvez avoir en recyclant des objets. C’est donc un subtil mélange entre accumulation (sachant que l’inventaire se retrouve assez vite plein) et aller-retour entre le recycleur et la machine de craft. C’est simple, mais ça marche très bien et c’est cohérent.

D’ailleurs l’interface en règle générale est très bien faite. Que ce soit les menus (inventaire, codex, compétences…) ou l’interface in-game. Il y a beaucoup de travail de fouille dans Prey, chercher des documents, des indices, trouver comment déverrouiller tel accès…

Et les ordinateurs sont nombreux, et l’on peut naviguer très facilement dessus, et même en étant caché derrière le bureau pour éviter de se faire voir par un Typhon. Parce que contrairement à beaucoup de jeux, il est possible d’interagir avec ces interfaces sans être parfaitement devant. Contrairement à beaucoup de jeux, qui vous imposent de vous placer en face (par exemple les terminaux dans Fallout 3~4).

Il y a aussi un « mode lecture » qui permet tout de même de bien se positionner si l’on veut lire les mails plus facilement.

Bon sang que c’est dur

Comme je l’ai indiqué un peu plus haut, Prey est un jeu difficile qui m’a demandé beaucoup d’efforts pour en découdre. Mais sans parler de la difficulté psychologique (ça fait peur), c’est avant tout un jeu difficile et qui pardonne peu les erreurs de jeunesse. Je m’explique.

Les munitions ne sont pas infinies et les ennemis assez forts. Mais pour avoir des munitions, il faut explorer, et ce dès le début. Parce que si vous êtes comme moi, que vous aviez un peu peur d’explorer au début du jeu, vous aller vous retrouver très vite à court de munitions.

Et il est trop tard pour aller explorer, car il est fort possible de dépenser plus de ressources que d’en gagner. Donc on tente difficilement d’avancer sur la quête principale, toujours à court de munitions. Heureusement que les pouvoirs Psy viennent aider pour les compétences offensives.

C’est rare que je fasse ça, mais j’ai passé le jeu en facile (je jouais en normal), vers la fin pour me débloquer et avancer un peu plus vite. D’ailleurs heureusement que le scénario a titillé mon intérêt tout au long du jeu, et que l’ambiance est très réussie ! Car malgré ses qualités indéniables, j’aurais clairement abandonné.

Ambiance, scénario & narration

Prey, c’est aussi un magnifique Thriller de science-fiction. Dès le début, on est surpris et l’on veut en savoir plus. Un peu scénarisé au début, c’est surtout à force de lecture et d’écoute que l’on va en apprendre plus sur l’histoire.

Il faut aimer fouiller, c’est certain ! Mais par rapport au contexte, je trouve ça intéressant. Ce qui est aussi très appréciable c’est la cohérence de l’ensemble, que ce soit avec la mécanique de gameplay pour découvrir les pouvoirs ou le système de craft. On est certes dans une station spatiale futuriste, mais le jeu utilise son contexte de manière ingénieuse, et ne l’utilise pas à tort et à travers pour créer des facilités scénaristiques.

Vos choix auront aussi une importance dans le déroulement des événements. Que ce soit la manière d’aborder une quête, ou encore profiter ou non des pouvoirs Psy.

Prey c’est aussi une ambiance musicale, coordonnée par Mick Gordon. La musique vous fera parfois plus frémir que le kit de soin se transformant en Mimic. La bande originale du jeu est disponible sur Spotify.

Hors de la station

Surprise, je me suis parfois retrouvé à être détendu en jouant à Prey. Il est possible d’explorer l’extérieur de Talos I.

Et c’est pour moi une des plus grosses réussites du jeu. Le gameplay en zéro gravité est simple et efficace, l’ambiance est réussie, c’est beau et il y a plein de trucs à découvrir.

Quand je sors, j’ai juste envie de ne plus rentrer.

Fan service, en veux-tu, en voilà

Dès le début, le jeu vous dit : « t’as vu, t’as vu, on a plein de références ! » Même si ce n’est pas forcément un jeu de ma génération, Half Life en premier plan avec un contexte très similaire : une expérience scientifique qui tourne mal, où l’on se retrouve à se battre contre des extraterrestres. Ou encore l’étrange similarité entre les Headcrab et les Mimics.

Ensuite vient Bioshock, pour l’ambiance générale du jeu, le combo armes traditionnelles/pouvoir (justifié de manière rationnelle). Et la clef à molette comme arme de départ de Bioshock… et de Prey.

Ce sont les inspirations les plus visibles (et montrées), mais le système de scan m’a beaucoup fait penser à Metroid Prime.

Même si Prey montre un peu trop ses références vidéoludiques et cinématographiques, il arrive tout de même à se démarquer.

Conclusion

Prey ne vend pas forcément du rêve pour ceux qui cherchent un jeu avec des concepts inédits et un gameplay innovant. Sur le papier il propose même quelque chose de très classique.

Dans les faits, c’est aussi vrai, mais c’est très bien exécuté, et Prey apporte sa dose de fraîcheur. C’est un jeu difficile, en termes de gameplay, mais aussi stressant. Mais ça reste tout de même une bonne expérience.


Prey

Par Arkane Studios pour Bethesda Softworks. Sur PC, PS4 et Xbox One. Pegi : 18+.

 

Les + :

  • L’ambiance générale très réussie
  • Aidé par une super bande originale
  • Bonne optimisation
  • De bonnes idées de Gameplay
  • Les sorties de Talos I
  • Cohérence de l’univers

Les – :

  • Une difficulté qui dépends beaucoup du joueur
  • Beaucoup de références, parfois trop ?
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