Et voilà ! On y est ! Il est temps pour moi de lâcher mon test de l’un des jeux que j’attendais le plus cette année ! Ni no Kuni II : L’Avènement d’un Nouveau Royaume est un J-RPG qui nous emmène dans un univers touché par la grâce du célèbre studio Ghibli ! Un animateur du studio au chara-design, Joe Hisaishi à la musique… Le jeu distribué par Bandai-Namco sera t-il à la hauteur de la hype qu’il a suscité depuis des mois ? La réponse avec notre test !

Trois hommes forts derrière le jeu

Tout d’abord, je dois vous avouer que, pour moi, écrire ce test a été une véritable épreuve ! Et garder mon objectivité aura été un défi de chaque instant ! Ni no Kuni II part d’emblée avec trois arguments qui font que je ne pouvais qu’être hypé par le jeu (je vous ai dit plus haut que c’est l’un de mes tops 2018) : premièrement, j’avais adoré le premier épisode, sorti sur PS3. Secondo, je suis un fan absolu du studio Ghibli ! Enfin, accessoirement, Joe Hisaishi est l’un de mes compositeurs préférés… Tout est dit !

Je ne vais donc pas épiloguer pendant des heures sur la musique de Joe Hisaishi, qui reprend ici un thème (de toute beauté) déjà entendu dans le premier épisode. Certains l’accuseront de « paresse de créativité » et, je vous demanderai alors : que dire de Nobuo Uematsu et de son fameux thème de Final Fantasy ? Ou du thème de Dragon Quest ? Une série qui garde son thème musical, ça ne me choque pas ! Encore moins lorsque le jeu propose aussi de nombreuses plages musicales originales…

Puisque l’on parle des « petites mains » derrière Ni no Kuni II, vous verrez également au générique un certain Yoshiyuki Momose, en charge du chara-design. L’homme a travaillé comme animateur chez Ghibli. S’il a surtout oeuvré sur des courts métrages, il est aussi associé à des blockbusters comme Porco Rosso ou Mononoke Hime. Voilà qui explique la patte « Ghibli » de ce nouveau RPG.

Enfin, le troisième homme fort derrière l’œuvre n’est autre que Akihiro Hino, le CEO (directeur) du studio Level-5, ici au scénario. Un studio à qui l’on doit de prestigieuses licences, comme Professeur Layton, Dark Cloud, Inazuma Eleven, Yo-Kai Watch, Fantasy Life… Ou encore le cultissime Dragon Quest VIII : L’Odyssée du Roi Maudit.

Bienvenue à Carabas

Même licence, même évocation de « second pays » dans le nom du jeu (traduction littérale de « Ni no Kuni » !)… Mais histoire totalement différente. Car il y a huit ans déjà (en 2010), les joueurs découvraient Ni no Kuni : La Vengeance de la Sorcière céleste, sur PS3. Un jeu qui associait déjà le talentueux studio Level-5, et le non-moins génialissime studio d’animation Ghibli ! On y découvrait un petit garçon qui, suite à la mort de sa maman, se retrouvait projeté dans un royaume fabuleux (ça y est, vous avez la notion des « deux mondes » ?).

Huit ans plus tard, on change de support pour passer à la génération suivante. Ghibli n’est plus là officiellement, mais comme nous avons pu le voir plus haut, quelques uns de ses ténors sont toujours de la partie. Et tant qu’à faire, c’est aussi l’occasion de changer d’histoire, et de personnages…

Le roi est mort… Vive le roi !

L’ouverture du jeu nous présente donc ce cher « Président » Roland, dans sa belle voiture, dans notre monde… Je n’en dirai pas plus pour vous éviter tout spoiler, mais… Toujours est-il que Roland se retrouve téléporté dans un autre univers. Il apparaît comme par magie dans la chambre du second héros du jeu, le tout jeune prince de Carabas, Evan, fort paniqué de voir un inconnu ainsi apparaître dans sa royale suite.

Il est vrai que la situation est délicate : le roi de Carabas vient de mourir subitement, et tandis qu’Evan devait logiquement lui succéder… Voilà que le conseiller du roi, Ratoleon, profite de la faiblesse du royaume pour lancer un coup d’État, et s’emparer du trône. Il veut maintenant la tête d’Evan, qui peut compter sur Roland pour s’enfuir… Evan est désormais en exil, et sa tâche consiste maintenant à reconquérir le trône. Et à reconstruire le Royaume en devenant un monarque aimé de tous…

Je reviendrai… Comme d’hab’

Une fois passée l’intro du jeu, l’intrigue est donc plantée. Et les habitués des J-RPG décèlent déjà une construction narrative très classique pour le genre. Un enfant en exil, loin de chez lui, et qui va rencontrer des compagnons en route… Afin de préparer son retour et son grand final contre le méchant de l’histoire… Oui, c’est vrai, nous avons ici l’archétype même du J-RPG, avec son voyage initiatique et ses personnages clichés (un jeune roi déchu, un conseiller malin, une jeune fille casse-cou…).

Mais contrairement aux apparences, Ni no Kuni II aborde aussi des sujets plus graves, plus adultes. Sur ce point, il va même plus loin, dans le choix de ses thématiques, et sa façon de les aborder, que son aîné (qui traitait pourtant de la délicate question du deuil). Et ce dès le début du jeu qui (toujours sans vous spoiler) aborde en quelques secondes un thème hélas d’actualité (je parle du « déclencheur » qui envoie Roland à Carabas ^^).

Des rebondissements

Les thématiques téléphonées et inhérentes au genre côtoient donc ici des thèmes plus profonds. Et il suffit de gratter un peu la couche de surface pour se rendre compte que le jeu de Level-5 va nous parler de guerre, de politique, de mariage… Comme dans un film Ghibli, il ne se contente pas de nous dire que c’est bien ou mal, mais argumente son propos. Et ce même si l’ombre de Disney plane sur la narration, avec des raccourcis qui pourraient presque orienter le jeu vers un jeune public. S’il est attendu, le scénario parvient à nous surprendre, à nous accrocher.

Toujours est-il que l’écriture est vraiment plaisante, et rythmée… L’histoire se déroule sous nos yeux, non sans quelques rebondissements plutôt bien trouvés. Cerise sur le gâteau, le jeu nous offre aussi quelques petits clins d’oeil bien sympas, que je vous laisse le soin de découvrir par vous même.

Une réalisation technique aux petits oignons ?

Dans plus de 80% du jeu, la direction artistique est superbe : la patte Ghibli se fait sentir lors des cinématiques, lors des combats… Avec ses couleurs éclatantes et son chara-design, avec ses machines et ses moulins… Ni no Kuni II va vous donner en permanence l’impression de jouer dans un film de Miyazaki !

Pourtant, il est une « faute de goût » que j’ai assez de mal à m’expliquer : pourquoi ce mode chibi lors des déplacements sur la carte ? Le mode « Voyage » tranche avec le reste, en adoptant un style graphique qui n’a rien à voir avec le reste du jeu. Cet aspect visuel fonctionnait dans World of Final Fantasy, car c’était un parti pris et assumé (jusque dans son scénario) par Square-Enix. Mais ici, j’avoue avoir du mal à m’adapter !

Pour le reste, on se régale des nombreux petits détails qui parsèment le monde. Et lorsque vous croisez des ennemis, le gameplay lors des combats est un pur régal. Ceux-ci se déroulent en temps réel (pas de tour par tour), avec des alliés autonomes, à la manière d’un Tales of. Attaques de courte portée ou à distance, combos, magie, techniques spéciales en invoquant vos « mousses » … Les affrontements sont pêchus et l’on prend vraiment plaisir à défourailler du monstre pour upgrader ses personnages.

Je passerai rapidement sur la bande-son du jeu. Rien à redire sur les musiques de Joe Hisaishi qui, comme à son habitude, vous transportent. Du coté des doublages, les textes sont lus en Anglais ou en Japonais (perso, je préfère la seconde option), mais les sous-titres s’affichent dans la langue de Molière.

Un gameplay c’est bien… Mais plusieurs c’est mieux !

Les développeurs craignaient peut-être que vous ne trouviez le jeu trop générique… Et effectivement, au bout de quelques heures de jeu, une certaine redondance s’installe, avec des quêtes annexes « FedEx » pas toujours très intéressantes. Alors, en plus de la quête principale qui se joue comme un RPG classique… Ils ont ajouté d’autres modes de jeu ! Bien leur en a pris !

Et nous allons donc maintenant parler « gestion » avec le mode « Royaume » qui consiste à… Construire votre royaume ! Telle un city-builder, simplifié pour pouvoir s’insérer dans un soft qui n’est pas un jeu de gestion à la base… Ce mode vous propose de placer votre château, puis développer une ville et tout ce qui va avec. Le but de la manoeuvre étant d’accéder ainsi à de nouvelles boutiques, du nouvel équipement, ou de nouvelles compétences… Finalement, on se prend vite au jeu, et je me suis même surpris à rester glandouiller de longues heures dans ce mode, pour voir prospérer mon royaume. Ce mode en deviendrait presque un jeu à part entière !

En revanche, je suis beaucoup plus mitigé concernant le mode « Bataille » ! Avec ce mode, vous allez passer à un gameplay STR (Stratégie en temps réel). Vous y contrôlez Evan, et jusqu’à quatre bataillons qui se distinguent par leur couleur (qui représente leur type d’armes). Ici, les batailles suivent les règles du shifumi (pierre-feuille-ciseaux). Si les habitués à la série Fire Emblem trouveront vite leurs marques, ce mode est celui qui m’a semblé le plus technique dans le jeu, exigeant un temps d’adaptation pour une prise en main qui en rebutera certains. À titre personnel, je n’ai clairement pas accroché à ce mode à part entière, avec la curieuse impression qu’il me « sortait » de la trame principale. Mode qui, de plus, reprend l’aspect graphique du world-map… ça n’aide pas !

Système de combat et… mousses !

Si j’évoquais plus haut le système de combats, en temps réel, je pense qu’il est quand même nécessaire d’y revenir, pour quelques explications. Comme je l’indiquais plus haut, les combats se déroulent avec la même nervosité qu’un Tales of : les ennemis apparaissent sur la carte, et lorsque l’un d’entre-eux vous touche, la bataille s’engage. Soit vous avez l’avantage, soit l’ennemi vous surprend par derrière, et frappe le premier.

Chaque personnage dispose de plusieurs armes, à ranger dans des slots. Elles vont définir les types d’attaques. Les épées ou dagues permettent d’attaquer au corps à corps, les pistolets ou arcs favorisent les attaques à distance. Le fait de switcher facilement va vous permettre d’agir vite et bien. Une très bonne chose, car vos alliés ne sont pas toujours prompts à agir de la manière la plus intelligente, se mettant parfois dans le pétrin par leur manque de réactions. Évidemment, magie et techniques spéciales sont de la partie.

Assez rapidement dans le jeu vont arriver de précieux soutiens appelés « Mousses » ! De petites créatures élémentaires (qui me font penser aux esprits de la forêt de Princesse Mononoke) qui vont aussi vous octroyer des pouvoirs en rapport avec leur élément (vent, feu…). Lors des combats, ils sont regroupés dans un périmètre. Lorsque vous entrez dans ce périmètre de soutien, une commande vous permet de déclencher un combo. Evidemment, de nombreux Mousses seront à trouver dans le jeu.

Sur la map, un système de « points de téléportation » vous permettra de vous déplacer plus vite, vous évitant d’incessants allers et retours d’un point à l’autre. À vous de voir si vous ferez appel à ce « déplacement instantané » (comme dirait Goku)… Ou si vous allez préférer la marche à pied, histoire de farmer vos personnages.

Quelques petites imperfections

Jusqu’à présent, Ni no Kuni II cumule de nombreux points positifs. Pourtant… Vous devez commencer à connaître ma position : aucun jeu n’est parfait, et tous ont leurs petits travers. Avec le recul, le jeu de Level-5 a aussi les siens. Comme nous avons pu le voir plus haut avec la redondance de certaines missions, le mode « map » assez moche ou un mode « bataille » qui plaira ou pas.

Le premier point noir qui me vient à l’esprit est évidemment le fait que le jeu ne va pas vous opposer une très grosse résistance. À l’exception du mode « bataille » (encore lui) qui demande à être pris en main, les combats et les énigmes ne sont pas d’une difficulté extrême. Si vous butez sur un obstacle, avec un peu d’acharnement, ça passera au bout de deux ou trois essais… Aussi, on ne peut que se demander pourquoi les développeurs n’ont tout simplement pas prévu plusieurs niveaux de difficulté ?

Si la direction artistique va majoritairement vous en mettre plein la vue, on constate cependant quelques inégalités, notamment dans certains donjons annexes beaucoup moins jolis : donjons vides, textures parfois ternes voire approximatives… De même, comme autrefois dans beaucoup de RPG, on ne peut pas dire que les ennemis fassent dans la diversité : beaucoup vont vous donner une impression de déjà-vu, avec certes des couleurs différentes, mais les mêmes attitudes et les mêmes patterns.

Au final

S’il n’y avait pas ces quêtes annexes pas toujours réussies (et pas toujours intéressantes), sans ses voyages en style « chibi » (mais on s’habitue), et si les développeurs avaient prévu plusieurs niveaux de difficulté… Nous aurions ici le jeu parfait ! Ni plus ni moins que ce que fut Breath of the Wild l’an passé : le jeu de l’année !

Vous l’avez compris : si vous n’êtes pas allergique aux RPG, et si de surcroît vous êtes fan des films Ghibli, Ni no Kuni II : L’Avènement d’un nouveau Royaume est un jeu que vous devez absolument posséder ! Ce conte est un enchantement à tous les étages : graphismes, musique, scénario… Comme dans le cochon, ici tout est bon !

Pour ma part, je garde Ni no Kuni II près de moi… Et je me donne encore quelques mois pour jouer à Detroit : Become Human et à Red Dead Redemption 2Car mon jeu de l’année 2018 sera forcément l’un de ces trois là !


Ni no Kuni II : l’Avènement d’un nouveau royaume

 

État de grâce :

  • Des graphismes de toute beauté
  • Le chara-design
  • Les musiques de Joe Hisaishi
  • Le scénario
  • Une IA correcte
  • Le système de combat, dynamique
  • Le mode « Royaume »
  • La téléportation
  • Bonne durée de vie
  • Journal de quêtes assez complet
  • La localisation en VF avec ses clins d’œil
  • Un gros contenu

Une pétouille dans le pâté :

  • Le mode chibi, et le mode carte pas très joli…
  • Quelques clichés dans la narration ou dans le casting
  • Des quêtes répétitives à la longue
  • Le mode « bataille » en STR
  • Du recyclage d’ennemis
  • Pas une difficulté très élevée
  • Certains donjons annexes pas très beaux
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