Le spectre du succès

Au début des années 2000, les amoureux de paranormal se sont pris de passion pour un nouveau type d’émissions de téléréalité. Celles dans lesquelles des « spécialistes » s’enferment dans des lieux dits hantés, afin de capturer des preuves de la présence de fantômes. Parmi les plus connus, on citera Ghost Hunters apparu en 2004. Un programme piloté par l’organisation TAPS (The Atlantic Paranormal Society), fondée et dirigée par Jason Hawes et Grant Wilson. Son concurrent direct est Ghost Adventures, dérivé d’un documentaire de 2004, créée par Zak Bagans, Aaron Goodwin et Nick Groff. En France, on a aussi nos chasseurs de fantômes, les plus connus étant GussDX ou Jordan Perrigaud. Bien entendu, ces émissions sont du divertissement, de la fiction, et le talent des vidéastes sera ici de rendre ces aventures le plus crédibles possible.

Le point commun entre tous ces programmes ? Généralement, vous trouverez toujours des équipes ou des individus qui vont se plonger toute une nuit dans le noir… Dans des lieux présumés hantés. Guidés seulement dans l’obscurité par le retour dans l’écran de leur caméra, passée ici en mode vision nocturne. Tous sont généralement équipés jusqu’au cou de matériel tel que des détecteurs K2 EMF (leds qui détectent les champs électromagnétiques), enregistreurs de PVE (phénomènes de voix électroniques), spirit box, etc. Certains allant même jusqu’à utiliser des Kinects pour détecter des mouvements spectraux (on vous avait bien dit que le Kinect servirait un jour à quelque chose) 😉

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S’inspirant très fortement de ces émissions, les développeurs anglais de Kinetic Games ont imaginé Phasmophobia, sorti sur PC il y a maintenant 4 ans, en septembre 2020. Popularisé par les streamers (sur Twitch et Youtube), le jeu a très vite connu son petit succès. Il illustre parfaitement le fait qu’un jeu à petit budget avec une idée excellente peut devenir un carton. Phasmophobia sort donc juste avant Halloween, en pleine période de covid… Toutes les étoiles sont alignées ! Et la même année 2020, il décroche un prix aux Game Awards : celui du meilleur premier jeu indépendant.

Le 31 octobre 2024, Kinetic Games annonce sur X (ex-Twitter) que son soft s’est écoulé à plus de 20 millions d’exemplaires ! Il faut préciser que, deux jours avant, le 29 octobre, Phasmophobia a bénéficié d’un coup de boost très attendu : sa sortie sur consoles de salon, XBox Series et PS5 ! Il aura donc fallu attendre quatre ans pour que ce jeu référence de la chasse aux fantômes débarque enfin sur vos TV ! Mais encore une fois juste avant Halloween ! Alors, prêts à frémir ? On éteint les lumières et c’est parti pour notre test !

Quand ce sont les chasseurs de fantômes qui sont chassés

Phasmophobia est un jeu d’horreur psychologique. Avec votre équipe d’experts, vous allez investir des lieux grouillant d’activité paranormale et utiliser votre équipement pour collecter des preuves. Que vous vendrez ensuite à une équipe de suppression de fantômes. Pour recueillir ces preuves, vous disposez d’un équipement varié. Comme des détecteurs EMF, des caméras infrarouges, des carnets d’écriture, et des spirit-boxs pour interagir avec les fantômes. Au départ, dans votre camion, choisissez bien les trois objets que vous emporterez pour votre enquête ! L’objectif final est donc de rassembler suffisamment de preuves pour déterminer le type de fantôme, et compléter les objectifs secondaires pour maximiser les gains.

Oui mais voilà : si le jeu brille par la variété de spectres proposés (24 types de spectres différents), chacun ayant des comportements et des patterns spécifiques… Sachez que le fantôme peut devenir hostile, ce qui met en danger les joueurs. Et là, l’ambiance Ghost Adventures vire au cauchemar, et Phasmophobia devient alors un jeu de survie ! Et si un chasseur meurt, il perd son équipement, et devient lui-même un esprit, incapable de communiquer avec l’équipe. Si le mode solo peut vite devenir rébarbatif, le mode multijoueur (jusqu’à quatre joueurs) est un délice, tant le jeu en équipe (avec une bonne communication) est la clé du succès. D’autant qu’il propose aussi des parties en crossplay. Vous pouvez donc retrouver vos amis, quelle que soit leur plateforme de prédilection. Le jeu a été clairement pensé pour être multijoueur !

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Techniquement, on note quelques animations un peu rigides, et des graphismes qui commencent à dater, avec des personnages assez moches. On est loin des standards habituels sur les machines les plus puissantes. Ce qui ne signifie pas que le titre est laid. Et les développeurs ont su jouer avec l’obscurité pour cacher quelques lacunes. Car Phasmophobia est un soft qui vaut surtout pour son ambiance. Sur ce point, le jeu est une franche réussite : on sursaute, on a quelques sueurs froides, on apprend à redouter les objets maudits comme le ouija… Et cette ambiance est sublimée par un sound-design aux petits oignons. Et si l’expérience n’est pas assez effrayante à votre goût, sachez que Phasmophobia se joue aussi en réalité virtuelle. Y compris avec le PS-VR2 pour les versions consoles.

On ne va pas vous mentir, on constate un écart entre les versions PC, bien installées depuis quatre ans, et les nouvelles versions consoles. La version PC est évidemment la plus complète et la plus flexible, notamment grâce aux mods, qui sont absents des versions PS5 et Series X/S. De même, on a un petit regret concernant les spirit boxes. Sur PC, on peut utiliser une reconnaissance vocale avancée pour interagir avec les fantômes et les objets du jeu. Sur consoles, la fonction est bien là, mais vous ne pourrez que sélectionner une phrase préenregistrée. Espérons que cette fonction arrive avec une prochaine mise à jour.

Au final

Quand ont voit le succès que Phasmophobia a connu sur PC (19 millions de joueurs en 4 ans), on a du mal à comprendre pourquoi le jeu horrifique de Kinetic Games n’arrive que maintenant sur consoles (PS5 et Series X/S). Et les chiffres nous donnent raison, puisqu’en un peu plus d’un mois, le jeu a dépassé le million de copies vendues !

Toutefois, ceux qui ont connu la version PC émettront sans doute quelques réserves concernant cette version consoles. Un jeu moins fluide, une interface moins intuitive, des options passées à la trappe (notamment avec la spirit box), des graphismes un peu bruts de décoffrage… En revanche, le jeu a aussi quelques qualités à mettre en avant : son crossplay, son ambiance flippante, son multijoueur savoureux, ou encore un prix très attractif !

En résumé, cette version console est un bon point d’entrée pour les fans de coopération et de frissons. Mais elle pourrait frustrer les puristes. Kinetic Games continue de travailler sur les ajustements, donc des améliorations sont probables dans le futur. Toujours est-il que Phasmophobia est un excellent jeu de chasse aux fantômes (ou de chasse par des fantômes), pour les inconditionnels de Ghost Adventures et Ghost Hunters… Ou pour ceux qui pensent que l’on peut faire une séance de Ouija dans un ancien cimetière indien sans craindre pour sa vie ! On a flippé, et le pire c’est qu’on a aimé ça !


Phasmophobia

  • Par : Kinetic Games
  • Sur : PC, PS5 et XBox Series X/S.
  • Genre : jeu d’horreur coopératif
  • Classification : PEGI 16
  • Prix : 19,99€
  • Conditions de test : testé sur XBox Series, sur une version fournie par l’éditeur
  • L’ambiance : un jeu vraiment flippant !
  • Le sound-design particulièrement immersif
  • La variété du bestiaire : 24 types de spectres
  • Le multijoueur à 4 joueurs
  • Un jeu crossplay
  • Un gameplay solide
  • Les échanges radio
  • Les objets maudits
  • Un petit prix
  • Parfois, des soucis de caméra qui peuvent pénaliser
  • Les bugs de collision, aussi
  • Des animations un poil rigides
  • un rendu visuel qui date
  • En solo, on peut vite s’ennuyer
  • Des fonctionnalités absentes sur consoles : la version PC est pour l’instant plus aboutie