Les jeux PlayLink se rappellent à notre bon souvenir, avec un nouveau titre jouable à l’aide de votre mobile. Erica va vous plonger en plein thriller, sur fond de mysticisme, dans un film interactif. Sortez le popcorn, installez-vous… C’est parti pour notre test !

Jouez à un feuilleton TV

C’est une exclusivité un peu étrange que nous propose Sony aujourd’hui. Une expérience appartenant à l’univers PlayLink, qui vous propose de jouer à des jeux PlayStation avec votre mobile. Autrement dit, rangez votre Dualshock, c’est votre mobile ou votre tablette (iOs ou Android) qui fera office de pad.

Erica, développé par Flavourworks pour le compte de Sony, est un thriller interactif annoncé lors de la Paris Games Week 2017. Un genre qui rappellera bien des souvenirs aux vieux de la vieille, qui ont connu les jeux en FMV (full motion vidéo), sur MegaCD ou Phillips CDI. Autrement dit, on ne parlera pas ici de motion capture ou de modélisation, puisque tout le jeu est filmé, avec des acteurs (et des décors) bien réels. D’ailleurs, pour l’anecdote, l’héroïne, avec ses faux-airs d’Emilia Clarke, est ici campée par la britannique Holly Earl (Benidorm, Casualty).

Ah ! Et puisque l’on parle de crédits du jeu… Je tiens tout de même à vous signaler que la musique est signée Austin Wintory, le talentueux compositeur à qui l’on doit les OST de Journey ou Abzu. Sans décoller dans des envolées symphoniques, car trop souvent discrète (ce n’est pas la meilleure BO de Wintory), la bande-son vous plonge dans l’ambiance du jeu. Un autre bon point au crédit d’Erica !

Comment on joue ?

Comme je l’ai dit plus haut, Erica se joue à l’aide de votre tablette ou de votre mobile. Avant de lancer le jeu, vous allez devoir télécharger l’application companion Erica App PS4 (elle est gratuite : ici pour iOs et ici pour Android). Le jeu est aussi jouable à la DualShock, mais la jouabilité s’avère vite décevante, à cause d’un pavé tactile trop petit et mal adapté à l’exercice. On vous conseille donc l’appli mobile, beaucoup plus ergonomique !

Le jeu se déroule tel une série ou un film. Très régulièrement, vous devrez faire des choix, ou actionner des mécanismes, tout simplement en faisant glisser votre doigt sur l’écran, dans la direction proposée. Vous pourrez ainsi tourner des pages, ouvrir des tiroirs, ou tout simplement choisir des réponses contextuelles lorsque des choix s’imposent (attention, pour certains choix, le temps est limité, ce qui ajoute à la tension). Le jeu vous propose aussi parfois de frotter l’écran pour dépoussiérer des objets, ou faire apparaître des messages cachés à l’aide d’un crayon.

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Pas vraiment de difficulté dans cette jouabilité pépère : on pourrait presque jouer vautré dans le canapé, un plaid sur les genoux, en n’utilisant qu’une main. Je vous l’ai dit : Erica se joue comme on regarderait une série, un dimanche après-midi d’automne ! Les amateurs d’action frénétique n’aimeront pas forcément ! Mais si vous avez apprécié les jeux TellTale, ou encore The Quiet Man (Square-Enix), vous devriez passer un bon moment !

Le jeu est accessible… Mais un peu trop, et c’est bien là le premier point qui déçoit. Cette aventure montée sur rails ne pose aucun challenge. Et quelques énigmes ou puzzles auraient été les bienvenus, histoire de pimenter un minimum l’expérience. Mais ici, tout s’obtient ou se déclenche en scrollant sur l’écran. Vous pouvez ranger votre cerveau, vous n’en aurez pas besoin, et c’est bien dommage. De même, on sera vite frustré par le fait que la liberté de choix n’est qu’apparente. Au bout de votre troisième partie, vous allez réaliser que vous êtes conditionné pour aller dans telle ou telle direction. Et quand plusieurs choix s’offrent à vous (pas toujours logiques), ils mènent souvent (mais pas toujours, c’est vrai) à la même issue. Et au final, ça fait baisser les points pour notre note de jouabilité…

« Je crois que nous avons affaire à un serial-killer ! »

Ce qui m’amène à vous parler du scénario du jeu. Ici, on parle de thriller interactif. Donc comme vous pouvez vous en douter, nous allons parler de meurtres, d’enquête, de personnages masqués, de mystérieux tueur sur fond d’activités un poil obscures…

Erica Mason est une jeune femme qui a vécu un traumatisme (c’est peu de le dire) durant son enfance. Sa mère est morte dans des circonstances mystérieuses, et son père a été sauvagement assassiné sous ses yeux. Depuis, Erica doit vivre avec des cauchemars qui la ramènent sans cesse dans son passé. Mais un jour, des événements sordides surviennent, et la replongent dans cette réalité qu’elle tentait d’enfouir. Elle retourne au manoir de Delphes, où tout a commencé…

Bien qu’elle ne casse pas trois pattes à un canard, l’écriture est plutôt efficace. Elle ne va pas vous scotcher à l’écran tant certaines scènes sont attendues, prévisibles… Mais elle fait le job, un peu comme le ferait une série low-cost, à laquelle on s’accroche pour connaître la fin. D’autant que les révélations finales du jeu peuvent déstabiliser, et vous donneront envie de refaire l’aventure, pour voir les alternatives.

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En revanche, j’ai beaucoup plus de critiques à formuler concernant le background du soft. Et plus particulièrement de ses personnages. Car si la narration dévoile, petit à petit, le passé de Erica… On ne peut pas en dire autant des autres personnages, dont l’histoire se fout du début à la fin. Tous les personnages secondaires sont insipides au possible, et la fin du jeu ne vous apportera aucune précision sur le passé de chacun.

C’est d’autant plus fâcheux que certains ont un rôle important dans l’histoire, mais ils demeureront des plantes vertes jusqu’à la fin. Certes, le jeu peut décevoir les fans d’action. Mais c’est justement sur sa narration que l’on attend un film interactif. Alors, quand elle n’est pas à la hauteur, il y a de quoi tiquer ! Et puisque l’on parle de film interactif, et non de jeu à proprement parler, on notera aussi le jeu des acteurs. Et si Holly Earl véhicule très bien émotions et tension (notamment grâce à ses regards), le tableau n’est pas si élogieux avec le reste du casting. Hormis deux personnages secondaires dont je tairai le nom (no spoiler) qui s’en tirent plutôt bien… Le reste de la distribution donne cette impression de se demander en permanence ce qu’elle fout là (coucou sergent Blake). En même temps, vu qu’on ne sait rien d’eux, on n’y verra que du feu.

Une durée de vie courte ?

Voici ce qui constitue l’un des défauts majeurs d’Erica : sa faible durée de vie ! Car pour tout vous dire, il m’aura fallu un peu plus de deux heures pour voir le générique de fin une première fois. C’est court ! Très court même ! Mais… Pourtant, si je range de coté ma déception sur ce point, il est très facile de défendre cet aspect du jeu !

Car le jeu est court, oui ! Mais, les 4 heures nécessaires pour boucler Man of Medan, on en parle ? 😉 Erica est conçu comme un film interactif. Et franchement, si vous allumez Netflix et qu’un film dure plus de deux heures (je ne parle pas de série), vous allez trouver le temps long ! Même si Erica est un jeu court, sa durée de vie est cohérente avec son statut de thriller interactif. Et à faire plus long, les développeurs nous auraient sans doute servi du superflu, de l’inutile, du redondant.

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Je tiens aussi à rappeler que ce titre comporte de nombreux embranchements, conditionnés par vos choix. De même, il a plusieurs fins possibles. Alors, là où j’aurais pu penser que cette expérience aurait pu se louper sur sa rejouabilité, ce n’est pas le cas. Et j’ai comme une envie de refaire le jeu, pour voir toutes les alternatives possibles.

Enfin, le jeu est court, mais vendu à moins de 10 balles. Un prix honnête, et juste (cela n’aurait pas mérité plus), qui ne laisse à aucun moment l’impression de s’être fait arnaquer.

Au final

Difficile d’encenser ou dénigrer cette nouvelle expérience. Car si elle m’a déçu sur de nombreux points (durée de vie, scénario attendu, persos mal travaillés…), je dois vous avouer que, dans l’ensemble, j’ai tout de même passé un très bon moment ! Et j’en redemande, puisque je n’ai qu’une envie : connaître les différents chemins que propose l’histoire !

Mais qu’en sera t-il sur la durée ? Car je ne vais pas vous mentir : Erica est une expérience très sympa à découvrir (et pour pas cher, en plus)… Mais je doute fortement que ce nouveau PlayLink reste dans les mémoires. Un titre qui peut décevoir, mais qui n’en est pas nul pour autant ! Et si vous voulez relativiser, je vous invite à (re)voir Bandersnatch, l’épisode interactif de Black Mirror (sur Netflix)… Ou comment votre grand-mère vous parle des nouvelles technologies en jouant la carte de l’interactivité (à coté, Erica est un coup de génie ^^).

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Erica est bon sur le papier, mais manque incontestablement d’ambition. Le jeu a un bon potentiel, l’histoire a de quoi vous accrocher, et la réalisation est superbe. Mais le titre se loupe sur tous ces petits détails qui ont leur importance. Comme le rythme, les personnages secondaires, la durée de vie, les bons twists… À l’image de son héroïne, Erica est trop gentil et trop timide. Il aurait pu être cette pépite avec laquelle on bassine ses collègues le lundi matin… Il se contente d’être ce téléfilm sympatoche que l’on suit en mode « glandouille » le dimanche après-midi…


Erica

 

Points positifs :

  • Étrange sensation que de « jouer » comme on « regarderait » une série
  • Tout en VF
  • Jouabilité au mobile excellente
  • Plusieurs embranchements et fins différentes
  • L’OST d’Austin Wintory
  • Petit prix.

Points négatifs :

  • Quelques longueurs
  • Pas vraiment de challenge
  • Durée de vie très courte
  • Avec quelques énigmes, ça aurait été encore mieux
  • Des personnages secondaires qui manquent cruellement de profondeur
  • Pas terrible au pavé de la DualShock
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