Après deux mois de confinement, on ne pouvait rêver mieux : un jeu vidéo qui vous propose de parcourir de vastes étendues enneigées, en pleine nature… Snowrunner est de ces titres qui vous hurle un « Born to be Wild » dans les oreilles. Alors, on n’a pas pu résister… Faites chauffer les moteurs, enfilez votre parka, installez-vous confortablement avec un thermos à vos cotés… C’est parti pour notre test !

J’m’appelle Léon, j’ai un beau camion…

Avant que vous ne posiez la question… La réponse est OUI ! Snowrunner est une « suite » de Mudrunner (et aussi du Spintires de 2014). Un jeu de Saber Interactive, chez Focus Home, sorti en 2017. Comme son prédécesseur, il va vous proposer de conduire de gros camions, dans de vastes étendues désertiques. Et comme son nom l’indique, après la boue, place à la neige et à la glace !

Le concept de Snowrunner est original, et c’est un premier bon point à son avantage. Son principe consiste à conduire de gros camions bien lourds et bien massifs, chargés à bloc de marchandises. Mais comme il ne serait pas drôle, voire lassant, de jouer les transporteurs sur des autoroutes… Saber Interactive vous a concocté des routes au beau milieu de la nature sauvage, et de terrains (très) accidentés. Pour ne pas dire impraticables pour la plupart.

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Traverser un cours d’eau avec votre mastodonte sur roues ? Aucun problème… Si ce n’est qu’à la moindre flaque de boue, vous en avez pour trois jours à vous en sortir. Une route escarpée à flanc de montagne ? Vu le poids de votre équipage, il y a des chances pour que vous finissiez quelques centaines de mètres en contrebas. Alors… Il va falloir réfléchir et trouver un chemin alternatif…

Lorsque vous venez de tester MotoGP20, passer des motos aux camions de Snowrunner est une expérience assez déroutante, en termes de jouabilité. Comme si vous passiez d’un oiseau-mouche à un rhinocéros…

Le salaire de la peur

Non, cet intertitre n’est pas capilotracté… En réalité, en jouant à Snowrunner, je n’ai pu m’empêcher de penser à ce grand classique du cinéma (Le Salaire de la Peur, 1953, par Henri-Georges Clouzot, avec Yves Montand et Charles Vanel, tiré du livre de Georges Arnaud)… Je glisse la référence ici, vous en faites ce que vous voulez 😉

Il est temps de prendre le jeu en main… Et votre plongée dans le monde de Snowrunner va être assez douloureuse, croyez-moi. Vous aimez le Michigan ? Ça ne va pas durer ! Et pourtant, c’est devant votre petite cabane, au volant d’un pick-up, que vous démarrez l’aventure. Normalement, il s’agit d’un véhicule maniable… En théorie. Car lorsqu’il faut dompter différents terrains, différents types de surfaces, en s’aidant si nécessaire (c’est à dire souvent) du treuil pour se sortir des mauvais pas… C’est une autre musique.

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Votre première mission consistera à rejoindre une tour d’observation (qui dévoile les points d’intérêt de la map, un peu comme dans Assassin’s Creed), puis de retrouver un camion plus gros, pour effectuer vos premières livraisons. Facile, d’autant que vos objectifs sont juste à coté de vous. Oui mais voilà : sur le chemin, de la boue, des sentiers défoncés, des rivières… Votre parcours ne sera pas de tout repos, loin de là. Si vous êtes embourbé, deux solutions s’offrent à vous : soit changer de véhicule pour venir remorquer celui qui est bloqué… Soit appuyer sur « triangle » pour lancer le treuil, et tracter votre engin, parfois au bout d’une ténacité que vous ne soupçonniez même pas chez vous. En revanche, si votre camion se couche, se sera plus compliqué…

C’est donc ici que nous avons déjà perdu tous ceux qui s’attendaient à de la conduite arcade, à du gameplay grand public. Pour ceux qui restent, une dure réalité s’impose : Avec ses superbes panoramas, Snowrunner a beaucoup à vous offrir, et pas que de l’évasion… Mais il va falloir le mériter. Et le prix à payer n’est autre que votre patience. Seuls ceux qui s’accrocheront, qui accepteront l’idée qu’il faut donner au jeu (du temps, de l’investissement personnel par exemple) pourront recevoir en contrepartie.

Rêves de grands espaces

Ce début d’aventure nous donne donc le ton. Et ce n’est que le début. Car trois fois plus grand que son aîné, ce sandbox off-road ne vous propose pas moins de 30 km2 à conquérir. Il vous emmène vers trois destinations : tout d’abord le Michigan et ses chemins boueux ; Puis l’Alaska avec sa neige et ses lacs glacés ; Et enfin Taïmyr en Russie (Sibérie), avec ses interminables forêts. Finalement, on n’aura pas tant de neige que ça, mais tant mieux : ça évitera la routine.

Pour prendre le dessus sur cette nature intrépide et sauvage, le jeu ne vous propose pas moins de 40 véhicules. Avec des marques officielles comme Ford, Chevrolet, Caterpillar, ou Freightliner. Ces véhicules, vous pourrez les acquérir un à un, pour vous constituer une véritable flotte : à chaque situation extrême et désespérée, le véhicule adéquat ! Et bien entendu, vous pourrez les personnaliser en touchant aux réglages de ces monstres de puissance : tubas d’admission, chaînes pour vos pneus, réglage de la hauteur de caisse…

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Et il n’en faudra pas moins pour accomplir les dizaines de missions proposées par le jeu. Autant de défis qui consistent à charger des palettes de matériaux lourds, puis de les livrer après avoir traversé des chemins aussi tortueux qu’hostiles. Autrement dit… Un jeu de quêtes FedEx, et nous venons aussi de perdre ceux qui ont détesté Death Stranding pour cette raison.

Comme la partie sera bien souvent délicate seul, Snowrunner vous propose aussi du jeu online. Et là, jusqu’à quatre joueurs pourront collaborer dans des parties en ligne, où l’aide de vos amis ne sera jamais superflue. À un bémol près : il n’y a que l’hôte qui bénéficie de la sauvegarde de la progression, walou pour les autres ! Un problème à corriger, vite !

Une technique accidentée

Il est temps d’aborder maintenant LE sujet qui fâche ! Celui qui va venir pénaliser le jeu de Saber Interactive : sa technique. Car c’est en effet dans cette partie du test que vous allez retrouver la plupart des aspects négatifs du jeu.

Nous offrir un voyage dépaysant à travers des étendues magnifiques est une chose… Mais la proposition fait beaucoup moins rêver quand des bugs d’affichage s’invitent à la fête. Et là, je pense en particulier à un clipping hélas assez fréquent et persistant. Et quand le jeu aurait pu nous immerger dans son univers très nature, très sauvage… Les éléments de décor qui apparaissent sous vos yeux en temps réel nous rappellent hélas que nous sommes bien dans un jeu vidéo.

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Rien à dire pour la modélisation des véhicules (camions mais aussi remorques) : ils sont superbes et suffisamment variés pour ne pas vous donner l’impression de piloter deux fois le même convoi. Ils sont autant réussis dans leur représentation que dans les sensations de conduite qu’ils procurent, avec une physique très réaliste. Vous allez vraiment ressentir leur poids, leur inertie ou leur nervosité… Cependant, la réalisation pêche par des environnements désespérément vides. En pleine forêt, on peut le comprendre… Mais voir une ville sans AUCUN PNJ nous fait penser que le jeu a été conçu pour être également un simulateur de confinement !

Enfin, je terminerai sur le level-design, et une architecture des niveaux bien pensée, et qui favorise une progression intelligente. Toutes les zones de la map ne sont pas accessibles dès le départ, et vous devrez faire des choix : soit faire un détour avec le risque de perdre un ou deux véhicules… Soit chercher des ressources pour restaurer un pont qui vous facilitera la tâche. Un bon point, donc ! Si ce n’est que les défauts ne sont jamais très loin : des missions mal expliquées ou qui ne se valident pas alors que vous avez accompli toutes leurs conditions… Des incohérences, comme le fait de vous demander des ressources à l’autre bout de la carte, alors qu’elles sont aussi présentes à 20 mètres de vous… Des bugs sur le trajet, avec des trous (par exemple) qui vont bien vous emm… Il y aura aussi des choses à corriger de ce côté.

Ouvert aux mods

Ce n’est pas la première fois que Focus Home se montre ouvert à la créativité de sa communauté, et on ne peut que l’en remercier… Car une nouvelle fois, l’éditeur ouvre son jeu aux mods. Il faut dire que, pour Mudrunner, plus de 5000 mods ont été créés par la communauté de joueurs.

Pour Snowrunner, la ligne de conduite ne change pas. Et sur PC, Focus Home et Saber Interactive ont décidé d’inclure le modding dès le lancement du jeu grâce au support Mod.io (Saber confie avoir travaillé avec des modders pendant le développement). Le support complet du modding d’environnements et des missions associées arrivera peu de temps après la sortie du jeu. La personnalisation de l’intérieur des véhicules fait aussi partie de la liste des mises à jour gratuites de contenu post-lancement. Avec de nombreux objets cosmétiques à débloquer, éligibles eux aussi au modding.

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L’image qui illustre cette partie, ci-dessus, est d’ailleurs un mod « day one » disponible sur PC. Il a été créé par ChameleonHUM .

Focus Home ajoute par ailleurs que ces créations seront aussi disponibles plus tard (date indéterminée) sur consoles PS4 et Xbox One. Pour le coup, on imagine qu’il s’agira de DLC.

Au final

Pour moi, Snowrunner est une grosse surprise ! Un titre dont je n’attendais pas forcément grand chose (si ce n’est passer un bon moment), mais qui m’a apporté beaucoup plus que je ne l’aurais imaginé.

Snowrunner est un jeu qui sait être généreux, mais qui est exigeant en retour : il donne au prix d’un réel investissement de la part du joueur. C’était autrefois une base du jeu vidéo, qui s’est un peu perdue avec le temps. Et j’avoue que je ne m’attendais pas à retrouver un telle philosophie dans Snowrunner… Et ça fait du bien, tant la réussite d’une mission devient ici gratifiante.


Snowrunner

Testé sur une version PS4 fournie par l’éditeur.
Points positifs :
  • Une quarantaine de véhicules
  • 3 immenses environnements
  • Jouable en coop jusqu’à quatre
  • Visuellement agréable à regarder
  • Physique des engins réaliste
  • On ressent bien les différentes textures, les différents états du sol
  • La progressivité très intéressante
  • Supporte le modding
  • Conduite exigeante (certains aiment ça)
  • Un prix correct
  • Après avoir terminé le jeu, tu fais tes créneaux les doigts dans le nez
Points négatifs :
  • Du cliping, et pas mal, même…
  • La partie « scénario » transparente
  • Villes fantômes : tous les PNJ sont confinés chez eux
  • Les menus pas toujours ergonomiques
  • Des bugs dans les missions… Et des missions parfois incohérentes
  • Conduite exigeante (certains ne vont pas aimer)