Nous vous avons déjà parlé de Third Editions. Cet éditeur publie régulièrement des ouvrages sur les icônes du jeu vidéo (notamment). Et ceux consacrés à Sonic, Mario ou Baldur’s Gate (on vous en reparle très vite) nous ont passionné. Aussi, nous avions envie d’en savoir davantage sur cet éditeur. Et qui de mieux que ses créateurs pour nous en parler ? Nous nous sommes donc rapprochés de Mehdi El Kanafi, co-gérant avec Nicolas Courcier… Rencontre !

Mehdi, bonjour. Tout d’abord, pouvez-vous expliquer à nos lecteurs qui vous êtes ? Votre parcours professionnel ? Étiez-vous dans l’édition auparavant ?

Je m’appelle Mehdi El Kanafi, j’ai 34 ans et je suis cofondateur de Third Éditions. Mon associé, Nicolas Courcier a le même âge et le même poste. Vous allez voir, on fait souvent la même chose. Nous avons créé en 2010 notre première maison d’édition, Console Syndrome. Puis nous nous sommes faits racheter au bout d’un an par Pix’n Love. Nous avons travaillé 3 ans en tant que directeurs éditoriaux, puis en 2015, nous avons monté Third Éditions.

Mehdi Third Editions

Les deux co-gérants de Third Editions, Mehdi à gauche, Nicolas à droite.

Comment vous est venue l’idée de créer Third Editions ?

Nous avions trop de contraintes chez Pix’n Love. Nous souhaitions retrouver notre indépendance avec Nicolas.

Ce nom a-t-il une signification particulière ?

Nous avons monté Third l’année de nos 30 ans, c’était notre troisième société d’édition. Notre épisode de Street Fighter préféré est Street Fighter Third Strike et nous aimons beaucoup Jack White, dont le label se nomme Third Man Records.

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Qu’est-ce qui, pour vous, est l’ADN de Third, sa particularité par rapport aux autres qui traitent du jeu vidéo (qui plus est, qui sont de plus en plus nombreux) ?

Nous sommes les seuls à faire de l’analyse. Nous considérons le jeu vidéo comme une œuvre et comme un sujet d’étude. Et nous n’avons aucun souci à traiter d’une saga sur 400 pages sans illustration pour parler du fond.

Third Editions

Pourquoi ce choix de ne pas mettre d’illustration ?

C’était à la base une contrainte, à cause du droit à l’image. Mais c’est devenu une marque de fabrique avec le temps.

J’ai aussi l’impression qu’en plus des jeux très connus tels que Mario, Sonic ou Zelda… Vous gardez une place aux jeux dont on a moins l’habitude de parler, sur lesquels on trouve moins d’ouvrages (je pense par exemple à Baldur’s Gate que nous allons aussi chroniquer très vite) … ?

Oui, nous réalisons des ouvrages sur des niches et ça fonctionne très bien. Éditer un livre sur des licences comme Fifa ou Fortnite peut sembler une aubaine, mais ça ne nous intéresse pas vraiment. On préfère traiter des licences qui nous plaisent, même si elles ont moins de succès.

Vous travaillez avec des auteurs qui sont des « spécialistes » des jeux qu’ils traitent… Comment les avez-vous recrutés ? Fonctionnez-vous avec un « réseau » ou êtes-vous ouverts à toutes propositions de textes ?

Nous sommes fans de presse de jeu vidéo autant que de jeu vidéo, donc nous connaissons très bien les acteurs de cette presse. Et comme ça fait 10 ans que nous travaillons avec eux, on sait très bien qui aime quoi.

Comment sont effectués les choix des jeux traités ?

En fonction de l’actualité et de nos goûts. On est très subjectifs dans nos choix.

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Certains titres posent-ils problèmes ? (manque de documentation, question de droits, etc.)… Y a-t-il des thèmes qui ont été abandonnés pour ces raisons ?

Nous avons eu le projet de faire un livre sur Rare, mais comme c’est un studio qui est passé de mains en mains, qui a bossé pour Nintendo et Microsoft, c’était trop compliqué.

À contrario, quels sont les grandes sagas que nous pouvons nous attendre à voir prochainement dans votre catalogue ?

Surprise…

Catalogue dans lequel on ne trouve pas uniquement du jeu vidéo (on trouve aussi par exemple un ouvrage sur Miyazaki) … Est-ce une ouverture sur l’animation ? Ou la culture pop en général ?

Sur la pop culture en général. Le jeu vidéo est notre passion, mais nous nous intéressons à tout, et nous avons donc envie de parler de tout. Ça ouvre le prisme des possibles pour Third et c’est une très bonne chose.

Ce n’est pas très courant chez les éditeurs de livres, mais on peut aussi vous écouter sur Soundcloud ^^ Pouvez-vous nous dire deux mots sur Third Song ?

Nous avons trois formats de podcasts, l’un sur l’actu (Third Strike) et autre sur les grandes sagas (Third Émission) et un dernier sur la musique (Third Song). Pour Third Strike, c’est quelque chose qui est né de l’envie de parler de l’actualité avec plus de réactivité. On est passionnés par ce média et nous avons dans la rédac beaucoup de débats sur le marché. Néanmoins, l’édition nécessite des cycles très longs, pour tout : rédaction, fabrication, distribution. Nous avions envie d’immédiateté.

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On le voit avec les prix qui flambent, la multiplication des consoles « mini-classic », etc. Le rétro-gaming est en train de devenir un business. Je ressens votre collection davantage comme une approche « historique » et culturelle du jeu vidéo… N’est-ce pas une approche plus difficile à soutenir aujourd’hui ?

Forcément, car l’approche culturelle demande un investissement plus important de la part du lecteur. Et il faut l’avouer, adopter cette approche est moins vendeur que de faire un catalogue ou guide, par exemple.

C’est une tradition dans nos interviews… Parlons maintenant des gamers que vous devez être… Vous êtes des joueurs ?

Oui ! Passionnés depuis l’enfance.

Vous souvenez-vous de votre première expérience avec le jeu vidéo ?

La Vectrex, sur la console que mon oncle m’a donnée à 5 ans.

Un jeu qui vous a marqué ? Votre « Madeleine de Proust » du JV ?

Final Fantasy VII, le jeu le plus important de ma vie.

Et aujourd’hui ? Plutôt triple A ou indie ? Des titres du moment ?

Plutôt AAA, même si je fais les jeux indés qui font parler d’eux comme Dead Cells. Dernièrement, j’ai comme tout le monde terminé Red Dead Redemption 2. Ce fut fabuleux, l’une des plus belles expériences de ces dernières années.

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Avec votre regard plutôt affuté en termes de rétro-gaming… Comment voyez-vous l’évolution du jeu vidéo aujourd’hui ?

L’industrie va aller, je pense, vers le démat et le streaming.

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Parmi les (nouvelles) franchises les plus récentes, certaines pourraient-elles faire l’objet de livres chez Third ?

Oui… 🙂

Merci à Mehdi et à Alida pour leur disponibilité 😉

Pour aller plus loin :