C’est un schéma que l’on connaît trop bien, et qui a une fâcheuse tendance à se répéter au fil des générations : un média, un loisir ou un titre qui connaît le succès… Et qui devient donc le souffre douleur de tous ceux qui ne le connaissent pas, ou ne veulent pas faire l’effort de le connaître… Et depuis quelques semaines, c’est Fortnite qui est dans le colimateur.

Le phénomène a toujours existé ! Vos parents (ou grands-parents) vous parleront sans doute de leur jeunesse, à découvrir le rock’n roll. Celui-ci était alors qualifié de « musique du diable » par les plus anciens, accusant le rock de mener vers la débauche, l’alcool, la drogue, les blousons noirs… Ma génération a elle-même connu ce phénomène, en découvrant les mangas et les animes, que certains politiques (coucou Ségolène Royal) qualifiaient de « japoniaiseries » !

Incompréhension

Mais ma génération a aussi connu le « haro sur le jeu vidéo » ! Ce média « pervers, qui drogue nos enfants, et qui ne véhicule que des images de violences« . Des propos tenus la plupart du temps par des personnes ou des associations n’ayant jamais tenu une manette entre les mains… Répétant sans plus d’arguments ce qu’ils en avaient entendu, sans prendre la peine de s’y intéresser ne serait-ce que deux minutes !

Ce débat est vieux comme le monde, ou vieux comme le jeu vidéo si l’on ne parle que de lui. Et ce qui m’amène à vous en parler aujourd’hui, c’est un nouvel épisode d’anti-jeu-vidéo ! Et cette fois, c’est le très populaire Fortnite qui est visé… De plusieurs manières…

Jimmy Kimmel : coupe la TV

Le présentateur américain Jimmy Kimmel vient d’inventer un Défi YouTube, pour bien se poiler dans son émission. Ce défi consiste à éteindre la TV (ou la console) de votre ado ou de votre enfant, en pleine partie de Fortnite. Objectif : le filmer en train de péter un câble !

Prétextant l’addiction… Et surfant gratuitement sur la vague des défis YouTube pour se faire un peu plus d’audience (avec Fortnite comme mot clé, le présentateur est sûr de décrocher la timbale)… L’animateur a donc trouvé un bon moyen de faire du clic, et faire parler de lui, en se moquant des ados (et parfois aussi des adultes) bien rageux ! Et ça marche ! 4,7M de vues, rien que ça !

Le plus embêtant dans ces vidéos, c’est l’image qu’elles véhiculent. Les médias se sont emparés de cette boutade, ayant pour effet de montrer… Des enfants et adolescents en pleine colère, voire faisant preuve d’actes de violence à l’écran. Fortnite est un jeu qui rend accro et agressif… Évidemment, vous vous en doutez, il y a des coupes, les séquences sont choisies. Et les vidéos de Jimmy Kimmel ne vont évidemment jamais vous montrer d’ados qui prennent la blague avec philosophie, détachement… Voire avec humour !

Personnellement, je serais curieux de savoir si Jimmy Kimmel serait capable de proposer un nouveau défi, consistant cette fois à éteindre la TV de braves adultes américains en pleine finale du Super bowl. C’est tellement plus simple de s’attaquer à des adolescents 😉 …

Fortnite responsable de divorces en Angleterre ?

Cette fois-ci, on part au Royaume Uni, où le site spécialisé Divorce Online prétend, étude à l’appui, que… Depuis le 1er janvier 2018, Fortnite serait la cause de plus de 200 cas de divorces en Angleterre. Ou plutôt, le cas d’une addiction à Fortnite serait citée dans plus de 200 dossiers de demandes de divorce.

Là encore, il faut relativiser ! Premièrement, cette étude (la publication date tout de même du 7 septembre dernier) n’a rien d’officiel… Une simple étude de commande, qui ne s’appuie à aucun moment sur une expertise scientifique ou spécialisée… De plus sur un panel de cas qui a été fortement controversé depuis…

« Il n’y a pas que Fortnite »

Encore une fois, l’information est à prendre avec des pincettes, et il est fortement dommageable que des sites utilisent ce type d’arguments pour faire de l’audience. D’autant que, lorsque l’on creuse cette même étude, elle finit elle-même par parler, un peu plus loin, de « divorces causés par l’addiction « à ce jeu et à d’autres jeux en ligne » selon Mark Keanan, fondateur du site ! Mais que je sache, Fortnite n’est pas le seul jeu en ligne ? Peut-être peut-on aussi incriminer PUBG, League of Legends, Candy Crush ou Hearthstone ?

« Ah oui, mais… Le mot « Fortnite » dans un titre, en ce moment, ça fait beaucoup mieux réagir les bots de Google, et ça permet d’être mieux référencé » me répondrez-vous, en fins analystes que vous êtes ! Et vous auriez raison !

Ce post ayant, jusqu’à présent, brillé par son manque de cohérence et de sérieux… On ne s’étonnera pas que ses auteurs ne se soient pas demandé si ces cas de divorces étaient aussi associés à des situations plus compliquées. Comme des relations extra-conjugales, violences conjugales… Ou tout simplement au manque d’amour entre les deux époux…

Comme l’article a visiblement été supprimé depuis, on vous en a fait une capture 😉

Aux Etats Unis, des stages de désintox de Fortnite pour les ados

Et on retourne aux USA, où l’on a découvert il y a quelques jours que des parents ont envoyé leur enfant en cure de désintox… Car ils jouaient trop à Fortnite. Des camps proposent ainsi des stages de désintoxication aux ados, sur plusieurs semaines. Comme le rapporte le site Bloomberg, qui illustre la news en rapportant des témoignages de mamans d’ados soit disant accros.

Je ne sais pas s’il est nécessaire de commenter cette information, qui fait écho à la proposition de l’OMS de classer le jeu vidéo comme maladie provoquant une forte dépendance. Lire aussi ici.

Et vous savez très bien ce que nous en pensons ! Oui, voir un enfant « addict » à un jeu vidéo, c’est choquant ! Mais est-ce le jeu vidéo qui est vraiment le responsable de cette addiction ? Ou les parents qui ne savent pas poser de limites, voire dialoguer sereinement avec leur enfant ? Une console de jeux vidéo n’est pas une nounou. Et un enfant à qui on explique les choses avec intelligence est parfaitement capable de comprendre… Car quand addiction il y a, la raison est très souvent bien plus profonde que l’intérêt de l’enfant pour ledit jeu…

Carlton (Le Prince de Bel Air) porte plainte contre Epic Games

Et on termine avec Alfonso Ribeiro, comédien qui incarnait le personnage de Carlton dans la série télévisée des années 90, Le Prince de Bel-Air (avec Will Smith)Celui-ci, sans doute en mal de publicité après sa « carrière fulgurante » … A porté plainte ce lundi 17 décembre contre Epic Games !

Motif ? Le jeu Fortnite lui aurait volé sa fameuse danse ! Il a déclaré au tribunal de Los Angeles que les développeurs de Fortnite lui ont volé la danse (Fresh) qu’il avait créé pour la série en 1991…

On apprend donc que, depuis toutes ces années, la danse de Carlton était déposée, soumise à des droits… Et que même ce qui est sans doute un hommage du jeu à la série était à proscrire… Et on ne soupçonnera à aucun moment le comédien de vouloir récupérer quelques dollars après avoir réalisé qu’il y a peut-être quelques deniers à récupérer chez Epic ^^…

Mais si toutefois Epic Games était condamné… Peut-être pourrait-il se refaire une santé financière en attaquant Antoine Griezmann et tant d’autres personnalités ayant pour habitude d’afficher leur passion pour Fortnite… avec une petite danse ?

De même, les scénaristes de Retour vers le Futur, Shrek 2, Toy Story 3, One Piece, Moi Moche et Méchant 3… Peuvent trembler : Ont-ils vérifié qu’ils avaient bien le droit d’utiliser le Moonwalk dans leurs films, même le temps d’une séquence ?

Restons zen

Contacté par nos soins à ce sujet, Epic Games n’a pas souhaité faire de commentaires. Et quelque part, on les comprend. Le jeu est toujours autant apprécié par sa communauté, et les chiffres explosent… Fin novembre, on parlait de quelque 200 millions d’utilisateurs. Forcément, ça peut faire des envieux…

De notre point de vue de gamers, on ne pourra que regretter, une nouvelle fois, que le jeu vidéo soit ainsi stigmatisé. Non pas parce que le titre concerné aujourd’hui est mauvais… Mais juste parce qu’il est populaire. Et c’est bien connu : ce qui plaît aux jeunes, ou au plus grand nombre, est forcément mauvais, voire dangereux.

Alors, ne tombons pas dans cet engrenage à notre tour. Le jeu vidéo nous passionne, et nous avons de bonnes raisons ! Préférons ignorer ces discours infondés et injustes, et vivre cette passion qui, il faut le rappeler, touche aujourd’hui quasiment un Français sur deux, et génère plus de 4,5 milliards de chiffre d’affaire. De ce point de vue, les avis changeront certainement avec le temps, il faut juste être patients…

Et par pitié, messieurs et mesdames les détracteurs du jeu vidéo… Avant de lâcher de telles énormités, renseignez-vous… Vérifiez vos sources… Analysez… Et échangez avec les gamers (je vous assure que ce sont des gens ouverts. Et qu’ils ont tant de choses à vous apprendre).