C’est désormais une tradition : chaque année pour Halloween, Supermassive Games et Bandai-Namco publient un épisode de leur série narrative The Dark Pictures Anthology. Une série d’horreur qui soigne à la fois son fond et sa forme. Et après deux premiers épisodes très réussis, cette année nous amène une nouvelle histoire intitulée House of Ashes. Des soldats, des grottes, des démons… Tous les ingrédients sont réunis pour nous faire frémir !

Et de trois !

Supermassive Games est un studio que vous connaissez sans doute pour un jeu d’horreur narratif : Until Dawn, sorti sur PS4 en 2015. Un jeu très important puisqu’il présente déjà, à l’époque, les différentes mécaniques qui deviendront la signature des jeux Supermassive : de chouettes graphismes, des QTE en pagaille, peu de phases de gameplay mais des choix qui influent sur l’histoire ! Tout est déjà là !

Quelques années plus tard, Bandai-Namco annonce un partenariat avec Supermassive Games, afin de développer une série de jeux vidéo d’horreur, réunis sous la bannière The Dark Pictures Anthology. Le gameplay est le même que pour Until Dawn. Mais la licence se décline en épisodes, soit autant d’histoires que de volets qui sortiront chaque année. Et à l’instar de séries télévisées comme La Quatrième Dimension (The Twilight Zone) ou Les Contes de la Crypte, ces volets ont pour point commun (ou fil rouge) un même narrateur. Ici, il se nomme Le Conservateur (ou The Curator), campé par l’acteur britannique Pip Torrens. Et ce personnage est juste génial !

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En 2019, le Conservateur nous racontait l’histoire d’un bateau hanté dans Man of Medan. Un an plus tard, il reprenait du service pour nous emmener dans un petit village américain, hanté par des histoires de sorcellerie dans Little Hope (avec l’acteur Will Poulter). Pour Halloween 2021, le nouveau chapitre s’intitule House of Ashes. Avec au casting l’actrice Ashley Tisdale (High School Musical 3, Scary Movie 5, Donnie Darko…).

Dans l’ombre des montagnes de Zagros, une unité militaire américaine se retrouve sous le feu des forces irakiennes. L’échange de tirs qui s’ensuit provoque une secousse sismique durant laquelle les deux camps tombent dans les ruines enfouies d’un temple sumérien. Nos protagonistes se retrouvent piégés, toute communication coupée, dans un monde souterrain terrifiant dont ils doivent s’échapper. Ils ne savent pas encore que quelque chose d’ancien et de maléfique s’est éveillé dans l’ombre et a trouvé une nouvelle proie à chasser.

Claustrophobes s’abstenir : une peur différente

Je ne vais pas vous mentir : ce huis-clos souterrain va vous laisser une étrange sensation si vous n’aimez pas être confiné dans des espaces exigus. Ici, les personnages évoluent dans des galeries étroites, sous terre, très souvent plongées dans le noir. Avec toutefois, parfois, des architectures antiques pour le plus grand plaisir des yeux (on est dans un ancien temple sumérien). D’une certaine manière, on pourrait presque se sentir dans un Tomb Raider « à l’ancienne » si on n’avait pas en permanence l’impression d’être traqués par quelque chose d’horrible.

House of Ashes ne change rien en matière de gameplay, par rapport à ses prédécesseurs. On avance dans un jeu narratif (ou en oublie même parfois que l’on est dans un jeu, et non dans une série), qui vous propose parfois des QTE et des choix. Et chaque choix aura des conséquences sur le reste de l’aventure, tôt ou tard. Votre objectif ? Survivre, dans un premier temps… Mais aussi finir le jeu en limitant le nombre de morts. Autrement dit, rentrer avec la totalité de votre équipe en vie. Quelle que soit l’issue de votre aventure, il y a plusieurs fins possibles. Une bonne et des moins bonnes…

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Très clairement, le gameplay de House of Ashes reste donc similaire à ce qui s’est fait dans les deux précédents opus. À quelques détails près. Ici, je pense à deux ajouts majeurs que sont les phases de tir (on déplace un curseur à l’écran, ce qui n’est pas la manip la plus précise)… Ou encore les phases d’exploration à la lampe torche. Votre personnage se déplace plus lentement (gare aux bruits chelous derrière vous), mais pourra trouver de nombreux secrets planqués ici ou là… Et puis, je ne vous l’ai pas dit, mais si le jeu vous colle vraiment la pétoche, sachez que vous pouvez inviter des amis. Il est possible de finir l’aventure à deux (en ligne), ou de 2 à 5 joueurs (local) en mode « soirée TV » !

House of Ashes est aussi un épisode qui se démarque de ses prédécesseurs par la peur qu’il cultive, bien différente. Man of Medan et Little Hope montraient les choses, jouaient sur les scènes gores, sur les monstruosités et sur les jumpscares. House of Ashes prend un tout autre parti en misant sur la peur psychologique. Bien sûr, on y trouvera du sang et des créatures mais… Je ne me souviens pas avoir particulièrement sursauté, à aucun moment du jeu. En revanche, il met une pression permanente au joueur. Au point que, même lorsqu’il ne se passe rien, on est à fleur de peau ! C’est pour cette raison que, c’est un avis personnel, mais je pense sincèrement que les mécanismes de peur sont très réussis dans HoA, au point d’en faire mon épisode favori.

Scénario : du positif mais aussi du négatif

Alors là, il va être très compliqué d’aborder la question du scénario, sans spoiler ! Car tout le plaisir du jeu réside justement dans la découverte de son histoire (alors, ne regardez pas de « let’s play » sur internet, conseil d’ami)… Bref, je dois ici vous parler du scénario, sans en parler ! Car celui-ci est bigrement bien écrit. Avec, on l’imagine, de nombreuses références cinématographiques… Mais je ne vous dirai pas lesquelles (le spoiler deviendrait alors trop flagrant).

Comme pour les opus précédents, le scénario du jeu vous réserve de belles surprises. Avec des twists, de chouettes rebondissements. Cependant, on constate une écriture différente des deux autres volets, notamment dans sa conclusion. Quand Man of Medan et Little Hope partaient d’un récit fantastique pour trouver des explications tangibles et surprenantes en fin d’histoire (mais je n’en dirai pas plus)… House of Ashes trouve sa conclusion dans un dénouement 200% fantastique. Je vous laisse le découvrir par vous même mais… L’exercice était risqué, pourtant, il est ici maîtrisé !

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Malgré tout, le scénario pêche par quelques petites lourdeurs. Notamment certains passages superflus. Et là, je pense entre autres à une romance, qui vient alourdir l’histoire sans véritablement lui apporter de contenu vraiment utile. Certes, elle apporte au lore entre les deux personnages concernés… Mais étrangement, elle arrive comme un cheveu sur la soupe et laisse un arrière goût de « hors sujet » dans le récit. Un aspect qui nous met sur la piste d’un autre point noir du jeu : ses personnages très clichés, très stéréotypés.

Car si le jeu gravite autour de personnages vraiment variés, j’aurais envie de les partager en deux catégories. Les personnages importants et auxquels on s’attache très vite (Salim), et ceux qui vont faire du remplissage. Au point que, très vite, le joueur devine quels sont les personnages principaux qu’il faudra sauver, et les autres dont on se fout royalement. ET puis, il y a aussi la conclusion du jeu : comme je l’ai dit, HoA nous surprend souvent mais… Pas toujours ! Et certains seront sans doute déçus par la fin du jeu, notamment les fans de cinéma, tant elle s’inspire des poncifs de grands classiques de la SF. Le scénario reste réussi, mais avec un air de déjà vu dans la dernière ligne droite.

Au final

Je pourrais vous dire que ce House of Ashes s’inscrit dans la continuité des deux précédents Dark Pictures Anthology, si c’était vraiment le cas ! Car en vérité, le constat est que, comme le bon vin, la série se bonifie avec le temps. Avec des ajouts, des nouveautés, une nouvelle approche des mécanismes de la peur… Sans parler d’être meilleur ou moins bon que ses prédécesseurs (j’avais par exemple préféré les conclusions des deux précédents épisodes, et celui-ci fait moins sursauter), ce volet est tout aussi savoureux, effrayant à sa manière… Mais il est hélas aussi court (bien que sa durée de vie soit rallongée par les bonus à trouver, ou les différentes fins à voir).

Et au final… On a clairement aimé ! Au point de rallonger la durée de vie en relançant le jeu, juste histoire de voir les autres possibilités lors des embranchements… Ou encore de tester le bonus de précommande Curator’s Cut (bientôt disponible pour tous), qui nous offre les points de vue des autres personnages. House of Ashes est une bonne surprise (même si on s’attendait à du lourd, à la base), qui nous donne plus qu’on ne le pensait… Avec en prime, une fois le générique déroulé, une annonce du prochain (et dernier) titre de cette série désormais incontournable !


The Dark Pictures Anthology : House of Ashes

Testé sur PS4, sur une version fournie par l’éditeur
Les points positifs :
  • L’ambiance géniale
  • Le Conservateur, on aime ce personnage !
  • Une fin qui peut surprendre
  • Plutôt joli à regarder, et enfin de la vraie 3D
  • Une narration qui vous happe littéralement
  • Les multiples fins
  • Certains personnages vraiment cools
  • La fin de l’histoire, surprenante
  • Les musiques, rares mais qui vous plongent dans l’ambiance
  • Les options multijoueur
  • En VF
  • Petit prix
Les points négatifs :
  • Quelques arcs narratifs inutiles, voire lourds
  • Des personnages qui ne servent pas à grand chose
  • Quelques petits bugs
  • Les phases de tir manquent parfois de précision
  • Quelques incohérences scénaristiques
  • Durée de vie très faible