Avec The Council, les Bordelais de Big Bad Wolf (pour le compte de Focus Home) entendent bien apporter un vent de fraîcheur sur le genre narratif ! Ce jeu d’enquêtes va vous faire voyager dans le temps, à travers cinq épisodes, dont le premier est désormais disponible, sur PS4, Xbox One et PC. En attendant la suite, c’est ce premier chapitre qui fait aujourd’hui l’objet de notre test !

Avant propos
Avant de débuter ce test, une petite précision s’impose : les prochains épisodes de The Council n’étant pas encore sortis, il est évident que ce test ne portera ici que sur ce premier chapitre ! Toutefois (et même si d’ordinaire, nous préférons attendre les versions intégrales, pour tester les jeux épisodiques), nous reviendrons aussi sur les prochaines parties, qui auront chacune leur test en temps et en heure…

Un jeu narratif qui veut souffler un vent d’originalité sur le genre

Ah, les jeux narratifs ! Le genre est populaire, les titres se multiplient mais… Pas grand chose de neuf à l’horizon ! Sans doute parce qu’un certain TellTale, depuis pas mal d’années, jouit d’une sorte de monopole sur les adaptations narratives de grosses licences (Game of Thrones, The Walking Dead, Batman…). Alors, quand un studio (de surcroît Français) annonce vouloir apporter un peu de fraîcheur dans tout cela… Dans un titre qui n’est pas une adaptation de film ou de série… On ne peut qu’être curieux !

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Ce qui m’amène à me demander si l’on parle bien de la même chose ? Car, plus haut, si je vous citais l’éditeur TellTale, en guise de référence du jeu narratif… Je réalise après coup que The Council peut aussi être comparé à autre chose qu’un jeu TellTale ! Mes premières impressions me poussent plutôt à rapprocher le jeu de Big Bad Wolf d’une autre référence vidéoludique, chère à mon coeur : la série « point’n click » des Chevaliers de Baphomet !

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Car, plus j’avance dans le jeu, et plus je me dis que les développeurs de The Council ont dû, dans leur jeunesse, se faire des cocktails à base de jeux Revolution Software ! Pour l’aspect « enquête policière » du jeu… Ou pour ses références historiques… À moins que ce ne soit pour ses petites touches d’ésotérisme… Ou pour son héros pas très musclé, mais terriblement malin…

Bien sûr, ceci n’est qu’un ressenti purement personnel. Mais quoi qu’il en soit, c’est bien à ce bon vieux Broken Sword que me fait penser The Council ! Avec le même plaisir et le même intérêt. Avouez que la comparaison n’est pas dégueu !

Rendez-vous avec l’Histoire

D’emblée, l’introduction du jeu vous plonge dans l’ambiance ! Nous sommes à Paris, en 1792, période trouble s’il en est (je ne vais pas vous faire un dessin) ! Ligotés dos à dos, nous découvrons notre héros, Louis de Richet, et sa mère, Sarah de Richet (c’est moi ou elle a un faux-air de Minerva « professeur » McGonagall ?). Tous deux sont d’éminents membres d’une organisation secrète appelée L’Ordre Doré.

L’histoire débute donc quelques mois plus tard. Sarah de Richet est portée disparue. Sur ses traces, Louis se retrouve au large des côtes britanniques, accostant sur la mystérieuse île de Mortimer, surplombée du manoir éponyme. Une île sur laquelle il faut montrer patte blanche. Y être invité par Lord Mortimer, le maître des lieux, relève du privilège. Et seules quelques éminentes personnalités ont cet avantage. Nous allons donc y croiser George Washington (on pourra toujours lui demander des nouvelles de Connor Kenway ^^), Napoléon Bonaparte, le révolutionnaire français Jacques Péru… Ou des personnages fictifs comme l’ultra-sexualisée duchesse Hillsborrow…

Toujours est-il que c’est ici que Sarah aurait été vue vivante pour la dernière fois, il y a peu. Et c’est donc ici que va débuter l’enquête de Louis. En apparence, une réception mondaine se prépare. Mais en grattant un petit peu, Louis découvre qu’il se trame autre chose. Il va falloir délier des langues, et lever bien des secrets…

C’est mon choix !

Le gameplay du jeu repose en très grande partie sur les choix que vous allez devoir effectuer tout au long de l’aventure. Et l’aspect le plus intéressant est que ces choix ne vont pas simplement avoir des conséquences sur la cinématique qui suit, deux minutes plus tard… Mais sur le reste de l’aventure ! Autrement dit, à en croire les développeurs (puisqu’il est pour l’heure impossible de le vérifier), un choix formulé dans l’épisode 1 pourra, dans quelques mois, aussi avoir des répercussions dans l’épisode 5. Réfléchissez bien avant de prendre des décisions !

Et tout commence dès le début de l’aventure, puisque vous allez devoir choisir la classe de votre héros (diplomatie, occultisme ou détective). Chacune vous ouvrira des talents, à débloquer sur un arbre de compétences, mais vous en fermera d’autres. Ainsi, le diplomate sera éloquent et saura trouver les bons mots en société ; la voie de l’occultisme vous rendra plus réceptif à la science et à l’Histoire ; le détective n’aura pas peur de prendre des risques, et verra de petits détails que les autres ne voient pas… Quinze compétences seront à débloquer et optimiser, grâce aux points d’expérience acquis… Une petite touche de RPG dans ce The Council ! Avec une barre de fatigue en guise de « lifebar » (surveillez-la aussi).

Une bonne rejouabilité

Comme le précisent les développeurs, il n’y a pas vraiment de mauvais choix dans The Council.  Et une mauvaise décision ne conduira pas au game over. Mais c’est vrai, à la seule condition que vous assumiez vos décisions. Car aucun retour en arrière n’est possible. Jusqu’à la fin de l’histoire en tout cas ! Car rien ne vous empêchera de refaire ensuite l’aventure, et de choisir d’autres options : le scénario est tellement passionnant que l’envie ne manquera pas. Une très bonne rejouabilité, donc !

Il en va de même pour le développement de vos compétences, un élément clé du gameplay. Encore une fois, vos choix sont définitifs. À vous d’opter pour les améliorations qui vous semblent les plus pertinentes. En ne perdant pas de vue qu’améliorer telle compétence va vous aider à résoudre une situation, mais vous fera peut-être passer à coté d’indices quelques minutes plus tard.

Joutes verbales

Dans The Council, ne comptez pas dégainer le fleuret ou le mousquet, pour clouer vos adversaires au sol. Ne comptez pas vous lancer dans des combats « 200% action » sur fond de combos enflammés ! Ici, les combats se déroulent avec des mots, dans des joutes verbales appelées « Confrontations » !

Le but du jeu sera alors de « convaincre » votre interlocuteur, en optant pour les bonnes réponses (encore une question de « bons choix » à faire). Les confrontations se déroulent en plusieurs rounds, avec un finish légèrement plus compliqué… Le dialogue défile, jusqu’à vous laisser le choix d’une réponse. Si elle est mauvaise, votre adversaire s’enferme dans sa bulle… Sinon, le dialogue continue… Jamais un jeu ne m’avait autant forcé à cerner aussi rapidement la psychologie de mon interlocuteur !

Jusqu’ici, tout pourrait être simple, chaque confrontation ressemblant à une autre, jusqu’à la fin du jeu. Mais vous vous en doutez… Plus vous avancerez dans le jeu, plus l’adversaire deviendra retors. Avec hélas parfois des réactions un poil disproportionnées suite à de mauvais choix de votre part (Washington boude pour un rien, attention). Et vous allez donc devoir vous améliorer, travailler votre culture, afin de pouvoir tenir une conversation. Pour cela, fouillez partout, relevez des indices, ou lisez tout simplement les livres parsemés dans le manoir !

Des qualités indéniables…

Sur de nombreux aspects, ce thriller digne d’Arthur Conan Doyle ou Agatha Christie (avec ses complots, ses mystères et ses huis-clos) ne peut que vous séduire. Je ne reviendrai pas ici sur son gameplay, ou sa narration, développés plus haut… Mais qui, je le concède, font l’originalité de ce The Council, en vous donnant vraiment l’impression d’être acteur de votre histoire !

Tout d’abord, on ne peut que saluer le travail effectué sur sa direction artistique. Les personnages ont de véritables gueules ! De plus, bien qu’ils soient en Anglais, les doublages sont de très bonne facture, et vous immergent un peu plus dans la narration.

De même, on ne peut qu’être admiratif face aux jeux de lumière. Les éclairages ne font que renforcer et mettre en lumière (si j’ose dire) le travail effectué sur les décors. Le manoir de Mortimer est un véritable musée, et il n’est pas rare de s’arrêter pour admirer une chambre, un salon… Voire de s’accorder quelques minutes pour explorer les salles dans leurs moindres recoins, histoire de ne pas louper une statue, un tableau de maître, ou ne serait-ce qu’un service à thé plus vrai que nature. Le cadre est somptueux, et fourmille de petits détails qui le rendent réaliste.

L’architecture même du (gigantesque) manoir est terriblement grisante. Et l’on sent que les développeurs se sont fait plaisir, à glisser ici et là des passages secrets, des pièces cachées qui se découvrent peu à peu. Et le joueur, tel un gamin devant une pile de Kinder-Surprise, se laisse entraîner dans ce petit jeu avec une excitation certaine.

… Mais aussi de petits défauts

Le jeu a aussi ses défauts ! Et c’est du coté de la réalisation que l’on va, petit à petit, découvrir les quelques petites pétouilles qui vont venir assombrir le tableau. Ainsi, si le chara-design est particulièrement réussi, on ne peut pas en dire autant des expressions faciales, trop souvent rigides.

Ceux qui pratiquent le genre point’n click le savent : idéalement, il est plus pratique de mener l’enquête avec, sous les yeux, un tableau qui s’éloigne du personnage pour dévoiler un maximum d’éléments du décor à l’écran. Mais ici, la caméra colle justement un peu trop à notre ami Louis. De ce fait, votre champ de vision en est réduit, ce qui vous oblige parfois à effectuer pas mal d’allers-et-retours dans une même pièce.

L’aspect point-and-click n’est pas non plus au point. Et vous allez souvent pester à cause d’interactions qui ne sont pas toujours instinctives. Il faut parfois se « battre » avec le curseur pour cliquer sur le bon objet, et la commande ne réagit pas toujours du premier coup. Sur ce point, la jouabilité manque encore de précision. Nous pourrions aussi pointer quelques légères chutes de framerate.

Une version intégrale, c’est mieux !

Enfin, il me semble curieux de trouver ici un jeu français, dont les voix ne sont doublées qu’en Anglais (certes avec des sous-titres en VF, mais…). Alors, oui, le doublage représente un coût, et oui, la note se serait sans doute allongée si les développeurs avaient aussi prévu des doublages en Allemand, Espagnol, Swahili, ou Breton… Mais, c’est bien dommage de ne pouvoir entendre ce cher Louis s’exprimer dans la langue de Molière…

Et puis, cela peut sembler évident mais… Ce n’est pas parce que beaucoup font de leurs jeux des séries épisodiques qu’il faut faire la même chose ! Et il est évidemment frustrant de terminer ce premier chapitre, en se disant qu’il va falloir attendre quelques semaines/mois pour poursuivre l’aventure. D’une part, c’est plutôt bon signe (on rentre bel et bien dans le jeu), mais… J’avoue que j’aurais préféré découvrir cette histoire dans son intégralité, sans pose forcée !

Au final

The Council partait avec l’ambition de dépoussiérer le genre, et il y parvient ! Le pire, c’est que cela tenait vraiment à peu de choses ! Il suffisait de nous faire ressentir que nos choix ne changent pas simplement un ou deux petits détails dans la narration… Mais auront vraiment des conséquences plus ou moins lourdes de sens pour la suite de l’aventure. De ce point de vue, Big Bad Wolf atteint son but !

Ce tableau élogieux est complété par une direction artistique magnifique, tantôt mystérieuse, tantôt éclatante, voire les deux à la fois… Ici, on ne traverse pas un cadre, on le savoure, on le contemple, on s’y installe. La principale frustration du jeu étant que cette aventure, finalement assez courte, ne nous livre ici que 20% de l’intrigue. Le scénario est passionnant, et il est désappointant de devoir, d’un coup, laisser Louis à son sort, jusqu’à une date de sortie du deuxième épisode encore indéterminée.

Souvent comparé aux jeux narratifs TellTale, The Council fait mieux (personnellement, j’ai plutôt envie de le rapprocher, pour son ambiance et ses intrigues, des Chevaliers de Baphomet) ! Big Bad Wolf nous offre une excellente surprise (à petit prix), et j’en conviens… La bonne bouffée d’air frais dont avait besoin le genre !


The Council – épisode 1 : The Mad Ones

 

Fin limier :

  • Vos choix (irréversibles) ont des conséquences sur la suite de l’aventure…
  • …Du coup, ça donne envie de relancer l’aventure une fois terminée
  • Improbable casting de « stars » de l’Histoire
  • La direction artistique et l’ambiance mystérieuse
  • La bande-son
  • Le choix entre trois compétences, pour trois progressions possibles
  • Les « confrontations »
  • Il reste encore 80% de l’aventure à découvrir
  • Un prix mini

Inspecteur d’opérette :

  • Les animations faciales
  • Impossibilité de régler la distance de la caméra
  • Le gameplay « point-n-click » qui manque parfois de précision
  • Un jeu d’un studio français, seulement doublé en Anglais ?
  • Il faudra attendre pour la suite…
  • Premier chapitre trop court
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